La scène des funérailles du retable flamand dans les sources apocryphes du christianisme - GrandTerrier

La scène des funérailles du retable flamand dans les sources apocryphes du christianisme

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gouverneur contre les apôtres ; mais les chrétiens lui ayant fait de riches gouverneur contre les apôtres ; mais les chrétiens lui ayant fait de riches
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-cependant à soudoyer l'un de ses gardes, le soldat Jôphanâ (le +cependant à soudoyer l'un de ses gardes, <b>le soldat Jôphanâ (le
-Jéphonias de l'apocryphe grec), qui essaya de renverser le cercueil.; +Jéphonias de l'apocryphe grec), qui essaya de renverser le cercueil</b>.
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-implora miséricorde, Pierre le guérit, également avec un sigfne de +implora miséricorde, Pierre le guérit, également avec un signe de
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 +<big>Jacques de Voragine, La légende dorée</big>
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 +L'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie
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 +C'est pourquoi Pierre et Paul enlevèrent la bière ; Pierre se mit à chanter : « Israël sortit de l’Egypte, alleluia. » Puis les autres apôtres continuèrent ce chant doucement. Or, le Seigneur enveloppa d'un nuage le brancard et les apôtres, en sorte qu'on ne voyait rien, seulement on les entendait chanter. Des anges aussi unirent leurs voix à celle des apôtres et remplirent toute la terre d'une mélodie pleine de suavité. Tous les habitants furent réveillés par ces (422) doux sons et cette mélodie : ils se précipitèrent hors de la ville en demandant avec empressement ce qu'il y avait. Les uns dirent : « Ce sont les disciples de Jésus qui portent Marie décédée. C'est autour d'elle qu'ils chantent cette mélodie que vous entendez. » <b>Aussitôt ils courent aux armes</b>, et s'excitent les uns les autres en disant : « Venez, tuons tous les disciples et livrons au feu ce corps qui a porté ce séducteur. » <b>Or, le prince des prêtres</b>, en voyant cela, fut stupéfait et il dit avec colère: « Voici le tabernacle de celui qui a jeté le trouble parmi nous et dans notre race. Quelle gloire il reçoit en ce moment ! » Or, en parlant ainsi <b>il leva les mains vers le lit funèbre avec la volonté de le renverser et de, le jeter par terre. Mais aussitôt ses mains se séchèrent et s'attachèrent au brancard</b>, en sorte qu'il y était suspendu : il poussait des hurlements lamentables, tant ses douleurs étaient atroces, Le reste du peuple fut frappé d'aveuglement par les anges qui étaient dans la nuée. Quant au prince des prêtres, il criait en disant : « Saint-Pierre, ne m’abandonnez pas dans la tribulation où je me trouve; mais je vous en conjure, priez pour moi, car vous devez vous rappeler qu'autrefois je vous suis venu en aide et, que je vous ai excusé lors de l’accusation de la servante. » Pierre lui répondit : « Nous sommes retenus par les funérailles de Notre-Dame et nous ne pouvons nous occuper de votre guérison : néanmoins si vous vouliez croire eu Notre-Seigneur J.-C. et en celle qui l’a engendré et qui l’a porté, j'ai lieu d'espérer que vous pourriez être guéri de suite. » Il répondit : « Je crois que le Seigneur Jésus est vraiment le Fils de Dieu et (423) que voilà sa très sainte mère. » A l’instant ses mains se détachèrent du cercueil ; cependant ses bras restaient desséchés et la douleur violente ne disparaissait pas. Alors Pierre lui dit : « Baisez le cercueil et dites : « Je crois en Dieu Jésus-Christ que celle-ci a porté dans ses entrailles tout en restant vierge après l’enfantement. » Quand il l’eut fait, il fut incontinent guéri.
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<br>Ez manaz hep goap e dou dorn, <br>Ez manaz hep goap e dou dorn,
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Version du 13 mai ~ mae 2018 à 09:01

Catégorie : Patrimoine
 Site : GrandTerrier

Statut de l'article :
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§ E.D.F.
Enquête sur les origines de cette scène violente du retable flamand de Kerdévot où l'on voit trois soldats aux mains tranchées.

Les références utilisées sont les textes apocryphes commentés dans la Légende dorée de Jacques de Voragine, le livre de Constantin Tischendorff sur les Apocalypses apocryphe en 1866, la publication d'Hersart de La Villemarqué sur le trépas de la Vierge-Marie, et l'étude en 1930 de Martin Jugie sur la littérature apocryphe sur la mort et l'assomption de Marie.

Autres lectures : « La chapelle de Kerdévot » ¤ « BARRIÉ Roger - La construction de la chapelle de Kerdévot au XVème siècle » ¤ « ABGRALL Jean-Marie - Le Retable de Kerdévot » ¤ « Les marques de fabrique des ateliers flamands du 15e siècle sur le retable de Kerdévot » ¤ « Espace Chapelle de Kerdévot » ¤ 

1 Présentation

Le cortège funèbre est formé de la Vierge allongée sur un brancard porté par les apôtres et saint Jean ouvre le chemin en tenant la palme resplendissante. Cette Translation de la Vierge, de "transitus" en latin, qui se passe après la scène de la Dormition et avant son Assomption et son Couronnement, n'est pas très souvent représentée dans l'iconographie chrétienne classique.

