Témoignage de Guy Autret sur l'exil du père jésuite Nicolas Caussin à Quimper
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|width=45% valign=top|<i>Guy Autret a été un observateur de la vie politique française du 17e siècle et fréquenta le père jésuite exilé à Quimper par décision du cardinal Richelieu.</i> | |width=45% valign=top|<i>Guy Autret a été un observateur de la vie politique française du 17e siècle et fréquenta le père jésuite exilé à Quimper par décision du cardinal Richelieu.</i> | ||
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On trouvera ici des extraits de 5 lettres datées de 1638 à 1643 où il cite son voisin Nicolas Caussin, et le recommande chaudement à son correspondant Pierre d'Hozier. | On trouvera ici des extraits de 5 lettres datées de 1638 à 1643 où il cite son voisin Nicolas Caussin, et le recommande chaudement à son correspondant Pierre d'Hozier. | ||
- | Autres lectures : {{Tpg|1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc}}{{Tpg|Lettre du 8 février 1638 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, VI)}}{{Tpg|Lettre du 17 juin 1638 de Guy Autret au comte de Brulon (Rosmorduc, VIb)}}{{Tpg|Lettre du 25 août 1641 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, XII)}}{{Tpg|Lettre du 23 février 1643 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, XVIII)}}{{Tpg|Lettre du 20 septembre 1643 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, XIX)}}{{Tpg|ROSMORDUC Le Gentil Georges (comte de) - Guy Autret, correspondant de Pierre d'Hozier}}{{Tpg|Eloge du français du Grand Siècle par le breton Guy Autret}} | + | Autres lectures : {{Tpg|Guy Autret, seigneur de Missirien et de Lezergué (1599-1660)}}{{Tpg|1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc}}{{Tpg|Lettre du 8 février 1638 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, VI)}}{{Tpg|Lettre du 17 juin 1638 de Guy Autret au comte de Brulon (Rosmorduc, VIb)}}{{Tpg|Lettre du 25 août 1641 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, XII)}}{{Tpg|Lettre du 23 février 1643 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, XVIII)}}{{Tpg|Lettre du 20 septembre 1643 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, XIX)}}{{Tpg|ROSMORDUC Le Gentil Georges (comte de) - Guy Autret, correspondant de Pierre d'Hozier}}{{Tpg|Eloge du français du Grand Siècle par le breton Guy Autret}} |
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- | Dans la « [[:Template:Rosmorduc-6|Lettre de février 1638]], Guy Autret n'apporte pas le même soutien au père jésuite Nicolas Caussin <ref name=Caussin>{{PR-Caussin}}</ref>, son voisin exilé à Quimper de 1638 à 1643. C'est le 26 décembre 1637 que les lecteurs de la Gazette apprirent que « <i>Le père Caussin a été dispensé de sa Majesté de ne plus la confesser à l’avenir</i> » Même si quelques rumeurs de la discorde entre le confesseur du roi et le ministre de celui-ci, M. le cardinal Richelieu, couraient déjà dans Paris, cette nouvelle fit scandale. Son exil imposé à Quimper va donner à Jean de La Fontaine la matière pour sa fable du Chartier embourbé : « <i>C'était à la campagne près d'un certain canton de la basse Bretagne, Appelé Quimper-Corentin. On sait assez que le Destin adresse là les gens quand il veut qu'on enrage : Dieu nous préserve du voyage !</i> ». | + | C'est le 26 décembre 1637 que les lecteurs de la Gazette apprirent que « <i>Le père Caussin a été dispensé de sa Majesté de ne plus la confesser à l’avenir</i> » et qu'il devait s'exiler au fin fond d'une province profonde, c'est-à-dire à Quimper. Même si quelques rumeurs de la discorde entre le confesseur du roi et le ministre de celui-ci, le cardinal Richelieu, couraient déjà dans Paris, cette nouvelle fit scandale. |
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+ | Son exil imposé à Quimper va même donner à Jean de La Fontaine la matière pour sa fable du Chartier embourbé : « <i>C'était à la campagne près d'un certain canton de la basse Bretagne, Appelé Quimper-Corentin. On sait assez que le Destin adresse là les gens quand il veut qu'on enrage : Dieu nous préserve du voyage !</i> ». | ||
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+ | À son retour d'exil, Nicolas Caussin décrira son triste sort en des termes peu avenants pour les Quimpérois <ref>Cité par Fanch Morvannou, “ <i>Bas-breton et Basse Bretagne au Grand Siècle</i> ”, dans <i>Bretagne et Lumières. Mélanges offerts à Monsieur le Professeur Jean Balcou</i>, Brest, Université de Bretagne occidentale, 2001, p. 69-70 ; et par Joël Cornette, conférence “ <i>La France et la Bretagne : mille ans de malentendu </i> ”, 2008, Paris. </ref> : | ||
