Le voyage en Bretagne d'Henriette Marie, reine déchue d'Angleterre, La Gazette 1644
Un article de GrandTerrier.
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L'auteur évoque le double reportage dans une lettre qu'il adresse à son correspondant Pierre d'Hozier <ref name=Hozier>{{PR-Hozier}}</ref> depuis sa résidence de Lezergué : « <i>J'ay receu la vostre du 14 de ce mois & je vois par l'article qui est dans la Gazette que vous avés prins la paine de montrer ma relation à Renaudot. Je vous aye envoié une seconde plus ample du depuis, laquelle aura encore peu servir au dit Renaudot <ref name="Renaudot">{{PR-Renaudot}}</ref></i> » (publiée par le comte de Rosmorduc page 83 dans son ouvrage de 1899 sur le correspondant de Pierre d'Hozier <ref name=Hozier>-</ref>) | L'auteur évoque le double reportage dans une lettre qu'il adresse à son correspondant Pierre d'Hozier <ref name=Hozier>{{PR-Hozier}}</ref> depuis sa résidence de Lezergué : « <i>J'ay receu la vostre du 14 de ce mois & je vois par l'article qui est dans la Gazette que vous avés prins la paine de montrer ma relation à Renaudot. Je vous aye envoié une seconde plus ample du depuis, laquelle aura encore peu servir au dit Renaudot <ref name="Renaudot">{{PR-Renaudot}}</ref></i> » (publiée par le comte de Rosmorduc page 83 dans son ouvrage de 1899 sur le correspondant de Pierre d'Hozier <ref name=Hozier>-</ref>) | ||
- | [[Image:GdeGazette.jpg|left|100px]]Les deux articles sont publiés respectivement les 6 et 31 août 1644, le premier dans les pages Gazette n° 93, le second dans les Extraordinaires n° 103. La Gazette fait 8 pages au total avec une quinzaine d'informations brèves de quelques paragraphes chacune. Les Extraordinaires, par opposition aux Nouvelles ordinaires qui sont le 3e type de gazette, incluent deux à trois compte-rendus beaucoup plus longs. Contrairement aux Extraordinaires qui ne contiennent aucun décor hormis la lettrine de début de texte, les titres des Gazettes et des Nouvelles ordinaires incluent une vignette avec respectivement les lettres stiliséees G et N. | + | Les deux articles sont publiés respectivement les 6 et 31 août 1644, le premier dans les pages Gazette n° 93, le second dans les Extraordinaires n° 103. La Gazette fait 8 pages au total avec une quinzaine d'informations brèves de quelques paragraphes chacune. Les Extraordinaires, par opposition aux Nouvelles ordinaires qui sont le 3e type de gazette, incluent deux à trois compte-rendus beaucoup plus longs. Contrairement aux Extraordinaires qui ne contiennent aucun décor hormis la lettrine de début de texte, les titres des Gazettes et des Nouvelles ordinaires incluent une vignette avec respectivement les lettres stiliséees G et N. |
- | Numérotations ... et le samedi généralement ... gazette "guidée du ciel, j'adresse et par mer et par terre" ... | + | [[Image:GdeGazette.jpg|left|100px]]Les gazettes ont été créées en 1631 par Théophraste Ranaudot avec l'appui de Richelieu. En 1644 elles sont généralement datées du samedi, avec pour le mois d'août quelques numéros complémentaires en semaine. La pagination et la numérotation des gazettes, suivant leur nature, se font chaque an en démarrant par le n° 1 au début de janvier. Ainsi le 6 août 1644 deux numéros, le n° 92 et le n° 93 de l'année 1644, sont publiées aux pages 629-632 et 633-640, l'un pour les Nouvelles Ordinaires, l'autre pour la Gazette. Pour cette dernière la vignette est estampillée d'un G et de cette maxime : « <i>guidée du ciel, j'adresse et par mer et par terre</i> ». |
