Le Progrès du Finistère du 04.05.1912
Ergué-Gabéric
Les « Gugusses ».
Les Radicaux, genre « cocorico », essayent de former une liste. Deux d'entre eux, surtout, se démènent, comme des diables dans un bénitier, ils parcourent la commune d'un bout à l'autre, cherchant des adhérents pour compléter leur liste Hémono-Soulièro-Bailliste ; mais, en vain, c'est inutile ! et dès maintenant, nous pouvons dire :
« Radicalet lipet ho peg
Turben ar mair n'a po quet.
Taïllet vo deoc'h guiz eo gloat
Bebet chupen deuz en hed ».
Ar Goaper.
Nous donnons ci-dessous les noms des membres de la liste libérale, et dont le succès est sûr d'avance.
Le Roux, Louis, conseiller sortant ; Le Goff, c.s. ; Feunteun, René, c.s. ; Charuel Yves, c.s. ; Le Berre, Jean, c.s. ; Le Dé, Joseph, c.s. ; Laurent, Jacques, c.s. ; Mahé, Jean, c.s. ; Nédélec, François, c.s. ; Nédélec, Louis, c.s. ; Salaun, Yves, c.s. ; Talayen, Vincent, c.s. ; Tirant, Yves, c.s. ; Bacon, Louis, de Quilihuec ; Danion, Sébasbien, Kerharnus ; Espern, Louis, Loqueltas ; Jézéquel, Alain, Savardiry ; Huitric, Jean-Louis, Kerourvois ; Le Bihan, Hervé, Garsalec ; Quelven, Louis, saint-André ; Le Roux, Hervé, Quélennec.
|
Le Progrès du Finistère du 18.05.1912
Ergué-Gabéric. Autour d'un scrutin, leçon des élections.
On nous écrit :
« Le Citoyen du 11 Mai disait : « Cinq républicains élus ! ... Jusqu'à une heure avancée de la nuit, les cris de "Vive la République" retentirent joyeux à tous les échos ».
En effet, c'est vrai ; après trente ans de lutte, voir cinq des leurs entrer au Conseil municipal c'est quelque chose ! Quel contraste, disons-le tout de suite, avec le calme qui accueillit dimanche soir la victoire libérale !
Mais ce que le Citoyen et ce que le Finistère ne diront jamais, c'est le "pourquoi" de ce succès. Ils ne le diront pas et pour cause.
§ Il faut pourtant que la situation soit claire ...
Il faut pourtant que la situation soit claire, et que certaines gens n'aillent pas crier victoire là où ils n'ont dû leur succès qu'à un procédé qui le rend singulièrement discutable.
En effet, pourquoi la liste Laurent a-t-elle pu faire élire cinq candidats au premier tour et un au scrutin de ballotage ?
Parce que tout un quartier de la commune était mécontent du maintien d'un instituteur de hameau auquel les pères de familles ne peuvent ou ne veulent pas confier leurs enfants. On m'a dit qu'il n'avait que 5 élèves, alors que son école aurait pu en compter 70 à 80.
Par suite, on s'est dit : La Municipalité sortante ne peut rien à la préfecture. Tâchons d'en nommer une autre qui aura l'oreille du Préfet. Ce sera pour nous un gain très sérieux. Nous ne serons plus obligés d'envoyer nos enfants à l'école du bourg où nous savons qu'ils restent des heures sans surveillance, et où nous sommes obligés de payer au moins le repas de midi. Élisons donc une Municipalité qui aura comme chef le délégué cantonal, et nous sommes sauvés.
Et voilà tout simplement, en dépit de tout ce que le Citoyen et le Finistère ont pu inventer, la raison dernière de l'élection de six candidats radicaux au Grand-Ergué.
Pourtant, le Conseil municipal sortant avait demandé le déplacement de cet instituteur de hameau pour des motifs qui sont consignés au procès-verbal des délibérations. On n'a pas voulu faire droit à leurs réclamations. Pourquoi ?
