La création de la manufacture d'Odet et ses fondateurs
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+ | '''Particularités :''' La liaison entre les deux branches Bolloré apparaît par la double présence du couple Jean René Marie Bolloré et Marie Perrine Elizabeth Bolloré : ils sont petits cousins. | ||
Après quarante années d'un rude labeur, un affaiblissement cérébral brutal, occasionné par une chute, diminue sérieusement Nicolas Le Marié, le fondateur des papeteries d'Odet. Et, si au fond du petit vallon le travail continue, le progrès industriel partout s'accélère. Les méthodes de fabrication et de commercialisation de l'usine ne suivent plus et l'entreprise est menacée. | Après quarante années d'un rude labeur, un affaiblissement cérébral brutal, occasionné par une chute, diminue sérieusement Nicolas Le Marié, le fondateur des papeteries d'Odet. Et, si au fond du petit vallon le travail continue, le progrès industriel partout s'accélère. Les méthodes de fabrication et de commercialisation de l'usine ne suivent plus et l'entreprise est menacée. | ||
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===Le second fondateur d'Odet=== | ===Le second fondateur d'Odet=== | ||
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- | '''Particularités :''' La liaison entre les deux branches Bolloré apparaît par la double présence du couple Jean René Marie Bolloré et Marie Perrine Bolloré : ils sont petits cousins. | ||
Après quelques années, l'aîné des trois fils, toujours un René (René Guillaume Marie né en 1847 à Indret-44) comme le veut la tradition chez les Bolloré, prend en main la direction des papeteries. | Après quelques années, l'aîné des trois fils, toujours un René (René Guillaume Marie né en 1847 à Indret-44) comme le veut la tradition chez les Bolloré, prend en main la direction des papeteries. |
Version du 21 juin ~ mezheven 2012 à 06:15
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Cet article ci-dessous retrace l'histoire de la papeterie d'Odet depuis sa création en 1822 jusqu'aux années 1950, la biographie de ses patrons entrepreneurs Le Marié et Bolloré, l'évocation des ouvriers et employés de la première heure et enfin l'évolution des techniques et des étapes de fabrication du papier. | |
Autres lectures : « Index chronologique de l'histoire de la papeterie d'Odet » ¤ « La plaque inaugurale de la manufacture de papiers d'Odet en 1822 » ¤ « Le canal et les moulins d'Odet » ¤ « Le Bigoudic et le canal d'Odet » ¤ « Nicolas Le Marié (1797-1870), maire et entrepreneur » ¤ « Jean-René Bolloré (1818-1881), chirurgien et entrepreneur » ¤ « René Bolloré (1847-1904), entrepreneur » ¤ « René Bolloré (1885-1935), entrepreneur » ¤ « René Bolloré (1911-1999), résistant et entrepreneur » ¤ « Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001), écrivain-poète et PDG » ¤ « BOLLORÉ René - Livre d'or des papeteries » ¤ « LE PORTAL Christine (ArMen) - Des papeteries à la haute technologie » ¤ |
1 Création de la manufacture
1.1 Plaque inauguraleCe dessin représente sans doute le moulin à ses débuts entre 1822 et 1830. Les ruisseaux qui se rejoignent avec avec le bief convergent vers cette grande roue à aubes que l'on voit représentée. Elle produit une force motrice très vite transmise aux machines qui assurent la production de papiers de divers types. Les conditions de création de la manufacture de papier d'Odet en 1822 sont évoquées par cette inscription sur sa plaque commémorative, transcrite précisément dans un encart en conclusion du discours de l'Abbé ANDRÉ-FOUET au Centenaire d'Odet paru en 1922 : 1.2 L'entrepreneur Le MariéParticularités : La parenté de Nicolas Le Marié avec les branches Bolloré est visible sur l’arbre généalogique : la sœur de Nicolas Le Marié, Marie-Perrine, va se marier avec un Jean-Guillaume Bolloré, et la fille de ces derniers prénommée aussi Marie-Perrine