BOLLORÉ Gwenn-Aël - Nous étions 177, Commando de la France Libre, 6 juin 1944 - GrandTerrier

BOLLORÉ Gwenn-Aël - Nous étions 177, Commando de la France Libre, 6 juin 1944

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BOLLORÉ (Gwenn-Aël, dit Bollinger), Nous étions 177, France-Empire, Montrouge, 1964, ISBN 2-7048-0320-X (1983) ISBN 2-86274-308-0 (1994)
Titre : Nous étions 177
Auteur : BOLLORÉ Gwenn-Aël, dit Bollinger Type : Livre/Brochure
Edition : France-Empire Note : Préface de Lord Lovat. Collaboration de Maurice Chauvet. Rééditions France-Empire (1983) et Le Cherche-Midi (1994).
Impression : Montrouge Année : 1964
Pages : 268 Référence : ISBN 2-7048-0320-X (1983) ISBN 2-86274-308-0 (1994)

Notice bibliographique

Couverture 1964

Dos

1983

1983

Livre réédité en 1983 chez France Empire sous le titre « Commando de la France Libre. 6 juin 1944 » avec la préface supplémentaire de Jean Marin, puis en 1994 « J'ai débarqué le 6 juin 1944. Commando de la France Libre » aux éditions Le Cherche Midi, dans la collection Documents.

Autres lectures : « Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001), écrivain-poète et PDG » ¤ « Gwenn-Aël Bolloré, 25 ans après, sur la plage du débarquement du 6 juin 1944 » ¤ « BOLLORÉ Gwenn-Aël - Né gosse de riche » ¤ « ESPERN André - Gwenn-Aël Bolloré, l'homme crabe » ¤ « GUILLAMOT Loeiz - Gwenn-Aël Bolloré » ¤ « CHANTREL Maette - Les crabes de l'Odet, un musée pas comme les autres » ¤ 

En 1940 il a 14 ans, sous l'occupation allemande, et 3 ans plus tard dans l'âge encore adolescent il quittera Odet pour traverser la Manche sur un "vieux bateau pourri", le S'ils te mordent. Le 6 juin 1944 il fera le trajet inverse pour débarquer avec le commando Kieffer sur les plages normandes, à Oustreham. Voici comment Gwenn-Aël raconte page 59 et suivantes son départ d'Odet :

Tout d'abord organiser notre voyage du lendemain matin jusqu'à Brest. Un train s'y rendait. Mais il fallait auparavant gagner la gare de Quimper.

Nous voici tous les deux [1], dans la nuit, sous une pluie battante. Sizorn, le garde-chasse, habite à un kilomètre dans la campagne. Il pourra sûrement nous dépanner.

Trempés, nous frappons à sa porte. Il est plus de dix heures et tous, dans la campagne, dorment. Enfin, un rais de lumière : une clé grince dans la serrure et voici Sizorn, en pyjama, et tout étonné de nous voir.

Vite, nous rentrons. Une bouteille de lambic [2] sort prestement du dessous d'un meuble.

Sizorn ne cille pas pendant mon exposé. Il se trouvera demain matin à 8 heures devant la maison avec une voiture à cheval. Il promet de ne rien dire, de feindre de ne nous avoir jamais vus. Je sais que je puis placer toute confiance en lui. Voici donc une affaire réglée.

Maintenant, il faut boucler les bagages. Mais la place restera limitée. Nous avons droit à une valise de petite taille, enfermant un costume de rechange, quelques chemises, un chandail, des chaussettes, etc. Nous préparons trois magnums de lambic, car il fera froid en Manche.

Enfin, travail plus émouvant : j'écris une lettre destinée à ma mère. Je lui annonce mon départ, j'en expose les raisons ; je lui communique l'indicatif signalant notre arrivée : A coeur vaillant il n'est rien d'impossible". Et je l'embrasse.

§ Il importe de s'occuper de l'argent destiné à payer le bateau ...

