Le Progrès du Finistère du 07.08.1909 :
Ergué-Gabéric. Exploits d'apaches.
Tentative de vol et d'assassinat
La jolie commune d'Ergué-Gabéric vient encore une fois d'être visitée par des malfaiteurs, qui cette fois, en vrais apaches, n'ont pas craint de se servir de leurs armes et de blesser un brave cultivateur.
Voici les faits :
Deux individus, paraissant âgés de dix-huit à vingt ans, assez bien vêtus et parlant français, erraient mardi dernier par les champs et les routes, en quête d'un mauvais coup. Ils passèrent par les fermes de Kerampinsel et de La Salle-Verte.
En ce dernier endroit, ils brisèrent le carreau d'une fenêtre, par laquelle ils espéraient s'introduire dans l'habitation, mais les aboiements furieux et incessants du redoutable chien de garde les obligèrent à déguerpir.
Il était alors 2 heures 1/4. Les deux rôdeurs voulurent ensuite gagner directement la grande route de Coray, mais à la vue de deux petits domestique de ferme, qui s'en revenaient des champs, ils firent un brusque crochet et ne rejoignirent la dite route que plus tard, par un chemin de traverse.
Ce souci de n'être pas reconnu, prouvait suffisamment leurs mauvaises intentions.
En effet, vers 3 heures moins le quart, ils arrivaient à la ferme de Kerourvois, tenue par M. René Péron, lequel était aux champs.
Comme précédemment, le carreau d'une fenêtre fut brisé, ce qui permit d'en fait manœuvrer la barre de fermeture et l'un des bandits, le plus grand, d'un taille d'environ 1m65, blond et louche, sauta dans la maison.
Il visita d'abord une armoire, non fermée à clef et qui ne contenait que des habits. Dédaignant ce maigre butin, il s'en prit ensuite à une autre armoire neuve, fermée à clef celle-là et tenta, à l'aide d'un marteau et d'une petite enclume de faucheur, trouvée sur la fenêtre, d'y pratiquer une ouverture par le fdond.
Pour ce faire, il dut déplacer un vaisselier, brisa un grand cadre et retira une glace qu'il posa sur la table.
§ Se ravisant, il frappa ...
Se ravisant, il frappa par devant l'un des panneaux de l'armoire, et y fit un trou d'au moins vingt centimètres.
En ce moment, M. Péron, qui rentrait tranquillement à la maison pour collationner, entendit des coups sourds provenant de son habitation.
Il accourut et trouva devant sa porte l'autre individu, brun et plus petit, qui paraissait faire le guet.
- « Que faites-vous ici ? lui demanda-t-il.
- « Nous voudrions du lait, répondit l'apache.
- « Quand on cherche du lait, on ne s'amuse pas à casser les carreaux et à enfoncer les armoires » lui répliqua le cultivateur indigné.
Pendant ce colloque, le cambrioleur sortait par la fenêtre et les deux tristes sires sautaient lâchement sur Péron et le terrassaient, cherchant à l'étrangler. Ils s'en allèrent ensuite, menaçants.
Péron les suivit, cherchant à en arrêter un, mais à quelques mètres, le « brun » se retourna et déchargea sur lui un coup de révolver, qui atteignit la victime au défaut de l'épaule.
Un petit pâtre, qui avait assisté de loin à la scène, s'empressa de prévenir un voisin, M. Charles Yaouanc, forgeron à Kernivès, qui prévint la gendarmerie, pendant qu'un fermier voisin transportait à Quimper le blessé, dans un char-à-bancs bourré de foin.
M. le docteur Renault procéda aussitôt à l'extraction de la balle blindée, et prodigua ses meilleurs soins à Péron, qui fut ensuite reconduit chez lui. Il devra observer, sauf complications, un assez long repos. Ses jours toutefois, contrairement à certaines assertions, ne sont pas en danger.