se marie avec Jean-René Bollore le médecin qui prendra la suite de Le Marié. Nicolas Le Marié est né le 5 mai 1797 François Le Marié s’installe à Quimper avant 1785 après son mariage avec Perrine Jeanne Marthe Gosselin. De cette union naîtront 7 enfants dont Marie Perrine qui épousera en deuxième noces Jean Guillaume Claude Bolloré, et le dernier enfant né en 1797 Nicolas. Ce dernier épouse à son tour en 1824 Marie le Pontois, originaire de Lorient. Un cousin de Marie le Pontois, Jean Marie le Pontois né à Lorient en 1800 et décédé à Quimper en 1881 est qualifié de manufacturier en 1860. Sa famille le surnomme « Jean du Moulin » ce qui suppose une présence assez longue à Odet où sa fonction exacte n’est pas définie. Ce surnom est parfois attribué aussi par erreur à un membre de la famille Bolloré. Une description du personnage Nicolas Le Marié est faite par l'Abbé André-Fouet dans son discours du centenaire de la papeterie en 1922 (« 1922 - Discours de l'Abbé ANDRÉ-FOUET au Centenaire d'Odet »). Les interventions de Guillaume Bolloré et de François Le Marié, conseils pour la création de la manufacture mentionnés en Nota dans ce document en dessous de la transcription de la plaque commémorative, sont postérieures à 1838, et surtout vers la fin de sa vie d'entrepreneur (« La plaque inaugurale de la manufacture de papiers d'Odet en 1822 »). De façon indéniable Nicolas Le Marié a joué un rôle déterminant dans la création de la manufacture. Nous n'avons aucune indication sur son niveau d'études. On peut penser qu'il était instruit pour, âgé de 20 ans, avoir mené à terme un projet de cette envergure. Ceci en supposant un minimum de 4 ans entre les acquisitions foncières, les constructions et la mise en service en 1822. |
En 1832 il est nommé maire d'Ergué-Gabéric par le préfet. Il refuse le poste en ces termes : « Je suis extrêmement flatté de cette preuve de confiance ... mais une fabrique nouvelle que j'ai créée, et qui exige tous mes soins par l'extension que lui donne en ce moment ne me laisse pas le temps nécessaire ». Le préfet refuse cette démission, et Nicolas Le Marié sera maire de février à octobre 1832, date à laquelle sa démission est acceptée. En 1848, il refuse de figurer sur la liste de l'Union Conservatrice qui emporte la majorité à l'Assemblée Constituante. 1.3 Débuts de l'entrepriseL'initiative prise par Nicolas Le Marié ne manquait pas de hardiesse. Certains l'eussent taxée de témérité. Le lieu dans lequel, au printemps de l'année 1821, il décidait de créer cette «manufacture de papiers à cylindre», offrait comme seule ressource l'eau de la rivière d'Odet, qui coulait entre des coteaux granitiques, sans végétation, sans village, sans moyen de communication avec la ville de Quimper, sise à plus de 9 kilomètres. Il est rapporté que lorsqu’il prospecte les lieux, ceux-ci sont tellement désertiques qu’il ne trouve aucun endroit pour attacher son cheval. Pourtant les difficultés de l'entreprise ne l'arrêtèrent pas. Tout était à créer, à commencer par la chute d'eau, productrice de force. Il fallut, pour cela détourner le cours de la rivière d'Odet, et faire converger vers le moulin tous les ruisseaux coulant dans sa direction , faire sauter des rochers, remuer des masses énormes de terre. De ce travail sortirent le premier canal et les premiers bâtiments. La taille de l’ouvrage et la rapidité de construction sont très impressionnants, ils permettent d’imaginer la quantité de main d’œuvre, les matériaux, les outils et les machines de l’époque qui ont été nécessaires. Il est étonnant qu’aucun écrit ne le relate. La vie de la commune a pourtant du en être révolutionnée. La force motrice captée et les premiers bâtiments construits, il a fallu former la main-d'œuvre, réunir les matières premières, créer les débouchés et perfectionner les procédés de fabrication. Le créateur des Papeteries