1681 - Inventaire des biens tenus roturièrement du Roi par la maison presbiteralle
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- | <i>Un presbytère au bourg, mais aussi un jardin à Pennarun, et deux prés sacrés entre Keranroux et Tréodet, tels étaient les biens tenus du roi par la paroisse et déclarés dans le cadre de la Réformation du domaine royal lancée par Colbert.</i> | + | <i>Un presbytère au bourg, mais aussi un jardin à Pennarun, et deux prés sacrés entre Keranroux et Tréodet, tels étaient les biens tenus du roi par la paroisse dans le cadre de la Réformation du domaine royal lancée par Colbert.</i> |
- | Documents : la transcription par Norbert Bernard de la copie de 1751 des dénombrements A87 et A89 conservés aux Archives Départementales du Finistère, la lettre et réponse de Fañch Morvannou sur saint Guénolé, et l'inscription au registre papier terrier <ref name="Terrier">{{K-Terrier}}</ref> de la Chambre des Comptes de Nantes. | + | Documents : la transcription par Norbert Bernard de la copie de 1751 de l'acte de dénombrement A87 des Archives Départementales du Finistère, la lettre réponse de Fañch Morvannou sur saint Guénolé conservée aux Archives municipales de Quimper, et l'inscription au registre papier terrier <ref name="Terrier">{{K-Terrier}}</ref> de 1680-82 de la Chambre des Comptes de Nantes conservé aux Archives Nationales. |
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- | Autres lectures : {{Tpg|1680 - Papier terrier et réformation du domaine royal à la chambre des comptes de Nantes}}{{Tpg|MORVANNOU Fañch - Saint Guénaël}}{{Tpg|Saint Gwenhaël (6e siècle)}}{{Tpg|Saint Guenaël d'Ergué-Gabéric, OF-LQ 1985}}{{Tpg|Historique de la chapelle de Saint-Guénolé}} | + | Autres lectures : {{Tpg|1680 - Papier terrier et réformation du domaine royal à la chambre des comptes de Nantes}}{{Tpg|MORVANNOU Fañch - Saint Guénaël}}{{Tpg|Saint Gwenhaël (6e siècle)}}{{Tpg|Saint Guenaël d'Ergué-Gabéric, OF-LQ 1985}}{{Tpg|Cantique de saint Guinal d'Ergué-Gabéric}}{{Tpg|LE GRAND Albert - La vie de Guen-Ael ou Guenaut}}{{Tpg|1880-1926 Notes et croquis du chanoine Jean-Marie Abgrall}}{{Tpg|Historique de la chapelle de Saint-Guénolé}} |
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- | Les biens déclarés par la paroisse comme tenus du roi sont considérés comme des biens roturiers, et c'était le cas de plusieurs dizaines biens fonciers gabéricois à la fin du 17e siècle. Contrairement aux biens des nobles, le roi n'exige pas un hommage seigneurial, mais simplement le paiement d'une chef-rente <ref name="">{{K-Chefrente}}</ref> (que les nobles doivent aussi pour leurs domaines ou fiefs). | + | Les biens déclarés par la paroisse comme « <i>tenus du roi</i> » sont considérés en 1681 comme des biens roturiers, comme plusieurs dizaines biens fonciers gabéricois à la fin du 17e siècle. Contrairement au traitement des biens nobles, le roi n'exige pas du roturier un véritable hommage seigneurial, mais simplement les « <i>devoirs d'obéissance</i> », la « <i>suite de cour</i> » (justice royale), le paiement des droits de rachat <ref name="Rachapt">{{K-Rachapt}}</ref> et pour certains la chefrente <ref name="Chefrente">{{K-Chefrente}}</ref> que les nobles doivent aussi pour leurs domaines ou fiefs. |
