La scène des funérailles du retable flamand dans les sources apocryphes du christianisme
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- | Le cortège funèbre est formé de la Vierge allongée sur un brancard porté par les apôtres et saint Jean ouvre le chemin en tenant la palme resplendissante. Cette Translation de la Vierge, de "transitus" en latin, qui se passe après la scène de la Dormition et avant son Assomption et son Couronnement, n'est pas très souvent représentée dans l'iconographie chrétienne classique. | + | Le cortège funèbre de Kerdévot est formé de la Vierge allongée sur un brancard porté par les apôtres Pierre en tête et Paul fermant la marche, saint Jean ouvrant le chemin en tenant la palme resplendissante, et les autres apôtres en procession. Cette Translation de la Vierge, de "transitus" en latin, qui se passe après la scène de la Dormition et avant son Assomption et son Couronnement, n'est pas très souvent représentée dans l'iconographie chrétienne classique. |
- | La raison est sans doute que les sources primitives de ce mystère marial se trouvent dans des textes apocryphes <ref name="Apocryphe">{{K-Apocryphe}}</ref> qui sont déjà condamnés très tôt par les papes de l'Eglise catholiques. | + | La raison est sans doute que les sources primitives de ce mystère marial se trouvent dans des textes apocryphes <ref name="Apocryphe">{{K-Apocryphe}}</ref> qui sont déjà condamnés très tôt par l'Église catholique. |
- | Les écrits apocryphes chrétiens en question, à savoir essentiellement le pseudo-Méliton de Sardes, le livre de Jean sur la dormition et l'homélie de saint Jean Damascene, datent des 6e et 7e siècles. Des poèmes en latin en ont été produits, « <i>Transitus Beatae Mariae Virginis</i> », et des copies et commentaires insérés en 1261-1266 dans la Légende dorée de Jacques de Voragine. On connaît même une copie imprimée en 1530 du poème breton non daté « <i>Tremenvan an Ytron Guerches Maria</i> » <ref> « <i>Tremenvan an Ytron Guerches Maria</i> », Le trépas de madame la Vierge Marie, transcrit et traduit par Hersart de La Villemarqué dans une publication intitulée "Poèmes bretons du Moyen Age" publiée en 1879, Paris Librairie Académique Didier.</ref>. | + | Les écrits apocryphes chrétiens mettant en scène le mystère de la Vierge Marie, à savoir essentiellement le pseudo-Méliton de Sardes, le livre de Jean sur la dormition et l'homélie de saint Jean Damascene, datent des 6e et 7e siècles. Des poèmes en latin en ont été produits, « <i>Transitus Beatae Mariae Virginis</i> », et des copies et commentaires insérés en 1261-1266 dans la Légende dorée de Jacques de Voragine. On connaît même une copie imprimée en 1530 du poème breton non daté « <i>Tremenvan an Ytron Guerches Maria</i> » <ref> « <i>Tremenvan an Ytron Guerches Maria</i> », Le trépas de madame la Vierge Marie, transcrit et traduit par Hersart de La Villemarqué dans une publication intitulée "Poèmes bretons du Moyen Age" publiée en 1879, Paris Librairie Académique Didier.</ref>. |
Pour l'épisode représenté sur le retable de Kerdévot, à savoir l'intervention des mains coupées lors de la procession funèbre de la Vierge, les textes apocryphes parlent d'un juif nommé Jéphonias (et Ruben dans une variante plus tardive) et le présente comme un « <i>Prince des prêtres</i> ». | Pour l'épisode représenté sur le retable de Kerdévot, à savoir l'intervention des mains coupées lors de la procession funèbre de la Vierge, les textes apocryphes parlent d'un juif nommé Jéphonias (et Ruben dans une variante plus tardive) et le présente comme un « <i>Prince des prêtres</i> ». | ||
- | Or à Kerdévot trois soldats sont punis de sacrilège, et non un seul prêtre. Les deux premiers soldats sont à terre avec chacun une main tranchée, et le troisième est debout avec ses deux mains collées au brancard. Comme comme les écrits du 6-7e siècle, la « <i>Légende dorée</i> » de Voragine mentionne un prince des prêtres, mais par contre il existe une version nestorienne <ref name="Nestorien">{{K-Nestorien}}</ref> issue de l'apocryphe du pseudo-Jean qui nomme expressément un « <i>soldat Jôphanâ</i> » ("le Jéphonias de l'apocryphe grec"). | + | Or à Kerdévot trois soldats sont punis de sacrilège, et non un seul prêtre. Les deux premiers soldats tenant une lance sont à terre avec chacun une main tranchée, et le troisième est debout avec ses deux mains collées au brancard. Comme comme les écrits du 6-7e siècle, la « <i>Légende dorée</i> » de Voragine mentionne un prince des prêtres, mais par contre il existe une version nestorienne <ref name="Nestorien">{{K-Nestorien}}</ref> issue de l'apocryphe du pseudo-Jean qui nomme expressément un « <i>soldat Jôphanâ</i> » ("le Jéphonias de l'apocryphe grec"). |
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Version du 13 mai ~ mae 2018 à 18:12
| Enquête sur les origines de cette scène violente du retable flamand de Kerdévot où l'on voit trois soldats aux mains tranchées.
