1849 - Une guérison subite et extraordinaire au grand pardon de Kerdévot - GrandTerrier

1849 - Une guérison subite et extraordinaire au grand pardon de Kerdévot

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Catégorie : Mémoires 
Site : GrandTerrier

Statut de l'article :
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Lettre de 1867 du vicaire de Briec recopiée dans le journal paroissial de Guillaume Jézéquel, recteur d'Ergué-Gabéric, sur un miracle qui s'est produit 18 ans auparavant. Source : Archives Diocésaines de Quimper.

Autres articles : « Journal paroissial du recteur Guillaume Jézéquel, 1862-1870 » ¤ « Guillaume Jézéquel, recteur (1862-1878) » ¤ « Les miracles de l'ancien cantique Itron Varia Kerdevot de 1712 » ¤ « Laurent Palud, recteur (1849-1862) » ¤ « PEYRON et ABGRALL - Notices sur les paroisses de l'évêché de Quimper et de Léon » ¤ 

Présentation

Le recteur a inséré cette lettre dans son journal pour illustrer les faits marquants de l'année 1867 : elle a été envoyé à l'évêque pour rappeler des faits de guérison qui ont eu lieu pendant le grand pardon de septembre 1849 et qui, avec le recul, devraient être considérés comme un miracle au crédit de la sainte vierge locale.

Le déroulé de l'histoire est le suivant :

  • Marie-Anne Jaouen, une fillette d'un village d'Edern restée muette suite à une maladie pendant 4 ans, vient à cheval avec ses parents au pardon de Kerdévot.
  • Le père fait la promesse d'offrir à la chapelle le prix de vente du cheval si sa fille y retrouve la parole.
  • Au second son des Vêpres, le père, voyant que sa fille est toujours muette, lui dit qu'il était temps de partir, et alors l'enfant répond qu'ils étaient encore dans les temps.
 
  • Le recteur de la paroisse d'Ergué-Gabéric, monte en chaire après vêpres et raconte ce qui vient de se passer, et sa guérison est confirmée dans les mois et années qui suivent.
  • 18 ans après, le vicaire de Briec fait son enquête et prend sa plume pour signaler le miracle. Mais a priori Marie-Anne Jaouen n'a pas été béatifiée pour autant !

Si l'on en croit également l'ancien cantique de Kerdévot, rédigé en breton en 1712, les bienfaits de Notre-Dame de Kerdévot ont été nombreux, notamment de ramener à la vie les noyés ou les morts à la guerre, de guérir les malades de tous les maux, de retrouver les objets volés, d'assister juridiquement, d'aider les mères, et bien sûr de redonner la parole aux muets : « Dre ho craç, Guerc'hes santel, en deus bet or prezec » (strophe 39, "Par votre grâce, Vierge Sainte, elle a retrouvé l'élocution").


Transcription, source

Page 6 :

Rapport

adressé à Monseigneur l’Évêque de Quimper et de Léon le cinq septembre 1867, relativement à une guérison subite et extraordinaire obtenue par l'intercession de Notre Dame de Kerdévot le deuxième dimanche de septembre, jour du Grand pardon en l'année 1849.

Monseigneur,

Dans le but de faire honorer de plus en plus la Très-Sainte Vierge, je viens avec joie mettre sous les yeux de votre Grandeur un fait sinon miraculeux, au moins très extraordinaire, qui s'est produit dans ma paroisse le deuxième dimanche de septembre 1849.

Votre Grandeur sait, Monseigneur, que dans la paroisse d'Ergué-Gabéric à 12 kilomètres de Quimper, il y a une belle chapelle, dédiée à la Très Sainte Vierge, sous le vocable de Notre-Dame de Kerdévot.

Voici ce qui s'est passé le jour du grand pardon, deuxième dimanche de septembre 1849. Une fille, nommée Marie-Anne Jaouen, fille d'Hervé et de Louise Toucher [1], et aujourd'hui femme de Jean Feunteun, née en 1836 dans le village de Osti-Yan en Edern, et demeurant actuellement à Kerwoac'h en Briec, avait perdu l'usage de la parole par suite d'une maladie qu'elle fit à l'âge de 9 ans, c'est-à-dire en 1845. Malheureusement elle ne fut assidûment visitée par aucun médecin ; seulement M. le docteur Bernard de Chateauneuf vint la voir une seule fois avant qu'elle devint muette. Elle resta alors quatre ans sans parler et tous ceux qui la connaissaient la considéraient comme muette. Pendant ce temps, ses parents ne la firent soigner par aucun médecin ; ils se contentèrent de prier et de faire prier pour elle.

Enfin, en 1849, le père de cette fille, voyant approcher l'époque du grand pardon de Kerdévot promit d'y envoyer son enfant ; il promit aussi que si elle recouvrait l'usage de la parole par l'intercession de Notre-Dame de Kerdévot, il ferait vendre ce jour-là même au profit de la chapelle le cheval qui l'y avait portée.

Vers deux heures, après-midi, au second son des Vêpres, le père, voyant que sa fille ne recouvrait pas la parole, lui dit qu'il était temps de partir, et alors l'enfant répondit distinctement à son père qu'ils étaient encore à temps. Aussitôt le père fit mettre en vente son cheval qu'il racheta lui-même trois cents francs.

 

Page 7 :

À partir de ce moment, Marie-Anne Jaouen continua de parler, difficilement il est vrai. Mais au bout de trois mois, elle parlait aussi bien qu'elle le fait aujourd'hui. Elle avait alors treize ans et elle en a maintenant trente et un.

Je tiens, Monseigneur, tout ce que je viens de rapporter à votre Grandeur, de Marie Jaouen elle-même, qui m'a raconté tous ces détails, il y a deux mois, dans sa maison à Kerwoac'h en Briec, en présence de M. Quéau, vicaire, qui a eu la bonté de m'y accompagner comme témoin.

M. Corentin Bourhis, aujourd'hui maire d'Edern, et M. Pennarun, adjoint au maire de la même commune, qui ont connu la dite Marie-Anne Jaouen avant l'âge de 9 ans pendant qu'elle était muette, et qui la connaissent depuis cette époque, ont déclaré que les choses se sont passées exactement comme elle me les a racontées en présence de M. Le Quéau.

Je pourrais, Monseigneur, obtenir la signature d'un grand nombre de témoins qui se trouvaient à Kerdévot, quand cette fille a retrouvé la parole, et qui ont entendu M. Palud [2], alors recteur de la paroisse, raconter en chaire, après vêpres, ce qui venait de se passer. Mais je crois que ces nouveaux témoignages n'ajouteraient aucune force à celui de Marie-Anne Jaouen, de M. Bourhis, maire d'Edern, et de Pennarun, son adjoint.

Signature : Quéau, vicaire à Briec
Le 20 novembre 1867, à Révérend Evêque de Quimper



Annotations

  1. Naissance - 14/02/1837 - Edern (Stang Jean) - JAOUEN Marie Anne, enfant de Hervé et de Louise LE TOUCHARD. Témoins : LE TOUCHARD Alain 38 Ans Cultivateur Stang Jean Edern LE BERRE Alain 43 ans Cultivateur Stang Jean Edern. Notes : Père : 28 ans Cultivateur [Ref.↑]
  2. Laurent Palud, recteur d'Ergué-Gabéric de 1849 à 1862. [Ref.↑]




Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens

Date de création : Février 2009    Dernière modification : 26.06.2023    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]