1836-1837 - Lettres et archives relatives à la chute du clocher St-Guinal et sa restauration - GrandTerrier

1836-1837 - Lettres et archives relatives à la chute du clocher St-Guinal et sa restauration

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-<i>En 1836 le clocher de l'église paroissiale St-Guinal était terrassé par la foudre. Le conseil de fabrique se dépêcha de demander une aide financière au roi Louis-Philippe.</i>+<i>En février 1836 le clocher de l'église paroissiale St-Guinal est terrassé par la foudre. En début 1837, le conseil de fabrique demande une aide financière au roi Louis-Philippe pour couvrir une partie des dépenses de reconstruction, cette lettre ayant été commentée dans les journaux et plus tard dans une chronique de Pierre-Jakez Hélias.</i>
On trouvera ici les autres documents du dossier de reconstruction du clocher, à savoir les échanges avec l'Evêché conservés aux archives diocésaines (cote 1 P 51), les délibérations des conseils municipaux, et le dossier de la restauration des archives départementales (cote 1 V 331). On trouvera ici les autres documents du dossier de reconstruction du clocher, à savoir les échanges avec l'Evêché conservés aux archives diocésaines (cote 1 P 51), les délibérations des conseils municipaux, et le dossier de la restauration des archives départementales (cote 1 V 331).
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-Autres lectures : {{Tpg|1837 - Lettre en breton de paroissiens gabéricois à leur roi Louis-Philippe}}{{Tpg|Lettre en breton au roi Louis-Philippe, Le Siècle et L'Armoricain 1837}} {{Tpg|BOUËT Alexandre - Galerie bretonne ou Vie des bretons de l'Armorique}} {{Tpg|Lizher d'an Aotrou Roue Loeiz-Fulup}} {{Tpg|HÉLIAS Pierre Jakez - Midi à ma porte}}{{Tpg|RANNOU Nolwenn - Joseph Bigot architecte et restaurateur}}<br><br>+
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 +Autres lectures : {{Tpg|1837 - Lettre en breton de paroissiens gabéricois à leur roi Louis-Philippe}}{{Tpg|Lettre en breton au roi Louis-Philippe, Le Siècle et L'Armoricain 1837}} {{Tpg|BOUËT Alexandre - Galerie bretonne ou Vie des bretons de l'Armorique}} {{Tpg|Lizher d'an Aotrou Roue Loeiz-Fulup}} {{Tpg|HÉLIAS Pierre Jakez - Midi à ma porte}}{{Tpg|RANNOU Nolwenn - Joseph Bigot architecte et restaurateur}}{{Tpg|1837 - La bénédiction des nouvelles cloches de l'église St-Guinal}}
-==Présentation générale==+==Présentation==
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-La lettre en breton des habitants présentaient ainsi les circonstances pour obtenir les subsides nécessaires à la restauration : « <i>"Aotrou Roue, Ar bloavez 1836 a zo bet, e gwirionez, leun a drubuillou evidom. Gwall glaharet om bet o klevout oh bet-c'hwi teir gwech war-bouez beza drouglazet hag an avel e-neus diskaret tour iliz ar barrez d'an eil e viz c'hlouevrer ...</i> » (Sire le Roi. L'année 1836 a été, en vérité, pleine de soucis pour nous. Avec une grande douleur, nous avons appris que vous avez été trois fois sur le point d'être assassiné et le vent a abattu la tour de notre église paroissiale le second jour de février.)+La lettre en breton de janvier 1837 présente ainsi le contexte afin d'obtenir les subsides nécessaires à la restauration : « <i>"Aotrou Roue, Ar bloavez 1836 a zo bet, e gwirionez, leun a drubuillou evidom. Gwall glaharet om bet o klevout oh bet-c'hwi teir gwech war-bouez beza drouglazet hag an avel e-neus diskaret tour iliz ar barrez d'an eil e viz c'hlouevrer ...</i> » (Sire le Roi. L'année 1836 a été, en vérité, pleine de soucis pour nous. Avec une grande douleur, nous avons appris que vous avez été trois fois sur le point d'être assassiné et le vent a abattu la tour de notre église paroissiale le second jour de février).
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 +Constatant l'habileté de la lettre, dans sa version traduite en français, la générosité royale abonde une somme de 300 francs à verser au curé d'Ergué-Gabéric. Mais en parallèle des actions en lobbyisme politique ont été menées par les gabéricois auprès du conseil général, de la préfecture, de l'évêché, des ministres, pour pouvoir mettre en exécution la reconstruction du clocher de l'architecte Bigot <ref name="JosephBigot">{{PR-JosephBigot}}</ref> et de l'entrepreneur L'Haridon.
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 +Grâce au dossier préfectoral conservé en série V « <i>Cultes 1800 - 1907</i> » aux Archives Départementales du Finistère (cf les documents originaux et les transcriptions en fin d'article), on en sait un peu plus sur ces démarches et sur les circonstances qui ont décimé le clocher en plein bourg, « <i>par l'effet d'une tempête d'autant plus redoutable que le fluide électrique y présidait</i> ».
 + 
 +On apprend notamment que la chute des pierres du clocher n'a fait aucune victime : « <i>Ce sinistre aurait sans doute occasionné des malheurs incalculables, si la providence n'avait veillé sur nous. C'était l'heure de la grande messe de la fête, qui, fort heureusement, se célébrait ce jour-là, à la chapelle de Kerdevot, située à une distance d'environ une lieue du bourg.</i> »
 + 
 +Les dégâts matériaux sont considérables : « <i>Ce clocher de forme pyramidale a été renversé et sapé jusqu'à sa base</i> ». La tornade n'a laissé aucune chance de survie, non plus, aux deux cloches : « <i>L'une des cloches a été brisée en plusieurs morceaux, la seconde est fendue de manière à ne rendre aucun son</i> ».
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 +[[Image:ClocherStGuinal3.jpg|120px|right]]Les travaux de restauration incluent leur remise en service : « <i>Les deux cloches brisées seront refondues, chacune d'elles pèse 260 kilogrammes à 1fr 90c le kilo, prix moyen, eu égard au déchet de la veille matière</i> »
 +
 +On dispose du devis détaillé de l'entrepreneur L'Haridon, maître-maçon à Pleyben, sur les plans de l'architecte départemental et diocésain Joseph Bigot <ref name="JosephBigot">{{PR-JosephBigot}}</ref>. Certes on peut regretter « <i>une élévation moindre que l'ancien clocher</i> », mais la nouvelle tour est solide, et les nouvelles pierres taillées sont extraites de la carrière locale de Crec'h-Ergué, car « <i>les pierres en provenance et notamment celles avec moulures, ont été généralement brisées</i> ».
 +
 +Quant aux aides publiques pour financer les travaux, ce n'est pas la lettre en breton au roi Louis-Philippe début 1837 qui a permis de récolte, mais une lettre pétition du 3 avril 1836 au ministre de la Justice et des Cultes signée des membres du conseil municipal : « <i>Ce désastre a plongé les habitants dans la consternation, en songeant à l'impossibilité où ils se trouvent de porter d'eux-mêmes, un remède à un si grand malheur ... Notre seul espoir, en coopérant autant que nos moyens nous le permettent, est en vous, Monsieur le Ministre, et dans le conseil général du département.</i> »
 +
 +Le ministre garde des sceaux, Paul-Jean-Pierre Sauzet, répond personnellement en demandant au préfet d'instruire le dossier. Son successeur à la justice, Jean-Charles Persil, accordera 500 francs sur les fonds de l'Etat et la même somme sera votée par le conseil général, via le député Jean-François Le Gogal de Toulgoët. Mais localement les habitants feront mieux en donnant au total 1100 francs.
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Monseigneur l'Evêque Monseigneur l'Evêque
-Vous n'ignorez pas que le malheur qui nous a frappé le 2 février dernier <ref>Le clocher d'Ergué ne fut pas le seul clocher du finistère à être abattu par un vent de tempête en cette journée du 2 février 1836 : la tour de la chapelle Notre-Dame-de-Lambader de Plouvorn fut également détruite et dut attendre 45 ans pour sa reconstruction en 1881-82.</ref>. La tempête a renversé le clocher de notre paroisse dont la reconstruction est évaluée par M. l'architecte principal <ref name=Bigot>L'architecte principal du Finistère était Joseph Bigot à qui nous devons aussi le plan dressé en 1881 de la reconstruction du chateau de Lezergué => [[Présentation et historique du manoir de Lezergué]]</ref> du département à la somme de 7486 F 80 centimes. Cette dépense est de beaucoup au-dessus de nos moyens qui sont absolument nuls. C'est pourquoi, sous les auspices de M. de Toulgoët, notre député, nous réclamons, près M. le ministre de l'Intérieur, du secours que nous voudrions voir s'élever à 4000 F au moins ; nous avons espoir que la charité des fidèles suppléera avec le temps au reste.+Vous n'ignorez pas que le malheur qui nous a frappé le 2 février dernier <ref>Le clocher d'Ergué ne fut pas le seul clocher du finistère à être abattu par un vent de tempête en cette journée du 2 février 1836 : la tour de la chapelle Notre-Dame-de-Lambader de Plouvorn fut également détruite et dut attendre 45 ans pour sa reconstruction en 1881-82.</ref>. La tempête a renversé le clocher de notre paroisse dont la reconstruction est évaluée par M. l'architecte principal du département à la somme de 7486 F 80 centimes. Cette dépense est de beaucoup au-dessus de nos moyens qui sont absolument nuls. C'est pourquoi, sous les auspices de M. de Toulgoët, notre député, nous réclamons, près M. le ministre de l'Intérieur, du secours que nous voudrions voir s'élever à 4000 F au moins ; nous avons espoir que la charité des fidèles suppléera avec le temps au reste.
