Enfin, après trois jours et demi et une nuit de route, et trente-deux heures de marche, nous arrivâmes vers huit ou neuf heures du matin à deux lieues environ de Quimper. Nous avions eu l'espérance de voir revenir le guide que nous avions dépêché la veille, ou quelqu'un des amis qu'il avait dû avertir. [...] Nous n'eûmes pas demeuré un quart d'heure en cet endroit, que nous voyons revenir le guide suivi de notre ami Abgral, procureur syndic du district de Quimper. Ce brave homme pensant que nous arriverions le lendemain, allait courir la campagne pour nous préparer des asiles. [...]
Il nous conduisit à l'instant chez un curé à qui il persuada que nous étions des administrateurs du département, qu'un décret d'accusation forçait à se cacher ; et dans la crainte que cette qualité ne fût pas un titre à la bienveillance des paysans, dont notre arrivée excita la curiosité, il engagea le curé à leur dire que nous étions un détachement de la garnison de Quimper, qui avait couru toute la nuit après des prêtres réfractaires, et qui devait se reposer le jour en ce lieu, pour recommencer ses poursuites la nuit suivante. Notre costume militaire aidait à accréditer cette opinion. Nous nous reposâmes, nous nous restaurâmes chez ce bon curé, et nous le quittâmes le soir pour nous rendre en ville chez Lahubaudière, où nous arrivâmes sans accident entre neuf et dix heures. De-là, nous fûmes distribués en diverses maisons [...]
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