Lettre du 10 décembre 1641 de Guy Autret à Mademoiselle de Kerescant (Bernard, IV)
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- | Lettre publiée par Daniel Bernard dans son étude (BSAF, 1940), pages 10-11, où Guy Autret fait part à sa nièce de l'envoi d'une robe et jupe, d'une coiffe et d'un parement de dentelle. L'original est introuvable à ce jour, sans doute toujours conservées dans des archives familiales auxquelles Daniel Bernard a eu accès. | + | Lettre publiée par Daniel Bernard <ref name="DanielBernard">{{PR-DanielBernard}}</ref> dans son étude (BSAF, 1940), pages 10-11, où Guy Autret fait part à sa nièce de l'envoi d'une robe et jupe, d'une coiffe et d'un parement de dentelle. L'original est introuvable à ce jour, sans doute toujours conservé dans des archives familiales auxquelles Daniel Bernard a eu accès. |
- | Cette lettre envoyée le 10 de Rennes, où Guy Autret est en déplacement pour ses divers procès, à Quimper à l'attention de l'une de ses nièces par alliance, Guillemettte Beaujouan, épouse Kerescant, commence par « <i>je vous envois la robe et la jupe (bien faite à la hâte) de ma niepce du plessix</i> ». La robe est donc pour la sœur de Guillement, à savoir Yvorée, dame de Plessis, pour qu'elle puisse la porter le 13 à la grande foire de St-Corentin à Quimper. | + | Cette lettre envoyée le 10 de Rennes, où Guy Autret est en déplacement pour ses divers procès, à Quimper à l'attention de l'une de ses nièces par alliance, Guillemettte Beaujouan, épouse Kerescant, commence par « <i>je vous envois la robe et la jupe (bien faite à la hâte) de ma niepce du plessix</i> ». La robe est donc pour la sœur de Guillement, à savoir Yvorée, dame de Plessis, pour qu'elle puisse la porter le 13.12 à la grande foire de St-Corentin à Quimper. |
- | Jacques du Haffond de Kerescant, le mari de Guillemette et procureur du roi à Quimper, est aussi un lointain cousin de Guy Autret, lequel est régulièrement en correspondance avec lui pour ses affaires de succession. Kerescant est une terre noble de l'ancienne paroisse Plonivel, aujourd'hui Plobannallec-Lesconil, en pays bigouden. | + | Jacques du Haffond de Kerescant, mari de Guillemette et procureur du roi à Quimper, est aussi un lointain cousin de Guy Autret, et ils sont régulièrement en correspondance pour des affaires de succession. Kerescant est une terre noble de l'ancienne paroisse Plonivel, aujourd'hui Plobannallec-Lesconil, non loin de la propriété bigoudène de Guy Autret (Kergoz en Plomeur). |
- | Guy Autret fait également parvenir une coiffe pour sa nièce Guillemette, qu'il appelle mademoiselle car il s'en était occupé avant son mariage, lors du décès de l'ancien procureur de Quimper Jean Beaujouan. Cette coiffe n'est bien sûr pas la coiffe bigoudene qu'on connaît aujourd'hui, car elle | + | Guy Autret fait également parvenir une coiffe à sa nièce Guillemette, qu'il appelle mademoiselle car il s'en était occupé avant son mariage, lors du décès de l'ancien procureur de Quimper Jean Beaujouan. Cette coiffe n'est bien sûr pas la coiffe bigoudène qu'on connaît aujourd'hui, car elle |
n’est devenue haute qu’au XXe siècle dans l'entre deux guerres. | n’est devenue haute qu’au XXe siècle dans l'entre deux guerres. | ||