d'Odet fit preuve, dans cette lourde entreprise, de qualités géniales. Il fut très vite considéré comme l'un des plus fins papetiers de France, l'émule, presque l'égal de ses amis, les Montgolfier. La première pierre est posée le 19 Février 1822 . L’entreprise reste la propriété (points marrons) de Nicolas Le Marié au moins jusqu’en 1835 car sur le Cadastre Napoléonien il est mentionné comme seul propriétaire de l’ensemble des terrains et bâtiments. Jusqu'en 1861, Nicolas Le Marié garda la direction de l'entreprise qu'il avait créée. On remarquera que les propriétés s’étendent jusqu’au village de Keranguéo où trois maisons appartiennent à Nicolas le Marié. Il y loge ses employés, journaliers et papetiers. De nombreux artisans y habitent aussi car le moulin à papier est une source permanente de travail. Sur le plan précédent on observera aussi que le ruisseau qui descend de Keranna vient ajouter son débit à celui du premier canal. Remarquez qu’il existe aussi un pont. La papeterie d'Odet figure au nombre des "moulins à papier" qui virent le jour au cours du 19ème siècle sur les cours d'eau de France et en particulier en Bretagne. La matière première de récupération : chiffons, voiles et cordages de bateaux servait à la fabrication des papiers minces. La plupart des moulins disparurent très rapidement avec l'évolution des procédés et des techniques. A l’ouverture, une trentaine d'ouvriers commencent à y fabriquer du papier à la cuve à partir de chiffons. Mais l'esprit d'entreprise de Nicolas Le Marié ne s'arrête pas à la création de cette « manufacture de papiers à cylindre ». Il va, au cours de ses quarante années de direction améliorer les techniques et les produits. En 1834, il investit dans ses premières machines à papier d'Annonay qui vont remplacer définitivement le travail à la cuve et le séchage à la perche. Très vite, ce souci de modernité et d'efficacité hisse les usines d'Odet parmi les papeteries les plus renommées en France. En 1838, la production fait état de :
Ces productions sont expédiées dans les différentes villes de Bretagne et aux Etats-Unis. Les difficultés à se procurer du chiffon à bon marché entraînent une hausse du prix du papier. Mais, malgré tout, la demande reste importante et l'usine emploie en 1856 près d'une centaine d'ouvriers. |
2 Trois générations de Bolloré
2.1 Le modernisateurGénéalogie BOLLORÉ sur Geneanet Arbre Vincent BOLLORÉ sur Geneastar Particularités : La liaison entre les deux branches Bolloré apparaît par la double présence du couple Jean René Marie Bolloré et Marie Perrine Elizabeth Bolloré : ils sont petits cousins. Après quarante années d'un rude labeur, un affaiblissement cérébral brutal, occasionné par une chute, diminue sérieusement Nicolas Le Marié, le fondateur des papeteries d'Odet. Et, si au fond du petit vallon le travail continue, le progrès industriel partout s'accélère. Les méthodes de fabrication et de commercialisation de l'usine ne suivent plus et l'entreprise est menacée. A défaut de fils ou de gendre, c'est un de ses neveux (demi), Jean-René Bolloré né en 1818 à Douarnenez que l'on appelle à la rescousse. Ce chirurgien de la marine de quarante-trois ans, pourtant peu habitué aux aventures terrestres, n'hésite pas, à son retour d'une longue campagne en Chine, à se plonger dans cette nouvelle vie d'industriel et à affronter d'autres tempêtes. Il investit dans du nouveau matériel, entreprend l'agrandissement de l'usine et surtout, par une gestion prudente, redonne confiance à ses ouvriers. La crise est conjurée, les papeteries d'Odet reprennent leur vitesse de croisière. C'est avec Jean-René Bolloré que débute aux usines la fabrication du papier fin, ce qui fit dire à certains qu'il en avait rapporté le secret des mers de Chine. Gwenn-Aël Bolloré, dans sa préface aux Voyages en Chine de son aïeul, y met quelques réserves : « Certains