1844 - Placards réglementaires pour les cabarets gabéricois
Un article de GrandTerrier.
Version du 6 mai ~ mae 2023 à 07:46 (modifier) GdTerrier (Discuter | contributions) ← Différence précédente |
Version actuelle (27 juin ~ mezheven 2023 à 12:00) (modifier) (undo) GdTerrier (Discuter | contributions) m |
||
(4 intermediate revisions not shown.) | |||
Ligne 3: | Ligne 3: | ||
|width=60% valign=top {{jtfy}}|<i>Lettre de demande d'apposition de placards de lutte contre l'alcoolisme sous la forme d'un règlement de police des cabarets de la commune.</i> | |width=60% valign=top {{jtfy}}|<i>Lettre de demande d'apposition de placards de lutte contre l'alcoolisme sous la forme d'un règlement de police des cabarets de la commune.</i> | ||
- | Source : documents conservés aux Archives départementales du finistère en Série M (administration générale et économie, cote 2 O 792). | + | Source : documents conservés aux Archives départementales du Finistère en Série O (administration et comptabilité communales, cote 2 O 792). |
Autres documents : {{Tpg2|:Category:Recensement 1836|Recensement 1836|}}{{Tpg2|:Category:Recensement 1790|Recensement 1790}}{{Tpg|Deux morts et un rescapé suite à ivresses prononcées, Le Quimpérois 1839}}{{Tpg|:Category:Recensement 1836}} | Autres documents : {{Tpg2|:Category:Recensement 1836|Recensement 1836|}}{{Tpg2|:Category:Recensement 1790|Recensement 1790}}{{Tpg|Deux morts et un rescapé suite à ivresses prononcées, Le Quimpérois 1839}}{{Tpg|:Category:Recensement 1836}} | ||
Ligne 14: | Ligne 14: | ||
Il s'agit précisément d'une lettre adressée le 18 octobre 1844 par le maire René Laurent <ref name=Laurent>[[René Laurent, maire (1824-1846)|René Laurent]] de Squividan fut maire d'Ergué-Gabéric du 1824 à 1845.</ref> sollicitant la validation d'un règlement de police des débits de boisson dont le texte, sous la forme d'une affiche appelée à l'époque « <i>placard</i> » est joint. | Il s'agit précisément d'une lettre adressée le 18 octobre 1844 par le maire René Laurent <ref name=Laurent>[[René Laurent, maire (1824-1846)|René Laurent]] de Squividan fut maire d'Ergué-Gabéric du 1824 à 1845.</ref> sollicitant la validation d'un règlement de police des débits de boisson dont le texte, sous la forme d'une affiche appelée à l'époque « <i>placard</i> » est joint. | ||
- | En cette année 1844, il y a sur le territoire communal quinze établissements vendant des boissons alcoolisés, si l'on en croit le nombre de placards devant être « <i>distribués à chaque caberetier</i> ». | + | En cette année 1844, il y a sur le territoire communal quinze établissements vendant des boissons alcoolisées, si l'on en croit le nombre de placards devant être « <i>distribués à chaque caberetier</i> ». |
En 1836, pour 2025 habitants, neuf cabaretiers sont déclarés sous cette appellation dans le recensement officiel <ref>Cf. pages originales et dépouillement : « [[:Category:Recensement 1836|recensement de 1836]] ».</ref> : François Ascoët à Pen carn Lestonan, Laurent Douguet à Gadigou (route de Coray), Pierre Peron au Bourg, Jacques Calloc'h au Bourg, Hervé Auffret au Bourg, Yves Taboret au Bourg, Toussaint Caugant à Gars halec, Jean Caugant à Lenhesk et Yves Auffret à la Croix-Rouge. Mais les cabarets ou auberges supplémentaires sont très certainement aussi ouvertes dans d'autres commerces, à l'instar des forgerons ou des cordonniers, et ce dans les villages un peu excentrés comme Saint-André, St-Guénolé, Lostarguillec, Kerdévot <ref>À noter que dans le recensement de 1790 on trouve 3 ou 4 autres lieux-dits où il y avait des aubergistes : La Villeneuve (village disparu près de St-André), Gouléquéau (lieu-dit disparu sur la route de Coray, sans doute assimilable à Cadigou), Kerdévot et Lostarguillec.</ref>. | En 1836, pour 2025 habitants, neuf cabaretiers sont déclarés sous cette appellation dans le recensement officiel <ref>Cf. pages originales et dépouillement : « [[:Category:Recensement 1836|recensement de 1836]] ».</ref> : François Ascoët à Pen carn Lestonan, Laurent Douguet à Gadigou (route de Coray), Pierre Peron au Bourg, Jacques Calloc'h au Bourg, Hervé Auffret au Bourg, Yves Taboret au Bourg, Toussaint Caugant à Gars halec, Jean Caugant à Lenhesk et Yves Auffret à la Croix-Rouge. Mais les cabarets ou auberges supplémentaires sont très certainement aussi ouvertes dans d'autres commerces, à l'instar des forgerons ou des cordonniers, et ce dans les villages un peu excentrés comme Saint-André, St-Guénolé, Lostarguillec, Kerdévot <ref>À noter que dans le recensement de 1790 on trouve 3 ou 4 autres lieux-dits où il y avait des aubergistes : La Villeneuve (village disparu près de St-André), Gouléquéau (lieu-dit disparu sur la route de Coray, sans doute assimilable à Cadigou), Kerdévot et Lostarguillec.</ref>. | ||
