Les combats et les idées de Déguignet contre les journaux de 1870-1905 - GrandTerrier

Les combats et les idées de Déguignet contre les journaux de 1870-1905

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Image:Espacedeguignetter.jpg Que ces journaux soient nationaux ou régionaux, républicains ou conservateurs, l'avide lecteur Déguignet les a beaucoup critiqués, et attaqué leurs rédacteurs (Judet, Drumont, Nours, Rochefort, ...) pour leurs positions sur des sujets comme notamment l'affaire de Panama et le procès Dreyfus.

Autres lectures : « Espace Déguignet » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale » ¤ « Fête champêtre et républicaine au Cleuyou, Le Finistère et La Lanterne 1890 » ¤ « Les positions de Jean-Marie Déguignet sur l'affaire Dreyfus » ¤ 

Présentation

 


Citations, extraits

Le Finistère [1]

Intégrale, page 506.

Le journal Le Finistère blâme les électeurs sénatoriaux d'avoir voté pour ces deux candidats, Pichon et Lambert, parce qu'ils étaient patronnés par les cléricaux, et il se plaint que les républicains finistériens perdent du terrain à chaque élection. Les républicains finistériens ? Où donc ce journal a-t-il vu des républicains dans le Finistère ?

Multiples journaux

Intégrale, page 542.

Voyez et entendez ces fauves à deux pieds qui s'appellent Judet [j1] Rochefort [j2], Drumont [j3], Guérin [j4], Lemaître [j5], Coppée [j6], Jyp [j7], le père Bailly [j8] et notre illustre Corentin [j9] et des milliers d'autres cannibales hurlant tous les jours dans leurs cabinets et dans leurs journaux, réclamant du sang et de la chair à manger, demandant à ce qu'on fasse des boudins, du fromage, des saucisses et sklitous (tripes) avec les juifs, les protestants, les francs-maçons et les libres-penseurs ...


  • [j1] Ernest Judet (1851-1943) : rédacteur et chef du Petit Journal, antidreyfusard.
  • [j2] Victor Henri de Rochefort (1851-1913) : journaliste, politicien, partisan de la Commune, rallié à Boulanger, fondateur des journaux La Lanterne et L'Intransigeant.
  • [j3] Edouard Drumont (1844-1917) : journaliste et homme politique, meneur du parti antisémite, fondateur du journal La Libre Parole.
  • [j4] Jules-Napoléon Guérin (1860-1910) : président fondateur de la Ligue antisémite française.
  • [j5] Jules Lemaître (1853-1914) : critique, académicien, antidreyfusard.
  • [j6] François Coppée (1842-1908) : écrivain, auteur de théâtre, président d'honneur de la Ligue de la Patrie française.
  • [j7] Gyp : pseudo de la comtesse de Riqueti de Mirabeau (1850-1932), écrivain antisémite et nationaliste.
  • [j8] Vincent de Paul Bailly (1832-1912) : religieux, journaliste, directeur de La Croix, journal antisémite.
  • [j9] Corentin Le Nours (1865-1925), rédacteur du journal Le Courrier du Finistère [2].

La Libre Parole

Intégrale, page 488.

J'en voyais par ici de vieux messieurs décorés, sur les routes, lisant La Libre Parole qui souriaient dans leurs barbes blanches, pensant sans soute qu'ils allaient pouvoir encore manger du juif, du protestant, du franc-maçon, du libre-penseur et de l'athée, avant d'aller là-haut rejoindre ceux qui en mangèrent tant jadis durant l'Inquisition, la Saint-Barthélémy et les dragonnades.

Intégrale, page 493.

Mais les bons catholiques d'aujourd'hui demandent mieux que ça ; ils voudraient qu'on établisse des boucheries, des charcuteries, des confiseries, des triperies, des rôtisseries, où l'on mettrait les juifs, les protestants, les francs-maçons, les libres-penseurs et les athées en marmelade, en rôtis, en jambons, en pâtés, en fromage, en saucisses ou boudins, etc. Oui, tous ces vœux ont été exposés dans le journal catholique dirigé par cannibale Drumont, à la solde des jésuites de tout poil et de toutes robes.

L'Intransigeant [3]

Intégrale, page 489.