- | Le 1er article du 6 août donne bien le contexte historique de ce voyage : « <i>La Reine d'Angleterre est aujourd'hui arrivée en cette ville sur un vaisseau Holandois, monté de quarante pièces de canon : contre lequel le Vice-Amiral du Parlement de Londres a tiré 80 coups de canon</i> ». En effet, Henriette, sœur de Louis XIII, mariée avec le roi anglais Charles Ier, est en fuite avant que son époux ne soit exécuté lors de la première révolution anglaise menée par Oliver Cromwell. | + | Le texte de Guy Autret pour le 1er article du 6 août donne bien le contexte historique de ce voyage : « <i>La Reine d'Angleterre est aujourd'hui arrivée en cette ville sur un vaisseau Holandois, monté de quarante pièces de canon : contre lequel le Vice-Amiral du Parlement de Londres a tiré 80 coups de canon</i> ». En effet, Henriette, sœur de Louis XIII, mariée avec le roi anglais Charles Ier, est en fuite avant que son époux ne soit exécuté lors de la première révolution anglaise menée par Oliver Cromwell. |
- | La reine d'Angleterre vient d'accoucher à Exeter avant d'embarquer : « <i>Elle est tellement incommodée de ses couches</i> ». La légende, non rapportée par Guy Autret dans la Gazette, dit aussi que, face aux canons ennemis, elle demanda à son capitaine : « <i>Quand vous ne pourrez plus me défendre, tuez-moi.</i> » | + | La reine d'Angleterre vient d'accoucher à Owford avant d'embarquer : « <i>Elle est tellement incommodée de ses couches</i> ». La légende, non rapportée par Guy Autret dans la Gazette, dit aussi que, face aux canons ennemis, elle demanda à son capitaine : « <i>Quand vous ne pourrez plus me défendre, tuez-moi.</i> ». En tout cas la gazette précise que, débarquée gràce à une chaloupe de Dinan, elle n'est pas vraiment rassurée dans un premier temps : « <i>Toute la coste estant en armes, l'obligea de faire mettre un mouchoir au haut d'un baston.</i> » |
- | 2e article ... Après un accostage très mouvementé, c'est un véritable article « <i>people</i> » que nous produit avec force détails Guy Autret, à savoir la tournée d'un star internationale, que toutes les notabilités de Bretagne s'empressent d'accueillir : | + | Dans le deuxième article du 31 août, après un rappel de l'accostage très mouvementé, c'est un véritable article « <i>people</i> » que nous produit avec force détails Guy Autret, à savoir la tournée d'un star internationale qui « <i>fut fort bien receue par toute la Noblesse & le peuple</i> »: |
- | * Le marquis de Molac, gouverneur de Quimper et de Dinan. Absent de Quimper, il réserva quand même sa maison pendant cinq jours à la reine consort d'Angleterre, et il l'accompagna dans ses déplacement d'Hennebont à Nantes. | + | * à Brest, par la Damoiselle de Rohan et ses Officiers. |
- | * Les évêques de Leon, de Cornouaille, et René de Rieux, ancien évêque de Leon. | + | * à Chateaulin, par l'évèque de Cornouaille et les députés de Quimper. |
- | * Julien Furic, sieur du Run, qui fit un harangue à l'entrée de la Reine à Quimper. | + | |
- | * les sieurs de Kerharo et de Talhoet, « <i>Les Officiers du Présidial en Corps, par la bouche du sieur du Botilieau Président, en robe rouge</i> ». | + | |
- | * Le Baron de Pontchasteau, la comtesse de Chateauneuf ... | + | |
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[[Image:HenrietteDeFrance.jpg|center|300px|thumb|Henriette de France (1636-1638), Musée d'art de San Diego]] | [[Image:HenrietteDeFrance.jpg|center|300px|thumb|Henriette de France (1636-1638), Musée d'art de San Diego]] | ||
- | « <i>Toute la coste estant en armes, l'obligea de faire mettre un mouchoir au haut d'un baston. Elle fut fort bien receue par toute la Noblesse & le peuple ;</i> ». Le voyage depuis Brest : Chateaulin, Quimper, ... Vannes, Nantes, ... Ancenis. | + | * à Quimper, par les sieurs de Kerharo, de Talhoet et du Botilieau, ainsi que Julien Furic, sieur du Run, qui lui fit une « <i>belle harangue</i> ». |
