1634-1639 - Acte prônal, lettres patentes du Roi, registres du Parlement et prééminences
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Les deuxième et troisième documents sont constitués des lettres patentes royales reçues en août 1638 et de leur mise en exécution par le Parlement de Bretagne le 12 janvier 1639. La lisibilité est facilitée car ce ne sont pas des originaux, mais des copies ultérieures du 18e ou 19e siècle et conservées aux Archives Départementales du Finistère. | Les deuxième et troisième documents sont constitués des lettres patentes royales reçues en août 1638 et de leur mise en exécution par le Parlement de Bretagne le 12 janvier 1639. La lisibilité est facilitée car ce ne sont pas des originaux, mais des copies ultérieures du 18e ou 19e siècle et conservées aux Archives Départementales du Finistère. | ||
- | Dans ses lettres patentes commençant par un tonitruant « <i>Louis par la grace de Dieu Roy de France et de Navarre à tous présents et à venir salut.</i> », le roi Louis XIII formule lui-même ses intentions : « <i>voulant favorablement traiter notre cher et bien aimé Guy Autret sieur de Missirien et de Lezergué, chevalier de notre ordre de St Michel</i> », « <i>suffisamment informé que la terre seigneurie qu'il possède par succession immémoriale de ses prédécesseurs, est belle et bien bâtie, noble et des plus anciennes de l'Evesché de Cornouaille en notre province de Bretagne</i> », « <i>ornée de tous droits de haute moyenne et basse justice, colombier, garennes, moulins, domaines, ... intersignes de noblesse. Voulant encore en faveur dudit sieur de Missirien augmenter les honneurs et dignités de la terre</i> ». | + | Dans ses lettres patentes commençant par un tonitruant « <i>Louis par la grace de Dieu Roy de France et de Navarre à tous présents et à venir salut</i> », le roi Louis XIII formule lui-même ses intentions : « <i>voulant favorablement traiter notre cher et bien aimé Guy Autret sieur de Missirien et de Lezergué, chevalier de notre ordre de St Michel</i> », « <i>suffisamment informé que la terre seigneurie qu'il possède par succession immémoriale de ses prédécesseurs, est belle et bien bâtie, noble et des plus anciennes de l'Evesché de Cornouaille en notre province de Bretagne</i> », « <i>ornée de tous droits de haute moyenne et basse justice, colombier, garennes, moulins, domaines, ... intersignes de noblesse. Voulant encore en faveur dudit sieur de Missirien augmenter les honneurs et dignités de la terre</i> ». |
La décision royale est très généreuse : « <i>donnons octroyons et accordons de par ces présentes signées de notre main tous et tels droits honorifiques et prérogatives et prééminences qui nous appartiennent en l'église paroissiale d'Ergué Gabellie, et en la chapelle de St Guénolé situé en la même paroisse hors l'église paroissiale, avec tout pouvoir de faire mettre ses armoiries, blasons et enseignes de noblesse au dedans et au dehors des dites église et chapelle au lieu plus éminent, tant en vitres, lisières qu'en bosse, en tous endroits que bon lui semblera</i> ». | La décision royale est très généreuse : « <i>donnons octroyons et accordons de par ces présentes signées de notre main tous et tels droits honorifiques et prérogatives et prééminences qui nous appartiennent en l'église paroissiale d'Ergué Gabellie, et en la chapelle de St Guénolé situé en la même paroisse hors l'église paroissiale, avec tout pouvoir de faire mettre ses armoiries, blasons et enseignes de noblesse au dedans et au dehors des dites église et chapelle au lieu plus éminent, tant en vitres, lisières qu'en bosse, en tous endroits que bon lui semblera</i> ». |
Version du 26 mars ~ meurzh 2018 à 07:39
| Un acte prônal de 1634 attestant l'accord collégial des paroissiens, des lettres patentes personnalisées du roi Louis XIII en 1638 et un extrait récapitulatif du registre du Parlement de Bretagne en 1639, le tout pour confirmer les droits de prééminences du sieur Guy Autret en l'église paroissiale et chapelle de Saint-Guénolé.
