1859 - Construction du pont entre Odet et Briec - GrandTerrier

1859 - Construction du pont entre Odet et Briec

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§ E.D.F.

Sommaire

Autres lectures : « Jean-Guillaume Bolloré (1788-1873), fabricant chapelier » ¤ « Ponts de pierre sur le Jet ou l'Odet » ¤ « 1865 - Demande de réparation du chemin vicinal par Le Marié-Bolloré » ¤ « BOLLORÉ Jean-René - Voyages en Chine et autres lieux » ¤ 

1 Introduction

Dossier de la préfecture suite à la demande de construction du pont de pierres au-dessus de l'Odet menant à la commune de Briec.

Le contrat est signé page 3 de la double signature « Bolloré ainé, Lemarié », ce dernier étant le fondateur du moulin à papier d'Odet. Derrière « Bolloré ainé » se cache Jean Guillaume Claude Bolloré, le négociant quimpérois et fabricant de chapeaux. Jean Guillaume a épousé en 1819 Marie Perrine Le Marié, la sœur de Nicolas Le Marié.

 

En 1837-38 [1] Jean Guillaume Claude Bolloré élit domicile à Ergué-Gabéric, et tout en continuant ses activités de négociant il aide et assiste son beau-frère. Plus tard, à partir de l'accident cérébral de Nicolas Le Marié, c'est son gendre Jean-René Bolloré, ancien chirurgien de la marine, qui prendra sa succession à la direction de l'entreprise.

Document conservé aux Archives Départementales du Finistère sous la cote 3 0 595 (chemins 18e siècle, commune d'Ergué-Gabéric).

2 Transcriptions

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N° 107 du compte

Ergué-Gabéric - Construction d'un pont à la limite de la commune et de celle de Briec

1859

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(Nos 107 - 108 - 109 et 110 du compte.)

Nous Préfet du Finistère

Vu le projet qui a été présenté par MMs les agents-voyers pour la construction, sur le chemin vicinal de petite communication de Briec à Ergué-Gabéric, d'un pont sur l'Odet, à la limite des communes d'Ergué-Gabéric et de Briec ; lequel projet approuvé le 10 février 1859 évalue la dépense de la dite construction à la somme de 3800 francs, y compris une somme à valoir de 355 fr 69 c.

Vu la soumission qui a été recueillie par M. l'agent voyer en chef des chemins vicinaux du département, et qui est ainsi conçue :

"L'an mil huit cent cinquante neuf, et le dix sept du mois de mai, par devant nous maire de la commune d'Ergué-Gabéric, ont comparu les sieurs Joseph, Yves et François Favennec, maçons demeurant tous les trois à Ergué-Gabéric, lesquels nous ont déclaré s'engager solidairement par la présente à exécuter les divers travaux portés au devis et au détail estimatif présenté par

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l'agent voyer en chef du département pour l'exécution d'un pont sur l'Odet, dont ils ont parfaitement connaissance, aux conditions du dit devis, et pour la somme de trois mille deux cents francs.

Fait à Ergué-Gabéric, les dits jours, mois et an que dessus, et ont les sieurs Joseph, Yves et François Favennec, déclaré ne savoir signer.

Signés : Bolloré ainé [2], Lemarié [3] et Feunteun, maire [4].

Considérant que les soumissionnaires présentent des garanties suffisantes de capacité et de solvabilité ; que les travaux ne devant être payés qu'au fur et à mesure de leur exécution, il n'y a pas lieu d'exiger de cautionnement.

Avons arrêté et arrêtons :

Article 1. Est et demeure acceptée la soumission transcrite ci-dessus, par laquelle les sieurs Joseph, Yves et François Favennec, s'engagent à exécuter les travaux sus-mentionnés moyennant la somme de la somme de trois mille deux cent francs.

Article 2. Les soumissionnaires sont dispensés

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de fournir un cautionnement.

Article 3. Il sera transmis des expéditions du présent arrêté.

1° Aux sieurs Joseph, Yves et François Favennec ;

2° A M. l'agent voyer en chef des chemins vicinaux qui est chargé d'en surveiller l'exécution.

Quimper, le 16 juin 1859. Le préfet du finistère. Signé : Ch: Richard.

Enregistré à Quimper, le 17 juin 1859, f° 72 t° c° G. Reçu un franc et dix centimes pour le décime. Signé : Le Conte.

Pour l'expédition conforme, le conseiller de préfecture, Le Roux.

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N° 107 du compte.

Chemin de petite communication. Chemin vicinal de Briec à Ergué-Gabéric. Construction d'un pont sur l'Odet. Charges et conditions.