+ | * à Rosporden, par René de Rieux, ancien évêque de Leon. | ||
+ | * à Hennebont, Vannes et Nantes, par le marquis de Molac, gouverneur de Quimper et de Dinan. | ||
- | La marque Ferrari n'existait pas encore, mais les « <i>carrosses à six chevaux</i> » faisaient impression ! | + | A chaque étape de nombreux carrosses l'accueillent, et le marquis de Molac met à la disposition de la reine un « <i>carrosses à six chevaux</i>. Le voyage se poursuit hors la Bretagne, en passant par Angers, jusqu'à Bourges où l'attend le prince de Condé. |
Henriette restera en France, ne reverra plus jamais le roi son mari, et se retirera au couvent de la Visitation de Chaillot où, après sa mort, Bossuet prononcera une de ses plus célèbres oraisons. | Henriette restera en France, ne reverra plus jamais le roi son mari, et se retirera au couvent de la Visitation de Chaillot où, après sa mort, Bossuet prononcera une de ses plus célèbres oraisons. | ||
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Elle y demeura jusques au cinquième, que Sadite Majesté en partit sur les huit heures du matin, apres avoir oui dans sa chambre la Messe de l'Evesque de Cornouaille, & fut suivie des habitans en armes, qui ont tousjours fait garde à sa porte, pendant qu'elle a demeuré en leur ville, & conduite par la Noblesse jusques à Rospordin, qui est à quatre lieues de là, & par cet Evesque, accompagné de l'Evesque ancien de Leon, & de quelques Gentilshommes jusques à Kemperlé, qui sont les bornes du Diocèse, où elle coucha, y ayant receu les mesme honneurs. Le 6, elle se rendit à Hennebond, où se trouva le Marquis de Molac, qui suivit Sadite Majesté jusques à Nantes ; ayant fourni à ses Dames d'honneur un carrosse à six chevaux, pres duquel s'assambloit tousjours la Noblesse partout où elle a passé, jusques à cette dernière ville. Le 7, elle alla à Sainte Anne, pres de Vannes, suivie des Evesques de Leon & de Rieux, ce dernier ne l'ayant point quitée depuis qu'il la fut trouver à Brest. Son dessein estoit d'y faire ses dévotions : mais la lassitude l'ayant obligée à chercher du repos, elle entra dans la maison des Carmes Reformez, qui la receurent à l'entrée du Choeur : d'où, ayant baisé le Crucifix que le Prieur lui présenta, elle fut conduite dans la chambre qui lui avoit esté préparée, où elle disna. Elle y donna un accez si libre à tous ceux qui la voulurent voit, que tous furent ravis d'une si grande bonté. Estant descendue dans l'Eglise, on y chanta le Te Deum & l'Exaudiat, pour remercier Dieu de l'avoir délivrée des périls de son voyage : puis estant remontée dans sa litière, elle alla coucher à Vannes, où elle fut fort bien receue par l'Evesque, la Noblesse, le Présidial & quantité des principales Dames du païs. Le 9, Sadite Majesté en partit & alla disner à Musullac : où arriva en mesme temps le Commandeur de Souvray envoyé par Leurs Majestés pour la complimenter & donner ordre à sa conduite : & où estoit aussi peu auparavant arrivé le sieur Krack, qu'elle avoit envoyé en Cour pour donner avis de son arrivée. Elle coucha à la Rochebernard, où elle fut complimentée de la part du Baron de Pontchasteau, qui estoit fort malada, & qui lui envoya un carrose à six chevaux & quelques coureurs pour sa suite. Le dixième, elle fut traitée par les habitans de Nantes, en un lieu appelé Saultron, où la Comtesse de Chasteauneuf lui présenta grand nombre de Dames qui estoyent venues saluer en dix ou douze carrosses, qui l'accompagnèrent jusque à Nantes, où elle fut tres magnifiquement receue, tant par le grand