Les références utilisées sont les textes apocryphes Autres lectures : « La chapelle de Kerdévot » ¤ « BARRIÉ Roger - La construction de la chapelle de Kerdévot au XVème siècle » ¤ « ABGRALL Jean-Marie - Le Retable de Kerdévot » ¤ « Les marques de fabrique des ateliers flamands du 15e siècle sur le retable de Kerdévot » ¤ « Espace Chapelle de Kerdévot » ¤ |
1 Présentation
Le cortège funèbre de Kerdévot est formé de la Vierge allongée sur un brancard porté par les apôtres Pierre en tête et Paul fermant la marche, saint Jean ouvrant le chemin en tenant la palme resplendissante, et les autres apôtres en procession. Cette Translation de la Vierge, de "transitus" en latin, qui se passe après la scène de la Dormition et avant son Assomption et son Couronnement, n'est pas très souvent représentée dans l'iconographie chrétienne classique. La raison est sans doute que les sources primitives de ce mystère marial se trouvent dans des textes apocryphes Les écrits apocryphes chrétiens mettant en scène le mystère de la Vierge Marie, à savoir essentiellement le pseudo-Méliton de Sardes, le livre de Jean sur la dormition et l'homélie de saint Jean Damascene, datent des 6e et 7e siècles. Des poèmes en latin en ont été produits, « Transitus Beatae Mariae Virginis », et des copies et commentaires insérés en 1261-1266 dans la Légende dorée de Jacques de Voragine. On connaît même une copie imprimée en 1530 du poème breton non daté « Tremenvan an Ytron Guerches Maria » Pour l'épisode représenté sur le retable de Kerdévot, à savoir l'intervention des mains coupées lors de la procession funèbre de la Vierge, les textes apocryphes parlent d'un juif nommé Jéphonias (et Ruben dans une variante plus tardive) et le présente comme un « Prince des prêtres ». Or à Kerdévot trois soldats sont punis de sacrilège, et non un seul prêtre. Les deux premiers soldats tenant une lance sont à terre avec chacun une main tranchée, et le troisième est debout avec ses deux mains collées au brancard. Comme comme les écrits du 6-7e siècle, la « Légende dorée » de Voragine mentionne un prince des prêtres, mais par contre il existe une version nestorienne |
Si l'on pousse un peu plus l'observation de la scène représentée à Kerdévot, on note que l'armure du soldat de droite est ornée de la tête à la taille d'un bandeau ressemblant à un attribut de haut prêtre juif : on a sans doute là le double personnage Jôphanâ-Jephonias, mi prêtre mi soldat. autres représentations artistiques ... originalité de Kerdévot ... |
2 Iconographie
Retable de Kerdévot | |||||
Autres représentations des Funérailles | |||||
3 Sources documentaires
Martin Jugie, Le récit du Pseudo-Méliton
Martin Jugie, Apocryphe grec ou pseudo-Jean, juif Jéphonias
Martin Jugie, La légende nestorienne
Constantin Tischendorf, Transitus Beatae Mariae Virginis A.
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Martin Jugie, notes complémentaires
Jacques de Voragine, La légende dorée
De La Villemarqué, Tremenvan an Ytron Guerches Maria
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4 Annotations
- Apocryphe, adj. et s.m.pl. : du grec ἀπόκρυφος / apókryphos, « caché », qualifie un écrit dont l'authenticité n'est pas établie (Littré). Pour un texte ou un livre religieux dont l'origine divine n'est pas reconnue par l'Église et qu'elle place hors du canon des Livres inspirés (TLFi). Au pluriel, ouvrages composés par d'anciens hérétiques et attribués par eux à des auteurs sacrés (Littré). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1]
- « Tremenvan an Ytron Guerches Maria », Le trépas de madame la Vierge Marie, transcrit et traduit par Hersart de La Villemarqué dans une publication intitulée "Poèmes bretons du Moyen Age" publiée en 1879, Paris Librairie Académique Didier. [Ref.↑]
- Nestorien, adj. : relatif à Nestorius (hérésiarque du 5e siècle apr. J.-Ch., patriarche de Constantinople) ou à sa doctrine affirmant que le Christ possède deux natures, deux personnes distinctes, l'une humaine et l'autre divine. Source : TLFi [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 3,0 3,1]
Thème de l'article : Richesses patrimoniales Date de création : Mai 2018 Dernière modification : 13.05.2018 Avancement : [Développé] |