Le pont projeté sur l'Odet sera bâti un peu en amont du pont actuel et suivant une direction qui est indiqué sur le terrain par des piquets. Il aura six mètres soixante centimètres de tête en tête et deux arches en plein-cintre de quatre mètres d'ouverture chacune. La voute aura une une épaisseur de cinquante quatre centimètres à la clef. Les pieds droits auront un mètre quatre vingt centimètres de hauteur. La pile aura un mètre de largeur et portera, à chacun de ses bouts, un éperon qui aura la forme d'un segment cylindrique de cinquante centimètres de rayon et d'un mètre quatre vingt centimètres de hauteur, cet éperon sera surmonté d'un chaperon conique. Les culées [5] auront un mètre cinquante centimètres de largeur, elles s'élèveront verticalement jusqu'à un mètre quatre vingt centimètres au-dessus des fondations

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pour subir, là, une retraite de vingt centimètres et s'élever encore verticalement de un mètre soixante centimètres et se raccorder ensuite avec l'extrados [6]. Les têtes seront élevées avec soixante dix centimètres de largeur jusqu'à deux mètres soixante dix sept centimètres au-dessus de la naissance des voutes ; ces têtes auront chacune douze mètres de longueur et quatre mètres cinquante sept centimètres au dessus des fondations ; sur chacune d'elles on construira un parapet de douze mètres de longueur, quatre vingt centimètres de hauteur et cinquante centimètres de largeur. L'extrados [6] de la voûte sera formé de deux portions de cylindres de quatre mètres soixante centimètres de rayon ayant leurs arc à deux mètres à deux mètres dix centimètres en contrebas des axes des voutes.

Il sera fait quatre murs en aile dont deux seront [...] comme l'indique le plan et les deux autres seront établis en prolongement des culées [5]. Leur face interne sera affectée d'un fruit [7] de 0 m 175 par mètre. Leur face supérieure aura soixante centimètres de largeur et un talus de 3 de base par deux de hauteur.

Toutes ces maçonneries seront établies

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sur des fondations qui auront trente centimètres d"épaisseur et qui formeront de toute part un empâtement de cinq centimètres sur la nette maçonnerie [8].

Toutes les maçonneries de fondation seront faites en [...] moellon [9] bien dégauchés et posés au mortier de chaux hydraulique.

La première assise des piles, culées et pieds droits, les pierres cornières des piles et des culées [5], les claveaux [10] de tête et la tablette des parapets seront en pierres de taille, le reste des maçonneries pourra être fait en moellon [9] à la condition d'être tous [...] et appareillés par rangs réguliers. La construction de la pile, [...], sera parfaitement soignée et à cet effet on aura soin d'y mettre trois parpaing à chaque assise et de n'y employer que des pierres ayant au moins trente centimètres de queue.

Les maçonneries des murs en aile et celle de la pile et des culées [5] jusqu'à la hauteur de la naissance seront posées et rejointoyés au mortier de chaux hydraulique. Celles du restant du massif du pont comme celles des parapets pourront être faites et rejointoyées

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au mortier de chaux grasse.

Le parement nu des têtes ainsi que celui de la tablette des parapets sera piqué proprement.

Toute la partie de l'extrados [6] des voutes qui sera comprise entre les têtes sera rejointoyée avec soin et recouverte d'une chappe en ciment de trois centimètres d'épaisseur.

Les pierres nécessaires à la construction du pont seront extraites soit dans le lit du ruisseau, soit sur le bord du chemin ouvert nouvellement, soit enfin sur les propriétés riveraines de M. Le Marié [3] qui veut bien le permettre et qui ne demande pour cela aucune indemnité.

Le sable sera extrait soit dans la carrière de M. Le Marié [3] ; soit sur le bord du chemin qui conduit à Ergué-Gabéric, au choix de l'agent-voyer.

La chaux hydraulique proviendra de Doué [11].

La chaux grasse sera de la qualité de celle dite de Nantes.

Le ciment sera fait de tuileaux et briques pulvérisés.

Les pierres de taille destinées à former les claveaux [10] des têtes ainsi que celles qui formeront la tablette des parapets devront avoir les dimensions cotées au plan et

 

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être de bonne qualité, sans quoi elles seront refusés ; les autres pierres de tailles ainsi que les moellons [9] qui devront former les parements auront au moins trente centimètres de [...].

Le mortier de chaux hydraulique sera formé de cinq parties en volume, de chaux hydraulique et de huit parties de sable.

Le mortier de chaux grasse contiendra un volume, un tiers de chaux bien éteintes et deux tiers de sable.