Nous pensons aussi qu'aidé de votre crédit près M. le ministre des Cultes et M. de Quélen, notre compatriote, archevêque de Paris, ces hauts dignitaires nous prêteraient leur assistance pour appuyer nos réclamations au ministre de l'Intérieur. Nous pensons aussi qu'aidé de votre crédit près M. le ministre des Cultes et M. de Quélen, notre compatriote, archevêque de Paris, ces hauts dignitaires nous prêteraient leur assistance pour appuyer nos réclamations au ministre de l'Intérieur.
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Le conseil de la fabrique. Les membres du conseil municipal. Le conseil de la fabrique. Les membres du conseil municipal.
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 +<br>{{Citation}}
 +Le conseil de la fabrique d'Ergué-Gabéric à Monseigneur l'Évêque de Quimper.
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 +Le 4 octobre, Monseigneur
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 +Le retour d'une réponse de son Excellence le Ministre des Cultes au sujet de la pétition que nous avons faite pour la restauration de notre
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 +Suite de la 2e lettre :
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-Le conseil de la fabrique d'Ergué-Gabéric à Monseigneur l'Évêque de Quimper.+tour et église dont le dégat est évalué par Monsieur Bigot <ref name="JosephBigot">{{PR-JosephBigot}}</ref> architecte du département à sept mil quatre cent quatre vingt dix francs et quatre vingt six centimes nous fait assez présumer que nous n'avons rien à espérer du gouvernement. De plus nos dépenses ordinaires absorbant presque tous les ans la recette, la fabrique se trouve devant l'impossibilité de suffire à cette dépense. D'un autre côté la caisse municipale étant épuisée par les réparations de la route vicinale ne peut nous donner aucun secours. Nous trouvant ainsi sans ressource pour faire cette réparation, nous avons cru devoir recourir à votre bonté paternelle et prier votre Grandeur de nous céder pendant quelques années le tiers de Kerdévot au moyen duquel et d'une souscription volontaire que nous ferons dans la paroisse, nous espérons pouvoir réparer notre église et notre tour.
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-Le 4 octobre+
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-Monseigneur+
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-Le retour d'une réponse de son Excellence le Ministre des Cultes au sujet de la pétition que nous avons faite pour la restauration de notre tour et église dont le dégat est évalué par Monsieur Bigot <ref name=Bigot>-</ref> architecte du département à sept mil quatre cent quatre vingt dix francs et quatre vingt six centimes nous fait assez présumer que nous n'avons rien à espérer du gouvernement. De plus nos dépenses ordinaires absorbant presque tous les ans la recette, la fabrique se trouve devant l'impossibilité de suffire à cette dépense. D'un autre côté la caisse municipale étant épuisée par les réparations de la route vicinale ne peut nous donner aucun secours. Nous trouvant ainsi sans ressource pour faire cette réparation, nous avons cru devoir recourir à votre bonté paternelle et prier votre Grandeur de nous céder pendant quelques années le tiers de Kerdévot au moyen duquel et d'une souscription volontaire que nous ferons dans la paroisse, nous espérons pouvoir réparer notre église et notre tour.+
Le 4 octobre 1836 Le 4 octobre 1836
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H: Lozac'h, président ; Le Roux A. ; Laurent, maire ; Louis Le Roux, trésorier ; René Le Pétillon, secrétaire H: Lozac'h, président ; Le Roux A. ; Laurent, maire ; Louis Le Roux, trésorier ; René Le Pétillon, secrétaire
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<gallery caption="Originaux des 2 lettres adressées à l'évêque"> <gallery caption="Originaux des 2 lettres adressées à l'évêque">
Image:Clocher03041836.jpg|3 avril 1836 Image:Clocher03041836.jpg|3 avril 1836
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{{Citation}} {{Citation}}
-2° qu'il soit demandé à qui de droit l'autorisation d'appliquer <i>(rayé : pour cette année, ayant à les rendre plus tard à leur destination)</i>, aux dites reconstructions et réparations pour cette année fiscalement ayant les rendre à leur destination en temps utile les fonds existant actuellement à la caisse municipale et provenant préservant de l'imposition des trois centièmes destinés à l'école primaire. <ref name=Ecole>Des fonds prévus pour l'école primaire, 500 francs a priori, sont transférés pour le redressement du clocher, ce qui illustre les priorités de l'époque. Il faudra attendre le mois d'août 1848 pour que le projet de maison d'école soit de nouveau d'actualité à Ergué-Gabéric. Cette dernière sera construite dans les années 1852-54 sous l'égide du même architecte, à savoir Joseph Bigot.</ref>+2° qu'il soit demandé à qui de droit l'autorisation d'appliquer <i>(rayé : pour cette année, ayant à les rendre plus tard à leur destination)</i>, aux dites reconstructions et réparations pour cette année fiscalement ayant les rendre à leur destination en temps utile les fonds existant actuellement à la caisse municipale et provenant préservant de l'imposition des trois centièmes destinés à l'école primaire.
-Le conseil exprime qu'au moyen de la modification d'une partie du devis précité, de l'allocation des 500 frs qui vient d'être autorisée par le gouvernement, de l'emprunt des fonds destinés à la création d'une école primaire <ref name=Ecole>-</ref>, et des autres ressources fournies par la caisse de la fabrique, et la bienveillance des habitants de la commune, il lui sera possible de relever le clocher de l'église et remettre ce batiment en état de réparation dans le cours de cette année.+Le conseil exprime qu'au moyen de la modification d'une partie du devis précité, de l'allocation des 500 frs qui vient d'être autorisée par le gouvernement, de l'emprunt des fonds destinés à la création d'une école primaire, et des autres ressources fournies par la caisse de la fabrique, et la bienveillance des habitants de la commune, il lui sera possible de relever le clocher de l'église et remettre ce batiment en état de réparation dans le cours de cette année.
Délibéré en mairie à Ergué-Gabéric ce jour 8 janvier 1837 et ont signé les membres présents sachant signer, trois mots rayés ... Délibéré en mairie à Ergué-Gabéric ce jour 8 janvier 1837 et ont signé les membres présents sachant signer, trois mots rayés ...
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<br>1° Montant des dons volontaires compris en l'état et présenté aujourd'hui par Mr le maire >>> 1100.00 <br>1° Montant des dons volontaires compris en l'état et présenté aujourd'hui par Mr le maire >>> 1100.00
<br>2° Somme pour laquelle la commune a été comprise dans la répartition du crédit alloué par le conseil général sur l'exercice de 1837 >>> 500.00 <br>2° Somme pour laquelle la commune a été comprise dans la répartition du crédit alloué par le conseil général sur l'exercice de 1837 >>> 500.00
-<br>3° Secour accordé par les fonds de l'Etat - exercice de 1837 >>> 500.00 <ref name=Ecole>-</ref>+<br>3° Secours accordé par les fonds de l'Etat - exercice de 1837 >>> 500.00
<br>4° Somme provenant du trésor de la commune >>> 300.00 <br>4° Somme provenant du trésor de la commune >>> 300.00
