1511 - Mandement de la Chancellerie pour relever les patibulaires de Lezergué-Lestonan - GrandTerrier

1511 - Mandement de la Chancellerie pour relever les patibulaires de Lezergué-Lestonan

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Catégorie : Documents    
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§ E.D.F.
Un mandement de justice émis par la Chancellerie de Bretagne pour autoriser Jehan de Coetnaznere, seigneur de Lezergué, pour déplacer ses deux poteaux de fourches patibulaires [1] qui sont tombées à terre.

Cette pièce est inscrite dans le registre B19 des lettres scellées à la Chancellerie de Bretagne durant l'année 1510 (ancien style), document conservé aux Archives de Loire-Atlantique. Ces lettres ont été l'objet d'une d'étude et d'un mémoire de maîtrise par Karine Debord à l'Université de Bretagne Occidentale en 1997, sous la direction de Jean Kerhervé.

Autres lectures : « 1736-1740 - Défense des droits de fief, de justices et de prééminences pour Lezergué » ¤ « 1680-1682 - Papier terrier et déboutement de réformation du domaine de Lezergué » ¤ « Familles nobles gabéricoises » ¤ « Familles Cabellic, Coatanezre et Autret » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

En ces débuts du 16e siècle, cela fait déjà 12 ans que la chancellerie a été récréée par Anne de Bretagne juste après son mariage avec le roi de France Louis XII, aux fins de veiller aux libertés institutionnelles du duché.

Parmi les 1484 actes du registre de 1510-1511, on trouve celui-ci en folio 210, octroyant au seigneur de Lezergué et des Salles l'autorisation ducale de déplacer ses fourches patibulaires du village de Lestonan de quelques mètres plus près de son manoir de Lezergué.

Rappelons que ces fourches représentent les poteaux soutenant des poutres auxquelles sont suspendus les cadavres des délinquants condamnés à mort. Seul le seigneur Haut Justicier a le droit d'avoir ces justices patibulaires sur son domaine, puisqu'il a le droit de condamner un criminel à mort. Selon le titre et la qualité des fiefs qui ont droit d'en avoir, les fourches ont 2, à 3, à 4 ou à 6 poteaux piliers.

Les actes du registre sont rédigés d'une belle écriture gothique dite "batarde". Le folio 209 précise que le mandement a été rendu à Dinan, ville où la chancellerie s'est installée pour quelques mois, « 14e jour de novembre oudit an ». Mais cette datation est basée sur le calendrier "ancien style" démarrant le jour de Pâques (31 mars), on peut déduire que, dans notre calendrier "nouveau style", elle est plutôt du 13 février 1511.

Le bénéficiaire haut-justicier de Lezergué est Jehan de Coetaznere, seigneur de Lezergué et des Salles [2], décédé en 1537, et détenteur des armoiries aux 3 épées visibles sur les vitraux de l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric. Il est marié à Amice de la Palue, et leur fille transmettra l'héritage de Lezergué à la famille Autret.

 

L'accord de la chancellerie de Bretagne s'appuie sur ce pré-supposé : « Suposant que ses predicesseurs seigneurs des Salles auront justice patibullaire en ung villaige de Lestonan en la parroesse d'Ergué Gabéric ». Les générations précédentes incluent certainement le père de Jehan, décédé en 1500 et prénommé Jehan également. Par contre, il n'est pas attesté que le droit de haute-justice était accordé aux premiers occupants nobles de Lezergué, à savoir les Cabellic.

Quant aux circonstances de la demande, à savoir que les fourches patibulaires sont "chues" (du verbe choir) : « elle estoit cheoiste apres que l'informacion en fut faicte fut ledit suppliant licencié ... », d'autres documents plus tardifs confirment qu'en 1497 Jehan de Coetanezre avait obtenu le droit de relever ses « patibulaires à deux pots » (piliers).

