Assises du Finistère. 4e session de 1887. Audience du mardi 15 novembre 1887
2e Affaire. - Les nommés
1° MOTION, Pierre-Louis, 34 ans, journalier ;
2° MOYSAN, Jean, charretier ;
3° BOISSEL, Raymond, 34 ans, cordonnier ;
4° COTTEN, Alain-Jean-Marie, 34 ans, tonnelier ;
5° CHIPON, Alain-Yves, dit Maréchal-Paour, 26 ans, maréchal-ferrant ;
6° LE TIRILLY, Jean, 46 ans, maréchal-Ferrant ;
7° LE ROY, Pierre, 29 ans, potier ;
8° CRAFF, Marie-Jeanne, femme MOTION, 46 anq, journalière ;
tous demeurant à Quimper, sont accusés de vols qualifiés.
De nombreux vols qualifiés ont été commis, depuis plusieurs années, avec les circonstances les plus audacieuses, dans toute l'étendue de l'arrondissement de Quimper ...
Vol Bolloré (Moulin à papier), Ergué-Gabéric. - Le lendemain, 6 mai 1887, Motion et Moysan de concert avec Le Roy, s'entendaient pour réaliser un vol au moulin à papier de MM. Bolloré, manufacturiers à Ergué-Gabéric. Le Roy, qui a travaillé pendant longtemps au moulin, savait que le paiement du personnel devait être effectué le 7 mai et il avait acquis la certitude que son oncle, charretier de l'usine y avait porté de Quimper, dans l'après-midi, le 6 mai, une caisse contenant le billon [1] nécessaire à cette paie. Motion, Moysan et Le Roy venus par des chemins différents se trouvaient réunis dans le bois de Kerhuisel, voisin de l'usine. Sur les indications de Le Roy, ils se couchèrent dans une allée d'arbres plantés le long du jardin et attendirent là jusqu'à minuit, heure à laquelle les ouvriers se relèvent au travail de l'usine.
Motion tenta d'ouvrir par effraction avec un ciseau, la porte donnant du jardin dans cette allée ; ne pouvant y parvenir, il escalada le mur d'enceinte et vint ouvrir la porte à ses deux compagnons. Après une rapide inspection des lieux par Motion et Le Roy, les 3 malfaiteurs réunis traversaient le jardin, contournaient la maison et arrivaient devant la porte de M. Bolloré. Motion, à l'aide d'un ciseau à froid [2] enleva les barreaux de fer de la fenêtre qu'il escaladait. Le Roy aposté à la fenêtre indiquait à Motion une deuxième pièce où se trouvait déposée la caisse de billon, laquelle contenait 280 fr. ; prise par Motion, elle était aussitôt passée par lui à Moysan, puis par ce dernier à Le Roy. Les personnes de la famille de Messieurs Bolloré qui habitaient au-dessus des appartements visités par les malfaiteurs n'avaient entendu aucun bruit. Les accusés retournaient ensuite à l'allée où ils avaient attendu l'heure propice pour commettre le vol et là, fracturaient avec leur ciseau la caisse qui était ensuite jetée dans la rivière de l'Odet et entraînée par le courant. Motion vida dans son sac le contenu de la caisse et le partage fut fait la nuit même dans un champ. MM. Bolloré relevaient également le lendemain matin des traces de ciseau sur leur coffre-fort.
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