1859-1887 - Fermage des métairies de Kervéguen, incendie et exil nantais
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On trouve aussi, dans la description des obligations associées à une fin de bail, les termes pittoresques suivants : « <i>aoûter</i> » <ref name="Aoûter">{{K-Aoûter}}</ref> et « <i>amulonner</i> » <ref name="Amulonner">{{K-Amulonner}}</ref>, à savoir l'obligation de moissonner et de mettre la paille et le fumier en meulons (tas, bottes). | On trouve aussi, dans la description des obligations associées à une fin de bail, les termes pittoresques suivants : « <i>aoûter</i> » <ref name="Aoûter">{{K-Aoûter}}</ref> et « <i>amulonner</i> » <ref name="Amulonner">{{K-Amulonner}}</ref>, à savoir l'obligation de moissonner et de mettre la paille et le fumier en meulons (tas, bottes). | ||
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+ | Les bénéficiaires et fermiers de Kervéguen en 1859 et 1868 sont Auguste Hémon, né en 1823, et sa femme Pauline Hélou. | ||
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+ | En 1887, leur fils Hervé, né en 1849, et son épouse Marie Jeanne Rannou, ayant pris la suite à Kervéguen, vivent une catastrophe imprévue : « <i>Au moment où il venait de se lever vers cinq heures du matin, il remarqua en sortant que le toit était enflammé ; il ne restait après l'incendie que les murs et les poutres fortement endommagés. Hémon suppose que le feu s'est communiqué à la toiture, qui était couverte en chaume, par les crevasses de la cheminée</i> ». | ||
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- | Les bénéficiaires et fermiers de Kervéguen en 1859 et 1868 sont Auguste Hémon, né en 1823, et sa femme Pauline Hélou. En 1887 Hervé + Le feu de chaume ... | + | Propriétaires et fermiers étaient assurés (cette obligation d'assurance contre l'incendie est explicitée dans le bail de 1868), mais cela n'a pas suffi pour reconstruire la grande métairie de Kervéguen. |
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+ | Leur fils Auguste, né en 1876, après un apprentissage de boulanger, part en 1896 pour faire son service militaire à Nantes où il s'installe dans le quartier de Chantenay, lieu de concentration des immigrés bretons, et où il fait progressivement venir ses frères Hervé, Jean Louis et Alain. Ses parents, Hervé Hémon et Marie Jeanne Rannou, quitteront eux aussi Ergué Gabéric : la mémoire familiale garde l'image de la grand mère bretonne, ne parlant pas un mot de français et avec qui elle doit communiquer par signes. | ||
- | (Hervé-Auguste-...), savonnerie ... le quartier ouvrier de Chantenay, ou se concentraient alors les immigrés bretons, direction de L'Union Nationale des Combattants | + | Auguste, épargné par son statut de boulanger dans les services auxiliaires, doit partir tout de même pour Verdun en 1916. Embauché à son retour comme manœuvre à l'usine de savonnerie Talvande, il participe avec sa fratrie à la vie communautaire de ce quartier ouvrier, en prenant notamment la direction de L'Union Nationale des Combattants. |
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<big><b>Le Finistère du 20 avril 18870</b></big> | <big><b>Le Finistère du 20 avril 18870</b></big> | ||
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- | <b>Ergué-Gabéric</b>. - Le 16 courant, vers 5 heures du matin, le nommé Hémon (Hervé), cultivateur à Ergué-Gabéric, sortait de sa maison, quand il remarqua que le toit était en flammes. Il appella aissitôt ses voisins, qui l'aidèrent à enlever une partie de ses meubles et le bétail qui était à l'écurie. | + | <b>Ergué-Gabéric</b>. - Le 16 courant, vers 5 heures du matin, le nommé Hémon (Hervé), cultivateur à Ergué-Gabéric, sortait de sa maison, quand il remarqua que le toit était en flammes. Il appela aussitôt ses voisins, qui l'aidèrent à enlever une partie de ses meubles et le bétail qui était à l'écurie. |
Quant à l'incendie, il fut impossible de le limiter, et le feu dévora tout le corps de logis, qui avait 18 mètres de longueur, ainsi que l'étable y attenant. | Quant à l'incendie, il fut impossible de le limiter, et le feu dévora tout le corps de logis, qui avait 18 mètres de longueur, ainsi que l'étable y attenant. |
Version du 29 août ~ eost 2020 à 10:08
| Baux de fermage pour les années 1859 et 1868, articles de presse relatant l'incendie de 1887, et chronique nantaise.