Un de ces journaux, appelé L'Intransigeant, parce qu'il transige toujours moyennant multum argentum, non content d'accabler ces juges sous ces immondices quotidiennes, proposa de leur infliger toutes les tortures que montèrent peut-être ceux contre lesquels ils allaient prononcer l'arrêt de cassation.

La Croix [4]

Intégrale, page 488.

Car ce général avait de l'amour propre, du cœur et du courage. Celui-là disait au procès de Zola que si ce pékin, calomniateur de l'armée, n'était pas condamné au maximum, il donnerait sa démission ... Tout cela était exposé dans toux ces journaux catholiques, depuis Le Petit Journal jusqu'à La Croix

 

La Lanterne [5]

Intégrale, page 448.

Le journal La Lanterne lui-même suivit ce brave général un moment, mais lorsqu'il vit que ça allait tourner mal, il l'abandonna.

Le Courrier du Finistère [2]

Intégrale, page 556.

Cet homme avait, dans le bureau chargé des débits de tabac à la préfecture, un ami, un clérical forcené, un ami du Courrier du Finistère dont le rédacteur, le célèbre Nours Corentin, fut le premier à ameuter contre moi tous les gens de Pluguffan.

Intégrale, page 557.

Son ami, Le Nours Corentin, rédacteur du Courrier du Finistère est aussi tout dévoué à la cause républicaine aujourd'hui. À cette République qu'il appelait autrefois Mariana Frilous (Marianne au nez sale) et sur laquelle il vidait tous les matins son vase de nuit et son crachoir.

Intégrale, page 777.

Je viens d'envoyer une lettre à cet incroyable rédacteur breton du Courrier du Finistère, dont voici la copie :

À Monsieur le réacteur-chef du Courrier du Finistère, pour l'illustre Corentin-tontaine, animis caelestibus irae et ... Corentinus (colère des âmes célestes ...).

Jean, l'apôtre chéri et cousin du « fils de l'homme », fut condamné à dévorer un livre, qui fut, dit-il, très doux à la bouche, mais très amer et très douloureux au ventre. Eh bien, il ne serait pas mauvais que nos gribouilleurs actuels, journalistes et romanciers, fussent condamnés à dévorer tous les papiers qu'ils ont salis, et avec lesquels ils empoisonnent le monde.

Le Petit Journal [6]

Intégrale, page 406.

Je lisais Le Petit Journal souvent, ce maudit journal qui a fait et fait toujours plus de mal aux Français que ne pourra jamais faire la peste bubonique ; mais qui reste quand même le journal le plus estimé et le plus répandu dans le pays, tellement que les Français aiment à être trompés et volés par les fripons catholiques comme par les coquins laïcs. La quatrième page de ce journal voleur est entièrement au service de tous les coquins, charlatans et filous du monde entier. Comme la première page, par l'intermédiaire d'un coquin nommé Judet, est mise au service des gros lanceurs d'affaires inconnues, d'immenses mines d'or imaginaires de Panama, impossibles et autres fumisteries catholiques et antisémites, ici se trouvent les grands coquins de la haute finance et leurs gros amis du gouvernement.

Intégrale, page 448.

C'était en ce temps-là que Boulanger, le "brrrave général", comme on l'appelait, faisait ses farces, poussé et patronné par ce fameux Petit Journal qui, ayant fini avec les voleurs de Panama, ne demandait pas mieux que de commenter une autre sale besogne, pourvu que cela remplisse ses caisses. Pour le coup d'escroquerie de Panama, il reçut pour sa part 630 mille francs, rien que pour ses articles d'amorce seulement, sans compter les annonces à cent francs la ligne.

Intégrale, page 484.

Cependant, les journaux jésuites, Le Petit Journal en tête bien entendu, affirmèrent avec de longues phrases " patriotiques " que personne ne pouvait avoir le moindre doute sur la culpabilité du traître, quoique personne n'avait vu ni connu rien du tout dans cette affaire, pas même ceux qui le condamnèrent ; plusieurs d'entre eux l'avouèrent plus tard. Les lecteurs du Petit Journal [6], si nombreux en France, n'eurent aucun doute, assurément, sur la culpabilité du juif, puisque le journal l'affirmait.

Intégrale, page 488.

