Les mystères de la porte du Cleuyou et du rituel maçonnique de Quimper - GrandTerrier

Les mystères de la porte du Cleuyou et du rituel maçonnique de Quimper

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Catégorie : Patrimoine
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§ E.D.F.

Les deux sujets, hormis la franc-maçonnerie, n'ont qu'un seul autre point commun : le mystère qui les entoure.

L'agencement d'une porte intérieure permettant le contrôle des accès à une pièce spéciale cache peut-être un lieu de rencontre franc-maçon et non une arrière-cuisine. Et par ailleurs, un document daté de 1750 conservé aux Archives départementales du Finistère mérite d'être présenté du fait des liens maçonniques et templiers.

Autres articles : « PREISSING Werner - Le Manoir du Cleuyou, l'histoire d'un bâtiment » ¤ « Une épigraphe gothique sur une pierre de calvaire au Cleuyou ? » ¤ « La pierre tombale à enfeu des Liziart conservée au Cleuyou » ¤ « Les Mermet, propriétaires du manoir du Cleuyou et de Kervreyen » ¤ « Le manoir du Cleuziou/Cleuyou » ¤ « LE GALL Bruno & PÉRON Jean-Paul - La franc-maçonnerie à Quimper » ¤ « François Salomon Bréhier, maire (1808-1812) et avoué franc-maçon » ¤ « 1794 - Estimation du manoir et dépendances du Cleuyou » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Qui a pénétré cette pièce attenant au château du Cleuyou, ne peut que remarquer une atmosphère incitant à la spiritualité, voire au sacré. Quel était l'usage de cette pièce ? Les franc-maçons, voire les templiers l'ont-ils fréquentée ? Autant de questions qui sont peut-être sans réponse définitive, mais qui méritent quand même qu'on s’interroge sur certains éléments historiques connexes.

Parmi ces éléments on notera ci-dessous la description de la porte (et les clichés d'Ursula Bertram-Preissing), la mention de l'office en 1794, et l'existence de certains francs-maçons de passage au Cleuyou, et l'évocation des templiers.

 

Par ailleurs, pour évoquer un sujet empreint du mystère templier également, on détaillera et décrira ce document historique qu'on appelle communément le « Rituel de Quimper », mais qui n'a bien sûr aucun lien direct avec le manoir du Cleuyou.

On s'attachera ici à expliquer la formule de date « D.L.L. 1750 de L.M. 5750 de N.f. 632 », le grade de chevalier élu, un extrait du catéchisme et la provenance du document qui n'est pas forcément quimpéroise.

[modifier] 2 La porte de la chapelle

Il est de coutume aujourd'hui de désigner cette pièce spéciale du pignon nord du manoir sous le nom de chapelle, bien que son utilisation pour des offices religieux ne soit pas vraiment attestée. Elle est dotée d'une toiture haute aux poutres apparentes, d'une cheminée à foyer ouvert, d'une cavité en pierres à usage de four ou de rangement, et d'une petite fenêtre latérale ouest.

En 1794, pour l'expertise immobilière précédant la vente de la propriété en bien national, le rez-de-chaussée est ainsi décrit : « quatre pièces de courses dont une cuisinne, un office de plein pied à la cuisinne, une cave et un sallon ayant ouverture sur la cour et porte sur le jardin ». L'office de plein pied est cette chapelle, et la particularité d'être ouverte sur la cuisine, sans porte extérieure, est mentionné. À noter que le rédacteur du document, Salomon Bréhier, franc-maçon de la loge « La Parfaite Union », semble préciser que la pièce servait au rangement de la vaisselle et des provisions. Mais pouvait-il dévoiler l'existence de réunions secrètes ?

Quant aux autres liens historiques avec la franc-maçonnerie locale, la propriété passa au début du 19e siècle dans les mains de Simon Vincent Mermet, riche négociant quimpérois, dont les proches (frère et neveu) étaient des membres des loges quimpéroises « L'Heureuse Maçonne » et « La Parfaite Union ».

