|
MONSIEVR,
Jé toutjours receu les vostres & les gazettes depuis qu'il vous a pleu prendre la paine de blasmer de comis du sieur Renaudot & de vous esmouvoir du peu de soign qu'il avoit de me satisfaire. Je remercie messieurs de Ste Marthe de leur souvenir, leur soliciation & vostre approbation me sont des comendements tout puissants pour m'obliger de mettre la derniere main à mon petit ouvrage & veritablement, si la convocation de nostre arriere ban ne me fesoit monter à cheual, j'aurois bien souhetté emploier le peu de loesir qui met encore necessere à l'achevement de mon dessein ; ceste rencontre me surprent & si je j'usse preuve des Paris, j'usse mandié, par vostre faveur, quelque petite charge en la Cour, qui m'eut exempté de ceste corvée et doné les moiens de servir hors de la confusion qui est ordinere aux troupes de nouvelle levée ; je creins plus les maladies que les coups, et les infirmités de mon corps ne s'acomodent pas bien aveq la forme de mon esprit et la ferveur de ma volonté. Nous avons assignation au sixieme d'octobre pour nous assambler, mais l'on nous fait esper que l'on se contentera pour à presant de nostre montre, sans nous faire sortir de la prouince, que se ne soit au mois de feburier ou mars, d'autant qu'il seroit impossible de nous rendre en l'armée qu'à la saison que l'injure du temps oblige les plus desesperés de quitter la campaigne pour se retirer aux garnisons. Mr de Brissac & Mr d'Estampes de Valencé [a] , comissere & intandant de la justice de ceste province, vont par les villes demander contribution d'argent & d'homes, ce qu'il obtienent, mais plus d'argent que de soldats. Un faux bruit semé parmi le peuple de Renes, que se comissere estoit venu pour establir des subsides, lui dona telle alarme & espouvante, qu'il se trouva en un instant armé, et Mrs de Brissac, d'Estampes & le Parlement assiegés,
|
|
le peril estoit eminant si Mr de Brissac n'ut sorti, en contenance de supliant & non de gouverneur, lequel alant par les rues apesa le tumulte que ce bruit estoit inventé & que le Roy demandoit rien au peuple, mais seulement une legere contribution aux aiesés, selon leur pouvoir & volonté, de quoy il leur dona declaration par escrit, qui fut à l'instant imprimée, publiée & affichée partout, ce qui apaesa la sedition et leur fit crier vive le Roy.
Mr de Molac est alé trouver Mr de Brissac depuis 15 jours & n'est pas encore de retour.
La compaignie de gendarmes que Mr le duc de la Trimouille a levé en ceste province doit estre à presant en l'armée & nos deux regiments levés pareillement icy sont en chemin pour s'i rendre. C'est l'estat de ceste province.
Ne me rechignés point pour la genealogie des Gentils, les actes sont entre les mains du sieur de Hirgars [b] , aveq lequel je suis en proces & lequel me veut obliger de prandre Baruedel, en payement de 12 mille liuvres qu'il doit à ma fame, et jusques à que nous soions accordés, je ne pouré voir ses actes ni satisfaire à ma promesse. Assurés vous que je m'en aquiteré le plus tost qu'il me sera possible [c] & que je né rien tant à coeur que de vous themoigner que je suis,
Vostre tres humble & tres obeissant serviteur & confrere,
MISSIRIEN.
A Lesergué, ce 28 septembre 1636.
Je suis servitteur tres humble à messieurs de Ste Marthe, à Mrs du Chesne & de la Payre, je vous prie de les en assurer aux rencontres.
|