Martin Jugie, La légende nestorienne [1] , soldat Jôphanâ
« La légende nestorienne de la Dormition fait partie de la
compilation qui a pour titre : Histoire de la Vierge Marie la bénie. C'est
une libre élaboration des récits syriaques dépendant de l'apocryphe grec que nous avons analysés plus haut ...
Quant aux apôtres, ils enveloppèrent le corps de Marie dans un linceul de
lin, et le transportèrent, en chantant des hymnes, dans une caverne
dû mont des Oliviers. Les Juifs essayèrent de faire agir le
gouverneur contre les apôtres ; mais les chrétiens lui ayant fait de riches
présents, il s'abstint de toute intervention. Les Juifs réussirent
cependant à soudoyer l'un de ses gardes, le soldat Jôphanâ (le
Jéphonias de l'apocryphe grec), qui essaya de renverser le cercueil.
Mais au moment où il étendait ses bras, l'apôtre Jean fit sur lui le
signe de la croix; et aussitôt ses bras furent paralysés. Comme il
implora miséricorde, Pierre le guérit, également avec un signe de
croix. Jôphanâ alla raconter ce qui lui était arrivé, et lorsque les
Juifs vinrent de nouveau se plaindre au gouverneur, celui-ci se
moqua d'eux. »
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Jacques de Voragine, La légende dorée
L'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie
C'est pourquoi Pierre et Paul enlevèrent la bière ; Pierre se mit à chanter : « Israël sortit de l’Egypte, alleluia. » Puis les autres apôtres continuèrent ce chant doucement. Or, le Seigneur enveloppa d'un nuage le brancard et les apôtres, en sorte qu'on ne voyait rien, seulement on les entendait chanter. Des anges aussi unirent leurs voix à celle des apôtres et remplirent toute la terre d'une mélodie pleine de suavité. Tous les habitants furent réveillés par ces (422) doux sons et cette mélodie : ils se précipitèrent hors de la ville en demandant avec empressement ce qu'il y avait. Les uns dirent : « Ce sont les disciples de Jésus qui portent Marie décédée. C'est autour d'elle qu'ils chantent cette mélodie que vous entendez. » Aussitôt ils courent aux armes, et s'excitent les uns les autres en disant : « Venez, tuons tous les disciples et livrons au feu ce corps qui a porté ce séducteur. » Or, le prince des prêtres, en voyant cela, fut stupéfait et il dit avec colère: « Voici le tabernacle de celui qui a jeté le trouble parmi nous et dans notre race. Quelle gloire il reçoit en ce moment ! » Or, en parlant ainsi il leva les mains vers le lit funèbre avec la volonté de le renverser et de, le jeter par terre. Mais aussitôt ses mains se séchèrent et s'attachèrent au brancard, en sorte qu'il y était suspendu : il poussait des hurlements lamentables, tant ses douleurs étaient atroces, Le reste du peuple fut frappé d'aveuglement par les anges qui étaient dans la nuée. Quant au prince des prêtres, il criait en disant : « Saint-Pierre, ne m’abandonnez pas dans la tribulation où je me trouve; mais je vous en conjure, priez pour moi, car vous devez vous rappeler qu'autrefois je vous suis venu en aide et, que je vous ai excusé lors de l’accusation de la servante. » Pierre lui répondit : « Nous sommes retenus par les funérailles de Notre-Dame et nous ne pouvons nous occuper de votre guérison : néanmoins si vous vouliez croire eu Notre-Seigneur J.-C. et en celle qui l’a engendré et qui l’a porté, j'ai lieu d'espérer que vous pourriez être guéri de suite. » Il répondit : « Je crois que le Seigneur Jésus est vraiment le Fils de Dieu et (423) que voilà sa très sainte mère. » A l’instant ses mains se détachèrent du cercueil ; cependant ses bras restaient desséchés et la douleur violente ne disparaissait pas. Alors Pierre lui dit : « Baisez le cercueil et dites : « Je crois en Dieu Jésus-Christ que celle-ci a porté dans ses entrailles tout en restant vierge après l’enfantement. » Quand il l’eut fait, il fut incontinent guéri.
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De La Villemarqué, Tremenvan an Ytron Guerches Maria
97. Maz mennas un Yysen divat
Disquenn an corff goar, hegarat,
Dann douar gant e drouc barat
Digant an sant han dut a stat.
(Mais voilà qu'un méchant Juif voulut enlever perfidement à ce saint et aux autres gens de qualité le doux corps bien-aimé pour le jeter par terre.)
98. Evel maz pegas quen cruel
En corff vayllant ayoa santel,
Ez manaz hep goap e dou dorn,
Ha nenn doae marz ? Bedenn arzornn.
(Comme il saisissait très rudement le corps précieux et sacré, ses deux mains (n'était-ce pas merveille ?) y restèrent attachées jusqu'au poignet.)
§ Suite ...
99. Pan oae net didornet an caez,
En devoae glan noman annoez
Gant cuez ha mez en pep quentel,
Maz pede prest an Abestel ;
(Une fois sans mains, le misérable éprouva une grande douleur, avec beaucoup de regret et de honte, et il supplia les Apôtres ;)
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