Peut-être parce que l'on escomptait que le maintien de cet instituteur entrainerait la chute d'une municipalité qui, depuis trente ans, a géré les finances de la commune avec une très grande sagesse.
La grande tare de cette Municipalité était de n'être pas radicale. Et pourtant jamais elle n'a voulu abattre la République. D'ailleurs, était-ce en son pouvoir ? Mais toujours elle a émis des votes de liberté et d'équité.
De ce scrutin, quelle est la leçon à tirer ?
1° Pour les radicaux, tous les moyens sont bons pour réussir, dussent-ils pour cela sacrifier leurs meilleurs amis.
2° Électeurs d'Ergué-Gabéric, si vous ne voulez pas être déçus, ne confiez pas vos intérêts à des hommes dont le moindre souci est de soutenir ceux qui ont toujours travaillé pour eux.
3° Électeurs du Grand-Ergué, aujourd'hui, vous savez où sont vos vrais amis ; et, désormais comme par le passé, vous vous montrerez partisans d'une politique de liberté, de justice et d'égalité que les candidats soi-disant républicains n'auraient jamais voulu vous accorder.
Vive le Grand-Ergué ! et vive la République libérale et catholique. Un électeur.
|
Le Progrès du Finistère du 01.06.1912
Nouvelles départementales. Ergué-Gabéric. Un dernier mot sur les élections.
On connaît le coup classique du picpocket surpris en flagrant délit, et se mêlant à la foule, en criant « au voleur ! » plus fort que n'importe qui.
C'est la tactique du correspondant du Finistère à Ergué-Gabéric.
« Voici, dit-il, la vérité sur les élections municipales à Ergué-Gabéric », et il écrit un long article contraire à la vérité historique. Ne serait-il d'ailleurs pas accoutumé à fausser l'Histoire, ailleurs que dans les articles de journaux ?
§ Quoiqu'il en soit ...
J'espère que le correspondant du Finistère n'ignore pas ces faits, et alors, je le demande, de quel côté se trouve le mensonge ? On nous objecte que les électeurs de ce quartier n'ont pas eu la liberté du vote ! Allons donc ! C'est faux ! Archi faux ! Ah ! s'il en avait été ainsi, aucun membre de la liste d'opposition n'aurait passé au premier tour et la liste du Maire aurait passé tout entière. Tout le monde sait cela à Ergué-Gabéric, excepté le correspondant du Finistère.
Il voudrait peut-être mesurer tout le monde à son aune. Pourquoi, s'il vous plait, le fait de voter pour son patron, détruirait-il, chez l'ouvrier conscient de ses droits et de ses devoirs, la liberté du citoyen ? L'ouvrier doit-il donc, pour prouver qu'il est libre, voter toujours contre son patron ?
Drôle de philosophie que celle-là !
Concluons pour de bon : la commune d'Ergué-Gabéric, cette fois encore, n'a pas voulu être gouvernée par les hommes de la Préfecture ; espérons que le bon sens des électeurs et leur amour de la liberté triompheront de nouveau de tous les mensonges, quand l'occasion se présentera.
Un électeur.
|
Le Progrès du Finistère du 24.08.1912
Ergué-Gabéric. Élections municipales complémentaires.
Voici les résultats de l'élection de dimanche à Ergué-Gabéric : Inscrits : 638. Votants : 479. Majorité absolue : 240.
Liste républicaine libérale. - MM. Charuel Yves, 248 vois, élu ; Huitric Jean-Louis, 245, élu ; Mahé Jean, 253, élu ; Quelven Louis, 251, élu ; Le Roux Hervé, 260, élu ; Turant Yves, 228.
Liste républicaine de gauche. - Barré Louis, 237 ; Billon Alain, 219 ; Lasseau Pierre, 228 ; Le Roux Alain (Kermoysan), 233 ; Signour Corentin, 212 ; Stervinou Jean, 187.
