B. Le Personnage - archive Norbert Bernard 2005 - GrandTerrier

B. Le Personnage - archive Norbert Bernard 2005

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Sommaire

Toutes les informations apportant des précisions sur la personnalité de Jean-Marie Déguignet.

1 Jean-Marie Déguignet, un physique et un esprit

1.1 Sa description physique

Signalement

Taille : 1 m 570 mil.
Visage : ovale ;
Front : rond ;
Yeux : gris ;
Nez : long :
Bouche : petite ;
Menton : rond ;
Cheveux & sourcils : bruns ;
Marques particulières :
[espace resté en blanc].

(source : Service Historique de l'Armée de Terre, Château de Vincennes, 34 YC 308)

Nous disposons, pour sa description physique, de celle contenue dans les contrôles des troupes des différents où il a servi (1854-1868) - nous reprenons ici la plus tardive, celle du 7e régiment de ligne en août 1865 - et de sa photographie datant des années 1870.

Mais la description la plus éloquente qui nous soit donnée de Jean-Marie Déguignet est celle d'Anatole Le Braz dans la Revue de Paris :

" C'était en 1897, un soir de Juin.

Je vis paraître un homme d'une soixantaine d'années, très vert encore d’aspect et d'allure, plutôt petit [1], bas sur jambes et les épaules trapues, tout à fait le type du paysan quimpérois dont il portait le costume [2] et dont il avait tout l'extérieur, avec cette particularité néanmoins, qu'au lieu d'avoir la figure rasée, comme ses pareils, il laissait librement pousser sa barbe couleur d'étoupe, qui lui hérissait le visage d'une abondante broussaille inculte. Il était chaussé de sabots. Ses vêtements étaient propres, quoique fatigués.

Je ne fus pas long à m'apercevoir qu'il savait le français fort couramment, et qu'il s'en servait même, le plus souvent avec une justesse d'expression que bien des bourgeois lui eussent enviée.

Il y avait une certaine âpreté dans son accent. Grande fut ma surprise d'entendre un paysan bas-breton s'exprimer avec cette désinvolture sur des croyances qui sont peut-être les plus profondément enracinées au coeur de la race. Il devina mon étonnement et, fixant sur moi le clair regard de ses yeux gris, qu'ombrageaient d'épais sourcils en auvent :

  • Ah ! voyez-vous, c'est que je suis un paysan qui a fait du chemin, tandis que les autres piétinaient sur place, reprit-il "

Notes :

  1. Dans les registres de troupes qui rapportent son engagement, on note qu'il mesurait 1 m 57 à 20 ans et à 34 ans [Ref.↑]
  2. Probablement de couleur bleue, il venait du pays "glazik", dont le nom glaz signifie bleu, du fait la couleur de leur costume traditionnel, par distinction des "melennik", au costume jaune. [Ref.↑]

1.2 Sa formation intellectuelle

Mme Dancel, maître de conférence du Département des Sciences de l'éducation de l'Université de Rouen, a travaillé ce sujet lors des 2e rencontres mondiales de l'autoformation. Vous retrouverez ici le résumé de son intervention (texte intégral : Forum Approche Autodidacte, texte 10, sur www.cnam.fr).

D'autres données apparaissent dans le texte déjà publié et les inédits que nous avons mis en ligne qui expliquent à la fois ses connaissances et son rejet de la religion catholique :

Ses connaissances :

Il faut d'abord retenir que hormis pour son catéchisme, il n'a jamais bénéficié d'aucun enseignement "officiel". Il apprendra seul à lire et écrire la langue française et partira à l'armée pour compléter sa connaissance du français :

Durant les 14 années (1854-1868) qu'il passera dans les armées de Napoléon III, il enrichira ses connaissances tant par ses rencontres, en particulier ce "savant maître" qu'il rencontre à Kamiech, que par sa fréquentation de lieux de la culture : bibliothèques et librairie, mais aussi musées ou théatres.

Son rejet de la religion catholique :

Ces diverses rencontres, le "savant maître" est un ex-séminariste, ses expériences personnelles, son "pélerinages à Jérusalem", et ses lectures confirmeront les doutes qu'il semble avoir eu très tôt sur la foi.

2 Histoire de sa vie

2.1 Ses ancêtres

2.2 Les Déguignet à Ergué-Gabéric en 1790

2.3 Chronologie de sa vie

Les principales étapes de sa vie.

19 juillet 1834. Naissance à Guengat : « Je vins au monde dans de bien tristes conditions [1834]. »
1844-1851 Mendiant à Ergué-Gabéric : « J’étais si petit, si maigre, si triste, que les fermières avaient pitié de moi. » (Le métier de mendiant)
1851. Vacher à Kerfeunteun : « J’avais appris à lire et à écrire sans maître. » (Les premiers mots lus en français) (Appendre à écrire)
1854. Service militaire à Lorient : « Ce milieu où presque personne ne savait lire ou même parler un mot de français. » (Le jargon militaire)
août 1855 - juin 1856. Guerre de Crimée : « la mitraille qui passait comme grêle au-dessus de nos têtes. »
1856. « Pélerinage » à Jérusalem : « je ne voyais plus les choses avec les yeux de la foi aveuglante et abrutissante. »
mai 1859 - juin 1860. Guerre d’Italie : « Grande bataille, grande victoire ! signées Napoléon, empereur. »
octobre 1862 - août 1865. Pacification de la Kabylie : « Les Kabyles, comme les Bretons, ne seront jamais soumis à leurs vainqueurs. »
août 1866 - mai 1868. Expédition du Mexique : « Cette ignoble et criminelle intervention. »
1868. Cultivateur à Ergué-Armel : « Des compliments tous les jours par les gens qui venaient voir la ferme. »
1877. Républicain : « Vive la République ! A bas la calotte ! »
1883. Chassé de sa ferme : « Je vous engraisse depuis quinze ans… et vous me chassez ! »
1888. Débitant de tabac à Pluguffan : « Le franc-maçon, le républicain rouge, le valet du diable. »
1892. Miséreux à Quimper : « Rien que des haillons pour couvrir mon vieux corps meurtri, usé et décharné. »
1897. Ecrit ses Mémoires : « Cette petite plume qui, dit-on, est parfois plus dangereuse qu'une épée. »
1902. Séjour à l'hôpital psychiatrique : « Officiellement exclu de la société, mis au ban des hommes de l'humanité. »
1904. Publié dans la Revue de Paris : « J’ai vu mon nom briller au milieu des célébrités littéraires. »
29 août 1905. Décès face à l'hospice : « Je proteste contre toute intervention des prêtres autour de mon cadavre. »
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