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- | Et ce n'est pas tout, le courrier mentionne l'envoi d"une « <i>cravate ou collet à la mode tost près, petit collet, bandeau et bouts de manches de batiste <ref name="Batiste">{{K-Batiste}}</ref> et à languetes</i> ». Ces accessoires de mode devaient être très appréciés par la jeune noblesse quimpéroise et bigoudene. On note comme parement ces pièces en « <i>batiste </i> », c'est-à-dire en toile de lin très fine en provenance du Cambrésis ou pays de Cambrai. | + | Et le courrier mentionne aussi l'envoi d"une « <i>cravate ou collet à la mode tost près, petit collet, bandeau et bouts de manches de batiste <ref name="Batiste">{{K-Batiste}}</ref> et à languetes</i> ». Ces accessoires de mode devaient être très appréciés par la jeune noblesse quimpéroise et bigoudène. On note comme parement ces pièces en « <i>batiste </i> », c'est-à-dire en toile de lin très fine en provenance du Cambrésis ou pays de Cambrai. |
- | Un autre détail de la lettre fait référence à un évènement historique, à savoir l'interdiction de la dentelle : « <i>L'on dit que la dentel s'en va deffandu et de mesme que la dantel d'argent</i> ». En effet pendant le règle l'usage de la dentelle était synonyme de frivolité mondaine, et l'église catholique qui voulait conserver les ornements pour ses autels et habits ecclésiastiques demanda qu'elle soit interdite par ailleurs. En 1629 un édit somptuaire de proscription de la dentelle fut publié, mais la mode brava l'interdit. Et Guy Autret, en 1640, s'en moque même : « <i>on a mins pour tant une petite à la plessix, quitte pour l'hoster quand l'édit sera venu</i> ». | + | Un autre détail de la lettre fait référence à un évènement historique national : « <i>L'on dit que la dentel s'en va deffandu et de mesme que la dantel d'argent</i> ». Pendant le règne de Louis XIII, l'usage de la dentelle était synonyme de frivolité mondaine, et l'église catholique qui voulait conserver les ornements pour ses autels et habits ecclésiastiques demanda qu'elle soit interdite par ailleurs. En 1629 un édit de proscription de la dentelle fut publié, mais les fans de mode bravèrent l'interdit. |
+ | Et Guy Autret, en 1640, s'en moque même : « <i>on a mins pour tant une petite à la plessix, quitte pour l'hoster quand l'édit sera venu</i> ». | ||
Quant au type de la dentelle mise sur la robe de la dame du Plessis, il est vraisemblable qu'elle fut classiquement de fils de soie, et non d'argent. Et peut-être, avons nous là une dentelle précurseuse de la dentelle dite « <i>bigoudène</i> » ! | Quant au type de la dentelle mise sur la robe de la dame du Plessis, il est vraisemblable qu'elle fut classiquement de fils de soie, et non d'argent. Et peut-être, avons nous là une dentelle précurseuse de la dentelle dite « <i>bigoudène</i> » ! | ||
- | Le prix de tous ces accessoires et travaux d'assemblage de la couturière est également mentionné pour « <i>quinze livres dix huit sols</i> », ce qui ferait à raison d'une livre de 1641 pour 16,1 EUR un prix total de 256 euros actuels. Guy Autret évoque aussi que, hors les frais de transport, il dut payer un « <i>teston</i> » <ref name="Teston">{{K-Teston}}</ref>, soit une demi-livre, pour que le porteur attende quelques heures que la robe ne soit prête. | + | Le prix de tous ces accessoires et travaux d'assemblage de la couturière est également mentionné pour « <i>quinze livres dix huit sols</i> », ce qui ferait à raison d'une livre de 1641 pour 16,1 euros un prix total actuel de 256 euros. Guy Autret évoque aussi que, hors les frais de transport, il dut payer un « <i>teston</i> », soit 10 sols ou une demi-livre, pour que le porteur attende les quelques heures nécessaires pour finir la robe. |
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Version actuelle
| Retiré dans son manoir campagnard de Lezergué ou en voyage à Rennes ou Paris, Guy Autret a été un épistolier infatigable et ses missives sont riches d'enseignements sur les familles nobles bretonnes et sur certains évènements nationaux historiques en plein 17e siècle.