§ Reste un ballotage pour dimanche prochain ...
Reste un ballottage pour dimanche prochain, et sans aucun doute, ce sera encore le candidat libéral qui l'emportera.
Enfin, c'est fini Pour un moment. On commençait à en avoir assez des élections à Ergué-Gabéric. Ce sera la sixième fois dimanche que les électeurs y sont convoqués.
De cette lutte, on peut dire fratricide, qui a commencé au mois de Mai et qui se continue aujourd'hui, que dire, sinon qu'il est profondément triste de constater ces divisions, dans une commune qui, depuis longtemps, était bien tranquille, entre de braves gens qui n'auraient dû former qu'un cœur et qu'une âme.
Maintenant que la lutte est finie, formons le vœu que les 5 républicains élus patronnés par la Préfecture, sachent et veuillent se dégager d'une servitude qui est réelle ; qu'ils écoutent davantage la voix de leur conscience de catholiques, - ils le sont comme tout le monde ici. - et moins la voix de certain personnage officiel qui voudrait se poser en nouveau sauveur. Sauveur de qui, et de quoi ? De la République, évidemment ! En cela, il rappelle beaucoup Don Quichotte de joyeuse mémoire qui se battait contre des moulins à vent.
Que désormais donc, l'union la plus grande règne dans le nouveau Conseil, et que tous travaillent, dans la concorde, à la prospérité de leur commune, pour y maintenir les idées qui ont fait sa gloire dans le passé et qui continueront, nous en avons le ferme espoir, de taire sa gloire dans l'avenir.
Vive le Grand-Ergué catholique !
Un électeur.
|
Le Progrès du Finistère du 31.08.1912
Ergué-Gabéric. L'élection complémentaire. Voici les résultats de l'élection complémentaire de dimanche :
Inscrits : 638. Votants : 418.
Obtiennent : M. Barré, républicain de gauche, 237 voix. Elu.
M. Jézéquel, républicain libéral, 181.
Il s'agissait, comme on se le rappelle, de pourvoir aux six sièges municipaux annulés récemment.
Après deux scrutins successifs, le résultat se trouve être le même que précédemment, et les protestataires en sont donc pour leur peine.
Le Conseil se compose, comme avant, de 15 libéraux et de 6 républicains de gauche.
Comme on a pu le voir par les chiffres, il y a eu beaucoup d'abstentions.
|
|
|
Le Finistère du 04.05.1912
À Ergué-Gabéric
Une liste républicaine ayant le sympathique M. Laurent, Auguste, de Kermoysan, s’apprête à combattre vigoureusement la liste sortante.
Nous espérons que la commune d'Ergué-Gabéric, se libérant enfin du joug réactionnaire, saura prouver dimanche qu'elle est définitivement acquise aux idées républicaines.
|
Le Finistère du 11.05.1912
À Ergué-Gabéric
On nous écrit :
« Radicaux, léchez votre bouche, le turban du maire vous n'aurez pas ; on vous taillera comme il vous est dû une veste de votre longueur ! »
Telle est la traduction des quelques mauvais vers bretons dont, la semaine dernière, le clérical journal Le Progrès, gratifiait l'annonce de la formation d'une liste républicaine à Ergué-Gabéric.
Que la pieuse famille doit maintenant méditer sur la portée de son style ! Le goaper qui s'était si aimablement offert pour tailler les chupens des républicains s'est trompé de clientèle et c'est chez vos propres amis - les Charuel, Mahé et Cie - qu'il a pris les premières mesures.
Fait unique dans l'histoire d'Ergué-Gabéric, cinq vrais républicains, avec M. Laurent, de Kermoysan, à leur tête, ont été élus au premier tour de scrutin. Plusieurs des leurs sont restés en ballotage et en une posture suffisamment bonne pour qu'il soit permis d'escompteur leur succès.
§ Félicitons hautement ...