En 2011, Werner Preissing, propriétaire du château, écrit dans son livre consacré à l'histoire du bâtiment gabéricois : « Il est tout à fait possible que cette ancienne souillarde ait changé de fonction et été transformée en chapelle. Un détail intéressant à ce propos est la porte de cette pièce. Elle possède à hauteur des yeux une petite fenêtre fermée par un verrou. De tels aménagements sont habituels dans les loges franc-maçonniques pour faciliter la surveillance. La porte peut être verrouillée de l'intérieur. La chapelle aurait donc pu servir de temple maçonnique. »

 

En 2008 une anecdote marque l'histoire la porte de la chapelle, à savoir qu'elle disparut, subtilisée et remise en place grâce à la vigilance des nouveaux propriétaires du manoir : « Le dimanche 24.8.2008 nous constatons que diverses choses ont disparu du manoir, comme par exemple la porte de la chapelle. Le lundi nous déposons une plainte à la police de Quimper. La police fait aimablement le nécessaire et une semaine plus tard, [...] nous rapporte diverses choses, dont la porte de la chapelle. »

[modifier] 3 Le rituel catéchisme de Quimper

Ce document d'archives redécouvert et transcrit en 1997 par André Kervella et Philippe Lestienne [1] et qu'on désigne sous le nom de « Rituel de Quimper » est devenu le document clef apportant la preuve des liens entre l'ordre templier et les premières loges maçonniques.

Il s'agit d'une liasse de 12 pages (ou folios), cote 100 J 1623, du fonds de Kernuz conservé aux Archives Départementales du Finistère.

La datation du document est importante car il marque la période de déclaration des premières loges maçonniques officielles en France. Sur le folio 11 il est écrit cette formule intéressante : « D.L.L. 1750 de L.M. 5750 de N.f. 632 ». Ce qui veut dire en langage clair : De L'ère Lunaire (ou vulgaire) 1750 de L'ère Maçonnique 5750 de Notre fraternité 632. Ce qui signifie 632 années après la fondation de l'Ordre des Chevaliers du Temple en 1118 par Hugues II de Payns. C.Q.F.D.

Comme dans tout document maçonnique, il y a d'autres abréviations, et pour commencer celles désignant le nom de l'ordre : « l'o.S. » ou « Lo.S.D.C.E », à savoir l'Ordre Sublime des Chevaliers Elus. On connaissait les trois premiers grades maçonniques : apprenti, compagnon et maitre, le quatrième étant celui de Chevalier, même au 18e siècle comme le montre le document en question.

Le document commence par cette phrase : « On commencera par examiner foncièrement foncièrement le M.B. qui sera proposé sur les trois premiers grades », et au folio suivant se poursuit par « Statuts pour estre admis au sublime grade ».

Au folio 5 (où est expliqué « lalphabette de nostre ecriture » ), il est question de chevalier K, avec cette précision : « Le K signifie Kaddosch » [2]. Et au folio 8, le catéchisme sous forme de questions et de réponses est plus explicite : « D. Comment se peut il donc faire que lordre soit parvenu a nous dans toute sa pureté. R. Plusieurs dentre eux observateurs de la loi quils setoient imposee a juste titre se separerent et furent a juste titre appellez Kadhosh qui signifie Saint ».

 

Quelle est l'origine et la provenance du document ? Vraisemblablement le rituel était diffusé pour l'ensemble de l'ordre, les illustres G.M. et grands officiers de l'Ordre étant listés et représentant l'Ile de France, les régions françaises, la Suisse, l'Angleterre, l'Allemagne ..., les plus récemment nommés étant de Rennes et Poitiers.

De plus le document est arrivé à Quimper par le rapatriement des Archives du château de Kernuz en Pont-l'Abbé constituées par l'historien et sociologue Armand Du Chatellier (1797-1885), son fils Paul (1833-1911), archéologue et préhistorien, et son gendre Émile Ducrest de Villeneuve. Cette collection est découpée en plusieurs sous-fonds, et le rituel de Quimper est classé dans la série « Le Saulnier de Vauxhello » contenant d'autres documents maçonniques en provenance de St-Brieuc et de Chateaulaudren.

Le document n'a sans doute pas une origine quimpéroise, mais il illustre certainement les pratiques et les croyances diffusées localement au début du 18e siècle.


[modifier] 4 Annotations

  1. Article « Un haut-grade templier dans les milieux jacobites en 1750 : l'Ordre Sublime des Chevaliers Élus aux sources de la Stricte Observance » d'André Kervella et Philippe Lestienne, pages 229-266, du numéro 112 de la revue « Renaissance Traditionnelle ». [Ref.↑]
  2. Kadosh : mot hébreux signifiant pur, physiquement, rituellement, et surtout moralement, spirituellement. [Ref.↑]


Thème de l'article : Patrimoine communal d'Ergué-Gabéric

Date de création : Juin 2015    Dernière modification : 3.11.2017    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]