Le mur technique papetier au musée du manoir d'Odet - GrandTerrier

Le mur technique papetier au musée du manoir d'Odet

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Catégorie : Patrimoine
+ Mémoires des Papetiers
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§ E.D.F.
L'exposition privée au 1er étage du manoir d'Odet est une promenade déambulatoire sur l'histoire locale de l'entreprise papetière Bolloré, avec vitrines d'objets, archives, photos et vidéos, sans oublier un mur entier présentant de façon didactique la fabrication proprement dite.

Ce musée papetier a été préparé dans la perspective des fêtes du bicentenaire de l'entreprise familiale en février 2022.

Une réalisation de la société parisienne Ivoire Production avec, pour le mur dit technique, les apports suivants :

  • le croquis central de la chaine de fabrication de Man Kerourédan,
  • les figures illustratives stylisées de Louis Barreau,
  • les témoignages recueillis d'anciens ouvriers et ouvrières,
  • les clichés du photographe Isaac Kitrosser dans la revue Réalités de noël 1949.

Autres articles : « Mann Kerouredan raconte la fabrication du papier » ¤ « La fabrication du papier à cigarette expliquée et illustrée par Louis Barreau » ¤ « L'entreprise Bolloré, Réalités Noël 1949 » ¤ « Souvenirs de huit anciens salariés des papeteries Bolloré » ¤ « Louis Bréus, sécheur à la papeterie d'Odet » ¤ « Hervé Gaonac'h, sécheur à la papeterie d'Odet » ¤ « Marjann Mao, chiffonnière (Skol Vreizh, 1989) » ¤ « Jean Le Berre, souvenirs de la papeterie d'Odet (Skol Vreizh, 1989) » ¤ « Chronique du début du siècle à Odet par Marianne Saliou » ¤ 

Présentation

 


Photos et témoignages


Étapes techniques


1. Chiffonnerie

Des guenilles de fibres de lin et de chanvres sont récupérées et triées ; les chiffons sont réduits en petit fragments de 6 à 8 centimètres de côté.

2. Lessivage

Les tambours laveurs tournent et nettoient la pâte.

3. Défilage

La matière est défilée en passant entre des lames d'acier fixées au cylindre et d'autres formant bloc au dessous.

4. Blanchiment

Consiste à décolorer les fibres, afin de les rendre hydrophiles et de les dépouiller de toutes matières étrangères.

5. Raffinage

Le raffinage a pour effets de couper, d'hydrater et de modifier la surface des fibres où apparaissent des fibrilles.

 

6. Machine, toile

L'eau est éliminée et les fibres fibrillées s'enchevêtrent jusqu'à ce qu'elles forment une structure.

7. Sècherie

Succession de cylindres en fonte, chauffés intérieurement par de la vapeur qui sèche et régularise l'épaisseur et le lissé de la surface.

8. Bobinage

La bande de papier est enroulée sur une bobine mère qui sera éventuellement refendue en bobines filles.

9. Emballage

Le papier est emballé pour être expédié.


Témoignages


Marjan Mao (chiffonnerie)

« Pour trancher les chiffons (ou pilhoù [1]) en petits morceaux il y avait une petite table en bois. Vous étiez assise d'un bout presque allongée et une faucille était plantée avec la tranche aiguisée du côté extérieur. Au début on faisait tout avec une petite faucille. La faucille était petite et elle avait les deux côtés tranchants pour couper les cordes, ficelles et filets. [2] » (revue Skol Vreizh, 1989)


Man Kerouredan (défilage, pâte à papier)

« La pile défileuse avait une capacité de 28 m3, ce qui somme toute était assez rare en France. Le cylindre de 2m de diamètre possédait des lames en acier demi dur, il pesait 8 tonnes, et reposait sur une platine qui avait 9 lames du même acier. »


« À Troyes lorsque la pâte avait atteint un niveau de consistance, elle était amenée dans des appareils Erkensators qui enlevaient les matières solides par la force centrifuge. Après on a mis un autre système moins encombrant, 40 cm de long environ ; c'était américain et on appelait cela des cleaners » (article "la fabrication du papier", 2007).