Félicitons hautement et sans réserve les 15 membres de la liste républicaine du bel acte civique qu'ils ont accompli en posant leur candidature dans cette commune, depuis si longtemps considérée comme le fief de la Réaction dans le canton, et où tant de pression éhontée est manifestement exercée.
En effet, qui a suivi de près les opérations de dimanche dernier à Ergué-Gabéric a pu se rendre compte de quelle façon les « blancs » de la commune comprennent la liberté de conscience.
Qui n'a rencontré, conduits à l'urne comme des bêtes à l'abattoir, les employés de la papeterie ? Ils allaient par rangs de quatre sous la direction de M. Charuel, qui, lui aussi, en bon officier, « marchait » certainement par ordre. Malheur à celui qui s'écartait de la bande ! son nom était immédiatement consigné sur un carton et nous ne nous faisons guère d'illusion sur le sort qui devait lui être réservé. O Liberté !
Hélas ! comme dans une bataille, ce fut le zélé chef de compagnie le premier atteint. Frappé en plein cœur par un vote presqu'unanyme de désapprobation des vilains actes de pression qu'il avait commis, M. Charuel se voyait, le soir venu, irrémédiablement exécuté. Il endossait le premier Chupen.
L'oraison funèbre du disparu a été prononcée par un vicaire de l'endroit, un doux pasteur qui, toute la journée, état également sur la brèche, allant de groupe en groupe, menaçant et houspillant ceux qui n'étaient pas pour la « bonne liste », c'est-à-dire pour la sienne, celles des cléricaux.
N'a-t-il même pas - pour ne citer qu'un fait - appelant sans doute à son secours une intervention divine quelconque, menacé un campagnard de faire chavirer sa voiture sans qu'il ait besoin de la toucher. Enfoncé Bidart !
La liste des actes de pression commis à Ergué-Gabéric par les réactionnaires pourrait être prolongée ; mais ceux cités plus haut sont suffisamment édifiants pour juger la mentalité des gens qui prétendent détenir le monopole de la Justice et de la Liberté.
Les électeurs qui sont aussi ignominieusement traqués, consentiront-ils à suivre plus longtemps ceux qui se livrent à une aussi vile besogne ?
Nous sommes certains que non. En élisant dimanche dernier cinq républicains - de vrais républicains ceux-là - ils ont prouvé qu'un revirement s'était produit dans leur esprit. Que dimanche prochain ils affirment davantage leur volonté d'en finir avec la servitude à laquelle ils sont depuis si longtemps assujettis, en faisant sortir victorieux de l'urne les noms des candidats de la liste républicaine.
Il faut, surtout, que dès dimanche soir, on ne puisse plus dire qu'Ergué-Gabéric fait tâche dans le canton de Quimper, qu'Ergué-Gabéric est chouan !
Allons ! en avant les gâs pour l'honneur d'Ergué-Gabéric et pour la République ! Vive Ergué-Gabéric républicain ! Un groupe d'électeurs libres.
|
Le Finistère du 11.05.1912
Ergué-Gabéric (21 conseillers). 11 membres de la liste républicaine sont élus.
5 membres de la liste républicaine sont également élus et obtiennent : MM. Laurent, Auguste, 262 voix ; Huitric, Mathias, 254 ; Le Berre, Pierre, 252 ; Le Roux, René, 251 ; Le Roux, Jean-Louis, 261.
Les autres membres de la liste républicaine ont obtenu : MM. Barré, 247 voix ; Billon, 242 ; Le Beulz, 237 ; Le Grand, 233 ; Le Meur, 235 ; Provost, 239 ; Quintin, 243 ; Rannou, 242 ; Signour, 241 ; Stervinou, 241. La majorité absolue était de 250 voix.
Un élu de la liste réactionnaire, M. Feunteun, ayant obtenu moins de voix que son beau-frère, M. Laurent, élu sur la liste républicaine, il est probable qu'il devra se retirer devant ce dernier.
|
Le Finistère du 18.05.1912
Ergué-Gabéric. - Inscrits, 638 ; votants, 618. Deux listes étaient en présence et ont obtenu :
Liste républicaine. MM. Barré, 252 v., élu ; Billon, 234 ; Quintin, 237 ; Rannou, 243 ; Stervinou ; Le Beulz, 230.