Patibulaires à 2 pots
Patibulaires à 2 pots
En tous cas, le mandement de 1511 de la chancellerie déclare que le prince, à savoir la duchesse et son mari le roi de France, autorise aussi le déplacement de l'ouvrage de Lestonan en un lieu inconnu situé plus proche du manoir de Lezergué : « ce n'y ait aucun prejudice au prince ne à aultruy licencier ledit suppliant de muer sadite justice patibullaire et la lever ailleurs pres de sondit manoir ou de justice verrez apartenir en son fié qu'il tient prouchement dudit seigneur. ». Les deux poteaux de justice ont-ils été dressés sur la montagne de Coat-Chapel ?

[modifier] 2 Transcriptions

Travaux de Karine Debord,
Etude et transcription du registre des lettres scellées à la chancellerie de Bretagne en 1510
Tome 2, transcription

Page 286

en marge : À Dinan

1. Devant Monseigneur le vichancelier,

2. présens messires Guillaume Le

3. Bigot, le senneschal de Rennes,

4. maistres Hervé du Quélennec, Raoul

5. Grimaud, Loys des Desers,

6. Guillaume Le Bascle, le jeudi

7. 14e jour de novembre oudit

8. an.

 

Page 286, acte 1309

1. Mandement adrecé au juges de Quempercorentin

2. et à touz autres justiciers à qui peult apartenir,

3. pour maistre Jehan de Coetanezre. Suposant

4. que ses predicesseurs seigneurs des Salles auront

5. justice patibullaire en ung villaige de

6. Lestonan en la parroesse d'Ergué Gabéric. Et qu'elle estoit

7. cheoiste apres que l'informacion en fut faicte,

8. fut ledit suppliant licencié de la faire lever au

9. lieu où elle estoit. Laquelle justice ilz

10. desireront muer en autre lieu en son fié

11. qui tient prochement du roy et duc en ce pays,

12. qui est plus pres de son manoir qu'il a

13. en ladite parroesse d'Ergué Gaberic. Sur quoy

14. est mandé ausdits juges s'il leur est aparu du

15. donné à entendre par ledit mandement appellé

16. le procureur dudit Quempercorentin et en ce

17. n'y ait aucun prejudice au prince ne à aultruy

18. licencier ledit suppliant de muer sadite justice

19. patibullaire et la lever ailleurs pres de sondit

20. manoir ou de justice verrez apartenir en son

21. fié qu'il tient prouchement dudit seigneur. Et

22. sauvegarde generalle. Raporteur du Quelennec.
( en marge : Lanvaulx)

23. (Signature Berthelot)

[modifier] 3 Originaux

Lieu de conservation :
  • Archives Départementales de Loire-Atlantique.
  • Cote B 19, folio 210 (arch. numérisées p. 212 f. 214) et folio 209 (arch. numérisées p. 211 f. 213).
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Folio 210 recto
Folio 210 recto
Folio 209 recto
Folio 209 recto

[modifier] 4 Annotations

  1. Fourches patibulaires, s.f.pl : colonnes de pierre dotées d'une traverse de bois où les condamnés à la mort sont pendus et exposés à la vue des passants. Elles ne servent donc qu'aux supplices capitaux, dont les exécutions ne se faisaient autrefois que hors les villes. Seul le seigneur Haut Justicier a le droit d'avoir des fourches patibulaires (ou gibets), puisqu'il a le droit de condamner un criminel à mort. À l'égard du nombre des piliers des fourches patibulaires, il y en a à 2, à 3, à 4 ou à 6, selon le titre et la qualité des fiefs qui ont droit d'en avoir. Les simples seigneurs Hauts Justiciers n'ont ordinairement le droit d'avoir que des fourches patibulaires à 2 piliers, s'ils ne sont fondés en titre ou possession immémoriale. Les fourches à 3 piliers n'appartiennent de droit qu'aux seigneurs châtelains; celles à 4 piliers n'appartiennent qu'aux barons ou vicomtes ; celles à 6 piliers n'appartiennent qu'aux Comtes. Source : "La justice seigneuriale et les droits seigneuriaux" de Claude-Joseph de Ferrière. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  2. Le manoir des Salles est situé à Kerfeunteun, proche de Quimper. [Ref.↑]


Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric.

Date de création : Janvier 2017    Dernière modification : 25.06.2018    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]