Documents conservée aux Archives départementales du Finistère sous la cote 60J68, articles de journaux locaux, et le témoignage des Hémon émigrés à Nantes-Chantenay (grand merci à Romain Le Bards pour nous avoir transmis cette mémoire familiale). Autres lectures : « Toponyme Kervegenn » ¤ « Cartographie du lieu-dit » ¤ |
1 Présentation
Le carton d'archives n° 60J68, versé aux archives départementales par l'étude notariale Pouliquen à Pont-L'Abbé, contient uniquement des pièces relatives aux métairies du village de Kervéguen, depuis les actes de ventes en 1754-62 jusqu'aux baux de fermage de la fin du XIXe siècle. Et parmi ceux-ci les baux des deux métairies de Kervéguen, courant sur deux fois neuf ans de 1859 à 1868, octroyés par les propriétaires de l'époque : Luigi Borghi, ingénieur de la Marine Royale Italienne, et son épouse Amélie Gobert de Neufmoulin. Cette dernière, par sa branche maternelle, a hérité du son bien gabéricois de Jean-François Le Déan, officier de la Compagnie des Indes, lequel le détenait de François-Louis de La Marche, seigneur de Lezergué, qui l'avait acquis de Laurent Le Galant, héritier du convenant de Kervéguen qui était autrefois inclus dans le fief de Botbodern (Elliant). Les actes de fermages sont accompagnés d'extraits cadastraux qui permettent de situer les deux métairies voisines : la plus grande au sud centrée sur sa maison d'habitation en parcelle 198, et la petite au nord avec son logis en 195 (cf. plan ci-contre). Le contrat mentionne un document dit « état des stus » On trouve aussi, dans la description des obligations associées à une fin de bail, les termes pittoresques suivants : « aoûter » Les bénéficiaires et fermiers de Kervéguen en 1859 et 1868 sont Auguste Hémon, né en 1823, et sa femme Pauline Hélou. En 1887, leur fils Hervé, né en 1849, et son épouse Marie Jeanne Rannou, ayant pris la suite à Kervéguen, vivent une catastrophe imprévue : « Au moment où il venait de se lever vers cinq heures du matin, il remarqua en sortant que le toit était enflammé ; il ne restait après l'incendie que les murs et les poutres fortement endommagés. Hémon suppose que le feu s'est communiqué à la toiture, qui était couverte en chaume, par les crevasses de la cheminée ». |
Propriétaires et fermiers étaient assurés (cette obligation d'assurance contre l'incendie est explicitée dans le bail de 1868), mais cela n'a pas suffi pour reconstruire la grande métairie de Kervéguen. Leur fils Auguste, né en 1876, après un apprentissage de boulanger, part en 1896 pour faire son service militaire à Nantes où il s'installe dans le quartier de Chantenay, lieu de concentration des immigrés bretons, et où il fait progressivement venir ses frères Hervé, Jean Louis et Alain. Ses parents, Hervé Hémon et Marie Jeanne Rannou, quitteront eux aussi Ergué Gabéric : la mémoire familiale garde l'image de la grand mère bretonne, ne parlant pas un mot de français et avec qui elle doit communiquer par signes. Auguste, épargné par son statut de boulanger dans les services auxiliaires, doit partir tout de même pour Verdun en 1916. Embauché à son retour comme manœuvre à l'usine de savonnerie Talvande, il participe avec sa fratrie à la vie communautaire de ce quartier ouvrier, en prenant notamment la direction de L'Union Nationale des Combattants. |
2 Transcriptions
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Bail de 1859
Bail de 1868
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Le Finistère du 20 avril 18870
L'Union Agricole du 20 avril 18870
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3 Originaux
Lieu de conservation : Archives Départementales du Finistère. Série : 60 J Fonds de l'étude Pouliquen, notaire à Pont-l'Abbé Cote : 60 J 68 |
Droit d'image : Protégé. Usage : Accès privé et restreint aux abonnés inscrits Accès : Connexion obligatoire sur un compte nominatif d'adhérent GrandTerrier. |
Baux de 1859 et 1868 | |||||
Cadastre | |||||
Journaux | |||||
4 Annotations
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- Stu, stuit, stuc, s.m. : sorte de fumier, d'engrais : « Jouira le tenancier de ses stucs et engrais estans aux terres de ladite tenue » (1578, Coutume de Bret., Nouv. Cout. gén., IV, 408) ; « Troys journées de terre en stus et engroys pour forment, terres labourables en stu et engroys pour avoine » (1510, inventaire par la cour de Treourec, Arch. Finist.). On trouve encore au XVIIIe s. : « un journal et demi de stus sous seigle » (1744, Arch. Finist. B 287). Source : dictionnaire Godefroy 1880. Jean-François Le Gonidec signale également en 1807 « Stû, adj. Je n'ai jamais vu employer ce mot qu'après le mot douar, terre ; douar stû, terre chaude, terre en rapport, terre préparée à recevoir la semence, après avoir été engraissée. Le Pelletier a considéré ce mot comme substr., et lui a donné la signification de fumier ». Au 19e siècle l'état de stus en Cornouaille était l'inventaire de tous les fumiers; pailles, foins, landes en réserve ou sur la terre dont la destination était de l'enrichir avant les labours. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4]
- Aoûter, v. : moissonner, récolter (TLFi). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1 2,2]
- Amulonner, v. : mettre le foin ou le fumier en tas (en meulon). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 3,0 3,1 3,2]
- Modèle:K-Penty [Ref.↑ 4,0 4,1]
Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric. Date de création : Août 2020 Dernière modification : 29.08.2020 Avancement : [Développé] |