Ligne 27: | Ligne 27: | ||
Après ces premiers affichages, la préfecture du finistère généralisera cette action préventive à tout le département en publiant des « <i>arrêtés contre l'ivrognerie</i> ». Ainsi cette affiche du préfet Richard <ref name=Richard>{{PR-Richard}}</ref> en 1859 (cf. ci-contre, ADF 4M68). | Après ces premiers affichages, la préfecture du finistère généralisera cette action préventive à tout le département en publiant des « <i>arrêtés contre l'ivrognerie</i> ». Ainsi cette affiche du préfet Richard <ref name=Richard>{{PR-Richard}}</ref> en 1859 (cf. ci-contre, ADF 4M68). | ||
- | Mais autant le texte préfectoral est plutôt sommaire, la seule interdiction étant de servir jusqu'à l'ivresse, la version gabéricoise est plus contraignante : | + | Mais autant le texte préfectoral est plutôt sommaire, la seule interdiction étant de servir jusqu'à l'ivresse, la version gabéricoise de 1844 est bien plus contraignante : |
* Le premier article interdit carrément l'ouverture des bars pendant les messes, dimanches et jours de fête. Ces jours-là « <i>Il est interdit à tous cabaretiers de cette commune, de donner à boire à qui que ce soit </i> ». | * Le premier article interdit carrément l'ouverture des bars pendant les messes, dimanches et jours de fête. Ces jours-là « <i>Il est interdit à tous cabaretiers de cette commune, de donner à boire à qui que ce soit </i> ». | ||
- | * Sont exclus des établissements à toute heure, conformément à l'article 2, les enfants au-dessous de seize ans, « <i>à moins qu'ils n'accompagnent leurs auteurs ou tuteurs</i> », « <i>les gens dans l'ivresse</i> », les vagabonds et les filles publiques. | + | * Sont exclus des établissements à toute heure, conformément à l'article 2, les enfants au-dessous de seize ans, « <i>à moins qu'ils n'accompagnent leurs auteurs ou tuteurs</i> », les vagabonds, les filles publiques et « <i>les gens dans l'ivresse</i> ». |
- | * Les horaires d'ouverture doivent être respectés, la plage étant : fermeture à 8 heures du soir (7 heures en hiver) et et ouverture après 4 heures du matin. | + | * Les horaires doivent être strictement respectés, surtout en soirée : ouverture après 4 heures du matin et fermeture avant 8 heures du soir (7 heures en hiver). |
- | * Les autres règles administratives sont de disposer « <i>d'une enseigne distincte où son nom sera écrit en caractères bien lisibles</i> (article 4), de faire une déclaration à la mairie pour toute ouverture ou déménagement (article 5), de « <i>débiter des boissons falsifiées</i> » (article 6), et de respecter toutes les mesures légales (article 7). | + | * Les autres règles administratives sont de disposer « <i>d'une enseigne distincte où son nom sera écrit en caractères bien lisibles</i> » (article 4), de faire une déclaration à la mairie pour toute ouverture ou déménagement (article 5), de « <i>débiter des boissons falsifiées</i> » (article 6), et de respecter toutes les mesures légales (article 7). |
* Et enfin, un article 8 de politique familiale et de lutte contre l'alcoolisme : « <i>Il est enjoint aux cabaretiers de livrer à la première réquisition des pères, mères et tuteurs les personnes réclamées par ces derniers.</i> » | * Et enfin, un article 8 de politique familiale et de lutte contre l'alcoolisme : « <i>Il est enjoint aux cabaretiers de livrer à la première réquisition des pères, mères et tuteurs les personnes réclamées par ces derniers.</i> » |
Version actuelle
| Lettre de demande d'apposition de placards de lutte contre l'alcoolisme sous la forme d'un règlement de police des cabarets de la commune.
