1859-1887 - Fermage des métairies de Kervéguen, incendie et exil nantais
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Documents conservée aux Archives départementales du Finistère sous la cote 60J68, articles de journaux locaux, et le témoignage des Hémon émigrés à Nantes-Chantenay (grand merci à Romain Le Bards pour nous avoir transmis cette mémoire familiale). | Documents conservée aux Archives départementales du Finistère sous la cote 60J68, articles de journaux locaux, et le témoignage des Hémon émigrés à Nantes-Chantenay (grand merci à Romain Le Bards pour nous avoir transmis cette mémoire familiale). | ||
- | Autres lectures : {{Tpg2|Kervéguen, Kervegenn|Toponyme Kervegenn}}{{Tpg2|Géo.Kervéguen|Cartographie du lieu-dit}} | + | Autres lectures : {{Tpg|1754-1762 - Les bannies de Kervéguen, propriété Le Galant, de La Marche et Le Déan}}{{Tpg2|Kervéguen, Kervegenn|Toponyme Kervegenn}}{{Tpg2|Géo.Kervéguen|Cartographie du lieu-dit}} |
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Les bénéficiaires et fermiers de Kervéguen en 1859 et 1868 sont Auguste Hémon, né en 1823, et sa femme Pauline Hélou. | Les bénéficiaires et fermiers de Kervéguen en 1859 et 1868 sont Auguste Hémon, né en 1823, et sa femme Pauline Hélou. | ||
- | En 1887, leur fils Hervé, né en 1849, et son épouse Marie Jeanne Rannou, ayant pris la suite à Kervéguen, vivent une catastrophe imprévue : « <i>Au moment où il venait de se lever vers cinq heures du matin, il remarqua en sortant que le toit était enflammé ; il ne restait après l'incendie que les murs et les poutres fortement endommagés. Hémon suppose que le feu s'est communiqué à la toiture, qui était couverte en chaume, par les crevasses de la cheminée</i> ». | + | En 1887, leur fils Hervé, né en 1849, et son épouse Marie Jeanne Rannou, ayant pris la suite à Kervéguen, vivent une catastrophe imprévue décrite ainsi dans L'Union Agricole du 20 avril 1887 : « <i>Au moment où il venait de se lever vers cinq heures du matin, il remarqua en sortant que le toit était enflammé ; il ne restait après l'incendie que les murs et les poutres fortement endommagés. Hémon suppose que le feu s'est communiqué à la toiture, qui était couverte en chaume, par les crevasses de la cheminée</i> ». |
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Propriétaires et fermiers étaient assurés (cette obligation d'assurance contre l'incendie est explicitée dans le bail de 1868), mais cela n'a pas suffi pour reconstruire la grande métairie de Kervéguen. | Propriétaires et fermiers étaient assurés (cette obligation d'assurance contre l'incendie est explicitée dans le bail de 1868), mais cela n'a pas suffi pour reconstruire la grande métairie de Kervéguen. | ||
- | Leur fils Auguste, né en 1876, après un apprentissage de boulanger, part en 1896 pour faire son service militaire à Nantes où il s'installe dans le quartier de Chantenay, lieu de concentration des immigrés bretons, et où il fait progressivement venir ses frères Hervé, Jean Louis et Alain. Ses parents, Hervé Hémon et Marie Jeanne Rannou, quitteront eux aussi Ergué Gabéric : la mémoire familiale garde l'image de la grand mère bretonne, ne parlant pas un mot de français et avec qui elle doit communiquer par signes. | + | Leur fils Auguste, né en 1876, après un apprentissage de boulanger, part en 1896 pour faire son service militaire à Nantes où il s'installe dans le quartier de Chantenay, lieu de concentration des immigrés bretons, et où il fait progressivement venir ses frères Hervé, Jean Louis et Alain. Ses parents, Hervé Hémon et Marie Jeanne Rannou, quitteront eux aussi Ergué Gabéric : la mémoire familiale garde l'image de la grand mère bretonne, ne parlant pas un mot de français et communiquant par signes. |