Liste réactionnaire. MM. Charuel, 251 vois, élu ; J. Mahé, 268, élu ; Tirant, 248 ; Huitric, 262, élu ; Quelven, 262, élu ; Le Roux, 267, élu.
Ainsi qu'on peut le constater par les chiffres ci-dessus, nos amis ont suivi de bien près les réactionnaires.
§ Un d'eux a même été élu ...
Un d'eux a même été élu à une assez bonne majorité, ce qui porte à six le nombre des républicains qui font maintenant partie du conseil municipal d'Ergué-Gabéric.
En envisageant les moyens odieux de pression mis en action par les cléricaux pour faire échec à la liste républicain, on peut se réjouir sans réserve du résultat acquis.
Aussi ne saurions-nous trop féliciter nos amis d'Ergué-Gabéric de l'ardent dévouement qu'ils ont apporté dans cette lutte électorale pour faire triompher les idées républicaines dans leur commune. Encore de l'active propagande et le succès leur sera assuré aux prochaines élections.
|
Le Finistère du 25.05.1912
Ergué-Gabéric. La vérité sur les élections municipales.
On nous prie d'insérer :
Décidément, les cléricaux d'Ergué-Gabéric ne peuvent pas digérer le succès partiel remporté par les républicains de cette commune. Volontairement ou non, ils ferment les yeux sur les causes vraies de leur défaite. Je dis "défaite", car celui qui perd du terrain dans une lutte doit être considéré comme battu. Dans leur aveuglement, ils en accusent un instituteur dont ils ont demandé le changement quelque temps avant les élections. Tout un quartier, celui qu'il habite naturellement, aurait voté pour la République, rien que pour obtenir son changement !
§ Quelle jolie trouvaille ! ...
Quelle jolie trouvaille ! Quel mensonge naïf et quel aveu d'incapacité ! Le mensonge surtout est flagrant. A-t-on laissé la liberté du vote aux électeurs de ce quartier ?
Au premier tour, ils sont menés au scrutin comme un vil troupeau. En échange d'un morceau de pain, on leur prend non seulement leur travail, mais aussi la liberté de penser, la liberté d'émettre leur opinion dans un des actes les plus importants de la vie : le vote.
Au second tour, ces mêmes électeurs étaient conduits jusqu'à l'urne où ils devaient montrer patte blanche, c'est-à-dire les bulletins de vote faciles à reconnaitre même pliés. Une observation a été faite, à ce sujet, au candidat « libéral » qui surveillait. Combien de ces électeurs ont pu voter selon leur conviction intime ?
Je passe sous silence les divers autres actes de pression. Je veux démontrer que la victoire partielle des républicains est due, non à un procédé singulièrement discutable, mais au bon sens des électeurs, à leur amour pour la République, à leur désir de voir les affaires de la commune confiés à des hommes capables, libres, indépendants, ne recevant de mot d'ordre de qui que ce soit.
Le correspondant du Progrès doit être nouveau venu dans la commune, sinon il aurait remarqué les progrès faits par l'idée républicaine ; il se rappellerait qu'il y a huit ans deux listes étaient également en présence et que la liste dite libérale obtenait 126 voix de majorité. Le même instituteur était là ; comme aujourd'hui, il fut attaqué par le prédécesseur du Progrès : l'Action libérale, de joyeuse mémoire. Dès cette époque, une lutte sourde a commencé contre lui et contre son école.
Quatre ans après une seule liste se présente. On craint sans doute des abstentions, car l'un des candidats les plus importants vient chez l'instituteur en question, lui demande, non de voter pour lui, mais de ne pas lutter contre lui. - Il y a trois semaines, le même candidat le menaçait publiquement de le faire partir.
