Noblesse de Tinténiac propriétaire du manoir du Cleuyou avant la Révolution
Un article de GrandTerrier.
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Certes à la Révolution, le manoir fut vendu comme « bien national » confisqué à son détenteur noble émigré, François-Hyacinthe de Tinténiac, et le fils de ce dernier bien connu comme un valeureux chouan, mort presque comme un martyre à Coëtlogon. Mais que sait-on plus précisément de cette famille et son rapport à le manoir du Cleuyou en Ergué-Gabéric, proche de la ville de Quimper ? Travail en préparation avec l'aide précieuse de Bernard Baffait, qui, pour bâtir sa saga historique du Chevalier Kerstrat (2 tomes publiés, un 3e en préparation), a rassemblé un fonds documentaire sur les Tinténiac et leurs contemporains en cette fin du 18e siècle. |
Autres lectures : « Archives du Cleuyou » ¤ « Le manoir du Cleuziou/Cleuyou » ¤ « ROGEL Christian - Le manoir du Cleuyou en Ergué-Gabéric » ¤ « BAFFAIT Bernard - Le Chevalier Kerstrat, Chouan des Lumières » ¤ « PÉRON Goulven - Le clergé de Laz de 1754 à 1800 » ¤ « 1792-1795 - Liste des citoyens absents et réputés émigrés » ¤ « 1762 - Dénombrement du Cleuziou et Kerempensal par François Hyacinthe de Tinteniac » ¤ « MACÉ DE VAUDORÉ Jean-François (de) - Noblesse de Bretagne et du Comté Nantais » ¤ « 1742 - Inhumation illégale de Marie Duval de Lezergué dans l'église paroissiale » ¤ « VILLEMARQUÉ Théodore Hersart (de la) - Le Barzaz Breiz » ¤
1 Présentation
La famille de Tinténiac est une très ancienne famille noble de Bretagne, originaire de Tintinéac en Ile-et-Vilaine. En 1351, le chevalier Jean de Tinténiac s'illustre dans le Combat historique des Trente Ci-dessous une compilation des documents d'archives, des traces historiques et des sources bibliographiques mentionnant les générations des Tinténiac en rapport avec le château du Cleuyou. |
Les Tinteniac de Quimerc'h et de Quimper, les détenteurs attestés du Cleuyou étant Vincent-François (*1*) et François-Hyacinthe (*2*) : Joseph-Hyacinthe de Tinteniac (1655-1733) x Louise-Ursule Allain (1673-1709) ├ ├> François-Hyacinthe de Tinteniac I (1701-1737) ├ x Marie-Rose de Tréouret ├ ├ ├ └> *2* François-Hyacinthe de Tinteniac II (1726-1794) ├ x 1747 Antoinette-Françoise de Kersulguen ├ ├> Anne Josèphe de Tinteniac (1749-1812 à Londres) ├ ├ x 1772 Guillaume Bonaventure BREIL du RAYS ├ ├> Hyacinthe-Joseph-Jacques de Tinteniac (1753-) ├ ├ x 1775 Marie Yvonne Séverine de Kersauson ├ └> Vincent de Tinteniac, dit le "loup blanc" (1756--1795) └> *1* Vincent-François de Tinteniac (1710-1760) |
2 Chevaliers, comtes et marquis de Tinténiac
L'inhumation du chevalier Vincent-François dans l'église paroissiale en 1760 est exceptionnelle, tous les autres défunts étant inhumés dans le cimetière. Le 16 août 1719 le Parlement de Bretagne avait totalement interdit les inhumations dans les églises à l'exception des propriétaires d’enfeux Dans un document d'archive dit Minu |
La Révolution ayant installé son Directoire à Quimper, François-Hyacinthe de Tintinéac (et ses fils) sont très vite déclarés émigrés :
En 1789, lors de la protestation contre la suspension du Parlement de Bretagne de Rennes, parmi les quelques 800 nobles bretons signataires de la pétition, on trouve nos deux Tintinéac père et fils : « François Hyacinthe de Tinteniac ; Vincent Louis, chevalier de Tinteniac, » En janvier 1791, lors d'un rassemblement de royalistes au manoir de Trévarez en Laz, les mêmes personnes répondent à l'interrogatoire par le représentant du Directoire de Carhaix Manifestement l'évènement qui officiellement était une partie de chasse, organisée par les Tintinéac, avait rassemblé du beau monde : « Requis de donner leurs noms ils nous ont nommé M. de Tinténiac, son fils, MM. Beauvoir, Kerstrat, Briand, chevalier de saint- Louis de Quimperlé, Keranevel, Guernisac, Trémiso, Kerléau, d’Ampherney, Derval, Duvergier père et fils » |
3 Vincent l'officier chouan dit "loup blanc"
Comme indiqué au chapitre précédent, le grand-oncle Vincent François a bien habité le manoir de Cleuyou, mais rien n'est moins sûr pour son neveu François-Hyacinthe et les fils de ce dernier. Il faut dire qu'en Bannalec les Tinténiac avaient leur château familial, et aussi depuis la fin du 17e siècle un hôtel particulier à Quimper. Cette dernière construction sur les quais de l'Odet (au 40) coûta si cher que la fortune familiale faillit y être engloutie. C'est dans cet hôtel de Quimper qu'est né Vincent-Louis en 1756.