nombre d'habitans qui estoyent en armes, que par les diverses harangues qui lui furent faites à son entrée, comme vous avez desja sceu. L'unzième, ayant disné à Pontchasteau, elle alla coucher au Maz, maison de la Comtesse de Chasteauneuf, laquelle fut deux lieues au devant de Sad. M. avec trois carrosses & cinquante gentilshommes. Le 12, l'ancien Evesque de Leon & le Marquis de Molac prirent congé d'elle pour se retirer : Mais la Comtesse de Chasteauneuf & plusieurs Dames l'accompagnèrent jusques à Mauve, où elle disna, pour aller coucher à Ensenis. | Elle y demeura jusques au cinquième, que Sadite Majesté en partit sur les huit heures du matin, apres avoir oui dans sa chambre la Messe de l'Evesque de Cornouaille, & fut suivie des habitans en armes, qui ont tousjours fait garde à sa porte, pendant qu'elle a demeuré en leur ville, & conduite par la Noblesse jusques à Rospordin, qui est à quatre lieues de là, & par cet Evesque, accompagné de l'Evesque ancien de Leon, & de quelques Gentilshommes jusques à Kemperlé, qui sont les bornes du Diocèse, où elle coucha, y ayant receu les mesme honneurs. Le 6, elle se rendit à Hennebond, où se trouva le Marquis de Molac, qui suivit Sadite Majesté jusques à Nantes ; ayant fourni à ses Dames d'honneur un carrosse à six chevaux, pres duquel s'assambloit tousjours la Noblesse partout où elle a passé, jusques à cette dernière ville. Le 7, elle alla à Sainte Anne, pres de Vannes, suivie des Evesques de Leon & de Rieux, ce dernier ne l'ayant point quitée depuis qu'il la fut trouver à Brest. Son dessein estoit d'y faire ses dévotions : mais la lassitude l'ayant obligée à chercher du repos, elle entra dans la maison des Carmes Reformez, qui la receurent à l'entrée du Choeur : d'où, ayant baisé le Crucifix que le Prieur lui présenta, elle fut conduite dans la chambre qui lui avoit esté préparée, où elle disna. Elle y donna un accez si libre à tous ceux qui la voulurent voit, que tous furent ravis d'une si grande bonté. Estant descendue dans l'Eglise, on y chanta le Te Deum & l'Exaudiat, pour remercier Dieu de l'avoir délivrée des périls de son voyage : puis estant remontée dans sa litière, elle alla coucher à Vannes, où elle fut fort bien receue par l'Evesque, la Noblesse, le Présidial & quantité des principales Dames du païs. Le 9, Sadite Majesté en partit & alla disner à Musullac : où arriva en mesme temps le Commandeur de Souvray envoyé par Leurs Majestés pour la complimenter & donner ordre à sa conduite : & où estoit aussi peu auparavant arrivé le sieur Krack, qu'elle avoit envoyé en Cour pour donner avis de son arrivée. Elle coucha à la Rochebernard, où elle fut complimentée de la part du Baron de Pontchasteau, qui estoit fort malada, & qui lui envoya un carrose à six chevaux & quelques coureurs pour sa suite. Le dixième, elle fut traitée par les habitans de Nantes, en un lieu appelé Saultron, où la Comtesse de Chasteauneuf lui présenta grand nombre de Dames qui estoyent venues saluer en dix ou douze carrosses, qui l'accompagnèrent jusque à Nantes, où elle fut tres magnifiquement receue, tant par le grand nombre d'habitans qui estoyent en armes, que par les diverses harangues qui lui furent faites à son entrée, comme vous avez desja sceu. L'unzième, ayant disné à Pontchasteau, elle alla coucher au Maz, maison de la Comtesse de Chasteauneuf, laquelle fut deux lieues au devant de Sad. M. avec trois carrosses & cinquante gentilshommes. Le 12, l'ancien Evesque de Leon & le Marquis de Molac prirent congé d'elle pour se retirer : Mais la Comtesse de Chasteauneuf & plusieurs Dames l'accompagnèrent jusques à Mauve, où elle disna, pour aller coucher à Ensenis. | ||
