Blog 12.01.2019 - GrandTerrier

Blog 12.01.2019

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[modifier] La Fée Electricité à Ergué-Gabéric

Billet du 12.01.2019 - Coupures de presse de 1932-33, comptes-rendus de conseils municipaux de 1937-38 pour autoriser des emprunts pour l'extension du programme d'électrification de la commune, son financement, des photos commémoratives et des témoignages sur ce « bienfait de nos campagnes. ».

Les documents de 1937-38 concernent l'extension du l'acheminement de l'électricité sur la commune, notamment pour desservir 3 fermes isolées (Kervern, Penvern et Kerlavian) à l'est de la commune, et détaillent le coût des opérations pour la commune et de son financement par une hausse d'impôt.

Le projet de réseau électrique rural du département du finistère est lancé dans les années 1930 avec création d'entreprises et syndicats d'électrification. Dans la région quimpéroise, jusqu'aux nationalisations d'après-guerre, deux compagnies se partagent les installations : la société Lebon et Cie, une entreprise de Dieppe spécialisée initialement dans l'éclairage au gaz et reconvertie dans le conrant alternatif, et Sud-Finistère électrique, entreprise créée en 1919 pour distribuer le courant continu. Pour la pose des poteaux en ciment ajouré c'est la société Cabagno qui est sollicitée.

En février 1932 le député Maurice Bouilloux-Lafont, élu de la 1ère circonscription Quimper, annonce l'accord de financement : « Subvention principale et complémentaire payable dans la limite des disponibilités budgétaires s'élevant à 42% des dépenses qui seront réellement faites »

Le premier chantier amène l'électricité et l'éclairage au bourg et à Lestonan dès 1933, et dessert la majorité des fermes et villages en 1934-37. Si l'on prend comme référence les subventions accordées aux trois communes de Pluguffan, Plomelin et Ergué-Gabéric, on peut calculer que pour cette dernière le coût de l'électrification est de l'ordre de 185 000 francs (233 940 / 3 / 0,42).

En 1938 un surcoût de 43 260 francs pour l'extension du réseau sur la partie est de la commune est autorisé par le conseil municipal et par le préfet.

Cette dépense est financée à hauteur de 42% par le ministère de l'agriculture, et le reliquat par un emprunt de 20 ans à la Caisses des Dépôts et Consignation qui entraîne d'un impôt exceptionnel de 7 centimes : en fait il faut comprendre 7 centimes pour un euro de contribution, soit une hausse de 7% sur les trois impôts collectés au niveau communal (foncier, habitation et patente).

Comme le coût du premier chantier s'élève à 4 fois le montant du projet d'extension, on peut estimer que l'électrification rural d'avant guerre de la commune aura généré une hausse de 35% de contribution fiscale de la part des habitants de la commune.

[Détail de la grande fresque "La fée électricité" de Raoul Dufy, Expo Inter. 1937]

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1937-38 Extension du réseau électrique communal »

 
[Arrivée de l'électricité et éclairage public au Bourg en 1933]

La photo ci-dessus a été prise au bourg lors d'une fête de commémoration organisée vraisemblablement par le syndicat intercommunal d'électrification de la région de Quimper. À droite on peut voir un poteau électrique en béton ajouré mis en place par l'entreprise Cabagno.

Après guerre, dans les années 1950, l'électrification s'est poursuivie pour atteindre les hameaux les plus éloignés et des postes transformateurs supplémentaires de quartier ont été installés. Ces extensions de réseau amenaient l'électricité dans des maisons qui n'avaient pas eu la possibilité d'être branchées et, à chaque fois, les habitants fêtaient l’événement comme il se doit.

Ainsi par exemple en 1953, on organise à Garsalec une inauguration officielle du transfo de Guilly-Vraz, un vin d'honneur (cf. la photo dans l'article) et une soirée dansante au café-épicerie Quelven : « Un vin d'honneur était organisé au bistrot Quelven l'inauguration du poste transfo de Guilly-Vraz qui eut lieu en fin de matinée au cours de laquelle est restée en mémoire locale la phrase biblique prononcée m'a-t-on dit par Jean-Marie Quéau de Parc Land, adjoint au maire : "Que la lumière soit et la lumière fut". Après le vin d'honneur, un bal fut organisé le soir dans la même salle par des musiciens amateurs secondés par un électrophone et un micro. » (René Le Reste).

Le progrès est indéniable : « Par la suite la fée lumière équipa progressivement les maisons du quartier ... On mit au rébus la lampe pigeon, et on découvre l'ampoule électrique, une 25 watt, super pour les devoirs des écoliers. » (René Le Reste)

En novembre 1955 on pose un transformateur à Kerroué pour desservir enfin tous les villages de l'est de la commune le long de la route d'Elliant, de Keristin et Kerdilès au moulin du Jet : « Avec la mise sous-tension du poste de Kerroué, Ergué-Gabéric termine pour ainsi dire son plan d'équipement électrique. Il reste cependant le poste de Méouet en construction et quelques branchements isolés qui, nous le pensons, seront bientôt réalisés. » (Le Télégramme). Même le recteur Gustave se déplace pour la cérémonie d'inauguration et bénit le poste transformateur.. Et tout le monde est invité au vin d'honneur « pour arroser comme il se doit cette étape dans le modernisme qui ne doit pas s'arrêter en si bon chemin pour le bienfait de nos campagnes. ».


Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Souvenirs d'électrification rurale dans les années 1932-1955 »