Le ciment pour la chappe sera formé de cinq treizièmes en volume de chaux hydraulique et de huit treizième de ciment.

Les cintres seront formés chacun de sept fermes espacés de un mètre quatre centimètres de milieu en milieu liées par des filières de onze centimètres de largeur sur huit centimètres d'épaisseur et supportées par deux jambettes de vingt deux centimètres de largeur sur huit centimètres d'épaisseur.

Chaque ferme sera formée de meises ayant une largeur moyenne de quinze centimètres sur quatre centimètres d'épaisseur ; d'un [...] de 0 m 22 sur 0 m 08 de trois poinçons de 0 m 11 sur 0 m 08, le tout assemblé à mi-bois.

Les couchis [12] auront 0 m 04 d'épaisseur.

Les cintres après leur démolition, resteront à l'entrepreneur

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La Construction de ce pont devra être entièrement terminée le premier août 1859 et le solde en sera fait un an seulement après la réception des travaux. Touefois il pourra être délivré des à-comptes, sur la proposition de l'agent-voyer, jusqu'à concurrence des neuf dixièmes du travail fait, et ce au moyen des ressources qui seront faites tant par la commune que par le département et dont M. Le Marié veut bien faire l'avance.

Détail estimatif des travaux

22 m 329 cubes de déblais à faire pour l'établissement des fondations à 5 f 93 c (5.00.12°4) 38 f 63 c
18 m 356 cubes de maçonneries en fondations posées au mortier de chaux hydraulique à 11 f 99 c (5.00.12°5) 220 f 09 c
116 m 503 cubes de maçonneries [...], posées rejointoyées au mortier de chaux hydraulique à 13 f 81 c (5.00.12°6) 1608 f 90 c
75 m 384 cubes de maçonneries [...], posées rejointoyées au mortier de chaux grasse à 12 f 93 c (5.00.12°7) 957 f 09 c
1 m 903 cubes de ciment pour la chappe à 66 f 12 c (5.00.12°9) 121 f 82 c
À reporter 2950 f 53 c

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report 2950 f 53 c
15 m 014 superficiels de parement piqué proprement à 2 f 87 c (5.00.12°8) 235 f 29 c
2 cintres en sapin [...] ensemble 6.222 à 44 fr 96 c 278 f 49 c
Total du détail estimatif 3444 f 31 c
Somme à valoir pour travaux imprévus 355 f 69 c
Montant du devis 3800 f 00 c

Indépendamment des conditions portées au devis ci-desss, les entrepreneurs seront soumis, en ce qui concerne les secours éventuels à donner aux ouvriers, aux différentes dispositions de l'arrêté ministériel du 15 décembre 1843. Sauf les cas d'urgence qui devront être constatés par décision de MM. les sous-préfets, le travail sera suspendu, le dimanche et les jours fériés.

Dressé et arrêté par l'agent-voyer d'arrondissement soussigné à la somme de trois mille quatre cent quarante quatre francs trente un centimes non compris 355 f 59 c pour dépenses imprévues.

Quimper, le 31 juillet 1858. Signé : Dondet.

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Vu par l'agent-voyer en chef. Quimper, le 18 août 1858. Signé : Loarer.

Approuvé en préfecture, à Quimper, le 10 février 1859. Le préfet du Finistère. Signé : Ch. Richard.

Pour l'expédition conforme : le conseiller de préfecture. Le Roux.

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Nous Préfet du Finistère

Vu le projet qui a été présenté par MMs les agents-voyers pour la construction, sur le chemin vicinal de petite communication de Briec à Ergué-Gabéric, d'un pont sur l'Odet, à la limite des communes d'Ergué-Gabéric et de Briec ; lequel projet approuvé le 10 février 1859 évalue la dépense de la dite construction à la somme de 3800 francs, y compris une somme à valoir de 355 fr 69 c.

Vu la soumission qui a été recueillie par M. l'agent voyer en chef des chemins vicinaux du département, et qui est ainsi conçue :

"L'an mil huit cent cinquante neuf, et le dix sept du mois de mai, par devant nous maire de la commune d'Ergué-Gabéric, ont comparu les sieurs Joseph, Yves et François Favennec, maçons demeurant tous les trois à Ergué-Gabéric, lesquels nous ont déclaré s'engager solidairement par la présente à

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exécuter les divers travaux portés au devis et au détail estimatif présenté par M. l'agent voyer en chef du département pour l'exécution d'un pont sur l'Odet, dont ils ont parfaitement connaissance, aux conditions du dit devis, et pour la somme de trois mille deux cents francs.

Fait à Ergué-Gabéric, les dits jours, mois et an que dessus, et ont les sieurs Joseph, Yves et François Favennec, déclaré ne savoir signer.