+ | *« <i>J’ai été comme dégradé, livré par mes frères, envoyé dans un exil très rude, parmi des barbares, et aux extrémités de la France [dans] le lieu le plus rude et le plus fâcheux qu’on puisse imaginer</i> », | ||
+ | *Ainsi relégué « <i>à la dernière maison de la province</i> », il ne voit que « <i>déserts et rochers</i> », et la population quimpéroise « <i>articule on ne sait quels sons barbares plutôt qu'elle ne parle.</i> » | ||
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+ | A la lecture des citations ci-dessus, on comprend mieux pourquoi Guy Autret, dans ses lettres au correspondant de la Gazette, présente le séjour du père Caussin comme un fait notable important. Comme les deux intellectuels ont tous deux pour le cardinal Richelieu, il le présente même comme un homme bon : « <i>C'est un bon home & à mon advis selon le cœur de Dieu, qui ayme tous les bons et hait tous les mechantz.</i> » (23 février 1643). | ||
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- | À son retour d'exil, Nicolas Caussin a décrit son triste sort en des termes peu avenants pour les Quimpérois <ref>Cité par Fanch Morvannou, “ <i>Bas-breton et Basse Bretagne au Grand Siècle</i> ”, dans <i>Bretagne et Lumières. Mélanges offerts à Monsieur le Professeur Jean Balcou</i>, Brest, Université de Bretagne occidentale, 2001, p. 69-70 ; et par Joël Cornette, conférence “ <i>La France et la Bretagne : mille ans de malentendu </i> ”, 2008, Paris. </ref> : | + | Guy Autret ne manque pas non plus d'ironie lorsqu'il considère l'exil lointain dont fait l'objet le jésuite, assimilant la Bretagne à une contrée peuplée d'Indiens d'Amérique : « <i>Je ne puis nier que nostre langage m'escorge la luete et que dans nos isles il ne se troeuve des demi sauvages, aussi nous a t on envoyé le père Caussin, come si l'on avoit voulu releguer parmi les Hurons ou les Hiroquois</i> » (8 février 1638). |
- | *« <i>J’ai été comme dégradé, livré par mes frères, envoyé dans un exil très rude, parmi des barbares, et aux extrémités de la France [dans] le lieu le plus rude et le plus fâcheux qu’on puisse imaginer</i> », | + | |
- | *Ainsi relégué « <i>à la dernière maison de la province</i> », il ne voit que « <i>déserts et rochers</i> »., | + | Il s'associe également par solidarité à l'exilé politique : « <i>Je ne puis comprandre coment vous pouvés vous donner paine pour un miserable bas breton relegué à Kempertin, aussi bien que le pere Caussin.</i> » (17 juin 1638). |
- | *La population quimpéroise « <i>articule on ne sait quels sons barbares plutôt qu'elle ne parle.</i> » | + | |
+ | Dans son isolement quimpérois, le père Caussin réclame une plus grande rapidité d'envoi des dépêches du correspondant parisien de Guy Autret : « <i>Le pere Caussin, au quel je faisois hier lire la vostre, me dit que si vous changiés le jour de vos depeches & qu'il vous pleut escrire le Jeudi ou Vendredi, le paquet seroet rendu à Renes au 4e jour ensuivant ... et ainsi vos lestres ne seroint vieilles que de 8 Jours quand elles me seroint rendues, au lieu qu'à presant elles le sont ordinerement de quinse</i> » (25 août 1641). | ||
- | A la lecture des citations ci-dessus, on comprend mieux le ton ironique qu'utilise Guy Autret pour présenter son contemporain : « <i>Je ne puis nier que notre langage m'escorge la luete et que dans nos îles il ne se trouve des demi sauvages, aussi nous a-t-on envoyé le père Caussin, comme si l'on avait voulu reléguer parmi les Hurons ou les Iroquois, mais j'espère qu'à son retour à Paris il pourra publier que le navire qui le portait en exil a fait naufrage dans le Pérou ou aux îles fortunées. </i> ». | + | On sait même que le père Caussin ne rentra à Paris qu'entre mars et septembre 1643, soit plus de 5 mois après le décès de Richelieu que Guy Autret surnomme le « <i>deffunt Armand</i> », car en février les deux hommes se voient toujours à Quimper. En septembre Guy Autret se plaint que, dans la capitale, l'exilé n'est plus aussi avenant : « <i>si j'estois à Paris ...si le bon pere Caussin & Mr de St-Germein ne me bannisoint de leur conversation, on me verroet plus souvant chés eux</i> ». |
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Version actuelle
[modifier] 1 Présentation