Auguste, épargné par son statut de boulanger dans les services auxiliaires, doit partir tout de même pour Verdun en 1916. Embauché à son retour comme manœuvre à l'usine de savonnerie Talvande, il participe avec sa fratrie à la vie communautaire de ce quartier ouvrier, en prenant notamment la direction de L'Union Nationale des Combattants. | Auguste, épargné par son statut de boulanger dans les services auxiliaires, doit partir tout de même pour Verdun en 1916. Embauché à son retour comme manœuvre à l'usine de savonnerie Talvande, il participe avec sa fratrie à la vie communautaire de ce quartier ouvrier, en prenant notamment la direction de L'Union Nationale des Combattants. | ||
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Article 8. Les preneurs ne pourront exiger de M. et Mme Borghi, aucune indemnité, ni aucune réduction sur les fermages ci-dessus stipulés, pour cause de gelées, grêle, sécheresse, stérilité, inondation et autres cas fortuits, prévus ou imprévus. | Article 8. Les preneurs ne pourront exiger de M. et Mme Borghi, aucune indemnité, ni aucune réduction sur les fermages ci-dessus stipulés, pour cause de gelées, grêle, sécheresse, stérilité, inondation et autres cas fortuits, prévus ou imprévus. | ||
- | Article 9. Ils ne pourront céder leur doit au présent bail, en tout ou en partie sans le consentement exprès et par écrit des Bailleurs, sous peine de résiliement et de tous dépens dommages et intérêts, toutefois, ils pourront avoir un petit fermier ou Penty <ref name="Penty">{{K-Penty}}</ref>, des faits duquel ils répondront. | + | Article 9. Ils ne pourront céder leur doit au présent bail, en tout ou en partie sans le consentement exprès et par écrit des Bailleurs, sous peine de résiliement et de tous dépens dommages et intérêts, toutefois, ils pourront avoir un petit fermier ou Penty <ref name="Penty">{{BR-Pennty}}</ref>, des faits duquel ils répondront. |
Article 10. Les preneurs s'engagent à transporter et planter à leurs frais, à la première réquisition de M. et Mme Borghi, soixante pommiers qui leur seront fournis par ces derniers, ils seront tenus de tenir aux plants garnis de ronces et épines, pour les défendre de l'approche des bestiaux et de les greffer dès qu'ils seront assez forts pour supporter cette opération. | Article 10. Les preneurs s'engagent à transporter et planter à leurs frais, à la première réquisition de M. et Mme Borghi, soixante pommiers qui leur seront fournis par ces derniers, ils seront tenus de tenir aux plants garnis de ronces et épines, pour les défendre de l'approche des bestiaux et de les greffer dès qu'ils seront assez forts pour supporter cette opération. | ||
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- | <big><b>Le Finistère du 20 avril 18870</b></big> | + | <big><b>Le Finistère du 20 avril 1887</b></big> |
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<b>Ergué-Gabéric</b>. - Le 16 courant, vers 5 heures du matin, le nommé Hémon (Hervé), cultivateur à Ergué-Gabéric, sortait de sa maison, quand il remarqua que le toit était en flammes. Il appela aussitôt ses voisins, qui l'aidèrent à enlever une partie de ses meubles et le bétail qui était à l'écurie. | <b>Ergué-Gabéric</b>. - Le 16 courant, vers 5 heures du matin, le nommé Hémon (Hervé), cultivateur à Ergué-Gabéric, sortait de sa maison, quand il remarqua que le toit était en flammes. Il appela aussitôt ses voisins, qui l'aidèrent à enlever une partie de ses meubles et le bétail qui était à l'écurie. | ||
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- | <big><b>L'Union Agricole du 20 avril 18870</b></big> | + | <big><b>L'Union Agricole du 20 avril 1887</b></big> |