Les deux apaches ont été aperçus quelque temps après, le « brun », sur la route de Coray, par un camionneur de M. Tanguy, de Quimper.
Se voyant découvert, il grimpe un talus et disparaît. L'autre, fuyant à toutes jambes, a passé par les villages de Penneven ey Squividan, où une domestique fut apeurée de le voir passer, tout essoufflé et à bouts de forces.
Espérons qu'ils seront bientôt capturés, et qu'un châtiment exemplaire mettra fin à ces actes de banditisme.
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Le Progrès du Finistère du 14.08.1909 :
Nouvelles départementales. Ergué-Gabéric.
Les apaches arrêtés. Les deux cambrioleurs qui ont pénétré, comme nous l'avons dit dans notre dernier numéro, dans la ferme de Kerourvois et assailli et blessé d'un coup de révolver M. Péron, ont été arrêtés à Brest, par les soins de la brigade mobile de Nantes.
Ce sont deux apaches brestois, appartenant à la bande de l'As-de-Pique, nommés Le Bihan, Michel, 26 ans, et Pouliquen, Joseph.
C'est ce dernier qui blessa M. Péron. Ils ont, d'ailleurs, passé des aveux.
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Le Progrès du Finistère du 21.08.1909 :
Ergué-Gabéric.
Suicide d'un des apaches. Un des apaches brestois, le nommé Pouliquen, qui tira sur le malheureux M. Péron un coup de révolver, a été trouvé pendu dans sa cellule, au moyen de la couverture de son lit.
Il n'était âgé que de 20 ans et originaire de Lambézellec.
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Le Progrès du Finistère du 30.10.1909 :
En correctionnelle. 4e affaire. -- Le crime d'Ergué-Gabéric
Nos lecteurs n'ont pas oublié cette malheureuse affaire, qui a causé, principalement dans la région de Quimper, une émotion bien légitime, l'insécurité de nos campagnes devenant, de plus en plus, manifestement inquiétante.
Rappelons succinctement les faits :
Le 3 août dernier, M. René Péron, cultivateur à Kerourvois, en Ergué-Gabéric, revenait des champs, vers 3 h. 1/2 de l'après-midi, et était arrivé près de sa maison, quand son attention fut attirée par le bruit de coups de marteau, paraissant venir de l'intérieur de l'habitation. Il pressa le bas et en entrant dans la cour, il aperçut un individu debout contre la barrière placée à l'angle de la maison.
Péron s'avança vers cet homme - qui n'était autre que l'accusé Michel Le Bihan, âgé de 26 ans, originaire de Douarnenez, exerçant la profession d’ébéniste à Brest, et appartenant surtout à la fameuse bande de « l'As de Pique » - et le saisit en lui demandant ce qu'il faisait là. Le Bihan lui répondit qu'il cherchait du lait. Au même moment, un autre individu, le sieur Pouliquen sortait de la maison par la fenêtre, portant un révolver à la main et cherchait à s'échapper par la barrière. Pouliquen poussa Péron sur Le Bihan, qui s'était accroupi derrière lui pour le faire basculer et le fit tomber sur le dos. Le Bihan se releva alors, lui mit le pied sur la gorge et les deux malfaiteurs prirent la fuite.
C'est alors que Pouliquen, poursuivi par Péron, se retourna et lui tira presque à bout portant et en pleine poitrine un coup de révolver qui lui brisa la clavicule.
Les malandrins avaient été surpris avant d'avoir rien pu soustraire dans la maison ; mais l'examen des lieux montra qu'après avoir fracturé un carreau et escaladé la fenêtre, on avait fouillé deux armoires et un buffet ; la serrure de l'une des armoires avait été fracturée et l'un des panneaux défoncés.
Par la suite, Le Bihan et Pouliquen furent arrêtés à Brest et Pouliquen se suicida en prison. Le Bihan reconnut avoir participé au vol. Il est revenu, à l'instruction, sur ses précédents aveux, prétendant avoir ignoré le but que poursuivait Pouliquen, en entrant dans la maison, dont il se serait lui-même tenu éloigné.