C'est le 26 décembre 1637 que les lecteurs de la Gazette apprirent que « Le père Caussin a été dispensé de sa Majesté de ne plus la confesser à l’avenir » et qu'il devait s'exiler au fin fond d'une province profonde, c'est-à-dire à Quimper. Même si quelques rumeurs de la discorde entre le confesseur du roi et le ministre de celui-ci, le cardinal Richelieu, couraient déjà dans Paris, cette nouvelle fit scandale. Son exil imposé à Quimper va même donner à Jean de La Fontaine la matière pour sa fable du Chartier embourbé : « C'était à la campagne près d'un certain canton de la basse Bretagne, Appelé Quimper-Corentin. On sait assez que le Destin adresse là les gens quand il veut qu'on enrage : Dieu nous préserve du voyage ! ». À son retour d'exil, Nicolas Caussin décrira son triste sort en des termes peu avenants pour les Quimpérois
A la lecture des citations ci-dessus, on comprend mieux pourquoi Guy Autret, dans ses lettres au correspondant de la Gazette, présente le séjour du père Caussin comme un fait notable important. Comme les deux intellectuels ont tous deux pour le cardinal Richelieu, il le présente même comme un homme bon : « C'est un bon home & à mon advis selon le cœur de Dieu, qui ayme tous les bons et hait tous les mechantz. » (23 février 1643). |
Guy Autret ne manque pas non plus d'ironie lorsqu'il considère l'exil lointain dont fait l'objet le jésuite, assimilant la Bretagne à une contrée peuplée d'Indiens d'Amérique : « Je ne puis nier que nostre langage m'escorge la luete et que dans nos isles il ne se troeuve des demi sauvages, aussi nous a t on envoyé le père Caussin, come si l'on avoit voulu releguer parmi les Hurons ou les Hiroquois » (8 février 1638). Il s'associe également par solidarité à l'exilé politique : « Je ne puis comprandre coment vous pouvés vous donner paine pour un miserable bas breton relegué à Kempertin, aussi bien que le pere Caussin. » (17 juin 1638). Dans son isolement quimpérois, le père Caussin réclame une plus grande rapidité d'envoi des dépêches du correspondant parisien de Guy Autret : « Le pere Caussin, au quel je faisois hier lire la vostre, me dit que si vous changiés le jour de vos depeches & qu'il vous pleut escrire le Jeudi ou Vendredi, le paquet seroet rendu à Renes au 4e jour ensuivant ... et ainsi vos lestres ne seroint vieilles que de 8 Jours quand elles me seroint rendues, au lieu qu'à presant elles le sont ordinerement de quinse » (25 août 1641). On sait même que le père Caussin ne rentra à Paris qu'entre mars et septembre 1643, soit plus de 5 mois après le décès de Richelieu que Guy Autret surnomme le « deffunt Armand », car en février les deux hommes se voient toujours à Quimper. En septembre Guy Autret se plaint que, dans la capitale, l'exilé n'est plus aussi avenant : « si j'estois à Paris ...si le bon pere Caussin & Mr de St-Germein ne me bannisoint de leur conversation, on me verroet plus souvant chés eux ». |
[modifier] 2 Extraits des lettres
8 février 1638 Guy Autret évoque le sort de Nicolas Caussin 17 juin 1638 La citation via laquelle Guy Autret compare son sort avec celui du père Caussin 25 août 1641 Guy Autret relate ses relations avec Nicolas Caussin |
« qui seroet le dimanche ou lundi, & le mardi, qui est le jour de partement de nostre messager de Renes, le paquet pouroet repartir pour Kemper et ainsi vos lestres ne seroint vieilles que de 8 Jours quand elles me seroint rendues, au lieu qu'à presant elles le sont ordinerement de quinse 23 février 1643 Guy Autret évoque ainsi la personnalité de Nicolas Caussin
Guy Autret explique qu'il trouverait avantage à fréquenter Mr de St-Germain et Nicolas Caussin |
[modifier] 3 Annotations
- Cité par Fanch Morvannou, “ Bas-breton et Basse Bretagne au Grand Siècle ”, dans Bretagne et Lumières. Mélanges offerts à Monsieur le Professeur Jean Balcou, Brest, Université de Bretagne occidentale, 2001, p. 69-70 ; et par Joël Cornette, conférence “ La France et la Bretagne : mille ans de malentendu ”, 2008, Paris. [Ref.↑]
- Nicolas Caussin est un jésuite français né à Troyes en 1583 et mort en 1651. Il se fit une réputation comme prédicateur, et devint confesseur de Louis XIII; il fut exilé pour avoir pris parti pour la reine-mère. Il a écrit : la Cour saincte, De Eloquentia sacra et humana, Tragœdix sacrée, une Apologie des Jésuites [1644], Le buisson ardent [1648], Traicté de la Conduite Spirituelle selon l'esprit du B. François de Sales, Évêque et Prince de Genève [1637]. [Ref.↑ 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4]
Thème de l'article : Histoire du patrimoine culturel gabéricois Date de création : Octobre 2016 Dernière modification : 18.01.2017 Avancement : [Développé] |