-<br>5° Somme fournie par la caisse de la fabrique >>> 300.00 <ref>La somme de 300 francs de la caisse de la Fabrique provient vraisemblablement du don du Roi, car cette somme a été versée en début février 1837 au curé de la paroisse comme l'attestent les registres des Secours et des mises en paiement. Mais la discrétion sur la largesse du roi dans les compte-rendus du conseil municipal semble étrange car en ces temps-là la séparation de l'église et de l'état n'était pas encore de mise. Peut-être que l'absence de commentaires s'explique simplement par la volonté de ne pas choquer le préfet qui avait servi de relais entre le conseil de fabrique et le secrétariat du roi ...+<br>5° Somme fournie par la caisse de la fabrique >>> 300.00
-</ref>+
<br>En tout >>> 2700.00 <br>En tout >>> 2700.00
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-Le 6 mai 1837, dans une lettre adressée au préfêt (ADF 1V331), Joseph Bigot soutient la soumission de Jean-Louis L'Haridon, maître-maçon à Pleyben pour la reconstruction du clocher d'Ergué-Gabéric :  
 +<big><b>A. Devis L'Haridon, 01.04.1836</b></big>
 +
 +L'artisan présente dès le 1er avril 1836 un devis contresigné de la main de l'architecte départemental et diocésain Joseph Bigot <ref name="JosephBigot">{{PR-JosephBigot}}</ref> pour un montant global de 7486 francs et 80 centimes.
{{Citation}} {{Citation}}
-« Conformément à votre lettre du 12 avril dernier, j'ai l'honneur de vous adresser ci-jointe la soumission du sieur L'Haridon maître-maçon à Pleyben, présentant toutes les garanties désirables de capacité et de solvabilité, pour la reconstruction du clocher de l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric. Les nombreux certificats de capacité et de probité qu'il possède prouveraient qu'il est instruit dans l'art de la construction des clochers. »+Département du Finistère. Arrondissement de Quimper. Commune de Ergué-Gabéric.
 + 
 +Devis des ouvrages à exécuter pour la restauration du clocher de l'église de Ergué-Gabéric et des grosses réparations aux murs et couverture de cette église par suite de l'éboulement de l'ancien clocher renversé par la tempête extraordinaire du 2 février 1836.
 + 
 +Exposé des motifs
 + 
 +Le présent devis comprend la reconstruction du clocher de l'église de la commune d'Ergué-Gabéric, les réparations à la couverture, au mur de façade et celui latéral <u>Sud</u>, à l'horloge, jeu d'orgues et cloches, brisés ou endommagés par l'éboulement du clocher. Ce clocher de forme pyramidale a été renversé et sapé jusqu'à sa base par la tempête extraordinaire du 2 février dernier. Les pierres en provenance et notamment celles avec moulures, ont été généralement brisées, dans leur chute par l'effet de la foudre, qui, suivant toute apparence, était mêlée dans une trombe. L'une des cloches a été brisée en plusieurs morceaux, la seconde est fendue de manière à ne rendre aucun son. L'horloge a été brisée sous le poids de la chute du clocher et le jeu d'orgues a éprouvé une commiotion telle que le mécanisme des tuyaux se trouve totalement dérangé.
 + 
 +<spoiler id="991" text="Suite du devis ...">Par suite de cette destruction une partie de l'église se trouve à jour, et donne prise au ravage des vents et de la pluie. Le toit du côté nord a été réparé par la commune, mais les fonds ont bientôt manqué pour continuer toute autre restauration.
 + 
 +C'est pour remédier aux dégâts de cette tempête et rendre à sa destination le sanctuaire du culte dans cette paroisse, que le devis des travaux de restauration a été dressé sur la demande de Mr le maire de la commune, et l'invitation de Mr le préfet.
 +<hr>
 +Construction
 + 
 +La base du clocher sera établie sur une platteforme de 2m 36c carrés qui existe au-dessus de la porte principale et qui se trouve saillante de 0m 29c sur un avant-corps du côté de la façade principale et du parement opposé. Cette platteforme sera préalablement démolie ainsi que le mur sur lequel elle repose jusqu'à la hauteur totale de 1m 50c. Cette partie de mur sera de nouveau reconstruite avec les pierres de la démolition et posée avec mortier de chaux et sablé bien confectionné, afin de consolider la base du clocher. La superficie de l'assise qui régnera au-dessus de la platteforme actuelle sera formée de deux pierres de 0m 40c d'épaisseur reliées entr'elles par un crampon en fer scellé en plomb. Ces pierres seront taillées en talus de 0m 15c de hauteur et de la largeur de piédroits afin de rejeter les eaux pluviales. Au-dessus de cette assise seront posés neuf piédroits terminés par des arcades. Les six piédroits d'angle auront 0m 25c d'épaisseur sur 0m 50c de largeur ; les trois piédroits internes auront 0m 25c carré. Les piédroits latéraux et internes seront reliés par une pierre en deux morceaux formant imposte et scellé entr'eux par un crampon en fer, afin d'empêcher tout écartement.
 + 
 +[...]
 + 
 +Toutes les pierres formant le massif du clocher seront de taille, prises dans la carrière, dite Crech-Ergué, et taillées avec le plus grand soin dans le contour des moulures.
 + 
 +Ces pierres seront fournis par la commune qui se charge de l'extraction de celles qui doivent compléter les pierres de l'ancien clocher, ainsi que des charrois des matériaux à pied d'oeuvre.
 + 
 +[...]
 + 
 +Valeurs dont il sera rendu compte et restant en dehors de l'adjudication, pour restauration des cloches, horloge et réparation au jeu d'orgues.
 + 
 +Les deux cloches brisées seront refondues, chacune d'elles pèse 260 kilogrammes à 1fr 90c le kilo, prix moyen, eu égard au déchet de la veille matière cy ... 494 fr 00 c
 + 
 +Valeur de la seconde cloche semblable ... 494 fr 00 c
 + 
 +Notal : le prix de la façon est évalué à 1 fr le kilo en matière fondue, et celui de la fourniture et façon à 3 fr 60 le kilo
 + 
 +Restauration de l'horloge. Somme approximative ... 500 fr 00 c
 + 
 +Réparation de l'horloge. Somme approximative .... 700 fr 00 c
 + 
 +Valeur pour objets imprévus dont il sera rendu compte ... 200 fr 00 c
 + 
 +Le charroi, la fourniture et l'extraction des pierres dont se charge la commune sont estimés valoir la somme de ... 700 fr 00 c
 + 
 +Valeur pour objets divers. Total : ... 3088 fr 00 c
 + 
 +</spoiler>
 +Récapitulation sommaire des dépenses ci-après détaillées.
 + 
 +* La valeur des travaux du clocher s'élève à 3500.00 fr
 +* Celle des réparations intérieures de l'église à 542.30
 +* Celle pour cloches, horloge, jeu d'orgues, ... 3.088.00
 + 
 +Total : 7120 fr 30 c
 +* Honoraires de l'architecte pour l'acte des lieux, rédaction du projet et direction des travaux 5v% : 356.50
 + 
 +Total général 7486 fr 30 c
 +{{FinCitation}}
 + 
 +<br><big><b>B. Pétition du 03.04.1837</b></big>
 + 
 +Le 3 avril les membres du conseil municipal adressent au ministre de la justice et des cultes une demande d'aide.
 +{{Citation}}
 +Monsieur le Ministre,
 + 
 +Le 2 février dernier à dix heures et demi du matin, par l'effet d'une tempête d'autant plus redoutable que le fluide électrique y présidait, le clocher de notre commune a été renversé depuis sa sommité jusqu'à sa base, les cloches ont été brisées, l'horloge détruite, le jeu d'orgues fortement endommagé.
 + 
 +Ce sinistre aurait sans doute occasionné des malheurs incalculables, si la providence n'avait veillé sur nous. C'était l'heure de la grande messe de la fête, qui, fort heureusement, se célébrait ce jour-là, à la chapelle de Kerdevot, située à une distance d'environ une lieue du bourg.
 + 
 +Ce désastre a plongé les habitants dans la consternation, en songeant à l'impossibilité où ils se trouvent de porter d'eux-mêmes, un remède à un si grand malheur. Ce que la fabrique <ref name="Fabrique">{{K-Fabrique}}</ref> peut recevoir de la piété des fidèles ne saurait suffire que pour l'entretien de l'église. Pas d'octroi, par conséquent pas de secours à attendre de la mairie.
 + 
 +Notre seul espoir, en coopérant autant que nos moyens nous le permettent, est en vous, Monsieur le Ministre, et dans le conseil général du département, qui, nous le savons malheureusement, ne pourra nous accorder qu'un secours minime, vus les nombreux sinistres survenus dans notre département.
 + 
 +Nos quêtes , notre travail et nos prestations en nature seront loin d'atteindre la somme de 7486 fr 80 c calculée sur une base bien étroite par Mr l'architecte principal du département, que nous avons, sur l'avis de Mr le préfet, chargé de la rédaction des plans et devis pour le rétablissement du dégât calculé sur une élévation moindre que l'ancien clocher.
 + 