L'information a établi de la façon la plus nette, qu'il a tout au moins fait le guet, pendant que son camarade était dans la maison Péron.
Comme Pouliquen lui-même, Le Bihan, malgré son jeune âge, est un dangereux malfaiteur, déjà condamné pour vol et qui, comme nous l'avons déjà dit, était affilié à la tristement célèbre bande brestoise de « l'As de Pique ».
C'est un petit jeune homme assez bien vêtu, borgne de l’œil gauche, très peu intimidé, et qui se défend assez bien, niant effrontément contre toute évidence.
Reconnu coupable, sans circonstances atténuantes, il est condamné à 6 années de travaux forcés et à 10 ans d'interdiction de séjour.
Défenseur : Me Trémintin. Ministère public : M. le substitut Brunier.
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Le Finistère du 07.08.1909 :
Ergué-Gabéric.
Deux filous dangereux - Dans l'après-midi de mardi, le sieur René Péron, cultivateur au village de Kerourven, regagnait son domicile revenant des champs, lorsqu'il aperçut sur le seuil de sa porte un jeune homme brun qui semblait faire le guet. A peine lui avait-il demandé ce qu'il faisait là, qu'un autre jeune homme, un blond celui-ci, qui était occupé à forcer une armoire, sortait de la maison par la fenêtre et tous deux s'élançaient sur Péron qu'ils terrassèrent, cherchant à l'étrangler. Ils s'en allèrent ensuite la menace aux lèvres.
Péron fit mine de les suivre ; mais à peine avait-il fait quelques mètres que l'un des deux malandrins, le brun, se retourna brusquement et tira sur lui un coup de revolver qui l'atteignit au défaut de l'épaule.
Prévenus par un jeune pâtre témoin de la scène, des voisins accoururent et l'un deux transporta le blessé à Quimper, où il reçut les soins du docteur Renault qui procéda à l'extraction de la balle. Les jours du blessé ne sont pas en danger, mais il devra conserver un assez long repos.
Quant aux deux apaches, ils avaient été vus peu de temps après sur la route de Coray. Espérons qu'ils ne tarderont pas à tomber entre les mains de la justice.
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Le Finistère du 14.08.1909 :
Ergué-Gabéric.
Deux filous dangereux - Sous ce titre, nous avons raconté dans notre dernier numéro la tentative de cambriolage de la ferme de Kerourvois par deux malfaiteurs inconnus et l'agression dont fut victime le fermier René Péron, qui reçut de l'un des deux chenapans une balle de revolver au défaut de l'épaule.
Après une première enquête par la gendarmerie de Quimper, M. Lebel, chef de la brigade mobile de Nantes, avisé du drame par le parquet de Quimper, envoya immédiatement sur les lieux deux de ses meilleurs inspecteurs, MM. Chabas et Le Gall. Ceux-ci parvinrent assez facilement à se procurer le signalement des deux malandrins dont l'un portait au visage des traces de variole et était borgne de l'oeil gauche. Muni de ces renseignements, M. Le Gall, qui parle la langue bretonne, se mit en campagne et il apprenait bientôt qu'un individu répondant au signalement ci-dessus avait été vu arrivant tout essoufflé à l'embranchement de Briec, le jour même de l'agression, et qu'il avait demandé l'heure du départ du train de Brest.
A la gare de Quimper, M. Le Gall apprit par les employés que l'homme dont il donna le signalement avait bien pris le train pour Brest. M. Le Gall et son collègue firent de même, et c'est dans cette ville qu'ils retrouvèrent bientôt les deux malandrins. L'un deux, Michel Le Bihan, dit "le grêlé ", âgé de 28 ans, a reconnu sans difficulté s'être trouvé à Ergué-Gabéric, le 3 août, avec un nommé Pouliquen, mais a nié énergiquement être l'auteur du coup de revolver. Son complice, François Pouliquen, âgé de 20 ans, s'est refusé à reconnaître les faits qui lui sont reprochés.