Signés : Bolloré ainé [2], Lemarié [3].

Considérant que les soumissionnaires présentent des garanties suffisantes de capacité et de solvabilité ; que les travaux ne devant être payés qu'au fur et à mesure de leur exécution, il n'y a pas lieu d'exiger de cautionnement.

Avons arrêté et arrêtons :

Article 1. Est et demeure acceptée la soumission transcrite ci-dessus, par laquelle les sieurs Joseph, Yves et François Favennec, s'engagent à exécuter les travaux sus-mentionnés moyennant la somme de

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trois mille deux cent francs.

Article 2. Les soumissionnaires sont dispensés de fournir un cautionnement.

Article 3. Il sera transmis des expéditions du présent arrêté.

1° Aux sieurs Joseph, Yves et François Favennec ;

2° A M. l'agent voyer en chef des chemins vicinaux qui est chargé d'en surveiller l'exécution.

Quimper, le 16 juin 1859. Le préfet du Finistère. Signé : Ch: Richard.

Enregistré à Quimper, le 17 juin 1859, f° 72 t° c° G. Reçu un franc et dix centimes pour le décime. Signé : Le Conte.

Pour l'expédition conforme, le conseiller de préfecture, Le Roux.

3 Originaux

4 Annotations

  1. La date d'établissement de Jean-Guillaume Bolloré à Odet est vraisemblablement 1837-38, car il n'y est pas mentionné sur le recensement de 1836. Par contre dans le document d'inventaire en 1838 de son frère René-Corentin (Etude Maitre Potevin de Douarnenez, publié en annexe du livre « Voyages en Chine et autres lieux » du docteur Jean-René Bolloré), il est question de « Jean-Guillaume Bolloré, Négociant, demeurant à Ergué-Gabéric, subrogé tuteur ». Il décède le 5 octobre 1873 à la Papeterie d'Odet à l’âge de 85 ans. [Ref.↑]
  2. Jean Guillaume Claude Bolloré, né en 1788 à Quimper était négociant, directeur d'une fabrique de chapeau de 25 ouvriers à Quimper-Locmaria. Il épouse en 1819 Marie Perrine Le Marié, la sœur de Nicolas Le Marié, le créateur et directeur de la manufacture de papiers d'Odet. Il signe ainé, vraisemblablement par rapport à son frère René-Corentin (°,+ 1838). Il décède à Odet en 1873, sa fille ayant épousé un autre Bolloré, Jean-René, le successeur de Nicolas Le Marié à la tête de la papeterie. [Ref.↑ 2,0 2,1]
  3. Nicolas Le Marié (1798-1870), créateur et directeur de la manufacture de papiers d'Odet. [Ref.↑ 3,0 3,1 3,2 3,3]
  4. Michel Feunteun, maire d'Ergué-Gabéric de 1855 à 1862. [Ref.↑]
  5. En architecture la culée d'un pont est la partie située sur la rive destinée à supporter le poids du tablier. Source : Wikipedia. [Ref.↑ 5,0 5,1 5,2 5,3]
  6. Extrados, s.m. : soit la face supérieure d'une voûte ou d'un arc, soit la face supérieure d'un claveau. Source : Wikipedia. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 6,0 6,1 6,2]
  7. En architecture le fruit est un terme employé en architecture pour désigner une diminution de l'épaisseur qu'on donne à un mur au fur et à mesure qu'on s'élève. Source : Wikipedia. [Ref.↑]
  8. Maçonnerie de parement, ou nette maçonnerie : on les établit en retraite sur la maçonnerie de fondation, afin qu'elles y soient assises plus solidement. Source : "Cours d'agriculture théorique et pratique" de François Rozier. [Ref.↑]
  9. Un moellon (appellations anciennes maillon ou moilon) est une pierre pour la construction, en général pierre de calcaire plus ou moins tendre. Source : Wikipedia. [Ref.↑ 9,0 9,1 9,2]
  10. Les claveaux sont les pierres taillées en biseau qui forment un arc ou une voûte, sa face supérieure étant l'extrados. Source : Wikipedia. [Ref.↑ 10,0 10,1]
  11. Doué-La-Fontaine, village de Maine-de-Loire, est connu pour sa production de chaux utilisée dans le batiment. [Ref.↑]
  12. Couchis : pièce de bois horizontale ou verticale qui reçoit le pied ou la tête d'une contre-fiche, de longueur relativement grande. Source : François LeBlanc. [Ref.↑]


Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric.

Date de création : Septembre 2009    Dernière modification : 10.03.2017    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]