Documents conservés aux Archives Départementales du Finistère dans le fonds dit du chartrier de Kerézellec. Autres lectures : « Guy Autret, seigneur de Missirien et de Lezergué (1599-1660) » ¤ « BERNARD Norbert - Guy Autret et l'église d'Ergué-Gabéric » ¤ « Guy Autret et l'église d'Ergué-Gabéric, défense de ses prééminences » ¤ « TORCHET Hervé - Missirien, la double vie littéraire de Guy Autret » ¤ « La maîtresse-vitre de la Passion de l'église St-Guinal » ¤ « 1736-1740 - Défense des droits de fief, de justices et de prééminences pour Lezergué » ¤ « Historique de la chapelle de Saint-Guénolé » ¤ |
1 Présentation
Le premier document, daté du 5 mars 1634 et qualifié d'acte prônal À « la dicte grande messe célébrée par messire Allain Le Balch curé de la dicte parroisse assistoit grand nombre des habitants » et pas moins de 45 paroissiens mettent leur noms pour autoriser les armoiries locales à la chapelle de St-Guénolé et « remettre les armes et bancq Les deuxième et troisième documents sont constitués des lettres patentes royales reçues en août 1638 et de leur mise en exécution par le Parlement de Bretagne le 12 janvier 1639. La lisibilité est facilitée car ce ne sont pas des originaux, mais des copies ultérieures du 18e ou 19e siècle et conservées aux Archives Départementales du Finistère. Dans ses lettres patentes commençant par un tonitruant « Louis par la grace de Dieu Roy de France et de Navarre à tous présents et à venir salut », le roi Louis XIII formule lui-même ses intentions : « voulant favorablement traiter notre cher et bien aimé Guy Autret sieur de Missirien et de Lezergué, chevalier de notre ordre de St Michel », « suffisamment informé que la terre seigneurie qu'il possède par succession immémoriale de ses prédécesseurs, est belle et bien bâtie, noble et des plus anciennes de l'Evesché de Cornouaille en notre province de Bretagne », « ornée de tous droits de haute moyenne et basse justice, colombier, garennes, moulins, domaines, ... intersignes de noblesse. Voulant encore en faveur dudit sieur de Missirien augmenter les honneurs et dignités de la terre ». La décision royale est très généreuse : « donnons octroyons et accordons de par ces présentes signées de notre main tous et tels droits honorifiques et prérogatives et prééminences qui nous appartiennent en l'église paroissiale d'Ergué Gabellie, et en la chapelle de St Guénolé situé en la même paroisse hors l'église paroissiale, avec tout pouvoir de faire mettre ses armoiries, blasons et enseignes de noblesse au dedans et au dehors des dites église et chapelle au lieu plus éminent, tant en vitres, lisières qu'en bosse, en tous endroits que bon lui semblera ». La formule finale consacrée « Car tel est notre plaisir » conclut la lettre royale, suivi de la mention « Par le roy » et du nom et signature du surintendant des finances, à savoir Claude Bouthillier [4] , outre qu'elle est préparée par le Conseil du roi et contresignée par un secrétaire d'état, doit être scellée de cire verte du grand sceau royal et faire ensuite l'objet d'un décret d'exécution. Dans l'extrait de registre d'exécution par le Parlement de Rennes en janvier 1639, on note bien la description précise du sceau apposé sur les lettre d'août 1638 : « un grand sceau de cire verde à laqs de soye rouge et verde ». Les « laqs » sont les lacets colorés qui attachent le sceau au bas du parchemin.
Tous les blasons des Autret (10 bandes d'argent et azur) et de leurs prédécesseurs de Lezergué (croix potencée) et Coatanezre (trois épées), ont bien été mis dans le tympan de la maitresse-vitre de l'église paroissiale, entourés du collier jaune de l'ordre de Saint-Michel dont Guy Autret était chevalier. Sur le tout dernier blason Coatanezre qui est resté dans son état d'origine, on distingue même nettement la coquille dite de Saint-Jacques sur le collier. La décision royale d'octroyer à Guy Autret les prérogatives appartenant à la couronne est conditionnée par le fait « que les armes du Roy seront mises au plus hault lieu de la principalle vitre de la dite église étant au grand authel aux frais du dit demandeur ». Nous aurions donc du y trouver le motif armorial des trois fleurs de lys surmontées d'une couronne royale, faite également de fleurs de lys. Or le motif supérieur de la couronne n'est pas très net et le blason est écartelé en 4 parties, en 1 et 4 des fleurs de lys (remplacés par 3 morceaux noircis de vitrail), et en 2 et 3 par des hermines : ces armes sont celles de Claude de France (1499-1524), reine et épouse de François 1er. Et par ailleurs le blason est bien entouré du collier de l'ordre royal de chevalerie de Saint-Michel. |
Par contre, au 2e rang on voit à gauche deux blasons surmontés de vraies couronnes ducales au motif feuillu, sans collier de Saint-Michel. A gauche les armes, en mi-parti des fleurs de lys et des hermines, sont celles de la duchesse Anne de Bretagne (1477-1514), mère de Claude de France, et à droite il s'agit du blason historique « D'hermine plain » du duché.