prétendent qu'il avait rapporté de Chine de nouveaux procédés de fabrication. Cela est fort possible, puisque ce furent les habitants du Céleste Empire qui inventèrent le papier au premier siècle de notre ère. Mais cela n'enlève rien à ses qualités de fin papetier, bien au contraire, cela montre simplement qu'il avait su observer et noter des techniques nouvelles alors que rien ne laissait prévoir qu'il serait un jour chef d'entreprise. Il a du transposer ces procédés dans un contexte bien différent. Cela n'est pas à la portée du premier venu ». Comme son oncle, Jean-René Bolloré a su marier esprit d'entreprise et sens social. A une époque où les entreprises sont encore à l'échelle familiale, il démontre à ses ouvriers que patrons et salariés ont des intérêts inséparables et que le bonheur des uns est lié à la prospérité des autres. « Il faut travailler en harmonie en s’intéressant au succès de l’entreprise .le travail caché du cerveau est plus pénible que le travail apparent des bras ». Inévitablement sollicités par la classe politique, les Bolloré se sont succédés à la direction des papeteries sans jamais être tentés par la politique. Seul à faillir à cette règle, Jean-René Bolloré : élu conseiller général en 1873, il se porte candidat à la députation en 1876 et en 1877. Son échec le fait revenir, avec plus d'ardeur encore, à ses papeteries auxquelles il donne une nouvelle impulsion. Mais, en 1881, il disparaît au terme d'une longue maladie, un déclin progressif qui va mettre de nouveau l'entreprise en danger. Le progrès s'accélère toujours et les papeterie d'Odet risquent à nouveau d'être distancées. Les difficultés qu'elles ont à affronter vingt ans plus tôt redeviennent d'actualité. 2.2 Le second fondateur d'OdetAprès quelques années, l'aîné des trois fils, toujours un René (René Guillaume Marie né en 1847 à Indret-44) comme le veut la tradition chez les Bolloré, prend en main la direction des papeteries. Considéré comme le "second fondateur d'Odet", il a grandi dans l'usine. L'abbé André Fouet, lui a façonné un cerveau capable de comprendre, d'apprendre, de douter, de critiquer, déjuger. S'il n'a pas la tête bien pleine, il a la tête bien faite, aurait dit Montaigne. S'il sait agir, il sait aussi consulter. S'il sait parler, il sait aussi se taire, comme chef le voilà à l'œuvre. "Toutes ces qualités humaines, il va les mettre au service de son entreprise qui en a alors bien besoin.Du gros papier d'emballage, les papeteries sont passées successivement au papier tenture, au papier bulle, au papier coloré serpenté, au "copie de lettre". Aidé par ses frères, et plus particulièrement par Léon, René Bolloré met sur pied la fabrication des "minces" et du papier à cigarettes. Dès lors, la production est exclusivement orientée vers ce type de papier, dont la gamme va de l'ordinaire à l'extra-fin jusqu'au filigrane. Ces transformations nécessitent de nouvelles machines, de nouveaux investissements au moment même où de nouvelles données sont à prendre en compte. Si, en 1822, l'isolement du petit vallon d'Odet n'engendre pas de problèmes spécifiques de transport, l'arrivée du chemin de fer à Quimper en 1863 alourdit paradoxalement les charges des papeteries, entraînant de continuels transferts entre Odet et la nouvelle gare. L'augmentation de la production nécessite également de nouvelles énergies. A l'eau, René Bolloré ajoute la vapeur. Entreprenant, il investit pour l'avenir. En 1893, il loue le petit moulin de Cascadec à Scaër, sur les bords de l'Isole, et y installe une seconde unité de fabrication. Tout en ouvrant le marché, il développe dans l'entreprise de nouvelles méthodes de collaboration et met au point un système de comptabilité très performant. Lui non plus n'oublie pas ses ouvriers. Témoin cette anecdote que rappelle son fils.
Il y a puisé un tempérament d'industriel et d'homme d'affaires.
