Ergué-Gabéric. Chapelle de Saint Guénolé
Elle est bâtie sur un point culminant, au sud du vieux village de Kelennec, non loin de la belle pointe de Griffonez. Autrefois, son clocher élancé était aperçu de fort loin et servait de point de ralliement aux compagnies de chasseurs qui fréquentaient cette région. Héla ! la foudre l'a abattu en 1911, et le clocheton moderne qui le remplace émerge à peine des arbres.
À l'extérieur la maçonnerie est toute en pierre de taille, avec contreforts et fenêtres flamboyantes surmontées de pignons aigus. Il n'y a aucune recherche décorative, ni arcades feuillagées, ni chevronnières à crochets, et aucun écusson, ni au dehors, ni au dedans.
À l'intérieur, la chapelle est divisée en une nef et deux bas-côtés, comptant cinq travées. Quatre des piliers sont cylindriques et quatre octogonaux, à bases peu ornées et arcades très simples.
La grande fenêtre, à trois panneaux et à trois soufflets, contient quelques fragments de vitraux. Dans le soufflet d'en haut, on aperçoit un Père Eternel, bénissant et portant la boule du monde ; il est coiffé d'une sorte de turban vert. À gauche, dans le deuxième panneau, un ange porte la croix ; et derrière lui un autre ange se prosterne pour l'adorer.
Au sommet du panneau central, le Christ en croix ; Longin lui perce le flanc ; un soldat porte une banderole sur laquelle on lit la date de 1554. De chaque côté de la croix, se tiennent les deux larrons ; le mauvais larron est contorsionné et un démon violet guette son âme ; au dessus, une tête de dragon, la gueule ouverte.
§ Vieilles statues ...
Vieilles statues
Au maitre-autel, à droite, se trouve Daint Guénolé, tête nue, en chasuble antique, tenant un livre et une crosse à nœud polygonal et bandelette tombante. À gauche, Saint Herbot : belle tête barbue, camail [1] , robe, livre, une main sur la poitrine. Cette statue vient d'être classée comme monument historique. Dans la chapelle latérale de gauche, on voit une médiocre statue de Saint Michel en armure, l'archange brandit, d'un geste mou, une épée au-dessus d'un dragon débonnaire, ressemblant à un cochon savant qui fait le beau.
Au pilier de la chaire, Saint Herbot en chapeau, camail, livre, chapelet, robe monastique, sans bâton. Au pilier d'en face, un évêque gothique. Il est vêtu de la dalmatique et de la chape, coiffé de la mître , et porte crosse et livre. C'est probablement Saint Corentin sans son poisson.
Dans le chœur et les bas-côtés, il y a de belles frises sculptées avec une fantaisie et une verve remarquables ; les sujets sont peu variés, mais traités avec une réelle habileté. À droite, on voit une tête de femme âgée, à collerette, dans un cartouche qui soutiennent deux personnages au buste humain, mais aux jambes remplacées par des volute de feuillage épanouies en tête de dragon. Plusieurs têtes à profil oblique, coiffés de casques, de chapeaux à plumes rouges ; presque tous les sujets sont des personnages d'une grande désinvolture de pose : l'un d'eux semble dormir, la tête appuyée sur le coude ; un autre se pince de la main droite l'avant-bras gauche. Ces frises sont coupées de corbels en têtes de dragons, aux gueules ouvertes et aux dents menaçantes.
Dans la chapelle latérale de droite, on lit ces mots peints sur le lambris :
HERVE MOYSAN FABRIQ.
FAIT PAR LAURENS
BALBOUS ET YVON
IAOUHEN : 1679.
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