Car ce général avait de l'amour propre, du cœur et du courage. Celui-là disait au procès de Zola que si ce pékin, calomniateur de l'armée, n'était pas condamné au maximum, il donnerait sa démission ... Tout cela était exposé dans toux ces journaux catholiques, depuis Le Petit Journal jusqu'à La Croix


Annotations

  1. Le Finistère : journal politique républicain fondé en 1872 par Louis Hémon, bi-hebdomadaire, puis hebdomadaire avec quelques articles en breton. Louis Hémon est un homme politique français né le 21 février 1844 à Quimper (Finistère) et décédé le 4 mars 1914 à Paris. Fils d'un professeur du collège de Quimper, il devient avocat et se lance dans la politique. Battu aux élections de 1871, il est élu député républicain du Finistère, dans l'arrondissement de Quimper, en 1876. Il est constamment réélu, sauf en 1885, où le scrutin de liste lui est fatal, la liste républicaine n'ayant eu aucun élu dans le Finistère. En 1912, il est élu sénateur et meurt en fonctions en 1914. [Ref.↑]
  2. Le « Courrier du Finistère » est créé en janvier 1880 à Brest par un imprimeur Brestois, Jean-François Halégouët qui était celui de la Société anonyme de « l'Océan » qui éditait à Brest depuis 1848 le journal du même nom, et par Hippolyte Chavanon, rédacteur en chef commun des deux publications. Le but des deux organes est de concourir au rétablissement de la monarchie. Le Courrier du Finistère est, de 1880 à 1944, un journal hebdomadaire d'informations générales de la droite légitimiste alliée à l'Église catholique romaine jusqu'au ralliement de celle-ci à la République. Il est resté ensuite le principal organe de presse catholique du département, en ayant atteint un tirage remarquable de 30 000 exemplaires en 1926. Rédigé principalement en français, il fait une place remarquable à la langue bretonne, qui est, alors, pour certains ruraux, la seule langue lisible, grâce à l'enseignement du catéchisme. Ayant continué de paraître pendant l'Occupation allemande (1940-1944), Le Courrier du Finistère fait l'objet d'une interdiction de parution. Pour lui faire suite, le diocèse de Quimper a suscité la création d'un hebdomadaire au contenu unique, mais sous deux titres, le Courrier du Léon et le Progrès de Cornouaille. [Ref.↑ 2,0 2,1]
  3. L’Intransigeant est fondé par Eugène Mayer, directeur de La Lanterne. Le journal suit les revirements politiques de Rochefort qui en est le rédacteur en chef : d'abord socialiste, L'Intransigeant critique dans un premier temps la politique des républicains opportunistes, en particulier Jules Ferry. Le quotidien se rallie ensuite au boulangisme, puis au nationalisme, participant en 1898 au déchaînement antisémite contre Dreyfus. [Ref.↑]
  4. Si le père Emmanuel d'Alzon (1810-1880), assomptionnistes, est à l’initiative du journal La Croix en 1883, le véritable promoteur en est le père Vincent de Paul Bailly. Le journal se réclame ouvertement chrétien et catholique, même si les choix éditoriaux qui en découlent ont pu évoluer au cours de son histoire. L'affaire Dreyfus voit La Croix céder à une dérive antisémite et, lorsque la falsification du colonel Henry est découverte, le quotidien n’en tiendra pas compte. [Ref.↑]
  5. La Lanterne est un journal satirique, anti-clérical et anti-Napoléon III. Il est créé en 1868, et est au départ dirigé par le journaliste et homme politique Henri Rochefort (1831-1913). Quotidien, puis bi-hebdomadaire, il cesse de paraître en 1895. [Ref.↑]
  6. Le Petit Journal est un quotidien parisien républicain et conservateur, fondé par Moïse Polydore Millaud, qui a paru de 1863 à 1944. A la veille de la guerre de 1914-18, c'est l'un des quatre plus grands quotidiens français d’avant-guerre, avec Le Petit Parisien, Le Matin, et Le Journal. Il tire à un million d'exemplaires en 1890, en pleine crise boulangiste. [Ref.↑ 6,0 6,1]




Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet

Date de création : Mars 2023    Dernière modification : 3.03.2023    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]