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<b>Ergué-Gabéric</b>. - Dans la nuit du quinze au seize avril courant, un incendie s'est déclaré au domicile du nommé Hémon Hervé, cultivateur habitant le village de Kervéguen, en cette commune. Un bâtiment mesurant 18 mètres de longueur sur six de largeur, ainsi qu'une étable mesurant douze mètres de long sur six mètres également de largeur, ont été entièrement détruits ; il ne restait après l'incendie que les murs et les poutres fortement endommagés. Hémon suppose que le feu s'est communiqué à la toiture, qui était couverte en chaume, par les crevasses de la cheminée. Au moment où il venait de se lever vers cinq heures du matin, il remarqua en sortant que le toit était enflammé. Il s'empressa de demander du secours aux voisins qui l'aidèrent à sortir ses meubles ainsi que le bétail renfermé dans l'étable. | <b>Ergué-Gabéric</b>. - Dans la nuit du quinze au seize avril courant, un incendie s'est déclaré au domicile du nommé Hémon Hervé, cultivateur habitant le village de Kervéguen, en cette commune. Un bâtiment mesurant 18 mètres de longueur sur six de largeur, ainsi qu'une étable mesurant douze mètres de long sur six mètres également de largeur, ont été entièrement détruits ; il ne restait après l'incendie que les murs et les poutres fortement endommagés. Hémon suppose que le feu s'est communiqué à la toiture, qui était couverte en chaume, par les crevasses de la cheminée. Au moment où il venait de se lever vers cinq heures du matin, il remarqua en sortant que le toit était enflammé. Il s'empressa de demander du secours aux voisins qui l'aidèrent à sortir ses meubles ainsi que le bétail renfermé dans l'étable. |
Version actuelle
| Baux de fermage pour les années 1859 et 1868, articles de presse relatant l'incendie de 1887, et chronique ouvrière nantaise.
Documents conservée aux Archives départementales du Finistère sous la cote 60J68, articles de journaux locaux, et le témoignage des Hémon émigrés à Nantes-Chantenay (grand merci à Romain Le Bards pour nous avoir transmis cette mémoire familiale). Autres lectures : « 1754-1762 - Les bannies de Kervéguen, propriété Le Galant, de La Marche et Le Déan » ¤ « Toponyme Kervegenn » ¤ « Cartographie du lieu-dit » ¤ |
[modifier] 1 Présentation
Le carton d'archives n° 60J68, versé aux archives départementales par l'étude notariale Pouliquen à Pont-L'Abbé, contient uniquement des pièces relatives aux métairies du village de Kervéguen, depuis les actes de ventes en 1754-62 jusqu'aux baux de fermage de la fin du XIXe siècle. Et parmi ceux-ci les baux des deux métairies de Kervéguen, courant sur deux fois neuf ans de 1859 à 1868, octroyés par les propriétaires de l'époque : Luigi Borghi, ingénieur de la Marine Royale Italienne, et son épouse Amélie Gobert de Neufmoulin. Cette dernière, par sa branche maternelle, a hérité de son bien gabéricois de Jean-François Le Déan, officier de la Compagnie des Indes, lequel le détenait de François-Louis de La Marche, seigneur de Lezergué, qui l'avait acquis de Laurent Le Galant, héritier du convenant de Kervéguen qui était autrefois inclus dans le fief de Botbodern (Elliant). Les actes de fermages sont accompagnés d'extraits cadastraux qui permettent de situer les deux métairies voisines : la plus grande au sud centrée sur sa maison d'habitation en parcelle 198, et la petite au nord avec son logis en 195 (cf. plan ci-contre). Le contrat mentionne un document dit « état des stus » On trouve aussi, dans la description des obligations associées à une fin de bail, les termes pittoresques suivants : « aoûter » Les bénéficiaires et fermiers de Kervéguen en 1859 et 1868 sont Auguste Hémon, né en 1823, et sa femme Pauline Hélou. En 1887, leur fils Hervé, né en 1849, et son épouse Marie Jeanne Rannou, ayant pris la suite à Kervéguen, vivent une catastrophe imprévue décrite ainsi dans L'Union Agricole du 20 avril 1887 : « Au moment où il venait de se lever vers cinq heures du matin, il remarqua en sortant que le toit était enflammé ; il ne restait après l'incendie que les murs et les poutres fortement endommagés. Hémon suppose que le feu s'est communiqué à la toiture, qui était couverte en chaume, par les crevasses de la cheminée ». |