 +En 1834 les communes de Scaër et Quimperlé, dans le même cas, ont été secourues par le gouvernement sous les auspices de Mr Oupinier, député du Finistère. La sollicitude de notre député, Mr Le Gogal de Toulgoët, qui a la bonté de nous prêter son appui, serait-elle vaine ? ... non, nous avons trop de confiance dans votre autre équité pour douter un instant que vous n'accueillerez pas favorablement notre demande d'un secours que, dans votre générosité bienfaisante, vous saurez calculer sur la pénurie de nos moyens.
 + 
 +Nous avons l'honneur d'être, avec le plus profond respect, Monsieur le Ministre, vos très humbles et très obéissants serviteurs.
 + 
 +Ergué-Gabéric (Finistère), le 3 avril 1836. Les membres du conseil municipal, (11 signatures), les autres membres ne signent.
 +{{FinCitation}}
 + 
 +<br><big><b>C. Le ministre, 04.05.1836</b></big>
 + 
 +À la réception de la pétition du conseil municipal d'Ergué-Gabéric, le ministre des cultes et garde des sceaux Paul Jean Pierre Sauzet envoie ses consignes au préfet du Finistère Thomas Louis Mercier.
 +{{Citation}}
 +Ministère de la Justice et des Cultes. division du Culte catholique. Secours aux communes. Ergué-Gabéric. Restauration du clocher de l'église. Invitation d'instruire l'affaire.
 + 
 +Paris, le 4 mai 1836
 + 
 +Monsieur le Préfet, la commune d'Ergué-Gabéric réclame un secours pour la reconstruction du clocher de son église renversé par la foudre le 2 février dernier.
 + 
 +Sa demande est vivement recommandée par Mr de Tolgoët député de l'arrondissement. Je vous prie d'instruire l'affaire conformément aux prescriptions de la circulaire du 20 mai 1804 et de m'adresser ensuite vos propositions. Je vous renvoie la demande qui m'a été adressée.
 + 
 +Recevez, Monsieur le préfet, l'assurance de ma considération très distinguée. Le Gardes des Sceaux, Ministre de la Justice et des Cultes. (signature P. Sauzet).
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-|width=48% valign=top {{jtfy}}|[[Image:JosephBigotPortrait.jpg|right|thumb|120px|Joseph Bigot (1807-1894)]]+|width=48% valign=top {{jtfy}}|
-Satisfait de cette collaboration, Bigot lui confie deux autres projets par la suite, à Landudal en 1847 et à Loqueffret en 1849, chantier sur lequel L'Haridon se blesse en chutant du clocher en reconstruction. Dans son livre [[Joseph Bigot architecte et restaurateur, par Nolwenn RANNOU|Joseph Bigot architecte et restaurateur]] Nolwenn Rannou décrit ainsi le clocher : <i>« Au début de sa carrière, influencé par le néoclassicisme, il édifie deux clochers de ce style sur ces constructions gothiques : à Ergué-Gabéric, près de Quimper et à Meilars, édifices du XVIe siècles dont les clochers se sont effondrés sous le coup d'une tempête, respectivement les 2 février et 28 mars 1836. Bigot réalise ici ses premiers chantiers de " restauration ". Encore peu familier avec l'architecture gothique, il adopte le style des clochers finistériens du VIIIe siècle : les deux œuvres identiques présentent une chambre des cloches à ouvertures en plein cintre surmontée, sur ses quatre côtés, de gâbles ajourés de rosaces et d'une flèche octogonale à jours, mais aux arêtes lisses. »</i>+<big><b>D. Lettre Bigot, 06.05.1837</b></big>
 + 
 +Le 6 mai 1837, dans une lettre adressée au préfet et citée dans la biographie de Nolwenn Rannou, Joseph Bigot <ref name="JosephBigot">{{PR-JosephBigot}}</ref> soutient la soumission de Jean-Louis L'Haridon, maître-maçon à Pleyben, pour l'exécution de la reconstruction du clocher d'Ergué-Gabéric.
 +{{Citation}}
 +[[Image:JosephBigotPortrait.jpg|right|120px|Joseph Bigot (1807-1894)]]Monsieur le Préfet. Conformément à votre lettre du 12 avril dernier, j'ai l'honneur de vous adresser ci-jointe la soumission du sieur L'Haridon maître-maçon à Pleyben, présentant toutes les garanties désirables de capacité et de solvabilité, pour la reconstruction du clocher de l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric. Les nombreux certificats de capacité et de probité qu'il possède prouveraient qu'il est instruit dans l'art de la construction des clochers.
 +{{FinCitation}}
 + 
 +<big><b>E. Conseil de fabrique, 17.05.1836</b></big>
 + 
 +Copie de délibération du conseil de la fabrique <ref name="Fabrique">{{K-Fabrique}}</ref> contresignée pour copie conforme par le maire René Laurent.
 +{{Citation}}
 +Département du finistère, commune d'Ergué-Gabéric. Du 17 mai 1836. Copie de la délibération du conseil de la fabrique de la commune d'Ergué-Gabéric.
 + 
 +Séance du conseil de la fabrique convoqué en vertu de la lettre de Monsieur le préfet en date du neuf de ce mois et présidé par Louis Le Roux trésorier. Le président a communiqué au conseil la lettre sus dattée de Monsieur le préfet, lettre par laquelle ce magistrat demande la quotité et la nature du secours au moyen duquel la fabrique pourrait contribuer à la reconstruction du clocher de l'église paroissiale. Le conseil délibérant sur l'objet de cette lettre reconnu que la fabrique pouvait disposer d'une somme de trois cent francs pour concourir aux réparations dont il s'agit. Et le présent procès-verbal a été immédiatement revêtu des signatures des membres, le registre dument signé.
 + 
 +Pour copie conforme, Laurent maire.
 +{{FinCitation}}
 + 
 +<big><b>F. Le ministre, 20.12.1836</b></big>
 + 
 +En décembre le nouveau garde des sceaux Jean-Charles Persil réclame le croquis du projet de clocher avant de valider l'octroi des 500 francs de subvention publique.
 +{{Citation}}
 +Ministère de la Justice et des Cultes. Division du Culte catholique. Exercice 1836. Meilars et Ergué-Gabéric. Réparations à leurs églises. Avis d'allocation de secours.
 + 
 +Paris le 20 décembre 1836
 + 
 +Monsieur le Préfet, le 8 novembre dernier, j'ai approuvé l'état de vos propositions de secours pour églises et presbytère. J'ai ajourné, toutefois, plusieurs allocations et notamment celle de 500 f attribuée à la commune de Meilars pour la reconstruction du clocher de son église jusqu'à la modification du projet, et celle de pareille somme de 500 f attribuée à la commune d'Ergué-Gabéric pour la réparation de son église, jusqu'après la production du dessin en l'absence desquels il était impossible d'apprécier le mérite du projet.
 +{{FinCitation}}
 + 
 +<big><b>G. Le préfet, 26.12.1836</b></big>
 + 
 +En décembre le nouveau préfet Germain-Joseph Boullé fait part au maire d'Ergué-Gabéric de la décision du ministère d'octroyer le 500 francs d'aide.
 +{{Citation}}
 +26 décembre 1836. N° 303. Ergué-Gabéric. Travaux sur église. Joindre les pièces.
 + 
 +Au maire d'Ergué-Gabéric.
 + 
 +Le gouvernement vient d'approuver la proposition que je lui ai faite d'accorder à votre commune, sur le fonds du trésor, exercice 1836, un secours de 500 fr pour aider aux dépenses de reconstruction du clocher et de réparation de l'église évaluées à 7.086 fr 80 c.
 + 
 +Je vous fais en conséquence le renvoi du projet approuvé en vous priant de vous concerter avec le conseil municipal pour examiner les moyens qu'il y aurait de subvenir actuellement à la totalité des dépenses afin de remplir au plus tôt les formalités nécessaires pour préparer l'exécution des travaux, qui aurait lieu aussitôt que la saison les permettrait.
 + 
 +Je désire être informé du résultat de cet examen. Agréez ...
 +{{FinCitation}}
 + 
 +<big><b>H. Conseil général, 16.02.1837</b></big>
 + 
 +En plus des 500 francs du gouvernement, la reconstruction du clocher est subventionnée par 500 euros en provenance du conseil général du Finiistère.
 +{{Citation}}
 +16 févrer 1837. Communes travaux publics. Commune d'Ergué-Gabéric. Eglise. Travaux.
 + 
 +Au maire d'Ergué-Gabéric
 + 
 +Je viens de comprendre votre commune pour une somme de 500 francs dans la répartition du crédit alloué par le conseil général du département sur l'exercice 1837 pour aider les communes dans les dépenses de construction ou de réparation d'églises.
 + 
 +Un secours de 500 francs vous ayant aussi été accordé sur les fonds de l'Etat, exercice 1836, votre commune peut disposer immédiatement d'une somme de 1000 francs, concurremment avec les ressources locales.
 + 
 +Je vous réitère en conséquence la prière de vous concerter avec votre conseil municipal pour examiner les moyens qu'il y aurait de subvenir actuellement à la totalité des dépenses et de m'informer du résultat de cet examen dans le plus bref délai.
 +{{FinCitation}}
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§ E.D.F.