- | En l’occurrence il s'agit ... | + | En l’occurrence, pour le presbytère paroissial, les rentes sont exonérés, mais par contre une obligation royale d'ordre ecclésiastique est ajoutée, à savoir les « <i>prières et oraisons</i> ». Les biens déclarés par le « <i>général</i> » (assemblée paroissiale) de la paroisse sont la maison du presbytère au bourg, le jardin voisin près du manoir noble de Pennarun, et enfin deux « <i>prés fauchables</i> » plus éloignés, à la lisière quimpéroise entre Keranroux et Tréodet et détenus depuis au moins l'an 1570. |
- | Lettre à Fañch Morvannou ... | + | [[Image:Norbert2.jpg|70px|left]]C'est au sujet de ces deux prairies que Norbert Bernard s'est adressé en décembre 2001 au linguiste et historien Fañch Morvannou <ref name="FanchMorvannou">{{PR-FanchMorvannou}}</ref>, car les parcelles sont déclarées au nom d'un saint mystérieux : « <i>Sant Quenoe</i> », et une chapelle en ruines est réputée être attenante aux prés. |
- | Saint Guénolé ? ou saint Guinal ? | + | |
+ | [[Image:FanchMorvannou.jpg|70px|left]]Fañch Morvannou lui répond « <i>Ce Sant Quenoe m'intrigue. Cela peut être une transcription de Sant Guenole.</i> », mais « <i>avec deux accidents : 1) perte du l, 2) transcription (fautive) du G en Q</i> », et par ailleurs il existe bien une autre chapelle Saint-Guénolé distante de 5 km. | ||
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+ | Sur l'acte A87 recopié en 1751, le copiste hésite manifestement avant d'écrire « <i>Sant Quenoe</i> », recouvrant une version rayée qui semble être « <i>Sant Quenré</i> ». Cette transcription en Quenoe est confortée par le registre du papier terrier consultable aux Archives Nationales à Paris sous la côte P//1689 dans sa mouture de 1680-82 (cf écriture cursive ci-après). | ||
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[[Image:ADF-A87-SantQuenoe.jpg|400px|center|thumb|Document ADF-A87]] | [[Image:ADF-A87-SantQuenoe.jpg|400px|center|thumb|Document ADF-A87]] | ||
- | [[Image:AN-P1689-SantQuenoe.jpg|400px|center|thumb|Document AN-P1689]] | + | [[Image:MediaAbgrallKerrous.jpg|140px|right]]Mais la réponse de Fañch Morvannou est surprenante car centrée uniquement sur saint Guénolé, alors qu'il a publié un ouvrage savant sur saint Guenaël qui est une autre possibilité toponymique. |
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+ | En effet le lieu où sont situés les deux prés est réputé être le lieu de naissance de saint Guenaël, abbé successeur de Guénolé à Landévennec et saint patron de la paroisse d'Ergué-Gabéric. On dit qu'il y avait là une fontaine consacrée et une belle croix dédiée à saint Guénaël (cf croquis ci-contre du chanoine Abgrall). | ||
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+ | Le nom du saint est localement orthographié « <i>Sant Guinal</i> » à Ergué-Gabéric, et on peut donc supposer que le Q de Quenoe peut aussi cacher soit le G de Guinal, soit celui de Guénolé. Ensuite on sait que Guenaël est aussi orthographié Guenault/Guenaut, ce qui n'est pas éloigné d'un Quenoe au e final muet. « <i>Affaire à suivre</i> » écrivait Fañch Morvannou dans sa lettre à Norbert Bernard en décembre 2001. | ||
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Vol 4, folio 399 (renuméroté 381). 22 février 1681. | Vol 4, folio 399 (renuméroté 381). 22 février 1681. | ||