Toutes ces qualités humaines, il va les mettre au service de son entreprise qui en a alors bien besoin. Du gros papier d'emballage, les papeteries sont passées successivement au papier tenture, au papier bulle, au papier coloré serpenté, au "copie de lettre". Aidé par ses frères, et plus particulièrement par Léon, René Bolloré met sur pied la fabrication des "minces" et du papier à cigarettes. Dès lors, la production est exclusivement orientée vers ce type de papier, dont la gamme va de l'ordinaire à l'extra-fin jusqu'au filigrane. Lors des fêtes du centenaire en 1922, son fils, encore un René, se souvient. |
Ces transformations nécessitent de nouvelles machines, de nouveaux investissements au moment même où de nouvelles données sont à prendre en compte. Si, en 1822, l'isolement du petit vallon d'Odet n'engendre pas de problèmes spécifiques de transport, l'arrivée du chemin de fer à Quimper en 1863 alourdit paradoxalement les charges des papeteries, entraînant de continuels transferts entre Odet et la nouvelle gare. 2.3 Un patron de dix-huit ansEn 1904, René lègue à son fils un personnel admirablement formé et un matériel répondant pleinement aux besoins de l'époque. Le jeune René Bolloré n'a pas dix-neuf ans et n'a pas encore achevé ses études au collège Saint-François-Xavier de Vannes. Dans son ouvrage « Et j'ai songé ... Souvenirs d'un ami », le Père de La Chevasnerie dit de lui :
Comme ses prédécesseurs, il va apporter sa pierre à l'édifice Bolloré. Il construit des bureaux, le laboratoire, puis le manoir en 1911, juste avant d'épouser la fille de l'armateur nantais Thubé. Ce mariage va ouvrir de nouveaux horizons aux papeteries et leur donner un nouvel essor : l'armateur a en effet d'importantes relations qu'il met au service de l'entreprise, lui offrant des débouchés en Angleterre et en Amérique. La guerre survient. Malgré les difficultés d'approvisionnement, l'usine se développe. On y construit une centrale électrique à vapeur, le matériel est en quasi-totalité renouvelé et les bâtiments délabrés remplacés par de nouvelles constructions plus fonctionnelles. Une deuxième machine à papier est également installée. C'est toujours pendant la guerre, en 1917, que René Bolloré se porte acquéreur du moulin de Cascadec que son père avait loué. Là, il construit l'usine hydroélectrique de la Boissière, alimentée par un canal de 1 500 m. Considérée comme la plus belle entreprise de papier à cigarettes de France, l'usine ultra-moderne de Cascadec a supplanté le modeste moulin à papier. De deux cents employés avant la Première Guerre mondiale, le personnel de l'entreprise passera à mille deux cents, en comptant les papeteries de Troyes fraîchement acquises, vers les années vingt, lorsque le papier à cigarettes sera expédié aux États-Unis. Entrée en 1915 à quinze ans à Odet, Marianne Saliou (propos recueillis par Jean Guéguen et Jean Cognard en 1980) se souvient :
Si les conditions de travail restent pénibles, René Bolloré continue l'œuvre de ses aïeuls pour améliorer les conditions de vie de son personnel. En 1918, il construit la cité ouvrière de Ker Anna à la sortie de Lestonan, institue des caisses de retraite, des allocations pour les malades et crée un patronage en 1926, les fameux Paotred dispount. En 1930, cinq ans avant sa mort, il s'intéresse à l'éducation et bâtit deux écoles "libres", où tout est gratuit pour les enfants de ses ouvriers. Mieux valait d'ailleurs les y envoyer : on raconte qu'un des ouvriers ayant refusé d'y mettre ses enfants fut renvoyé. Pieux et pratiquant, René Bolloré construit aussi, en 1921, une chapelle au cœur même de l'usine d'Odet, tandis qu'à Cascadec il déplace la chapelle de Scrignac, en ruines, pour la remonter à l'entrée de l'usine. Soucieux de l'éducation religieuse de son petit monde, il lui offre le repos dominical avec messe obligatoire. Tous les matins, on dit la messe pour la prospérité des usines. Cette foi à soulever les églises, il la met aussi au service des affaires, comme le souligne le Père de La Chevasnerie. « Où j'ai constaté la véritable puissance de ce caractère hors pair, c'est dans les rapports d'affaires qu'il entretenait avec les Américains. Ses contrats qui lui ont valu et à ses enfants sa