En février 1836 le clocher de l'église paroissiale St-Guinal est terrassé par la foudre. En début 1837, le conseil de fabrique demande une aide financière au roi Louis-Philippe pour couvrir une partie des dépenses de reconstruction, cette lettre ayant été commentée dans les journaux et plus tard dans une chronique de Pierre-Jakez Hélias.

On trouvera ici les autres documents du dossier de reconstruction du clocher, à savoir les échanges avec l'Evêché conservés aux archives diocésaines (cote 1 P 51), les délibérations des conseils municipaux, et le dossier de la restauration des archives départementales (cote 1 V 331).

Autres lectures : « 1837 - Lettre en breton de paroissiens gabéricois à leur roi Louis-Philippe » ¤ « Lettre en breton au roi Louis-Philippe, Le Siècle et L'Armoricain 1837 » ¤  « BOUËT Alexandre - Galerie bretonne ou Vie des bretons de l'Armorique » ¤  « Lizher d'an Aotrou Roue Loeiz-Fulup » ¤  « HÉLIAS Pierre Jakez - Midi à ma porte » ¤ « RANNOU Nolwenn - Joseph Bigot architecte et restaurateur » ¤ « 1837 - La bénédiction des nouvelles cloches de l'église St-Guinal » ¤ 

[modifier] Présentation

La lettre en breton de janvier 1837 présente ainsi le contexte afin d'obtenir les subsides nécessaires à la restauration : « "Aotrou Roue, Ar bloavez 1836 a zo bet, e gwirionez, leun a drubuillou evidom. Gwall glaharet om bet o klevout oh bet-c'hwi teir gwech war-bouez beza drouglazet hag an avel e-neus diskaret tour iliz ar barrez d'an eil e viz c'hlouevrer ... » (Sire le Roi. L'année 1836 a été, en vérité, pleine de soucis pour nous. Avec une grande douleur, nous avons appris que vous avez été trois fois sur le point d'être assassiné et le vent a abattu la tour de notre église paroissiale le second jour de février).

Constatant l'habileté de la lettre, dans sa version traduite en français, la générosité royale abonde une somme de 300 francs à verser au curé d'Ergué-Gabéric. Mais en parallèle des actions en lobbyisme politique ont été menées par les gabéricois auprès du conseil général, de la préfecture, de l'évêché, des ministres, pour pouvoir mettre en exécution la reconstruction du clocher de l'architecte Bigot [1] et de l'entrepreneur L'Haridon.

Grâce au dossier préfectoral conservé en série V « Cultes 1800 - 1907 » aux Archives Départementales du Finistère (cf les documents originaux et les transcriptions en fin d'article), on en sait un peu plus sur ces démarches et sur les circonstances qui ont décimé le clocher en plein bourg, « par l'effet d'une tempête d'autant plus redoutable que le fluide électrique y présidait ».

On apprend notamment que la chute des pierres du clocher n'a fait aucune victime : « Ce sinistre aurait sans doute occasionné des malheurs incalculables, si la providence n'avait veillé sur nous. C'était l'heure de la grande messe de la fête, qui, fort heureusement, se célébrait ce jour-là, à la chapelle de Kerdevot, située à une distance d'environ une lieue du bourg. »

Les dégâts matériaux sont considérables : « Ce clocher de forme pyramidale a été renversé et sapé jusqu'à sa base ». La tornade n'a laissé aucune chance de survie, non plus, aux deux cloches : « L'une des cloches a été brisée en plusieurs morceaux, la seconde est fendue de manière à ne rendre aucun son ».

 
Les travaux de restauration incluent leur remise en service : « Les deux cloches brisées seront refondues, chacune d'elles pèse 260 kilogrammes à 1fr 90c le kilo, prix moyen, eu égard au déchet de la veille matière »

On dispose du devis détaillé de l'entrepreneur L'Haridon, maître-maçon à Pleyben, sur les plans de l'architecte départemental et diocésain Joseph Bigot [1]. Certes on peut regretter « une élévation moindre que l'ancien clocher », mais la nouvelle tour est solide, et les nouvelles pierres taillées sont extraites de la carrière locale de Crec'h-Ergué, car « les pierres en provenance et notamment celles avec moulures, ont été généralement brisées ».

Quant aux aides publiques pour financer les travaux, ce n'est pas la lettre en breton au roi Louis-Philippe début 1837 qui a permis de récolte, mais une lettre pétition du 3 avril 1836 au ministre de la Justice et des Cultes signée des membres du conseil municipal : « Ce désastre a plongé les habitants dans la consternation, en songeant à l'impossibilité où ils se trouvent de porter d'eux-mêmes, un remède à un si grand malheur ... Notre seul espoir, en coopérant autant que nos moyens nous le permettent, est en vous, Monsieur le Ministre, et dans le conseil général du département. »

Le ministre garde des sceaux, Paul-Jean-Pierre Sauzet, répond personnellement en demandant au préfet d'instruire le dossier. Son successeur à la justice, Jean-Charles Persil, accordera 500 francs sur les fonds de l'Etat et la même somme sera votée par le conseil général, via le député Jean-François Le Gogal de Toulgoët. Mais localement les habitants feront mieux en donnant au total 1100 francs.