Autres lectures : « 1640-1648 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Daniel Bernard » ¤ « 1642 - Quatre nouvelles lettres inédites de Guy Autret, transcriptions Daniel Bernard » ¤ « 1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc » ¤ « Espace Guy Autret (17e) » ¤ « Guy Autret, seigneur de Missirien et de Lezergué (1599-1660) » ¤ | >>Lettre suivante>> |
[modifier] 1 Présentation
Lettre publiée par Daniel Bernard Cette lettre envoyée le 10 de Rennes, où Guy Autret est en déplacement pour ses divers procès, à Quimper à l'attention de l'une de ses nièces par alliance, Guillemettte Beaujouan, épouse Kerescant, commence par « je vous envois la robe et la jupe (bien faite à la hâte) de ma niepce du plessix ». La robe est donc pour la sœur de Guillement, à savoir Yvorée, dame de Plessis, pour qu'elle puisse la porter le 13.12 à la grande foire de St-Corentin à Quimper. Jacques du Haffond de Kerescant, mari de Guillemette et procureur du roi à Quimper, est aussi un lointain cousin de Guy Autret, et ils sont régulièrement en correspondance pour des affaires de succession. Kerescant est une terre noble de l'ancienne paroisse Plonivel, aujourd'hui Plobannallec-Lesconil, non loin de la propriété bigoudène de Guy Autret (Kergoz en Plomeur). Guy Autret fait également parvenir une coiffe à sa nièce Guillemette, qu'il appelle mademoiselle car il s'en était occupé avant son mariage, lors du décès de l'ancien procureur de Quimper Jean Beaujouan. Cette coiffe n'est bien sûr pas la coiffe bigoudène qu'on connaît aujourd'hui, car elle n’est devenue haute qu’au XXe siècle dans l'entre deux guerres. |
Et le courrier mentionne aussi l'envoi d"une « cravate ou collet à la mode tost près, petit collet, bandeau et bouts de manches de batiste Un autre détail de la lettre fait référence à un évènement historique national : « L'on dit que la dentel s'en va deffandu et de mesme que la dantel d'argent ». Pendant le règne de Louis XIII, l'usage de la dentelle était synonyme de frivolité mondaine, et l'église catholique qui voulait conserver les ornements pour ses autels et habits ecclésiastiques demanda qu'elle soit interdite par ailleurs. En 1629 un édit de proscription de la dentelle fut publié, mais les fans de mode bravèrent l'interdit. Et Guy Autret, en 1640, s'en moque même : « on a mins pour tant une petite à la plessix, quitte pour l'hoster quand l'édit sera venu ». Quant au type de la dentelle mise sur la robe de la dame du Plessis, il est vraisemblable qu'elle fut classiquement de fils de soie, et non d'argent. Et peut-être, avons nous là une dentelle précurseuse de la dentelle dite « bigoudène » ! Le prix de tous ces accessoires et travaux d'assemblage de la couturière est également mentionné pour « quinze livres dix huit sols », ce qui ferait à raison d'une livre de 1641 pour 16,1 euros un prix total actuel de 256 euros. Guy Autret évoque aussi que, hors les frais de transport, il dut payer un « teston », soit 10 sols ou une demi-livre, pour que le porteur attende les quelques heures nécessaires pour finir la robe. |
[modifier] 2 Transcription
Notes (Bernard) :
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[modifier] 3 Sources
Publication Bernard | |||||
[modifier] 4 Annotations
- Daniel Bernard (1883-1971) est un historien et archéologue breton spécialisé dans la bibliographie bretonne et dans l'histoire de la Révolution en Basse-Bretagne. Rédacteur puis inspecteur des PTT, il a publié un mémoire intitulé « Histoire de la poste aux lettres en Bretagne du XVe siècle à la Révolution ». Autres publications : « Bibliiographie de l'histoire de la Révolution », « Bibliographie des articles et mémoires publiés sur l'île de Sein », « Quelques lettres inédites de Guy Autret », « Le clergé régulier et le clergé séculier dans le Finistère sous la Révolution et le Directoire », « Monographie de Cleden-Cap Sizun », « Les cahiers de doléances des sénéchaussées de Quimper et de Concarneau ». Il a donné sa bibliothèque à la Faculté des Lettres de brest, et ses archives aux Archives départementales du Finistère. [Ref.↑]
- Batiste, s.f. : fine toile de lin très appréciée tout au long des siècles et d'origine du Cambrésis (région de Cambrai, Nord). La liturgie catholique fait grand usage de ce tissu blanc, notamment pour le vêtement des officiants. Au 19e siècle, les effets de la mode, l'apparition de nouveaux tissus, notamment le coton, puis la mécanisation entrainèrent une baisse de fabrication de la batiste. Source : Wikipedia. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1]
- Teston, s.m. : monnaie d'argent frappée à l'effigie d'un monarque, d'abord en Italie, puis en France sous le règne de Louis XII, et qui valait à l'origine environ dix sols (TLFi). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
Thème de l'article : Histoire du patrimoine culturel gabéricois Date de création : Novembre 2016 Dernière modification : 10.12.2016 Avancement : [Développé] |