- | Déclaration de la maison presbiteralle de la paroisse d'Ergué-Gabéric et terres en dépendantes que le général <ref name="Général">{{K-Général}}</ref> de ladite paroisse tient prochement du Roy sous la jurisdiction de Quimper, laquelle déclaration Guy Le Goff, à présent procureur terrien de ladite paroisse, y demeurant au lieu de Quergaradec, fournit au Roy ; à devoirs, d'obéissance, suite de cour, prière et oraisons. | + | Déclaration de la maison presbiteralle de la paroisse d'Ergué-Gabéric et terres en dépendantes que le général <ref name="Général">{{K-Général}}</ref> de ladite paroisse tient prochement du Roy sous la jurisdiction de Quimper, laquelle déclaration Guy Le Goff, à présent procureur terrien de ladite paroisse, y demeurant au lieu de Quergaradec, fournit au Roy ; à devoirs d'obéissance, suite de cour, prière et oraisons. |
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Version actuelle
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Un presbytère au bourg, mais aussi un jardin à Pennarun, et deux prés sacrés entre Keranroux et Tréodet, tels étaient les biens tenus du roi par la paroisse dans le cadre de la Réformation du domaine royal lancée par Colbert. Documents : la transcription par Norbert Bernard de la copie de 1751 de l'acte de dénombrement A87 des Archives Départementales du Finistère, la lettre réponse de Fañch Morvannou sur saint Guénolé conservée aux Archives municipales de Quimper, et l'inscription au registre papier terrier |
Autres lectures : « 1680 - Papier terrier et réformation du domaine royal à la chambre des comptes de Nantes » ¤ « MORVANNOU Fañch - Saint Guénaël » ¤ « Saint Gwenhaël (6e siècle) » ¤ « Saint Guenaël d'Ergué-Gabéric, OF-LQ 1985 » ¤ « Cantique de saint Guinal d'Ergué-Gabéric » ¤ « LE GRAND Albert - La vie de Guen-Ael ou Guenaut » ¤ « 1880-1926 Notes et croquis du chanoine Jean-Marie Abgrall » ¤ « Historique de la chapelle de Saint-Guénolé » ¤
[modifier] Présentation
Les biens déclarés par la paroisse comme « tenus du roi » sont considérés en 1681 comme des biens roturiers, comme plusieurs dizaines biens fonciers gabéricois à la fin du 17e siècle. Contrairement au traitement des biens nobles, le roi n'exige pas du roturier un véritable hommage seigneurial, mais simplement les « devoirs d'obéissance », la « suite de cour » (justice royale), le paiement des droits de rachat En l’occurrence, pour le presbytère paroissial, les rentes sont exonérés, mais par contre une obligation royale d'ordre ecclésiastique est ajoutée, à savoir les « prières et oraisons ». Les biens déclarés par le « général » (assemblée paroissiale) de la paroisse sont la maison du presbytère au bourg, le jardin voisin près du manoir noble de Pennarun, et enfin deux « prés fauchables » plus éloignés, à la lisière quimpéroise entre Keranroux et Tréodet et détenus depuis au moins l'an 1570. C'est au sujet de ces deux prairies que Norbert Bernard s'est adressé en décembre 2001 au linguiste et historien Fañch Morvannou[4] , car les parcelles sont déclarées au nom d'un saint mystérieux : « Sant Quenoe », et une chapelle en ruines est réputée être attenante aux prés.
Sur l'acte A87 recopié en 1751, le copiste hésite manifestement avant d'écrire « Sant Quenoe », recouvrant une version rayée qui semble être « Sant Quenré ». Cette transcription en Quenoe est confortée par le registre du papier terrier consultable aux Archives Nationales à Paris sous la côte P//1689 dans sa mouture de 1680-82 (cf écriture cursive ci-après). |
Mais la réponse de Fañch Morvannou est surprenante car centrée uniquement sur saint Guénolé, alors qu'il a publié un ouvrage savant sur saint Guenaël qui est une autre possibilité toponymique.