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+ | <spoiler text="Suite et fin du voyage ...">Le 14, sur les cinq heures du soir, elle arriva par eau à Angers : le Mareschal de Brezé Gouverneur de la province, suivi de force noblesse, ayant esté jusques à la pointe (qui est le lieu où abordent les bateaux pour estre visitez) au devat de Sad. M. qui se mit dans le carrosse de ce Mareschal, qu'il avoit fait mener expres avec beaucoup d'autres pour sa suite, lui estant à cheval. À un quart de lieue de la ville, elle fut salûée d'un bataillon de quatre à cinq mille hommes des douze compagnies de ladite ville, & à la porte par le sieur de la Gruë Maire, accompagné des Eschevins & autres Officiers de l'Hostel de ville, qui lui présenta une chaize faite expres avec un dais de velours bleu aux armes de France et d'Angleterre. Elle fut portée dans cette chaire par quatre Archers de la Mairie, & le dais sur elle par trois des quatre eschevins, & par un Conseiller pour l'absence du quatrième. A l'entrée de la ville elle y fut receuë par le Prieur de l'Abbaye Saint Aubin, suivi de vingt-cinq Corps deReligieux, Chapitres ou paroisses, qui accompagnèrent Sadite Majesté jusques à l'Eglise Cathédrale : à la porte de laquelle elle fut receuë par le sieur de Rueil Evesque de ladite ville, assisté de son Clergé, qui la conduisit au Chœur, où le <i>Te Deum</i> fut chanté : pendant lequel s'estant trouvée mal, elle fut conduite par le Mareschal de Brézé dans son hostel qu'il lui avoit fait préparer, où elle fut en suite complimentée par le sieur de la Guerche Lanier pour le Présidial ; par le sieur Eveillard pour la Prevosté ; par le sieur Voisin Recteur pour l'Université ; par le sieur Screfin pour l'Election, & par tous les autres Corps ; Puis on lui fit le présent de la ville tel qu'il se fait au Roy, qui est de grandes corbeilles pleines, l'une de frlambeaux & de bougies de cire blanche, & l'autre de confitures seiches & liquides. Le Chapitre ... | ||
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Version du 22 février ~ c'hwevrer 2018 à 17:29
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Relations d'un voyage entre Brest et Nantes d'une reine d'Angleterre On trouvera ici les facsimilés de ces deux numéros, l'un de la Bibliothèque municipale de Lyon, l'autre de la BnF-Gallica, ainsi que leurs numérotations exactes, leurs transcriptions intégrales, les évocation épistolaires sur cette publication dans les lettres de l'auteur à son correspondant Pierre d'Hozier Autres lectures : « Lettre du 29 août 1644 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, XXI) » ¤ « Guy Autret, seigneur de Missirien et de Lezergué (1599-1660) » ¤ « 1644-1645 - Deux lettres de Guy Autret évoquant l'épistolière Marquise de Sévigné » ¤ « 1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc » ¤ |
1 Présentation
L'auteur évoque le double reportage dans une lettre qu'il adresse à son correspondant Pierre d'Hozier Les deux articles sont publiés respectivement les 6 et 31 août 1644, le premier dans les pages Gazette n° 93, le second dans les Extraordinaires n° 103. La Gazette fait 8 pages au total avec une quinzaine d'informations brèves de quelques paragraphes chacune. Les Extraordinaires, par opposition aux Nouvelles ordinaires qui sont le 3e type de gazette, incluent deux à trois compte-rendus beaucoup plus longs. Contrairement aux Extraordinaires qui ne contiennent aucun décor hormis la lettrine de début de texte, les titres des Gazettes et des Nouvelles ordinaires incluent une vignette avec respectivement les lettres stiliséees G et N. Les gazettes ont été créées en 1631 par Théophraste Ranaudot avec l'appui de Richelieu. En 