Propriétaires et fermiers étaient assurés (cette obligation d'assurance contre l'incendie est explicitée dans le bail de 1868), mais cela n'a pas suffi pour reconstruire la grande métairie de Kervéguen. Leur fils Auguste, né en 1876, après un apprentissage de boulanger, part en 1896 pour faire son service militaire à Nantes où il s'installe dans le quartier de Chantenay, lieu de concentration des immigrés bretons, et où il fait progressivement venir ses frères Hervé, Jean Louis et Alain. Ses parents, Hervé Hémon et Marie Jeanne Rannou, quitteront eux aussi Ergué Gabéric : la mémoire familiale garde l'image de la grand mère bretonne, ne parlant pas un mot de français et communiquant par signes. Auguste, épargné par son statut de boulanger dans les services auxiliaires, doit partir tout de même pour Verdun en 1916. Embauché à son retour comme manœuvre à l'usine de savonnerie Talvande, il participe avec sa fratrie à la vie communautaire de ce quartier ouvrier, en prenant notamment la direction de L'Union Nationale des Combattants. |
[modifier] 2 Transcriptions
Les textes transcrits ci-dessous contiennent des paragraphes ( § ) non déployés. Vous pouvez les afficher en un seul clic : § Tout montrer/cacher
Bail de 1859
Bail de 1868
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Le Finistère du 20 avril 1887
L'Union Agricole du 20 avril 1887
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[modifier] 3 Originaux
Lieu de conservation : Archives Départementales du Finistère. Série : 60 J Fonds de l'étude Pouliquen, notaire à Pont-l'Abbé Cote : 60 J 68 |
Droit d'image : Protégé. Usage : Accès privé et restreint aux abonnés inscrits Accès : Connexion obligatoire sur un compte nominatif d'adhérent GrandTerrier. |
Baux de 1859 et 1868 | |||||
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[modifier] 4 Annotations
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- Stu, stuit, stuc, s.m. : sorte de fumier, d'engrais : « Jouira le tenancier de ses stucs et engrais estans aux terres de ladite tenue » (1578, Coutume de Bret., Nouv. Cout. gén., IV, 408) ; « Troys journées de terre en stus et engroys pour forment, terres labourables en stu et engroys pour avoine » (1510, inventaire par la cour de Treourec, Arch. Finist.). On trouve encore au XVIIIe s. : « un journal et demi de stus sous seigle » (1744, Arch. Finist. B 287). Source : dictionnaire Godefroy 1880. Jean-François Le Gonidec signale également en 1807 « Stû, adj. Je n'ai jamais vu employer ce mot qu'après le mot douar, terre ; douar stû, terre chaude, terre en rapport, terre préparée à recevoir la semence, après avoir été engraissée. Le Pelletier a considéré ce mot comme substr., et lui a donné la signification de fumier ». Au 19e siècle l'état de stus en Cornouaille était l'inventaire de tous les fumiers; pailles, foins, landes en réserve ou sur la terre dont la destination était de l'enrichir avant les labours. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4]
- Aoûter, v. : moissonner, récolter (TLFi). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1 2,2]
- Amulonner, v. : mettre le foin ou le fumier en tas (en meulon). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 3,0 3,1 3,2]
- Pennty, penn-ti : littéralement « bout de maison », désignant les bâtisses, composées généralement d'une seule pièce, où s'entassaient avec leur famille les ouvriers agricoles et journaliers de Basse-Bretagne (Revue de Paris 1904, note d'Anatole Le Braz). Par extension, le penn-ty est le journalier à qui un propriétaire loue, ou à qui un fermier sous-loue une petite maison et quelques terres, l'appellation étant synonyme d'une origine très modeste. [Terme BR] [Lexique BR] [Ref.↑ 4,0 4,1]
Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric. Date de création : Août 2020 Dernière modification : 9.10.2020 Avancement : [Développé] |