[modifier] Lettres à l'évêque

Sous la côte 1P51 aux Archives de l'évêché, deux lettres au prélat datées du 3 avril et du 4 octobre 1836 ont été conservées :

A Monseigneur De Poulpiquet, Evêque du finistère.

Les membres du Conseil municipal et de fabrique de Ergué-Gabéric.

Monseigneur l'Evêque

Vous n'ignorez pas que le malheur qui nous a frappé le 2 février dernier [2]. La tempête a renversé le clocher de notre paroisse dont la reconstruction est évaluée par M. l'architecte principal du département à la somme de 7486 F 80 centimes. Cette dépense est de beaucoup au-dessus de nos moyens qui sont absolument nuls. C'est pourquoi, sous les auspices de M. de Toulgoët, notre député, nous réclamons, près M. le ministre de l'Intérieur, du secours que nous voudrions voir s'élever à 4000 F au moins ; nous avons espoir que la charité des fidèles suppléera avec le temps au reste.

Nous pensons aussi qu'aidé de votre crédit près M. le ministre des Cultes et M. de Quélen, notre compatriote, archevêque de Paris, ces hauts dignitaires nous prêteraient leur assistance pour appuyer nos réclamations au ministre de l'Intérieur.

Auriez-vous la bonté Monseigneur l'Evêque de vouloir bien solliciter de ces magistrats, une démarche en notre faveur ?

En ce cas nous ne doutons pas du succès, pas plus que vous ne devez douter de toute notre reconnaissance et du profond respect avec lequel nous sommes monsieur l'Evêque vos fidèles serviteurs.

Ergué-Gabéric le 3 avril 1836

Le conseil de la fabrique. Les membres du conseil municipal.


Le conseil de la fabrique d'Ergué-Gabéric à Monseigneur l'Évêque de Quimper.

Le 4 octobre, Monseigneur

Le retour d'une réponse de son Excellence le Ministre des Cultes au sujet de la pétition que nous avons faite pour la restauration de notre

 

Suite de la 2e lettre :

tour et église dont le dégat est évalué par Monsieur Bigot [1] architecte du département à sept mil quatre cent quatre vingt dix francs et quatre vingt six centimes nous fait assez présumer que nous n'avons rien à espérer du gouvernement. De plus nos dépenses ordinaires absorbant presque tous les ans la recette, la fabrique se trouve devant l'impossibilité de suffire à cette dépense. D'un autre côté la caisse municipale étant épuisée par les réparations de la route vicinale ne peut nous donner aucun secours. Nous trouvant ainsi sans ressource pour faire cette réparation, nous avons cru devoir recourir à votre bonté paternelle et prier votre Grandeur de nous céder pendant quelques années le tiers de Kerdévot au moyen duquel et d'une souscription volontaire que nous ferons dans la paroisse, nous espérons pouvoir réparer notre église et notre tour.

Le 4 octobre 1836
Nous avons l'honneur d'être, Monseigneur, vos très humbles et obéissants enfants,

H: Lozac'h, président ; Le Roux A. ; Laurent, maire ; Louis Le Roux, trésorier ; René Le Pétillon, secrétaire



[modifier] Conseil municipal

Lors du 1er conseil [3] abordant le sujet le 17 mai 1836, les conditions budgétaires ne se présentent pas sous leurs meilleurs jours  :

Du 17 mai 1836

Séance du conseil municipal de la commune d'Ergué-Gabéric

Conformément aux dispositions de la lettre de Mr le préfet du département du finistère en date du neuf de ce mois, le conseil fut réuni aujourd'hui à l'effet de déterminer la quotité et la nature des ressources pouvant être fourni par la commune pour la réédification de son église paroissiale.

Mr le Maire présidant la séance a déposé sur le bureau la lettre sus datée, ensemble, le procès verbal dressé par Mr l'architecte principal du département du finistère, le 1er avril dernier, contenant les devis des travaux nécessaires à la réédification de l'église et du rétablissement du clocher, orgues et horloge.

Le conseil après avoir délibéré

Vu la lettre de Mr le préfet du département

Vu le dit devis portant à une somme de 7486 francs 80 centimes

Considérant que l'actif du budget de la commune ne portant annuellement qu'à environ 300 francs suffit à peine aux simples frais d'administration ordinaire.

Considérant que la somme de 7486 francs 80 centimes, montant du devis précité, celle de 700 francs représente précisément les frais de charrois, fourniture et extraction de pierres

Considérant que plusieurs habitants de la commune se sont engagés à contribuer aux réparations dont il s'agit pour différentes sommes pouvant porter ensemble à environ 200 francs.

Détermine et fixe la quotité et nature des sommes énoncées à la disposition de la commune comme il va être établi d'autre part, savoir
1° frais de fourniture, charrois et extraction des pierres 70O fr
2° montant des souscriptions promises par divers habitants 200 fr totalisant neuf cent francs 900 fr

Le conseil reconnait que ces ressources et celles qui pourraient être fournies par la caisse de la fabrique sont insuffisantes pour entreprendre les travaux dont il s'agit ; aussi exprime-t-il encore le vœu qu'il plaise à l'administration supérieure de venir au secours d'une commune qui abandonnée à ses propres ressources ne pourrait espérer de voir rétablir l'édifice consacré au culte de la religion pratiquée par la totalité de ses habitants. six mots rayés

Délibéré à Ergué-Gabéric, au lieu ordinaire des réunions du conseil municipal, les dits jour et ans, et ont les membres du conseil sachant signer, repettés le registre de leur signature six mots rayés ...

Liot, Laurent Maire, Le Lozac'h adjoint, Nédelec, Lecorre, Guyader, Allain Lecuno, Louis Le Roux, Guillamet

Lors du conseil du 8 janvier 1837, soit presqu'un an après la tempête, une bonne nouvelle est annoncée, à savoir la l'octroi d'un secours de 500 francs de la part du gouvernement français :

Du 8 janvier 1837

Séance du conseil municipal de la commune d'Ergué-Gabéric, présidé par Mr le maire et où siègaient : Ms Lozac'h, adjoint, Le Roux (Louis), Le Naour, Le Guyader, Mahé, Guillamet, Favennec, Le Bihan, Le Roux et Lester.

Mr le président a déposé sur le bureau une lettre de Mr le préfet du département en date du 26 décembre dernier, lettre par laquelle le magistrat annonce au conseil municipal que le gouvernement a approuvé la proposition qui lui avait été faite d'accorder à la commune un secours de 500 frs pour aider aux dépenses de construction du clocher et de réparation de l'église.

Le conseil délibérant sur l'objet de cette lettre est d'avis :

1° que l'allocation de 500 francs faite sur les fonds du trésor ainsi qu'il est ... de travaux pas suffisante pour permettre de faire ... les dits travaux de réparation et de construction, tels qu'il fut détaillé dans le devis dressé le 1er avril 1836 par Mr l'Architecte du département, il y a lieu de modifier le dit devis et à le mettre plus en rapport avec les ressources de la commune.

 

2° qu'il soit demandé à qui de droit l'autorisation d'appliquer (rayé : pour cette année, ayant à les rendre plus tard à leur destination), aux dites reconstructions et réparations pour cette année fiscalement ayant les rendre à leur destination en temps utile les fonds existant actuellement à la caisse municipale et provenant préservant de l'imposition des trois centièmes destinés à l'école primaire.

Le conseil exprime qu'au moyen de la modification d'une partie du devis précité, de l'allocation des 500 frs qui vient d'être autorisée par le gouvernement, de l'emprunt des fonds destinés à la création d'une école primaire, et des autres ressources fournies par la caisse de la fabrique, et la bienveillance des habitants de la commune, il lui sera possible de relever le clocher de l'église et remettre ce batiment en état de réparation dans le cours de cette année.