Quant au débarquement du 6 juin 1944, voici le récit de celui qui était inscrit sous le nom de code Bollinger dans la liste d'appel du commando n° 4 du Bataillon des Fusiliers Marins du commandant Kieffer, page 129 et suivantes :

Notre bateau a repris sa route. Seule, sa vitesse a pu nous l'apprendre, car le bruit des moteurs se trouve comme gommé.

Nous fonçons vers la côte, laissant derrière nous le gros de la flotte.

Les batteries allemandes, brusquement éveillées, commencent à donner la réplique. Çà et là des gerbes d'eau nous encadrent. Elles sont grises et ternes. Pas la moindre gouttelette lumineuse, tant les fines retombées de poudre ont imprégné la mer.

À gauche, le casino de Ouistreham, avec ses lance-flammes rougeoyants ; droit devant, un petit château rococo qui doit nous servir d'amer [4].

Quelques encablures encore, et nous allons échouer.

Les barges de nos camarades anglais nous laissent prendre plusieurs mètres d'avance. Ainsi l'a voulu le colonel Dawson [5]. Les Français seront les premiers.

« - Thank you, Sir ! »

Nous apprécions le geste.

Massés sur le pont, nous attendons, près à bondir. Maurice Chauvet, agent de liaison, apporte une note surréaliste au spectacle en prodiguant tous ses soins à une curieuse bicyclette pliable qui n'eût pas déparé le premier Tour de France.

Enfin, c'est un choc mou et la barge s'immobilise, à quelque cent mètres de la grève. Les marins, rapides, précis, efficaces, déploient de chaque côté de la proue deux passerelles. Quelques-uns d'entre eux sont blessés. Ils se taisent, allongés calmement, ne réclamant aucun secours tant ils gardent conscience que rien ne doit perturber, ne serait-ce que quelques secondes, le délicat mécanisme de l'action qui va suivre.

C'est alors la descente des hommes, sous le poids écrasant des havresacs.

L'ennemi ajuste son tir. Bientôt, nos passerelles sont emportés par un tir d'obus. Sous l'étrave, parmi les débris de bois, des hommes blessés se noient. L'eau qui emplit leur bouche les empêche d'appeler au secours.

Objectif numéro un : débarquer les troupes dans un minimum de temps.

L'hélice bat en arrière et nous accostons l'autre barge. Par elle et par ses passerelles intactes, nous accédons à la mer.

De l'eau jusqu'à la poitrine, quarante kilos sur le dos, les armes tenues au-dessus de la tête, les cent premiers mètres nous séparant de la plage sont couverts avec lenteur tant il est difficile de se mouvoir en hâte dans l'élément liquide.

Çà et là, un camarade tombe, frappé d'une balle de mitrailleuse, d'un éclat d'obus, d'une bombe de mortier.

Serrer les dents et arriver ... Arriver ... La plage. Le sol semble monter, c'est bon signe.

Soudain, une gerbe liquide à peine à un mètre : peut-être un obus de mortier. Heureusement, l'eau atténue les éclats ... Serrer les dents ...

Voici la grève.

§ Chose curieuse, peu d'entre nous conserveront le souvenir ...

Annotations

  1. Gwenn-Aël et son cousin Marc Thubé, démobilisé de l'armée de l'Afrique du Nord [Ref.↑]
  2. Lambic : eau-de-vie de pommes [Ref.↑]
  3. L'argent français était très recherché par les services secrets. Il accompagnait le parachutage des agents en France. [Ref.↑]
  4. Amer s.m. : tout objet fixe et remarquable situé sur la côte ou en mer, utilisé pour prendre des relèvements ou pour contrôler la route à suivre près de terre. Source : Larousse. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  5. Le lieutenant-colonel Robert Dawson était responsable du commando n° 4 des fusiliers marins Kieffer dans lequel les Français sont intégrés. Il parlait un français impeccable, fut blessé par deux fois lors du débarquement du 6 juin 1944. Les vétérans Français vouaient un véritable culte au colonel Dawson, en charge du commando n° 4 en Normandie ; ils le respectent autant que le "pacha", Philippe Kieffer [Ref.↑]


Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric

Date de création : mai 2007    Dernière modification : 6.06.2014    Avancement : Image:Bullgreen.gif [Fignolé]