En effet le lieu où sont situés les deux prés est réputé être le lieu de naissance de saint Guenaël, abbé successeur de Guénolé à Landévennec et saint patron de la paroisse d'Ergué-Gabéric. On dit qu'il y avait là une fontaine consacrée et une belle croix dédiée à saint Guénaël (cf croquis ci-contre du chanoine Abgrall). Le nom du saint est localement orthographié « Sant Guinal » à Ergué-Gabéric, et on peut donc supposer que le Q de Quenoe peut aussi cacher soit le G de Guinal, soit celui de Guénolé. Ensuite on sait que Guenaël est aussi orthographié Guenault/Guenaut, ce qui n'est pas éloigné d'un Quenoe au e final muet. « Affaire à suivre » écrivait Fañch Morvannou dans sa lettre à Norbert Bernard en décembre 2001. |
[modifier] Transcriptions
Echange Norbert Bernard et Fañch Morvannou
Transcription de l'acte de dénombrement A87
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Transcription du registre de papier terrier
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[modifier] Documents originaux
Lieu de conservation :
Lieu de conservation :
Usage, droit d'image :
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Lieu de conservation :
Usage, droit d'image :
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[modifier] Annotations
- Terrier, adj. : livre terrier, registre contenant la description des terres et censives dépendant d'un seigneur, qui devait en principe être renouvelé tous les vingt ou trente ans et dont l'existence fut supprimée par une loi de mars 1790 (TLFi). Ces papiers fixaient les limites des fiefs et des censives, les redevances dues, les services à rendre et les usages locaux. En 1678, un règlement de Colbert décida la constitution d'un papier terrier par les chambres de comptes régionales, dans le cadre d'une Réformation du domaine du roi. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Rachapt, rachètement, s.m. : en terme de coutume droit du au seigneur à chaque mutation du fief (dictionnaire Godefroy 1880). Droit du au seigneur par un nouveau tenancier après une succession qui est appelé également relief ou rachat des rentes (Dict. de l'Académie). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Chefrente, s.f. : rente perpétuelle payable en argent ou en nature au seigneur suzerain par le détenteur d'un héritage noble. La chefrente était en principe immuable (Yeurch, histoire-bretonne). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Fañch Morvannou (1931-2019) est un universitaire breton défenseur de la langue bretonne et militant de l’Union démocratique bretonne. De 1992 à 2001, il anime une émission de radio hebdomadaire en langue bretonne, Skrivagner or bro. Il est l'auteur de nombreuses contributions dans les revues Armorica, Hor Yezh, Al Liamm, Ar Falz et Brud Nevez, et publie en 1997 l'ouvrage « Saint Guénaël. Etudes et documents » au Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC). [Ref.↑]
- Général, s.m. : sous l'Ancien Régime l'assemblée paroissiale était parfois appelée le « général de la paroisse » ou « corps politique ». Source : Wikipedia. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 5,0 5,1]
- Courtil, curtil, s.m. : jardin potager. Du bas latin cohortile, dérivé de cohors (voir Cour). Jardin, cour, enclos (Dictionnaire de l'Académie). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 6,0 6,1]
- Journal, s.m. : ancienne mesure de superficie de terre, en usage encore dans certains départements et représentant ce qu'un attelage peut labourer dans une journée. Le journal est la principale unité de mesure utilisée dans les inventaires pour calculer les surfaces des champs cultivés. Dans la région quimpéroise un journal vaut 48,624 ares, à savoir 80 cordes, soit environ un demi-hectare. Pour les jardins et les courtils on utilise le terme de « journée à homme bêcheur » correspondant à un 8e de journal ou 6 ares. Les surfaces des prés se mesurent en « journée à faucheur » ou « à faucher » équivalente à 2 journaux de laboureur, soit presque un hectare. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 7,0 7,1 7,2 7,3 7,4]
- Maisière, s.f. : muraille (Dictionnaire Godefroy 1880). Mur, muraille, paroi, ou alors masure (Littré). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 8,0 8,1]
- Présidial, s.m. : tribunal de justice de l'Ancien Régime créé au XVIe siècle ; c'est en 1552 que le roi Henri II de France, désireux de renforcer son système judiciaire et de vendre de nouveaux offices, institue les présidiaux ; le présidial de Quimper-Corentin a été créé à cette date dans le ressort du parlement de Bretagne (Wikipedia). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens Date de création : juillet 2019 Dernière modification : 23.07.2019 Avancement : [Développé] |