BOLLORÉ Gwenn-Aël - Nous étions 177, Commando de la France Libre, 6 juin 1944
Un article de GrandTerrier.
Version du 7 juin ~ mezheven 2014 à 07:13 (modifier) GdTerrier (Discuter | contributions) ← Différence précédente |
Version du 7 juin ~ mezheven 2014 à 08:12 (modifier) (undo) GdTerrier (Discuter | contributions) Différence suivante → |
||
Ligne 38: | Ligne 38: | ||
Sizorn ne cille pas pendant mon exposé. Il se trouvera demain matin à 8 heures devant la maison avec une voiture à cheval. Il promet de ne rien dire, de feindre de ne nous avoir jamais vus. Je sais que je puis placer toute confiance en lui. Voici donc une affaire réglée. | Sizorn ne cille pas pendant mon exposé. Il se trouvera demain matin à 8 heures devant la maison avec une voiture à cheval. Il promet de ne rien dire, de feindre de ne nous avoir jamais vus. Je sais que je puis placer toute confiance en lui. Voici donc une affaire réglée. | ||
- | Maintenant, il faut boucler les bagages. Mais la place restera limitée. Nous avons droit à une valise de petite taille, enfermant un costume de rechange, quelques chemises, un chandail, des chaussettes, etc. Nous préparons trois magnums de lambic, car il fera froid en Manche. | + | <spoiler text="Maintenant, il faut boucler les bagages ...">Maintenant, il faut boucler les bagages. Mais la place restera limitée. Nous avons droit à une valise de petite taille, enfermant un costume de rechange, quelques chemises, un chandail, des chaussettes, etc. Nous préparons trois magnums de lambic, car il fera froid en Manche. |
Enfin, travail plus émouvant : j'écris une lettre destinée à ma mère. Je lui annonce mon départ, j'en expose les raisons ; je lui communique l'indicatif signalant notre arrivée : <i>A coeur vaillant il n'est rien d'impossible".</i> Et je l'embrasse. | Enfin, travail plus émouvant : j'écris une lettre destinée à ma mère. Je lui annonce mon départ, j'en expose les raisons ; je lui communique l'indicatif signalant notre arrivée : <i>A coeur vaillant il n'est rien d'impossible".</i> Et je l'embrasse. | ||
- | <spoiler text="Il importe de s'occuper de l'argent destiné à payer le bateau ...">Il importe de s'occuper de l'argent destiné à payer le bateau. Là se place une anecdote que je juge aujourd'hui plaisante, mais qui faillit, à l'époque, remettre le voyage en question. | + | Il importe de s'occuper de l'argent destiné à payer le bateau. Là se place une anecdote que je juge aujourd'hui plaisante, mais qui faillit, à l'époque, remettre le voyage en question. |
Pour réunir la somme nécessaire, soit quarante mille francs, ce qui constituait, en 1943, une grosse somme, pour un jeune de dix-sept ans, j'avais chargé Louis Garin de vendre (en cachette) mon cheval - animal très recherché à l'époque. La liasse de billets devait être dissimulée sous mon lit. Si l'ami Louis remplit avec succès la première partie de sa mission, il estima que la cachette indiquée manquait de sûreté et il déposa l'argent dans le coffre de l'usine, dont son père assumait la direction. | Pour réunir la somme nécessaire, soit quarante mille francs, ce qui constituait, en 1943, une grosse somme, pour un jeune de dix-sept ans, j'avais chargé Louis Garin de vendre (en cachette) mon cheval - animal très recherché à l'époque. La liasse de billets devait être dissimulée sous mon lit. Si l'ami Louis remplit avec succès la première partie de sa mission, il estima que la cachette indiquée manquait de sûreté et il déposa l'argent dans le coffre de l'usine, dont son père assumait la direction. | ||
Ligne 56: | Ligne 56: | ||
Image:JeuneBolloré3.jpg | Image:JeuneBolloré3.jpg | ||
</gallery> | </gallery> | ||
- | Quant au débarquement du 6 juin 1944, voici le récit de celui qui était inscrit sous le nom de code Bollinger dans la liste d'appel du commando n° 4 du Bataillon des Fusiliers Marins du commandant Kieffer, page 129 et suivantes : | + | Quant au débarquement du 6 juin 1944, voici le récit de celui qui était inscrit sous le nom de code Bollinger dans la liste d'appel du commando n° 4 du Bataillon des Fusiliers Marins du commandant Kieffer, page 129 et suivantes : « <i>Serrer les dents et arriver ... Arriver ... La plage. Le sol semble monter, c'est bon signe. Soudain, une gerbe liquide à peine à un mètre : peut-être un obus de mortier. Heureusement, l'eau atténue les éclats ... Serrer les dents ... Voici la grève. </i> » |
{|width=550 style="background: white; border: 1px solid black; padding: 1em; border-style: dashed;" | {|width=550 style="background: white; border: 1px solid black; padding: 1em; border-style: dashed;" | ||
|{{jtfy}}|Notre bateau a repris sa route. Seule, sa vitesse a pu nous l'apprendre, car le bruit des moteurs se trouve comme gommé. | |{{jtfy}}|Notre bateau a repris sa route. Seule, sa vitesse a pu nous l'apprendre, car le bruit des moteurs se trouve comme gommé. |
Version du 7 juin ~ mezheven 2014 à 08:12
|
Notice bibliographique
« Devant, c'est déjà le charnier. Des hommes sont allongées, morts ou blessés, parmi les entonnoirs de bombes, les chevaux de frise et les obstacles antichars. Il y a, pêle-mêle, unis à leurs camarades anglais, plusieurs compatriotes, les uns geignant, les autres figés dans des positions inattendues. » | Livre réédité en 1983 chez France Empire sous le titre « Commando de la France Libre. 6 juin 1944 » avec la préface supplémentaire de Jean Marin, puis en 1994 « J'ai débarqué le 6 juin 1944. Commando de la France Libre » aux éditions Le Cherche Midi, dans la collection Documents.