Source : documents conservés aux Archives départementales du Finistère en Série O (administration et comptabilité communales, cote 2 O 792). Autres documents : « Recensement 1836 » ¤ « Recensement 1790 » ¤ « Deux morts et un rescapé suite à ivresses prononcées, Le Quimpérois 1839 » ¤ « Category:Recensement 1836 » ¤ |
[modifier] Présentation
Il s'agit précisément d'une lettre adressée le 18 octobre 1844 par le maire René Laurent En cette année 1844, il y a sur le territoire communal quinze établissements vendant des boissons alcoolisées, si l'on en croit le nombre de placards devant être « distribués à chaque caberetier ». En 1836, pour 2025 habitants, neuf cabaretiers sont déclarés sous cette appellation dans le recensement officiel En 1868, une enquête diligentée par le ministre de l'intérieur sur le développement de l'ivrognerie en France donne les chiffres suivants pour le département du Finistère : « Il y a dans le département 5806 débits de boissons, c'est à dire un pour 114 habitants [....] Pas une commune n'est exempte de ce fléau. Un homme sobre est une exception. Dans les classes élevées, on s'inquiète. Les propriétaires surtout qui voient leurs champs délaissés pour le cabaret ». Pour ce qui concerne Ergué-Gabéric, le nombre de débits de boisson par rapport à la population est proche de cette moyenne nationale en 1836-1844, soit un café pour 135 habitants (15 pour 2025), bien que la population soit très rurale et éclatée sur tout le territoire communal. |
D'où la nécessité pour la municipalité de lutter contre les dérives des débits de boissons en rédigeant un règlement de police comme forme de placards ou affichettes à apposer dans ces lieux de perdition.
Après ces premiers affichages, la préfecture du finistère généralisera cette action préventive à tout le département en publiant des « arrêtés contre l'ivrognerie ». Ainsi cette affiche du préfet Richard Mais autant le texte préfectoral est plutôt sommaire, la seule interdiction étant de servir jusqu'à l'ivresse, la version gabéricoise de 1844 est bien plus contraignante :
|
[modifier] Documents
Placard
|
|
[modifier] Annotations
- René Laurent de Squividan fut maire d'Ergué-Gabéric du 1824 à 1845. [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2]
- Cf. pages originales et dépouillement : « recensement de 1836 ». [Ref.↑]
- À noter que dans le recensement de 1790 on trouve 3 ou 4 autres lieux-dits où il y avait des aubergistes : La Villeneuve (village disparu près de St-André), Gouléquéau (lieu-dit disparu sur la route de Coray, sans doute assimilable à Cadigou), Kerdévot et Lostarguillec. [Ref.↑]
- Charles-Victor-Louis Richard (1803-1888), né à Toulouse et décédé à Quimper, est préfet du Finistère de 1851 à 1868. Avant cette date il est conservateur des archives municipales de Rouen, puis sous-préfet à Châteaulin en 1848, à Morlaix en 1849. Il est nommé préfet honoraire et mis à la retraite en 1868. [Ref.↑]
- Le baron Germain-Joseph Boullé, originaire de Pontivy, fut préfet du Finistère de 1836 à 1848. [Ref.↑ 5,0 5,1]
- Les horaires d'ouvertures des débits de boisson étaient très matinales du fait des travaux dans les champs. Cf. l'affaire des élections de 1881 où l'ouverture tardive fut dénoncée : « Elections municipales houleuses et contestées, l'Impartial du Finistère 1881 ». [Ref.↑]
Thème de l'article : Etude de documents anciens. Date de création : novembre 2006 Dernière modification : 27.06.2023 Avancement : [Développé] |