Dans une monographie manuscrite sur sa belle-famille des Kerstrat de Tréouret, Éphrem Houel du Hamel décrit ainsi le chevalier Vincent de Tinténiac : « La famille de Kerstrat formait à Londres un centre de parents et d’amis qui cherchaient à pallier les douleurs de l’exil par une douce intimité. [...] On remarquait aussi dans l’intimité de la famille un jeune homme de petite taille, un peu boiteux, charmant cavalier d’ailleurs et qui joignait à l’esprit le plus vif et le plus délicat la grâce et la distinction de l’illustre famille dont il descendait. » Bernard Baffait, dans son livre « Le Chevalier Kerstrat, Chouan des Lumières » décrit la scène de l'assassinat du chevalier : « Tinténiac se trouvait dans le groupe de tête des poursuivants, au milieu de l'avenue de Logon, Julien sur ses talons, lorsqu'il vit plusieurs chouans qui s'apprêtaient à tirer sur un grenadier. Celui-ci avait tardé à fuir et progressait par bonds d'un arbre de l'avenue à l'autre. Tinténiac cria à leur intention : « Ne le tuez pas ! Je lui fais grâce ! » tout en s'approchant de l'homme. Celui-ci le regardait venir, l'arme baissée. Tinténiac continuait à suivre plus calmement les fuyards sans plus s'occuper du grenadier immobile. Lorsqu'il ne fut plus qu'à trois ou quatre mètres de lui, le Bleu releva le canon de fusil qu'il pointa vers la poitrine du chef chouan en grande tenue et tira sans viser. » |
Protestation Parlement de Bretagne + Association Bretonne de La Rouerie : à développer. Un certain nombre d'ouvrages sont consacrés, en totalité ou en partie, à l'évocation du personnage du « Loup blanc » :
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4 Annotations
- Le combat des Trente est un fameux épisode de la guerre de Succession de Bretagne entre les partisans de Charles de Blois et ceux de la maison de Montfort, combat qui se déroula le 26 mars 1351 sur la commune de Guillac (Morbihan), entre Josselin et Ploërmel, près du « chêne de la lande de Mi-Voie ». [Ref.↑]
- Enfeu, s.m. : ancien substantif déverbal de enfouir. Niche à fond plat, pratiquée dans un édifice religieux et destinée à recevoir un sarcophage, un tombeau ou la représentation d'une scène funéraire. Avant la Révolution française, les seigneurs du pays étaient enterrés par droit d'enfeu dans un sépulcre de ce genre. Source : Trésors de la Langue Française. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Minu, menu, s.m. : terme d'usage en Bretagne, pour exprimer la déclaration et le dénombrement que le nouveau possesseur à titre successif doit donner par le menu à son seigneur, des héritages, terres et rentes foncières qui lui sont échus à ce titre, et qui sont sujets à rachat, pour faire la liquidation de ce droit. Source: Dictionnaire Godefroy 1880. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Rapport de François-Xavier Baudot, membre du directoire du disctrict de Crhaix, publié par Goulven Péron dans la revue Kaeir ar Poher de juin 2012 : « Le clergé de Laz de 1754 à 1800 - Messires Gallois et Jacob » ¤ [Ref.↑]
Thème de l'article : Biographie d'une personnalité gabéricoise Date de création : Janvier 2015 Dernière modification : 16.01.2015 Avancement : [Développé] |