Autres lectures : « Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001), écrivain-poète et PDG » ¤ « Gwenn-Aël Bolloré, 25 ans après, sur la plage du débarquement du 6 juin 1944 » ¤ « BOLLORÉ Gwenn-Aël - Né gosse de riche » ¤ « ESPERN André - Gwenn-Aël Bolloré, l'homme crabe » ¤ « GUILLAMOT Loeiz - Gwenn-Aël Bolloré » ¤ « CHANTREL Maette - Les crabes de l'Odet, un musée pas comme les autres » ¤ En 1940 il a 14 ans, sous l'occupation allemande, et 3 ans plus tard dans l'âge encore adolescent il quittera Odet pour traverser la Manche sur un "vieux bateau pourri", le S'ils te mordent. Le 6 juin 1944 il fera le trajet inverse pour débarquer avec le commando Kieffer
Quant au débarquement du 6 juin 1944, voici le récit de celui qui était inscrit sous le nom de code Bollinger dans la liste d'appel du commando n° 4 du Bataillon des Fusiliers Marins du commandant Kieffer, page 129 et suivantes : « Serrer les dents et arriver ... Arriver ... La plage. Le sol semble monter, c'est bon signe. Soudain, une gerbe liquide à peine à un mètre : peut-être un obus de mortier. Heureusement, l'eau atténue les éclats ... Serrer les dents ... Voici la grève. »
|
Annotations
- Simon Christopher Joseph Fraser dit Lord Lovat (1911-1995, dit lord ou baron Lovat, général de brigade, fut le commandant de la Première brigade spéciale durant la Seconde Guerre mondiale. La Première brigade spéciale était une unité de commandos britanniques qui comprenait notamment le Commando n° 4 au sein duquel se trouvaient les 177 français du premier bataillon de fusiliers marins commandos du commandant Philippe Kieffer. Il s'illustra avec ses hommes notamment lors de l'opération Jubilee et du débarquement de Normandie. [Ref.↑]
- Philippe Kieffer (1899-1962) est un officier de la Marine nationale française et Compagnon de la Libération. Durant la Seconde Guerre mondiale, il a créé et dirigé les premiers commandos de la marine française, connus sous le nom des Commandos Kieffer, qui ont combattu lors du débarquement de Normandie. [Ref.↑]
- Gwenn-Aël et son cousin Marc Thubé, démobilisé de l'armée de l'Afrique du Nord [Ref.↑]
- Lambic : eau-de-vie de pommes [Ref.↑]
- L'argent français était très recherché par les services secrets. Il accompagnait le parachutage des agents en France. [Ref.↑]
- Amer s.m. : tout objet fixe et remarquable situé sur la côte ou en mer, utilisé pour prendre des relèvements ou pour contrôler la route à suivre près de terre. Source : Larousse. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Le lieutenant-colonel Robert Dawson était responsable du commando n° 4 des fusiliers marins Kieffer dans lequel les Français sont intégrés. Il parlait un français impeccable, fut blessé par deux fois lors du débarquement du 6 juin 1944. Les vétérans Français vouaient un véritable culte au colonel Dawson, en charge du commando n° 4 en Normandie ; ils le respectent autant que le "pacha", Philippe Kieffer. [Ref.↑]
Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric Date de création : mai 2007 Dernière modification : 7.06.2014 Avancement : [Fignolé] |