Délibéré en mairie à Ergué-Gabéric ce jour 8 janvier 1837 et ont signé les membres présents sachant signer, trois mots rayés ...

Liot ; Louis Le Roux ; Allain Le Naour
Guyader ; Louis Le Bihan ; Guillamet
Mahé ; H. Lozac'h, adjoint ; Laurent, maire

Le 12 mars 1837 les choses se précisent :

Du 12 mars 1837

Séance du conseil municipal de la commune d'Ergué-Gabéric présidé par Mr René Laurent, maire, ... Mrs Lozac'h, Le Roux, Mahé, Favennec, Le Corre, Guillamet, Le Guyader, Nédélec, Le Bihan, et ? Lester.

Le conseil réuni conformément aux dispositions de la lettre de Mr le Préfet en date du 23 février dernier et quatre du présent mois, à l'effet de constater le montant des ressources pouvant être employées par la commune aux travaux de réparations de son église paroissiale et de fixer les époques de paiement du prix de ces travaux.

Considérant que les fonds et revenus à la disposition de la commune consistent comme suit :
1° Montant des dons volontaires compris en l'état et présenté aujourd'hui par Mr le maire >>> 1100.00
2° Somme pour laquelle la commune a été comprise dans la répartition du crédit alloué par le conseil général sur l'exercice de 1837 >>> 500.00
3° Secours accordé par les fonds de l'Etat - exercice de 1837 >>> 500.00
4° Somme provenant du trésor de la commune >>> 300.00
5° Somme fournie par la caisse de la fabrique >>> 300.00
En tout >>> 2700.00

Somme insuffisante pour faire face à la moitié de celle de 7486 frs 80 cts, montant du prix des travaux prévus au devis dressé le 1er avril 1836 par Mr l'Architecte principal du département.

Considérant qu'au nombre des travaux portés au dit devis, ceux dits de l'intérieur et de la toiture sont déjà terminés pour une partie, et ne font point de nécessité absolue pour l'autre partie.

Considérant que vu l'exigüité des ressources de la commune on ne peut plus espérer quant à présent, de remplacer le clocher, jeu d'orgues et horloge.

Considérant enfin qu'il n'est aucun moyen praticable de porter les ressources de la commune au-delà de la somme de deux mille sept cents francs, montant de l'état ci-dessous.

Est d'avis que le devis de réparation à faire à l'église paroissiale soit modifié et mis plus en rapport avec les sommes qui y sont destinées.

En conséquence le conseil prie Mr le maire de demander à Mr le Préfet qu'il soit dressé un nouveau devis des dites réparations, devis ne devant comprendre exactement que la seule réédification de la tour avec toute la solidité nécessaire et l'économie la plus stricte et la plus sévère, sauf à la commune à se pourvoir d'orgue, de clocher et d'horloge en temps plus opportuns, et ont signé au registre les membres sachant le faire.

Lester ; H. Lozac'h ; Guyader ; Le Bihan ; Louis Le Roux Nédellec ; Guillamet ; Le Corre ; Laurent, maire

En mai 1837 il est temps de conclure et de faire démarrer les travaux par le maitre maçon :

Du 14 mai 1837

Le conseil municipal de la commune d'Ergué-Gabéric réuni au siège ordinaire de sa séance, en vertu de la lettre de Monsieur le préfet en date du 10 de ce mois, le conseil accepte la soumission proposée par le sieur L'Haridon maitre maçon pour la reconstruction du clocher de l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric et ont signé au registre les membres sachant le faire .

Nédélec, Louis Le Bihan, Guyader, H. Lozac'h, Louis Le Roux, Guillamet, Le Corre, Laurent maire


[modifier] Financement et restauration

A. Devis L'Haridon, 01.04.1836

L'artisan présente dès le 1er avril 1836 un devis contresigné de la main de l'architecte départemental et diocésain Joseph Bigot [1] pour un montant global de 7486 francs et 80 centimes.

Département du Finistère. Arrondissement de Quimper. Commune de Ergué-Gabéric.

Devis des ouvrages à exécuter pour la restauration du clocher de l'église de Ergué-Gabéric et des grosses réparations aux murs et couverture de cette église par suite de l'éboulement de l'ancien clocher renversé par la tempête extraordinaire du 2 février 1836.

Exposé des motifs

Le présent devis comprend la reconstruction du clocher de l'église de la commune d'Ergué-Gabéric, les réparations à la couverture, au mur de façade et celui latéral Sud, à l'horloge, jeu d'orgues et cloches, brisés ou endommagés par l'éboulement du clocher. Ce clocher de forme pyramidale a été renversé et sapé jusqu'à sa base par la tempête extraordinaire du 2 février dernier. Les pierres en provenance et notamment celles avec moulures, ont été généralement brisées, dans leur chute par l'effet de la foudre, qui, suivant toute apparence, était mêlée dans une trombe. L'une des cloches a été brisée en plusieurs morceaux, la seconde est fendue de manière à ne rendre aucun son. L'horloge a été brisée sous le poids de la chute du clocher et le jeu d'orgues a éprouvé une commiotion telle que le mécanisme des tuyaux se trouve totalement dérangé.

§ Suite du devis ...

Récapitulation sommaire des dépenses ci-après détaillées.

  • La valeur des travaux du clocher s'élève à 3500.00 fr
  • Celle des réparations intérieures de l'église à 542.30
  • Celle pour cloches, horloge, jeu d'orgues, ... 3.088.00

Total : 7120 fr 30 c

  • Honoraires de l'architecte pour l'acte des lieux, rédaction du projet et direction des travaux 5v% : 356.50

Total général 7486 fr 30 c


B. Pétition du 03.04.1837

Le 3 avril les membres du conseil municipal adressent au ministre de la justice et des cultes une demande d'aide.

Monsieur le Ministre,

Le 2 février dernier à dix heures et demi du matin, par l'effet d'une tempête d'autant plus redoutable que le fluide électrique y présidait, le clocher de notre commune a été renversé depuis sa sommité jusqu'à sa base, les cloches ont été brisées, l'horloge détruite, le jeu d'orgues fortement endommagé.

Ce sinistre aurait sans doute occasionné des malheurs incalculables, si la providence n'avait veillé sur nous. C'était l'heure de la grande messe de la fête, qui, fort heureusement, se célébrait ce jour-là, à la chapelle de Kerdevot, située à une distance d'environ une lieue du bourg.

Ce désastre a plongé les habitants dans la consternation, en songeant à l'impossibilité où ils se trouvent de porter d'eux-mêmes, un remède à un si grand malheur. Ce que la fabrique [4] peut recevoir de la piété des fidèles ne saurait suffire que pour l'entretien de l'église. Pas d'octroi, par conséquent pas de secours à attendre de la mairie.

Notre seul espoir, en coopérant autant que nos moyens nous le permettent, est en vous, Monsieur le Ministre, et dans le conseil général du département, qui, nous le savons malheureusement, ne pourra nous accorder qu'un secours minime, vus les nombreux sinistres survenus dans notre département.

Nos quêtes , notre travail et nos prestations en nature seront loin d'atteindre la somme de 7486 fr 80 c calculée sur une base bien étroite par Mr l'architecte principal du département, que nous avons, sur l'avis de Mr le préfet, chargé de la rédaction des plans et devis pour le rétablissement du dégât calculé sur une élévation moindre que l'ancien clocher.

En 1834 les communes de Scaër et Quimperlé, dans le même cas, ont été secourues par le gouvernement sous les auspices de Mr Oupinier, député du Finistère. La sollicitude de notre député, Mr Le Gogal de Toulgoët, qui a la bonté de nous prêter son appui, serait-elle vaine ? ... non, nous avons trop de confiance dans votre autre équité pour douter un instant que vous n'accueillerez pas favorablement notre demande d'un secours que, dans votre générosité bienfaisante, vous saurez calculer sur la pénurie de nos moyens.

Nous avons l'honneur d'être, avec le plus profond respect, Monsieur le Ministre, vos très humbles et très obéissants serviteurs.

