Blog 25.12.2021 - GrandTerrier

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[modifier] Le matelot chanteur de la Royale

25.12.2021 - Trois chansons en 1976 collectées par les Daspugnerien Bro C'hlazig (fonds Dastum, transcriptions de Bernez Rouz d'Arkae), registre matricule (classe 1903, numéro matricule 566, archives départementales du Finistère), et évocation littéraire d'Hervé Jaouen ("Les soeurs Gwenan").

Joseph-Marie Le Saux est né le 9 juin 1883 au village de Réunic, près de Kerdévot en Ergué-Gabéric, son père Pierre et sa mère Marie-Anne Quéméré étant les cabaretiers du lieu-dit.

Boulanger installé à Plogastel-Daoulas, il s'engage dans la Marine Nationale en 1904 et part pour deux ans en Indochine, puis toujours militaire en Afrique, au Maroc où il s'installe en 1919 comme colon. À l'indépendance du Maroc, il revient en France et finit ses jours en maison de retraite à Fouesnant en 1978.

C'est là, en 1976, que les Daspugnerien Bro Ch'lazig l'enregistrent, chantant ses trois chansons favorites : « Chanson va buhez », « Ar martolod yaouank », et « Ti bras koad ar voc'h », 11 à 18 complets de deux vers en rimes, le tout dans sa langue natale bretonne cornouaillaise.

La première « Chanson va buhez » (Chanson de ma vie) a pour thème ses voyages  : « Yaouank c'hoazh me oa kuitaet va bro gozh Breizh-izel, Evit mont da c'hounez ma boued e-barzh ar broioù pell » (Jeune encore, j’ai quitté mon vieux pays de Basse-Bretagne Pour gagner mon pain dans de lointaines contrées).

Et son installation sur les terres marocaines : « Boulanjerezh da gomaéns e barzh Kasbah Ben Ahmed Kafe, hotel ha restaurant ‘barzh ar vro-se em eus graet. Defrichet em eus douaroù, pevar c'hant devezh-arat Savet am eus eno tier evit an dud da lojañ. » (J’ai été boulanger au début à la Casbah Ben-Ahmed Puis j’ai tenu un café, hôtel, restaurant dans ce même endroit. J’ai défriché deux cents hectares de terres, J’y ai construit des logements pour que les ouvriers y vivent).

La deuxième « Ar martolod yaouank » (Le jeune matelot) s'attarde sur les premières années à Saïgon, sur la canonnière cuirassée "Acheron", où il reçoit une lettre de sa dulcinée : « Setu aze konfidañsoù da vestrezik Mari En em hastit martolod yaouank da zont d'he c'honsoli  » (Voilà les confidences de ma chère Marie En pressant son jeune marin de rentrer la consoler).

La troisième chanson « Ti bras koad ar voc'h » (Résidence "Bois du bourg") est pour ses congénères de l'EHPAD de Fouesnant : « E-barzh an ti bras-se bremañ tud kozh kazi abandonet A gav c'hoazh tammoù plijadur digant o c'hamaraded » (Dans cette grande maison maintenant vieux quasi abandonnés Trouvent encore des plaisirs dans la camaraderie).

 

Le parcours militaire de Joseph-Marie Le Saux est bien précisé dans sa fiche matriculaire :

1.Image:Space.jpgSes deux années dans la Marine Nationale qu'on appelait toujours la Royale : « Engagé volontaire pour cinq ans à la mairie de Brest le 18 février 1904 pour les équipages de la flotte ».
2.Image:Space.jpgSa période complémentaire à Tunis et Casablanca, comme matelot, puis comme agent de police des voies ferrées.
3.Image:Space.jpgSon rappel dans l'armée en 1914 dans le bataillon de la Chaouïa, jusqu'en 1919, avec tentatives de reforme.
4.Image:Space.jpgSon installation définitive à Ben-Ahmed, à proximité de Casablanca, comme commerçant et ses multiples condamnations pour fraude alimentaire ou mouillage de vin.

Et par ailleurs il faut signaler le livre « Les soeurs Gwenan » d'Hervé Jaouen, ce magnifique roman consacré aux filles du marin de la Royale Joseph Gwenan et où la figure tutélaire du chanteur est évoquée : « Un matelot chantait, accompagné par la douce musique de l’eau sur la coque, « La chanson de ma vie », écrite au début du siècle par Jos ar Saoz, un gars d’Ergué-Gabéric engagé dans la Royale : Da Saigon en Indochin digentañ e oan bet, Goude oan deuet d’an Afrik da vro an Arabed (D’abord j’ai été à Saigon, en Indochine, Et ensuite je suis allé en Afrique, au pays des Arabes.) ».
Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1904-1919 - Joseph Le Saux à la Royale et au bataillon marocain de la Chaouïa » et « Kanaouennou brezhonek kompozet ha kanet gant Jos ar Saoz »