L'art poétique selon Jean-Marie Déguignet dans son panégyrique à ses écrits
Un article de GrandTerrier.
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Ce poème a été inséré dans l'anthologie de la Poésie française de Christian Tanguy et fait également l'ouverture de la nouvelle édition anglaise des mémoires du paysan bas-breton. | Ce poème a été inséré dans l'anthologie de la Poésie française de Christian Tanguy et fait également l'ouverture de la nouvelle édition anglaise des mémoires du paysan bas-breton. | ||
- | Autres lectures : {{Tpg2|:Category:JMD|Espace Déguignet}}{{Tpg|TANGUY Christian - Florilège, anthologie de la Poésie française}}{{Tpg|DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale}}{{Tpg|DÉGUIGNET Jean-Marie - Memoirs of a Breton Peasant}} | + | Autres lectures : {{Tpg2|:Category:JMD|Espace Déguignet}}{{Tpg|TANGUY Christian - Florilège, anthologie de la Poésie française}}{{Tpg|DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale}}{{Tpg|DÉGUIGNET Jean-Marie - Memoirs of a Breton Peasant}}{{Tpg|Les sagesses antiques de Jean-Marie Déguignet et de Michel Onfray}} |
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<br>Nées des esprits fourbes et cerveaux détraqués | <br>Nées des esprits fourbes et cerveaux détraqués | ||
<br>Parmi ces écrits sots, encombrants, inutiles | <br>Parmi ces écrits sots, encombrants, inutiles | ||
- | <br>Qui font le désespoir des bons bibliophiles.</tt> | + | <br>Qui font le désespoir des bons bibliophiles. |
Restez donc ignorés dans cette paix profonde | Restez donc ignorés dans cette paix profonde | ||
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<br>Mettre par sa folie toute l'Asie en cendres. | <br>Mettre par sa folie toute l'Asie en cendres. | ||
<br>Ce fougueux conquérant, qui de sang altéré | <br>Ce fougueux conquérant, qui de sang altéré | ||
- | <br>Maître du monde entier, s'y trouvait trop serré, | + | <br>Maître du monde entier, s'y trouvait trop serré, </tt> |
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<tt> | <tt> | ||
- | </tt> | + | Cet enragé guerrier, né roi d'une province |
+ | <br>Qu'il pouvait gouverner en bon et sage prince, | ||
+ | <br>S'en allant follement et pensant être dieu | ||
+ | <br>Courir comme un bandit qui n'a ni feu ni lieu | ||
+ | |||
+ | Et traînant après lui les horreurs de la guerre | ||
+ | <br>De sa vaste folie emplir toute la terre. | ||
+ | <br>Et combien que j'en vois de ces êtres hideux | ||
+ | <br>Honorés des hommes et mis au rang de dieux. | ||
+ | |||
+ | Mais heureusement aussi pour l'espèce humaine | ||
+ | <br>Je vois quelques hommes qui sans peur et sans haine | ||
+ | <br>Ont relevé très haut les vertus, les honneurs | ||
+ | <br>En confondant les dieux et toutes leurs horreurs. | ||
+ | |||
+ | Je vais encore plus loin, le temps préhistorique | ||
+ | <br>M'est aussi bien connu que l'époque biblique | ||
+ | <br>Ce temps ou un dieu juif, Yavé le monstrueux, | ||
+ | <br>Vint créer ce monde qui était déjà vieux | ||
+ | |||
+ | Car je le vois naître et sortir de Phébus [1] | ||
+ | <br>Après le Jupiter, entre Mars et Vénus | ||
+ | <br>Et qui tourna longtemps sans barbe ni cheveux | ||
+ | <br>Ainsi qu'un poltron dans le vide des cieux | ||
+ | |||
+ | Allant et revenant dans un mouvement rapide | ||
+ | <br>N'ayant pour vêtement qu'une robe liquide | ||
+ | <br>Puis du sein du liquide émergèrent des limons | ||
+ | <br>Qui servirent à faire des dieux et des cochons | ||
+ | |||
+ | Des prêtres, des fripons, des nationalistes, | ||
+ | <br>Des jésuites fourbes et des opportunistes | ||
+ | <br>Quand la terre donna de beaux fruits et des baumes | ||
+ | <br>Alors on fabriqua des femmes et des hommes. | ||
+ | |||
+ | Mais mon esprit encore par ses forces, ses veilles, | ||
+ | <br>Va sur cet univers contempler les merveilles. | ||
+ | <br>Il vogue nuit et jour de planètes en planètes, | ||
+ | <br>Du Soleil à la Lune, d'Uranus aux comètes. | ||
+ | |||
+ | Et cet esprit qu'ici on dirait taciturne | ||
+ | <br>Auprès des habitants de Mars et de Saturne | ||
+ | <br>De ceux de Jupiter et de ceux d'Uranus | ||
+ | <br>Auprès des bons enfants de la belle Venus, | ||
+ | |||
+ | Est toujours gai, riant et heureux de vivre | ||
+ | <br>Et dans ces planètes souvent il s'enivre | ||
+ | <br>Des beautés et merveilles qu'il trouve en ces mondes | ||