1644 elles sont généralement datées du samedi, avec pour le mois d'août quelques numéros complémentaires en semaine. La pagination et la numérotation des gazettes, suivant leur nature, se font chaque an en démarrant par le n° 1 au début de janvier. Ainsi le 6 août 1644 deux numéros, le n° 92 et le n° 93 de l'année 1644, sont publiées aux pages 629-632 et 633-640, l'un pour les Nouvelles Ordinaires, l'autre pour la Gazette. Pour cette dernière la vignette est estampillée d'un G et de cette maxime : « guidée du ciel, j'adresse et par mer et par terre ».Le texte de Guy Autret pour le 1er article du 6 août donne bien le contexte historique de ce voyage : « La Reine d'Angleterre est aujourd'hui arrivée en cette ville sur un vaisseau Holandois, monté de quarante pièces de canon : contre lequel le Vice-Amiral du Parlement de Londres a tiré 80 coups de canon ». En effet, Henriette, sœur de Louis XIII, mariée avec le roi anglais Charles Ier, est en fuite avant que son époux ne soit exécuté lors de la première révolution anglaise menée par Oliver Cromwell. La reine d'Angleterre vient d'accoucher à Owford avant d'embarquer : « Elle est tellement incommodée de ses couches ». La légende, non rapportée par Guy Autret dans la Gazette, dit aussi que, face aux canons ennemis, elle demanda à son capitaine : « Quand vous ne pourrez plus me défendre, tuez-moi. ». En tout cas la gazette précise que, débarquée gràce à une chaloupe de Dinan, elle n'est pas vraiment rassurée dans un premier temps : « Toute la coste estant en armes, l'obligea de faire mettre un mouchoir au haut d'un baston. » Dans le deuxième article du 31 août, après un rappel de l'accostage très mouvementé, c'est un véritable article « people » que nous produit avec force détails Guy Autret, à savoir la tournée d'un star internationale qui « fut fort bien receue par toute la Noblesse & le peuple »:
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A chaque étape de nombreux carrosses l'accueillent, et le marquis de Molac met à la disposition de la reine un « carrosses à six chevaux. Le voyage se poursuit hors la Bretagne, en passant par Angers, jusqu'à Bourges où l'attend le prince de Condé. Henriette restera en France, ne reverra plus jamais le roi son mari, et se retirera au couvent de la Visitation de Chaillot où, après sa mort, Bossuet prononcera une de ses plus célèbres oraisons. |
2 Transcriptions
La gazette du 6 août 1644
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3 Annotations
- Henriette Marie de France (26 novembre 1609 - 10 septembre 1669) fut une reine consort d'Angleterre. Fille du roi de France Henri IV et de la reine Marie de Médicis, elle épousa le roi d'Angleterre Charles Ier (1625). [Ref.↑]
- Théophraste Renaudot (1586-1653) est un journaliste, médecin et philanthrope français. Il est le fondateur de la publicité et de la presse française par ses deux créations du Bureau d'adresse (1629) et de la Gazette, journal hebdomadaire à partir de 1631. [Ref.↑ 2,0 2,1]
- Pierre d'Hozier (1592-1660) est un historien et auteur de généalogies des grandes familles françaises. Sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV il fut juge d'armes et commis pour certifier la noblesse. Il a composé la « Généalogie des principales familles de France », ouvrage manuscrit de cent cinquante volumes. Il fut ami et correspondant de Théophraste Renaudot, le fondateur de la Gazette. Il fut inhumé dans l'église Saint-André-des-Arts à Paris. [Ref.↑ 3,0 3,1 3,2]
Thème de l'article : Coupures de presse relatant l'histoire et la mémoire d'Ergué-Gabéric Date de création : juin 2010 Dernière modification : 22.02.2018 Avancement : [Développé] |