Ergué-Gabéric (Finistère), le 3 avril 1836. Les membres du conseil municipal, (11 signatures), les autres membres ne signent.


C. Le ministre, 04.05.1836

À la réception de la pétition du conseil municipal d'Ergué-Gabéric, le ministre des cultes et garde des sceaux Paul Jean Pierre Sauzet envoie ses consignes au préfet du Finistère Thomas Louis Mercier.

Ministère de la Justice et des Cultes. division du Culte catholique. Secours aux communes. Ergué-Gabéric. Restauration du clocher de l'église. Invitation d'instruire l'affaire.

Paris, le 4 mai 1836

Monsieur le Préfet, la commune d'Ergué-Gabéric réclame un secours pour la reconstruction du clocher de son église renversé par la foudre le 2 février dernier.

Sa demande est vivement recommandée par Mr de Tolgoët député de l'arrondissement. Je vous prie d'instruire l'affaire conformément aux prescriptions de la circulaire du 20 mai 1804 et de m'adresser ensuite vos propositions. Je vous renvoie la demande qui m'a été adressée.

Recevez, Monsieur le préfet, l'assurance de ma considération très distinguée. Le Gardes des Sceaux, Ministre de la Justice et des Cultes. (signature P. Sauzet).

 

D. Lettre Bigot, 06.05.1837

Le 6 mai 1837, dans une lettre adressée au préfet et citée dans la biographie de Nolwenn Rannou, Joseph Bigot [1] soutient la soumission de Jean-Louis L'Haridon, maître-maçon à Pleyben, pour l'exécution de la reconstruction du clocher d'Ergué-Gabéric.

Joseph Bigot (1807-1894)
Monsieur le Préfet. Conformément à votre lettre du 12 avril dernier, j'ai l'honneur de vous adresser ci-jointe la soumission du sieur L'Haridon maître-maçon à Pleyben, présentant toutes les garanties désirables de capacité et de solvabilité, pour la reconstruction du clocher de l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric. Les nombreux certificats de capacité et de probité qu'il possède prouveraient qu'il est instruit dans l'art de la construction des clochers.

E. Conseil de fabrique, 17.05.1836

Copie de délibération du conseil de la fabrique [4] contresignée pour copie conforme par le maire René Laurent.

Département du finistère, commune d'Ergué-Gabéric. Du 17 mai 1836. Copie de la délibération du conseil de la fabrique de la commune d'Ergué-Gabéric.

Séance du conseil de la fabrique convoqué en vertu de la lettre de Monsieur le préfet en date du neuf de ce mois et présidé par Louis Le Roux trésorier. Le président a communiqué au conseil la lettre sus dattée de Monsieur le préfet, lettre par laquelle ce magistrat demande la quotité et la nature du secours au moyen duquel la fabrique pourrait contribuer à la reconstruction du clocher de l'église paroissiale. Le conseil délibérant sur l'objet de cette lettre reconnu que la fabrique pouvait disposer d'une somme de trois cent francs pour concourir aux réparations dont il s'agit. Et le présent procès-verbal a été immédiatement revêtu des signatures des membres, le registre dument signé.

Pour copie conforme, Laurent maire.

F. Le ministre, 20.12.1836

En décembre le nouveau garde des sceaux Jean-Charles Persil réclame le croquis du projet de clocher avant de valider l'octroi des 500 francs de subvention publique.

Ministère de la Justice et des Cultes. Division du Culte catholique. Exercice 1836. Meilars et Ergué-Gabéric. Réparations à leurs églises. Avis d'allocation de secours.

Paris le 20 décembre 1836

Monsieur le Préfet, le 8 novembre dernier, j'ai approuvé l'état de vos propositions de secours pour églises et presbytère. J'ai ajourné, toutefois, plusieurs allocations et notamment celle de 500 f attribuée à la commune de Meilars pour la reconstruction du clocher de son église jusqu'à la modification du projet, et celle de pareille somme de 500 f attribuée à la commune d'Ergué-Gabéric pour la réparation de son église, jusqu'après la production du dessin en l'absence desquels il était impossible d'apprécier le mérite du projet.

G. Le préfet, 26.12.1836

En décembre le nouveau préfet Germain-Joseph Boullé fait part au maire d'Ergué-Gabéric de la décision du ministère d'octroyer le 500 francs d'aide.

26 décembre 1836. N° 303. Ergué-Gabéric. Travaux sur église. Joindre les pièces.

Au maire d'Ergué-Gabéric.

Le gouvernement vient d'approuver la proposition que je lui ai faite d'accorder à votre commune, sur le fonds du trésor, exercice 1836, un secours de 500 fr pour aider aux dépenses de reconstruction du clocher et de réparation de l'église évaluées à 7.086 fr 80 c.

Je vous fais en conséquence le renvoi du projet approuvé en vous priant de vous concerter avec le conseil municipal pour examiner les moyens qu'il y aurait de subvenir actuellement à la totalité des dépenses afin de remplir au plus tôt les formalités nécessaires pour préparer l'exécution des travaux, qui aurait lieu aussitôt que la saison les permettrait.

Je désire être informé du résultat de cet examen. Agréez ...

H. Conseil général, 16.02.1837

En plus des 500 francs du gouvernement, la reconstruction du clocher est subventionnée par 500 euros en provenance du conseil général du Finiistère.

16 févrer 1837. Communes travaux publics. Commune d'Ergué-Gabéric. Eglise. Travaux.

Au maire d'Ergué-Gabéric

Je viens de comprendre votre commune pour une somme de 500 francs dans la répartition du crédit alloué par le conseil général du département sur l'exercice 1837 pour aider les communes dans les dépenses de construction ou de réparation d'églises.

Un secours de 500 francs vous ayant aussi été accordé sur les fonds de l'Etat, exercice 1836, votre commune peut disposer immédiatement d'une somme de 1000 francs, concurremment avec les ressources locales.

Je vous réitère en conséquence la prière de vous concerter avec votre conseil municipal pour examiner les moyens qu'il y aurait de subvenir actuellement à la totalité des dépenses et de m'informer du résultat de cet examen dans le plus bref délai.

[modifier] Annotations

  1. Joseph Bigot, né en 1807 à Quimper et mort en 1894 à Quimper, est un architecte diocésain et départemental, conseiller municipal de Quimper de 1870 à 1878. On lui doit à Quimper, son œuvre la plus spectaculaire : les flèches de la cathédrale Saint-Corentin (1854-1856), inspirées de celle de l'église de Pont-Croix. La préfecture finistérienne lui doit aussi la restauration de l'église Notre-Dame à Locmaria, le musée des Beaux-Arts (inauguré en 1872), l'hôtel de ville et des pavillons de l'hôpital Étienne Gourmelen (1837-1850). À partir de 1873, son fils, Gustave, lui succède au poste d'architecte départemental. [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4]
  2. Le clocher d'Ergué ne fut pas le seul clocher du finistère à être abattu par un vent de tempête en cette journée du 2 février 1836 : la tour de la chapelle Notre-Dame-de-Lambader de Plouvorn fut également détruite et dut attendre 45 ans pour sa reconstruction en 1881-82. [Ref.↑]
  3. Index et transcriptions des compte-rendus de séance de conseil => 1800-1850, délibérations du conseil municipal [Ref.↑]
  4. Fabrique, s.f. : désigne, avant la loi de séparation de l'église et de l'état, tantôt l'ensemble des biens affectés à l'entretien du culte catholique, tantôt le corps politique spécial chargé de l'administration de ces biens, ce au niveau de l'église paroissiale ou d'une chapelle. Les paroissiens trésoriers membres de ce corps étaient les « fabriciens », les « marguilliers » ou plus simplement jusqu'au 18e siècle les « fabriques » (s.m.). Les fabriques sont supprimées par la loi du 9 décembre 1905 et remplacées par des associations de fidèles. Source : site Internet restarhorniou. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 4,0 4,1]


Thème de l'article : Etude de documents anciens.

Date de création : Août 2007    Dernière modification : 12.05.2023    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]