+ | <br>Des hommes aimables, de jolies filles blondes. | ||
+ | |||
+ | Dans tous ces beaux mondes les hommes sont heureux. | ||
+ | <br>Ils n'ont pas de prêtres, ni jésuites, ni dieux | ||
+ | <br>On y voit pas non plus, ni tyrans, ni bourreaux, | ||
+ | <br>Ni juges, ni maîtres, ni coquins, ni tribunaux, | ||
+ | |||
+ | Partout dans ces mondes une grande: justice | ||
+ | <br>Règne sans gendarmes, ni agents de police. | ||
+ | <br>Car là, il n'y a pas de fripons exploiteurs | ||
+ | <br>Qui sont cause chez nous de toutes les douleurs. | ||
+ | |||
+ | On y voit que des hommes, des amis, et des frères | ||
+ | <br>Et de belles filles avec de bonnes mères. | ||
+ | <br>C'est ainsi que grâce à mes heureux-écrits. | ||
+ | <br>Je vois toutes choses même le paradis. | ||
+ | |||
+ | Ce bouge inventé par le bandit Jésus | ||
+ | <br>Pour loger ses catins et ses moines ventrus. | ||
+ | <br>Mon esprit en tous lieux voyage sans répit | ||
+ | <br>Sans prendre de repos, ni le jour ni la nuit. | ||
+ | |||
+ | Voilà comment je vis d'une seconde vie | ||
+ | <br>Grâce à mes écrits, à ma philosophie. | ||
+ | <br>Je vis dans tous les temps chez les peuples divers | ||
+ | <br>Et dans tous les globes qui peuplent l'univers. | ||
+ | |||
+ | Dans une seule nuit mon esprit agité. | ||
+ | <br>Fait de cet univers courir l'immensité | ||
+ | <br>En s'arrêtant partout dans ces mondes mouvants | ||
+ | <br>À causer, à rire avec leurs habitants, | ||
+ | |||
+ | Laissant sur son grabat son vieux et pauvre corps | ||
+ | <br>Se rouler, se tordre en douloureux efforts | ||
+ | <br>Car il voudrait aussi le pauvre imbécile | ||
+ | <br>Suivre dans l'espace son esprit indocile. | ||
+ | |||
+ | Notre esprit, dit-on, est la moitié du corps | ||
+ | <br>Mais pourquoi cet esprit m'abandonne alors | ||
+ | <br>Laissant là son vieux corps accroupi comme un sot | ||
+ | <br>Pendant qu'il va heureux se promener là-haut | ||
+ | |||
+ | Parmi les merveilles de la grande Uranus | ||
+ | <br>Et voir les belles filles de la belle Vénus. | ||
+ | <br>Mais qu'est-ce que l'esprit ? Est-ce une matière ? | ||
+ | <br>Est-il une personne ? Est-il une lumière | ||
+ | |||
+ | Qui éclaire son corps et rayonne en tous lieux | ||
+ | <br>Perçant notre globe et la voûte des Cieux ? | ||
+ | <br>Serait-il un être psycho-métaphysique | ||
+ | <br>Ou un simple fluide électromagnétique, | ||
+ | |||
+ | Fluide invisible mais perçant et subtil | ||
+ | <br>Qui irait en tout lieu sans rayon et sans fil ? | ||
+ | <br>C'est bien là, je le crois, qu'est ce spiritu, | ||
+ | <br>Cet oiseau symbolique dans les dieux confondu. | ||
+ | |||
+ | Tous les psychologues et les théologiens | ||
+ | <br>Ont fait du fluide les âmes des chrétiens, | ||
+ | <br>Mais quoiqu'ils en disent en prose, en poésie | ||
+ | <br>Ils n'ont jamais montré une âme en vie, | ||
+ | |||
+ | Une âme séparée, indépendante du corps | ||
+ | <br>Et ne feront jamais malgré tous leurs efforts. | ||
+ | <br>Cependant d'après [eux] elle est une substance | ||
+ | <br>Douée d'activité, force, intelligence | ||
+ | |||
+ | Et qui ne meurt jamais, se porte toujours bien. | ||
+ | <br>Que devient-elle alors puisqu'il ne reste rien | ||
+ | <br>Après la mort du corps qu'une vile matière | ||
+ | <br>Oui deviendra bientôt une sale poussière ? | ||
+ | |||
+ | Lucrèce [18] et Pythagore [19] dans la métempsycose | ||
+ | <br>Prétendent que l'âme est aussi quelque chose | ||
+ | <br>Qui passe et repasse de l'homme au végétal, | ||
+ | <br>Du végétal à l'homme ou autre animal. | ||
+ | |||
+ | Ceux-là ont confondu l'âme et la matière. | ||
+ | <br>Dans ce petit monde il n'y a que poussière | ||
+ | <br>Toujours se décomposant et se recomposant | ||
+ | <br>Formant de tous les êtres la vie et le mouvement. | ||
+ | |||
+ | Il est naturel, nous le savons fort bien | ||
+ | <br>Que rien en ce monde ne se fait de rien. | ||
+ | <br>Tout ce qui est, a été, et il sera toujours, | ||
+ | <br>Il n'y a que les formes qui changent tous les jours.</tt> | ||
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Version du 22 janvier ~ genver 2018 à 18:41
La cahier manuscrit n° 20 de Jean-Marie Déguignet, publié en 2001 dans l'édition intégrale de ses mémoires « Histoire de ma vie » et dans l'édition partielle « Rimes et révoltes », contient un magnifique poème de 55 strophes introduit comme un « Petit panégyrique à mes écrits ».
