Semaine religieuse de Quimper et Léon, 4/06/1943 p. 171.
Transcription :
M. Louis PENNEC, ancien Recteur d'Ergué-Gabéric. — Dans un article bien intéressant sur Le Clergé du diocèse de Quimper, M. le chanoine Cardaliaguet nous citait, il y a quelques semaines, le chiffre de 21 prêtres ayant 80 ans et plus : l'un d'eux vient de s'éteindre doucement et pieusement, et entouré des soins les plus dévoués, au couvent des Religieuses Augustines hospitalières de Pont-l'Abbé. C'est M. l'abbé Louis Pennec, doyen honoraire, ancien recteur d'Ergué‐Gabéric, né à Port-Launay, le 23 décembre 1860, dans une famille qui compta 17 enfants.
M. Pennec fit ses études primaires chez les Frères de Lamennais, à Châteaulin ; puis il entra au Petit Séminaire de Pont-Croix où il fit d'excellentes études. De là il passa, tout naturellement, au Grand Séminaire de Quimper, où il reçut, en 1884, la prêtrise tant désirée. Après un stage au Petit Séminaire de Pont-Croix comme maître d'étude, il fut nommé, en 1885, vicaire à Lennon ; en 1889, vicaire à Kerfeunteun ; en 1905, recteur à Irvillac, et en 1914, recteur à Ergué-Gabéric, et c'est là, qu'en 1935, à l'occasion de ses noces d'or, Monseigneur l'Evêque voulut récompenser sa prudence, sa piété, sa charité, sa douceur et son zèle sacerdotal, en lui conférant la mosette de doyen honoraire !
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Il en fut encouragé à continuer son ministère pendant trois années encore ; puis, Monseigneur l'Evêque ayant accepté sa démission, il se retira au presbytère de l'Ile-Tudy, chez son
neveu, comme il aimait à dire, jusqu'au moment où des infirmités graves l'obligèrent à solliciter les
soins des bonnes Religieuses de l'Hôtel-Dieu de Pont-l'Abbé.
M. Pennec a été le prêtre humble, effacé, n'essayant pas d’attirer les regards ni l'attention. Il aurait
banquet de ses noces d'or, le doyen d'âge des prêtres du ministère, le vénérable chanoine Soubigou,
curé-doyen de Briec-de-l'Odet : « Toi, mon cher Louis, tu n'as pas été connu; si tu l'avais été, ton
existence en aurait été changée ! »
Il y a parfois dans les paroisses des situations délicates, où il faut éviter de heurter les personnes et
les gens, sous peine de les écarter, pour toujours quelquefois, de la religion et des oeuvres ;
M. Pennec a connu ces cas difficiles, mais grâce à son profond bon sens, à son excellent tact et à son
extrême délicatesse, il s'en est toujours tiré très heureusement.
Quand Dieu, dit‐on, créa le coeur de l'homme, il y mit d'abord la bonté. M, Pennec a été bon, « eun
den mad » : bon pour les pauvres, à qui il ouvrait largement sa bourse ; bon pour les confrères,
toujours sûrs de trouver près de lui un accueil souriant et affectueux ; bon pour ses séminaristes,
petits et grands, pour qui son presbytère était la véritable maison familiale. C'était sa façon de
protéger, de sauvegarder les vocations sacerdotales et religieuses qui lui tenaient tant à cœur. Et
c'est ainsi que maintenant, non seulement dans notre cher diocèse, mais aux îles de l'océan
Pacifique, en Haïti, en Tunisie, il y a des prêtres et des religieux qui prient ou qui prieront bientôt,
pour le repos de l'âme du « bon M. Pennec » !
Ses obsèques ont été célébrées à Port-Launay, le vendredi 7 mai ; une foule de paroissiens emplissait
l'église, montrant ainsi en quelle estime elle tenait et le vénéré défunt et sa famille, et une bonne
douzaine de prêtres étaient là présents aussi, et parmi eux M. le chanoine Moré,
curé-archiprêtre de Châteaulin, et M. le chanoine Alcide Guillermit, recteur de Sainte-Thérèse de
Quimper.
Le diocèse de Quimper compte un octogénaire de moins, mais, espérons-le, un protecteur de plus dans le Paradis !
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