Louis Barreau (raffinage)

« Au raffinage, le gouverneur devait de temps en temps plonger sa main dans la pile, refermer les doigts pour retenir un peu de pâte qu'il examine après avoir retiré sa main et écarté les doigts. Il estimait ainsi la longueur des fibres et le degré d'engraissement de la pâte. Quand il jugeait être à point il relevait le cylindre jusqu'à le faire effleurer la platine ; pour cela il prenait un bâton qu'il plaçait entre son oreille et la platine : le "ronronnement" de la pile cessait brusquement au point cherché. » (mémoires dactylographiées et illustrations, ~1970)

 

Jean Le Berre (blanchiment et raffinage)

« Une fois la pâte blanchie, elle était transportée dans des wagonnets jusqu'aux piles raffineuses où elle était finement broyée avant de descendre dans une grande réserve de 200 à 300 litres qui était toujours pleine et qui récupérait également le trop plein de pâte de la machine à papier. » (revue Skol Vreizh, 1989)


Hervé Gaonac'h (machine, toile)

« On arrêtait la machine quand il fallait changer de toile. On disait "chañch form" en breton. Et ça pouvait arriver la nuit, il y avait besoin plus de monde qu'il fallait aller chercher chez eux. » (entretien GrandTerrier 2006).


Louis Bréus (machine, sècherie)

« Au départ sur la machine 7 ça tournait à 35 mètres de papier à la minute. Après ça a tourné plus vite ; 45, 50, 60, 70, 80 mètres par minute? Là on a dû la consolider? Sur la 8, c'était marqué 1938 dessus, ça tournait doucement au début, et à la fin elle tournait à 120 mètres la minute. La machine 10 c'était 100-120 mètres. » (entretien GrandTerrier 2007).


Marianne Saliou (emballage)

« J'ai été aussi marquer les caisses de Cascadec qui venaient à la gare de Quimper. On allait là-bas à pied. On mettait les caisses de Cascadec avec celles d'ici pour faire une expédition. C'était du temps où le papier à cigarettes allait en Amérique. Les deux usines travaillaient ensemble pour aller plus vite. Quelquefois, on mettait 40 caisses de Cascadec avec 60 d'Odet pour faire 100. » (entretien bulletin municipal 1981).


Chronologie papetière


1822 : Inauguration par Nicolas Le Marié du moulin à papier : pile hollandaise pour la pâte, travail du papier à la cuve et séchage aux perches.

1828 : 3 cuves, 31 ouvriers, 7674 rames de papier

1834 : Livraison à Odet par les Canson-Montgolfier d'Annonay de la 1ère machine en continu remplaçant la cuve.

1861 : 170 employés pour 480 tonnes de papier à l'arrivée du docteur Bolloré

1865 : Premiers essais de fabrication du papier à cigarettes

1886 : Construction à Odet de la chaufferie de production de vapeur et de la cheminée

1893 : Location de la papeterie de Cascadec sur l'Isole pour accroître la production (achat en 1917)

 

1904 : Production de 336 tonnes de papier à cigarettes par an

1913 : Acquisition d'une 2e machine à Odet et création du laboratoire

1928 : Démarrage de la machine 7, 3e machine d'Odet

1936 : Construction d'un 2e bâtiment pour la chiffonnerie

1938 : Démarrage de la machine 8, la 4e machine d'Odet

1948 : Production de 1800 tonnes par an

1950 : Achat des papeteries de Champagne à Troyes

1961 : Démarrage de la machine 9 ; fabrication du papier condensation à Odet

1963 : Démarrage de la machine 10, la 6e machine d'Odet

1983 : Arrêt de la fabrication du papier à Odet


Annotations

  1. Pilhoù, pluriel de pilh, s.f., collectif pilhenn : chiffons. Un "pilhaouer" est un chiffonnier ou un colporteur qui ramassaient dans les campagnes les chiffons ou autres produits usagers. [Terme BR] [Lexique BR] [Ref.↑]
  2. Texte breton de l'interview de Marjan Mao : «  Ewid troc'hañ ar pilhoù e tammoù bihan e oa un daolig goad vihan. C'hwi 'oa asezet er penn all o rampañ hag ur falz 'oa plantet gant an tu lemm en tu all. Goudese e oa ur gasset vihan ewid lakaad ar pezh 'poa gwraet. Da gentañ e oa gwraet tammoù hir gant ar pilhoù paket en ho torn er mod-se, un tu en ho torn, an heni all o pegañ e-barzh an tamm pilhoù. » [Ref.↑]


Thème de l'article : Richesses du patrimoine

Date de création : février 2022    Dernière modification : 28.01.2022    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]