Ce poème a été inséré dans l'anthologie de la Poésie française de Christian Tanguy et fait également l'ouverture de la nouvelle édition anglaise des mémoires du paysan bas-breton. Autres lectures : « Espace Déguignet » ¤ « TANGUY Christian - Florilège, anthologie de la Poésie française » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Memoirs of a Breton Peasant » ¤ « Les sagesses antiques de Jean-Marie Déguignet et de Michel Onfray » ¤ |
1 Présentation
2 Le petit panégyrique
C’est à vous, mes écrits, qu’aujourd’hui je m’adresse,
Mais que deviendrez-vous hélas après ma mort
À faire des cornets chez l’épicier voisin
Si vous êtes mangés par les souris, les rats
Ou rester pourrir comme ces vieux grimoires
Ainsi que sont toujours les écrits les plus francs,
Tandis que des écrits comme les Évangiles,
Ainsi que ces écrits tout aussi mensongers
Vous seriez mal à l’aise parmi ces faussetés
Restez donc ignorés dans cette paix profonde
Et n'être pas traqués par les gens à soutanes
Oui, « le vrai seul est beau, seul il est aimable
Tu parles bien mon vieux, p'est ainsi que tu fis
De ton roi de sérail, ignoble Salomon [6]
Tu fis même, farceur, en vers dithyrambiques,
Partout et en tout temps l'horrible fausseté
Mais j'allais m'égarer dans les écrits d'autrui
Dans ces écrits loyaux qui tombent de ma plumé
Souvent en leur source, je bois, je m'enivre
Sans sortir de mon trou et sans aucun effort
Des bords desquels jadis tant de peuples divers
Qui apportent partout par le fer, la rapine
Sauvages, sanguinaires et sans foi et sans lois
Et forcer les peuples, par le fer et le feu,
Je vois le brave Hector [16] attaché par les pieds
Plus grands que les premiers à jouer en ce monde ;
Je vois encore ce grec nommé Alexandre [21]
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Cet enragé guerrier, né roi d'une province
Et traînant après lui les horreurs de la guerre
Mais heureusement aussi pour l'espèce humaine
Je vais encore plus loin, le temps préhistorique
Car je le vois naître et sortir de Phébus [1]
Allant et revenant dans un mouvement rapide
Des prêtres, des fripons, des nationalistes,
Mais mon esprit encore par ses forces, ses veilles,
Et cet esprit qu'ici on dirait taciturne
Est toujours gai, riant et heureux de vivre
Dans tous ces beaux mondes les hommes sont heureux.
Partout dans ces mondes une grande: justice
On y voit que des hommes, des amis, et des frères
Ce bouge inventé par le bandit Jésus
Voilà comment je vis d'une seconde vie
Dans une seule nuit mon esprit agité.
Laissant sur son grabat son vieux et pauvre corps
Notre esprit, dit-on, est la moitié du corps
Parmi les merveilles de la grande Uranus
Qui éclaire son corps et rayonne en tous lieux
Fluide invisible mais perçant et subtil
Tous les psychologues et les théologiens
Une âme séparée, indépendante du corps
Et qui ne meurt jamais, se porte toujours bien.
Lucrèce [18] et Pythagore [19] dans la métempsycose
Ceux-là ont confondu l'âme et la matière.
Il est naturel, nous le savons fort bien
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Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet Date de création : Février 2018 Dernière modification : 22.01.2018 Avancement : [Développé] |