Lettre du 25 août 1641 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, XII) - GrandTerrier

Lettre du 25 août 1641 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, XII)

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Catégorie : Personnages/Autret
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Retiré dans son manoir campagnard de Lezergué ou en voyage à Rennes ou Paris, Guy Autret a été un épistolier infatigable et ses missives sont riches d'enseignements sur les familles nobles bretonnes et sur certains évènements nationaux historiques en plein 17e siècle.

Autres lectures : « 1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc » ¤ « Espace Guy Autret (17e) » ¤ « Guy Autret, seigneur de Missirien et de Lezergué (1599-1660) » ¤ « ROSMORDUC Le Gentil Georges (comte de) - Guy Autret, correspondant de Pierre d'Hozier » ¤ 

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[modifier] 1 Présentation

Lettre du mémoire du comte de Rosmorduc, pages 47 à 50, où Guy Autret rapporte à Pierre d'Hozier [1] les arguments du père Caussin pour changer les dates d'envoi de ses lettres, le prix de son abonnement à la Gazette de Renaudot, et la généalogie et bâtardise de Nicolas de Charmoye Keraret.

Guy Autret doit payer le prix de douze livres, sans doute annuellement, pour recevoir les gazettes hebdomadaires de Théophraste Renaudot : « quand je seraye à Renes, Je pouray deliberer de l'envoye de mes 12 livres au sieur Renaudot.  »

Guy Autret relate ses relations avec Nicolas Caussin [2], chassé de Paris par le cardinal de Richelieu, exilé à Quimper de 1638 à 1643, auquel il rend visite régulièrement : « Vos lestres valent incomparablement mieux que les gasetes & n'estoint qu'elles tardent à Renes trop long temps, j'aurois toutjours les premieres aussi bien que les plus assurées nouvelles de Paris. Le pere Caussin, au quel je faisois hier lire la vostre, me dit que si vous changiés le jour de vos depeches & qu'il vous pleut escrire le Jeudi ou Vendredi, le paquet seroet rendu à Renes au 4e jour ensuivant, qui seroet le dimanche ou lundi, & le mardi, qui est le jour de partement de nostre messager de Renes, le paquet pouroet repartir pour Kemper et ainsi vos lestres ne seroint vieilles que de 8 Jours quand elles me seroint rendues, au lieu qu'à presant elles le sont ordinerement de quinse

[modifier] 2 Transcription

Monsieur mon très cher Confrère,

La vostre du 9 de ce mois n'a estée rendue, vous m'i avés espargné ni l'ancre, ni le papier, ni vostre loesir, & ma confusion s'augmente par l'exces de vos courtoesies. Vos lestres valent incomparablement mieux que les gasetes & n'estoint qu'elles tardent à Renes trop long temps, j'aurois toutjours les premieres aussi bien que les plus assurées nouvelles de Paris. Le pere Caussin, au quel je faisois hier lire la vostre, me dit que si vous changiés le jour de vos depeches & qu'il vous pleut escrire le Jeudi ou Vendredi, le paquet seroet rendu à Renes au 4e jour ensuivant, qui seroet le dimanche ou lundi, & le mardi, qui est le jour de partement de nostre messager de Renes, le paquet pouroet repartir pour Kemper et ainsi vos lestres ne seroint vieilles que de 8 Jours quand elles me seroint rendues, au lieu qu'à presant elles le sont ordinerement de quinse ; si cela se peut faire sans incomodité, vous augmenterés le pris de l'obligation extreme que Je vous aye, cependant, quand je seraye à Renes, Je pouray deliberer de l'envoye de mes 12 livres au sieur Renaudot.

Ce que je vous aye escrit du sieur de Charmoye Keraret est fort veritable & ceste remarque que vous faites sur l'estat & condition des persones qui ont exercé les charges de valets de chambre du Roy est avantageuse à mon dit nepveu alié. Ce Jan Regnier, que vous dites avoir esté eslu d'Auxere seulement, est pourtant qualifié, dans l'acte de l'an 1477, bailli d'Auxere, & estant à Renes je vous pouré envoier cest acte pour que par l'inspection vous jugiés de la verité d'icelui, car de moy je n'en puis rien soubsoner de sinistre & je crois veritable, come il en a les aparances. Ce chanoene d'Auxere de vos amis vous poura esclercir, pour moy J'aprehende que ceste famille de Charmoye soet de vill, mais neanmoins de persones d'honeur, ayants eus emplois & charges & qui souvant ont estés aliés aveq des nobles.

