Ce qui a trait à l'usine, m'a beaucoup marqué dans mon enfance, fréquentant l'Ecole St Joseph de 6 à 14 ans (de 1942 à 1950) et évidemment avec l'obligation - qu'on ne se posait même pas - de fréquenter chaque dimanche l'église de l'usine. J'ignorais alors qu'elle était dédiée à saint René.
Quant à la messe de minuit, à Ergué, on ne prononçait pas le g de Pellgent [1] : « mond d'ar Peillient » (aller à ...), ou « Mond d'an oferenn hanter noz » (aller à l'office de minuit). On disait aussi « Gouel Nedeleg », mais le sens est plus général. Mes parents fréquentaient plutôt le bourg d'une façon plus ou moins régulière et ne sont jamais venus aux offices à l'usine ... aussi j'ai dû attendre d'avoir 11 ou 12 ans je crois la première fois où j'ai eu le droit d'y aller le soir.
Il est vrai que je chantais en intermède à la soirée du patro de Kéranna, avant la messe de minuit, avec la chorale dirigée par M Salaün, notre maître et directeur de l'école, un chant sur les bergers justement. Là ma mère a dû s'y soumettre à condition que des camarades de Garsalec y soient aussi. Car on y allait bien sûr à pied (aller-retour) On nous avait dit de nous munir chacun d'un bâton et , petit détail, ma mère l'avait même épluché pour que je sois plus présentable !
On était une bonne quinzaine devant le rideau, et, nantis d'un béret sur la tête, cela avait bien marché. Même si un de nos camarades qui chantait très juste d'ailleurs, mais un ton plus fort que nous, ne s'était trompé au dernier couplet. Et comme des pros on avait suivi, il n'y eut donc pas d'accroc pour le public. J'ai le souvenir des applaudissements bien nourris qui ont suivi. J'ai oublié le titre exact du morceau. Bien sûr on avait assisté à la totalité de la soirée théâtrale prévue au programme, se terminant vers 11 h 30 ; on disait encore 11 h 30 et non 23 h 30 comme maintenant.
Ensuite on descendait, tous ensemble, à la messe de minuit d'Odet qui démarrait vers minuit précisément et durait assez longtemps d'ailleurs. Les garçons de l'école avaient leur place réservée, plusieurs rangées de bancs près de la porte d'entrée à droite de l'autel nos maîtres étaient à nos côtés. Les filles de l'école des sœurs, avaient aussi leur banc, mais de l'autre côté de l'allée centrale. J'ai le souvenir à chaque fois d'avoir vu une église bien remplie, bien chauffée et appréciée, une bonne animation. Minuit Chrétien, le chant traditionnel avait son chanteur attitré, une très belle voix mélodieuse (j'avance un nom mais pas sûr du tout, Mr Padiolo ? )
La messe dite, le retour se faisait à pied évidemment en compagnie de mes amis de Garsalec.
Il faisait nuit noire parfois, sans lune, et pas de lumière après Lestonan, très peu de voitures heureusement, on ne trainait pas trop, près de 3 km et la plupart du temps les parents étaient couchés, sauf ma mère qui quelquefois était allée au bourg avec des copines du quartier, à pied aussi « eveljust ».
A cette époque-là, dans mon entourage, on ne festoyait pas le soir de Noël, mais je savais que certains parents de camarades d'école le faisaient. Quant aux bistrots de Lestonan, Stang Venn ou Penn Carn je pense qu'ils étaient ouverts, mais je ne les fréquentais pas à cette heure-là , je n'ai donc pas de souvenirs précis. Par contre le soir du 31, on se réunissait entre voisins et sans festoyer, comme de nos jours c'était plutôt charcuteries, « krampouz » et quelques liqueurs et parfois des chansons, comme lors des anniversaires ou soirées châtaignes.
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