La question se pose de savoir pourquoi le blason du roi Louis XIII, avec seulement 3 fleurs de lys, n'a pas été mis au sommet du tympan, alors que c'était la contrepartie des faveurs des lettres patentes royales. Pourquoi à la place du blason royal, il y a ce blason d'une reine un peu spéciale, morte en 1524 plus de 100 ans plus tôt, Claude de France, reine, épouse du roi François 1er, mais fille d'Anne de Bretagne. En fait le bas de la maitresse-vitre date de 1516 et est donc contemporain de Claude. Mais la partie supérieure des blasons a bien été refaite après 1638, l'année des lettres patentes, du temps de Guy Autret car son blason est présent, et le blason "royal" du haut et ceux du bas sont entourés du collier de l'ordre de Saint-Michel. Avoir mis, dans l'église paroissiale, le blason écartelé aux hermines et fleurs de lys, est peut-être une façon pour Guy Autret de marquer un peu ses distances, et sa proximité avec une descendante du duché de Bretagne ? Par ailleurs, comme le laisse supposer l'acte prônal de 1634, il est probable que le blason en alliance des Autret a été mis également sur le vitrail de la chapelle de St-Guénolé, mais ce vitrail n'existe malheureusement plus aujourd'hui. Lorsque le Parlement de Bretagne examine début 1639 la validité des lettres royales, il reprend d'autres pièces d'archives, à savoir l'acte des « 28e mars et 17e avril 1499 touchant la haulte justice du manoir de Lezergué », un don de tabernacle du 25 février 1635 par Guy Autret et sa femme Blanche de Lohéac, un autre prônal de novembre 1638 confirmant le consentement des paroissiens, et deux actes prônaux datés L'arrêt reprend aussi la contestation locale d'Yves de La Marche du manoir voisin de Kerfors et de Jan de La Lande établi à Kergonan en Ergué-Gabéric également. La conclusion du Parlement de Bretagne est sans appel : « La cour a ordonné et ordonne que les dictes lettres seront enregistrées au greffe de la cour pour en jouir l'impétrant d'icelles bien et duement suivant la volonté du Roy » |
2 Transcriptions
Document de 1634
Document de 1638
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Suite du document de 1638
Document de 1639
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3 Originaux
Lieu de conservation :
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Usage, droit d'image :
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Document de 1634 | |||||
Document de 1638 | |||||
Document de 1639 | |||||
4 Annotations
- Prône, s.m. : lecture faite par le prêtre, en chaire, après l’évangile, à la grand-messe. Le prône comporte des prières en latin et en français à l'intention des vivants, à commencer par le Roi, et des défunts ; parfois, mais pas toujours, une homélie commentant les lectures du jour ; et enfin une série d'annonces concernant les fêtes et les jeûnes à venir, les bancs de mariage, les monitoires de justice, les ordres adressés par le Roi, etc. On comprend ainsi que ce prône peut être fort long, mais il est essentiel pour la cohésion de la communauté paroissiale et pour la communication du haut en bas dans le royaume. Source : Dictionnaire de l'Ancien Régime. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4]
- Banc, s.m. : banc dans une église réservé pour une famille. Anciennement Banc d'œuvre, place destinée aux marguilliers, aux membres du conseil de fabrique ou à des notables de la paroisse. Source : Dict de l'Académie. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4]
- Claude Bouthillier (1581-1652), seigneur de Fouilletourte et de Pont, comte de Chavigny, a été secrétaire d’État à la Marine (1628-1629), secrétaire d'État aux Affaires étrangères (1629-1632), surintendant des finances (1632-1643), nommé par Richelieu et Louis XIII. [Ref.↑ 3,0 3,1]
- Lettres patentes, s.f.pl. : sous l'Ancien Régime, décision royale exprimant la volonté du roi en tant que législateur, sous forme de lettre ouverte, scellée du grand sceau et contresignée par un secrétaire d'État, qui accorde ordinairement une faveur au destinataire (TLFi). À travers le latin juridique, le terme vient directement du latin patens, du verbe patere, « être ouvert » ou « évident », et désigne les documents ouverts portant un sceau officiel (généralement attaché par un ruban) destinés à être lus par toute personne intéressée (Wikipedia). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Lisière, s.f. : bande horizontale décorée de blasons. La lisière funèbre correspondait au droit d'orner à son enterrement l’église de bandeaux noirs avec son blason. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 5,0 5,1 5,2]
- Prééminences, s.f.pl. : droits que possédaient certains nobles dans les édifices religieux : droit d'accéder au chœur, droit d'être enterré dans la chapelle, droit d'apposer son blason ... ; source : lexique "au coeur du pays d'Auray". [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 6,0 6,1 6,2 6,3 6,4]
- Bannie, s.f. : proclamation publique d'un ordre, d'une défense, d'une vente ; source : cahiers de doléances AD29. Proclamation par laquelle un seigneur a droit d'assujettir ceux qui sont dans l'étendue de sa seigneurie d'utiliser son four ou son moulin ; source : Dictionnaire du Moyen Français. Proclamation, publication, criée d'une adjudication, d'un prix, d'une vente, d'une vente forcée ; source : DMF. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 7,0 7,1]
- Présidial, s.m. : tribunal de justice de l'Ancien Régime créé au XVIe siècle ; c'est en 1552 que le roi Henri II de France, désireux de renforcer son système judiciaire et de vendre de nouveaux offices, institue les présidiaux ; le présidial de Quimper-Corentin a été créé à cette date dans le ressort du parlement de Bretagne (Wikipedia). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric. Date de création : Août 2016 Dernière modification : 26.03.2018 Avancement : [Développé] |