Tous deux sont des apaches qui font partie de la bande de l' « As de Pique » et ont déjà subi de nombreuses condamnations pour vols, agressions et coups et blessures.
Ils ont été écroués dans la soirée de mardi à la prison du Bouguen.
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Le Finistère du 21.08.1909 :
Ergué-Gabéric.
Un meurtrier qui se fait justice - Nous avons raconté, dans notre précédent numéro, que les auteurs de la tentative de cambriolage et de meurtre à Kerourvois au commencement de ce mois avaient été arrêtés à Brest où on les avait écroués à la prison du Bouguen.
L'un d'eux, Pouliquen, âgé de 20 ans, qui avait grièvement blessé le fermier Péron d'un coup de revolver, vient d'être trouvé pendu dans sa cellule. Son complice, Le Bihan, vient d'être transféré à Quimper.
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Le Finistère du 30.10.1909 :
Audience du mercredi 27 octobre. L'affaire d'Ergué-Gabéric. Tentative de vol qualifié.
4e affaire. Le 3 août 1909, M. René Péron, cultivateur à Kerourvois, en Ergué-Gabéric, revenait des champs, vers 3h 1/2 de l'après-midi, et était arrivé près de sa maison quand son attention fut attirée par le bruit de coups de marteau paraissant venir de l'intérieur de l'habitation ; il pressa le pas et, en entrant dans la cour, il aperçut un individu debout contre la barrière placée à l'angle de la maison.
M. Péron s'avança vers cet homme, qui n'était autre que l'accusé Le Bihan, et le saisit en lui demandant ce qu'il faisait là ; Le Bihan répondit qu'il cherchait du lait. au même moment, un autre individu, le nommé Pouliquen, sortait de la maison par la fenêtre, portant un revolver à la main, et cherchait à s'échapper par la barrière. M. Péron le saisit à son tour, mais les deux hommes se dégagèrent ; Pouliquen poussa M. Péron sur Le Bihan qui s'était accroupi derrière lui pour le faire basculer, et le fit tomber sur le dos. Le Bihan se releva, lui mit le pied sur la gorge. Pouliquen, poursuivi par M. Péron, se retourna et tira sur lui, presqu'à bout portant, un coup de revolver qui lui brisa la clavicule.
Les malfaiteurs avaient été surpris avant d'avoir rien pu soustraire dans la maison ; mais l'examen des lieux montra qu'après avoir brisé un carreau et escaladé la fenêtre, on avait fouillé deux armoires et un buffet ; la serrure de l'une des armoires avait été fracturée et l'un des panneaux défoncé.
Le Bihan et Pouliquen furent arrêtés à Brest. Pouliquen se suicida en prison. Le Bihan reconnut avoir participé au vol, mais il revint, à l'instruction, sur ses précédents aveux, prétendant avoir ignoré le but que poursuivait Pouliquen en entrant dans la maison, dont il se serait lui-même tenu éloigné.
L'information établit de la façon la plus nette qu'il a tout au moins fait le guet pendant que son camarade était dans la maison Péron.
Comme Pouliquen lui-même, Michel Le Gall, qui est âgé de 26 ans et se dit ébéniste à Brest, est un malfaiteur dangereux, déjà condamné pour vol, affilié à une bande de repris de justice, appelée la bande de « l'as de Pique ».
L'accusation est soutenue par M. le substitut Brunier. Me Trémintin présente la défense de Le Bihan.
Le jury rapporte un verdict affirmatif sur toutes les questions, sans circonstances atténuantes.
En conséquence, Le Bihan est condamné à 6 ans de travaux forcés et 10 ans d'interdiction de séjour.
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