Ceste Jane du Quelenec, mere de mon nepveu de Keraret, portoet ainsi que Nicolas son pere, les armes plenes du Quelenec, à sçavoir : D'ermines au chef de geules, chargé de 3 fleurdelis d'or, mais par la tollerance des barons du Pontlabé, leurs parants du costé de la venele, car pour estre veritable par tout, Il faut vous advouer que le dit Nicolas estoet enfant naturel de la maison du Pont, du Fou & du Quelenec, fut gouverneur de Charles du Quelenec, baron du Pont, premier mari de la

 

dame de Soubise & de Partenay, depuis dame de Rohan, & pansa estre tué aveque lui à la St Berthelemi. Depuis il fut de la maison de Toussaints de Beaumanoir, heritier du dit Charles, & maistre d'hostel & intandant de sa maison, & par la saveur & adresse du quel de Beaumanoir Il espousa damoeselle Claude le Vestle, dame de Keraret, cousine germene de mon ayeule paternelle, & en lessa Marc du Quelenec, qui epousa Catherine du Fou, dame de Logan, de la quelle furent enfans Charles du Quelenec, sieur de Keraret, decedé sans enfans l'an 1638, & Marie du Quelenec, religieuse benedictine du Calvaire & fondatrice d'un couvent de son ordre, à Kermpertin. Par le decebs du dit Charles, qui avoet espousé dame Bertrande de Rosnevinen, à presant sa veufve, la succession des terres de Keraret, du Menec, du Poulguinan, de la Palue & de la Couderaye escheut à messire Silvestre de Charmoye, par la representation de Janne du Quelenec, sa mere, fille de Nicolas & seur de Marc. Lequel Silvestre est mary de dame Marguerite Autret, fille unique, ayant deux freres, de Yves Autret, sieur de Lezoualhc, & de Marie du Menez. Voela la veritable genealogie de ceste petite branche du Quelenec & je suis bien painé, quand je seraye imprimer, de sçavoir si je la dois escrire ou taire, ou dissimuler la batartise, tantja Mr de Keraret n'a plus nom du Quelenec & le vice de sang est fini en sa mere & en son cousin au quel il a herité des biens & non du nom.

Nous n'avons encore auceune nouvelle de Mr nostre marquis [a], Je lui diray, quand il sera temps, le juste subjet que vous avés de vous pleindre de lui, mais auparavant Je veux extrere moy mesme ce qu'il a de Rieux & je vous prometz que tout aussi tost vous l'aurés [b]. Le baron de Vieuxchastel, qui estoet chés moy il y a 14 jours & qui a pillé extremement mon cabinet, m'a dit avoir fait les mesmes extraits de la maison de Rieux & me promet de les comuniquer ; s'il est home de parole, vous aurés copie de tout [c], car jamais il n'i aura auceune chose en mon pouvoir qui se soet en vostre extiere disposition. Il faut que l'accessoere suive le principal & vous pouvés crere que vous estes le maistre de mes memoeres & de mon cabinet, puis que vous l'estes de mon bien, de mon sang & de ma vie & que J'ay fait veu solemnel & inviolable d'estre jusques aux autels & au tombeau.

Mon cher confrere,
Vostre tres humble & tres obeissant serviteur,
MISSIRIEN

Ce 25 aoust 1641.

Notes (Rosmorduc) :

  1. Sébstien de Rosmadec, marquis de Molac. [Ref.↑] 
  2. M. de Missirien rédigea, en effet, une généalogie très détaillée de la maison de Rieux, dont une copie, de la main de Pierre d'Hozier, est conservée à la Bibliothèque Nationale, dans le vol. 31171 des Manuscrits français. [Ref.↑] 
  3. Le baron du Vieuchastel fut home de parole, car on trouve dans le vol. 31171, mentionné ci-dessus, un inventaire d'actes de 16 pages, entièrement écrit de la main de M. de Missirien et intitulé : « Extrait fait le 28 Aoust 1641 sur les memoeres qui m'ont estés comuniqués par h. & p. seigneur Pierre de Lanion, baron du Veuchastel. » [Ref.↑] 

[modifier] 3 Sources


[modifier] 4 Annotations

  1. Pierre d'Hozier (1592-1660) est un historien et auteur de généalogies des grandes familles françaises. Sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV il fut juge d'armes et commis pour certifier la noblesse. Il a composé la « Généalogie des principales familles de France », ouvrage manuscrit de cent cinquante volumes. Il fut ami et correspondant de Théophraste Renaudot, le fondateur de la Gazette. Il fut inhumé dans l'église Saint-André-des-Arts à Paris. [Ref.↑]
  2. Nicolas Caussin est un jésuite français né à Troyes en 1583 et mort en 1651. Il se fit une réputation comme prédicateur, et devint confesseur de Louis XIII; il fut exilé pour avoir pris parti pour la reine-mère. Il a écrit : la Cour saincte, De Eloquentia sacra et humana, Tragœdix sacrée, une Apologie des Jésuites [1644], Le buisson ardent [1648], Traicté de la Conduite Spirituelle selon l'esprit du B. François de Sales, Évêque et Prince de Genève [1637]. [Ref.↑]


Thème de l'article : Histoire du patrimoine culturel gabéricois

Date de création : Novembre 2016    Dernière modification : 6.12.2016    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]