 

Photo année 2011

2 Iconographie

3 Sources documentaires

Martin Jugie, La légende nestorienne [1], soldat Jôphanâ

« La légende nestorienne de la Dormition fait partie de la compilation qui a pour titre  : Histoire de la Vierge Marie la bénie. C'est une libre élaboration des récits syriaques dépendant de l'apocryphe grec que nous avons analysés plus haut ...

Quant aux apôtres, ils enveloppèrent le corps de Marie dans un linceul de lin, et le transportèrent, en chantant des hymnes, dans une caverne dû mont des Oliviers. Les Juifs essayèrent de faire agir le gouverneur contre les apôtres ; mais les chrétiens lui ayant fait de riches présents, il s'abstint de toute intervention. Les Juifs réussirent cependant à soudoyer l'un de ses gardes, le soldat Jôphanâ (le Jéphonias de l'apocryphe grec), qui essaya de renverser le cercueil. Mais au moment où il étendait ses bras, l'apôtre Jean fit sur lui le signe de la croix; et aussitôt ses bras furent paralysés. Comme il implora miséricorde, Pierre le guérit, également avec un signe de croix. Jôphanâ alla raconter ce qui lui était arrivé, et lorsque les Juifs vinrent de nouveau se plaindre au gouverneur, celui-ci se moqua d'eux. »

Jacques de Voragine, La légende dorée

L'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie

C'est pourquoi Pierre et Paul enlevèrent la bière ; Pierre se mit à chanter : « Israël sortit de l’Egypte, alleluia. » Puis les autres apôtres continuèrent ce chant doucement. Or, le Seigneur enveloppa d'un nuage le brancard et les apôtres, en sorte qu'on ne voyait rien, seulement on les entendait chanter. Des anges aussi unirent leurs voix à celle des apôtres et remplirent toute la terre d'une mélodie pleine de suavité. Tous les habitants furent réveillés par ces (422) doux sons et cette mélodie : ils se précipitèrent hors de la ville en demandant avec empressement ce qu'il y avait. Les uns dirent : « Ce sont les disciples de Jésus qui portent Marie décédée. C'est autour d'elle qu'ils chantent cette mélodie que vous entendez. » Aussitôt ils courent aux armes, et s'excitent les uns les autres en disant : « Venez, tuons tous les disciples et livrons au feu ce corps qui a porté ce séducteur. » Or, le prince des prêtres, en voyant cela, fut stupéfait et il dit avec colère: « Voici le tabernacle de celui qui a jeté le trouble parmi nous et dans notre race. Quelle gloire il reçoit en ce moment ! » Or, en parlant ainsi il leva les mains vers le lit funèbre avec la volonté de le renverser et de, le jeter par terre. Mais aussitôt ses mains se séchèrent et s'attachèrent au brancard, en sorte qu'il y était suspendu : il poussait des hurlements lamentables, tant ses douleurs étaient atroces, Le reste du peuple fut frappé d'aveuglement par les anges qui étaient dans la nuée. Quant au prince des prêtres, il criait en disant : « Saint-Pierre, ne m’abandonnez pas dans la tribulation où je me trouve; mais je vous en conjure, priez pour moi, car vous devez vous rappeler qu'autrefois je vous suis venu en aide et, que je vous ai excusé lors de l’accusation de la servante. » Pierre lui répondit : « Nous sommes retenus par les funérailles de Notre-Dame et nous ne pouvons nous occuper de votre guérison : néanmoins si vous vouliez croire eu Notre-Seigneur J.-C. et en celle qui l’a engendré et qui l’a porté, j'ai lieu d'espérer que vous pourriez être guéri de suite. » Il répondit : « Je crois que le Seigneur Jésus est vraiment le Fils de Dieu et (423) que voilà sa très sainte mère. » A l’instant ses mains se détachèrent du cercueil ; cependant ses bras restaient desséchés et la douleur violente ne disparaissait pas. Alors Pierre lui dit : « Baisez le cercueil et dites : « Je crois en Dieu Jésus-Christ que celle-ci a porté dans ses entrailles tout en restant vierge après l’enfantement. » Quand il l’eut fait, il fut incontinent guéri.

 

De La Villemarqué, Tremenvan an Ytron Guerches Maria

97. Maz mennas un Yysen divat
Disquenn an corff goar, hegarat,
Dann douar gant e drouc barat
Digant an sant han dut a stat.
(Mais voilà qu'un méchant Juif voulut enlever perfidement à ce saint et aux autres gens de qualité le doux corps bien-aimé pour le jeter par terre.)

98. Evel maz pegas quen cruel
En corff vayllant ayoa santel,
Ez manaz hep goap e dou dorn,
Ha nenn doae marz ? Bedenn arzornn.
(Comme il saisissait très rudement le corps précieux et sacré, ses deux mains (n'était-ce pas merveille ?) y restèrent attachées jusqu'au poignet.)

§ Suite ...

4 Annotations

  1. Nestorien, adj. : relatif à Nestorius (hérésiarque du 5e siècle apr. J.-Ch., patriarche de Constantinople) ou à sa doctrine affirmant que le Christ possède deux natures, deux personnes distinctes, l'une humaine et l'autre divine. Source : TLFi  [Terme] [Lexique] [Ref.↑]


Thème de l'article : Richesses patrimoniales

Date de création : Mai 2018    Dernière modification : 13.05.2018    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]