Arrivent les dernières élections législatives : M. Hugot-Derville obtient 247 voix contre 209 aux deux républicains, soit une différence de 38 voix.
Ces 38 voix et quelques autres ne sont pas allées à la République contre l'instituteur. Non, les républicains les ont gagnés parmi les nouveaux inscrits et parmi les abstentionnistes aux élections législatives. Et si l'exode de beaucoup d'ouvriers de la commune vers Paris et autres lieux n'était pas aussi grand, il est fort probable que la majorité serait passée de droite à gauche.
Il n'en est pas moins vrai que les Républicains ont gagné 120 voix environ en 8 ans, soit une moyenne de 15 voix par année. Ils continueront leur marche en avant. L'instituteur cause (?) de leur succès de cette année, ne sera sans doute plus là, mais mort ou vivant il sera dans leur pensée et avec eux il criera : « Vive le Grand-Ergué républicain ! ».
Le véridique.
|
Le Finistère du 01.06.1912
Gazette bretonne. Élections contestées.
Le conseil de préfecture a rendu les arrêts suivants :
Ergué-Gabéric. M. René Le Feunteun est proclamé conseiller municipal d'Ergué-Gabéric, élu au scrutin du 5 mai. Les opérations complémentaires du 12 mai, dans cette commune, sont annulées.
|
Le Finistère du 17.08.1912
Gazette bretonne. Élections municipales. Aux Electeurs d'Egué-Gabéric.
Demain 18 août, vous êtes appelés à élire six conseillers municipaux en remplacement de ceux qui avaient été élus au scrutin de ballottage, en mai dernier.
Au premier tout, cinq républicains ont été élus. Si vous voulez serrer les rangs, électeurs républicains, vous en élirez six autres demain. La majorité au conseil serait alors pour vous.
Et surtout, pas de ratures ! pas d'abstentions ! Vive la République ! Un groupe d'électeurs.
|
Le Finistère du 17.08.1912
Fantaisie électorale. De notre ami Jean du Frout :
« J'ai rencontré Yan Kerdévot dans son champ. C'était lundi dernier, et il tombait une de ces pluies glaciales qui agrémentent d'ordinaire les matinées de novembre : une véritable calamnité.
§ - Y a pas de bon Dieu ! ...
- Y a pas de bon Dieu ! clamait le paysan en montrant le poing au ciel.
Puis, à la fois finaud et goguenard, il me demanda :
- Croyez-vous au bon Dieu ?
- Ca dépend des jours, dis-je, pour ne pas me compromettre.
- Eh bien ! dit Yan Kerdévot, c'est comme moi.
- Et vous n'y croyez pas aujourd'hui, naturellement ?
- Pas trop !
La pluie tombait de plus en plus, comme pour nous punir de nos blasphèmes, et à un frisson qui me secoua tout, je compris que la température venait de baisser d'au moins deux degrés.
- Vous le verrez, s'écria mon compère, il gèlera et tout sera f...ichu ! Mon blé est presque pourri, et mes pommes de terre ne tarderont pas.
- Le fait est que nous vivons à une drôle d'époque. Il fait chaud en novembre et il gèle en août. Pour moi, voulez vous que je vous dise, c'est le bon Dieu qui devient anarchiste ... Comme tout le monde : il sabote les saisons !
- Y a peut-être du vrai ! fit l'homme en hochant la tête. Et sans conviction :
- À moins, comme l'affirme notre curé, que ce ne soit la faute à la République !
- C'est possible, dis-je gravement. Je le demanderai à mon ami Kenavo : il doit le savoir ...
Cependant, le soleil s'était montré ; Yan Kerdévot me dit, avec le sourire, que, malgré la pluie, le froid ... et son curé, il voterait demain à Ergué-Vras pour les candidats républicains.
- Bravo ! dis-je ; dimanche prochain j'en ferai autant à Quimper.
Vu et approuvé : Kenavo.
|
|