magnifique fortune, étaient autant de batailles rangées qu'il livrait avec un brio digne des plus belles pages d'histoire. Je l'ai vu, entouré de dix industriels d'outre-mer, entraînés à toutes les combinaisons les plus subtiles, sachant mieux que personne la valeur d'un dollar, bien décidés à retirer de leurs marchés le maximum d'avantages, mais dont le roi était bien notre ami, qui rentrait en France, vainqueur du plus magnifique coup de bourse qu'un joueur pût rêver ». Ce sens des affaires, il ne put le mettre qu'une trentaine d'années au service des usines. En 1935, il est emporté par la maladie, à quarante-neuf ans. C'est son beau-frère Gaston Thubé, fils de l'armateur nantais, qui va assurer la direction des usines avec René Bolloré, fils aîné du précédent, avant que Gwenn-Aël et Michel, les deux autres fils, ne viennent rejoindre leur frère. Médaille d'or de voile aux jeux Olympiques de Stockholm en 1912, Gaston Thubé va ainsi suivre jusqu'à la fin de sa vie l'évolution des usines Bolloré. Juste avant la Seconde Guerre mondiale, il fait à Cascadec les premiers essais de fabrication de papier condensateur. Tandis qu'à la demande des Américains, gros clients de papier à cigarettes, les ingénieurs de Bolloré partent construire une usine en Caroline du Nord, Ecusta, qui sera terminée trois mois seulement avant la déclaration de guerre. Durant celle-ci, les Américains vont l'agrandir et faire ainsi perdre à Bolloré l'un des ses plus gros clients. Actionnaire à 50% d'Ecusta, qui fabrique toujours aujourd'hui du papier à cigarettes, Bolloré vend ses parts à la fin de la guerre et rachète la totalité de l'usine de Troyes. Celle-ci sera, dans les années 1950, l'un des fleurons de l'industrie troyenne. Les papeteries sont alors entre les mains des trois fils de René Bolloré. C'est à cette époque qu'ils investissent dans une filiale Braustein qu'ils partagent avec Job, et qu'ils lancent une participation croisée avec les papeteries de Mauduit à Quimperlé. "Si vous les aimez bien roulées", les célèbres papiers à cigarettes OCB (Odet-Cascadec-Bolloré) connaissent leurs heures de gloire. Dans le monde une cigarette sur dix est bientôt roulée dans du papier Bolloré, ce qui représente 140 milliards de cigarettes par an. Mais la diversification s’installe peu a peu aux papeteries. |
3 Employés à la papeterie
3.2 Liste chronologique
Cette liste est constituée de personnes qui apparaissent dans les actes ou dans des documents divers. Elle est donc certainement incomplète.
LISTE DES EMPLOYES MENTIONNES DANS LES ACTES OU AUTRES DOCUMENTS | |||||
Epoque | Nom-Prénom | Conjoint | Age | Profession | Notes |
1822 | Création du moulin à papier de Odet | ||||
1821-? | JOSSET-JOCET Jean-Marie | Maître Maçon;Maître d'œuvre | |||
1822-1827 | DOUGE Albert Thomas | WILLIAMS Marie | Mécanicien,Cadre | o Angleterre | |
1822-1863 | le MARIE Nicolas | le PONTOIS Marie | o 1798 | Maître Papetier | o Quimper |
1822- | BOLLORE Jean Guillaume Claude | le MARIE Marie Perrine | o 1798 | Associé ? | |
1,824 | POULIN Pierre | MARTIN Anne | o ? | Papetier | |
1829-1830 | TABORE Guillaume jean | ROHOU Isabelle | o 1807;o 1807 | Papetier et Papetiére | o Eg et o Poullaouen |
1830 | BEVREH François | o 1792 | Papetier | ||
1837-1838 | MOULIN François | le MENN Marie Isabelle | o 1810 | Papetier | o Quimper |
1849-1871 | BONJOUR Guillaume | SABLE Marie Renée | o1821 | Papetier | o Quimper |
1850-1859 | DUIGOU Louis Guillaume | le Bris Julienne Louise | Charretier Commissionaire | ||
1826-1828 | CUZIAT Jean Baptiste | TUDAL Perrine | 27a | Papetier | |
1826-1828 | JOFFRE-JOSSE Guillaume | TUDAL Marie-Françoise | o An12 | Papetier | o La Roche-Maurice |
1827 | HUET Pierre | 21a | Papetier | ||
1829-1833 | HUET Auguste | LIDOUREN Marie Claude | o 1800 | Papetier | o Saint-Martin-des-Champs |
1835 | HUET Auguste | HEYDON Claude | "" | Papetier | "" |
1839 | HUET Auguste | HASCOET Anne | "" | Papetier | "" |
1839-1858 | CARIOU Louis | TARIDEC Marie Louise | o 1814 | Journalier-Papetier | o Trégourez |
1858-1863 | BENOIT François Louis | SEZNEC Marie | o 1830 | Papetier | |
1845-1857 | le GRILL Louis Guillaume | o 1817 | o Ergué-Gabéric | ||
1856-1871 | MERRIEN Jean Corentin | le BERRE Marie Yvonne | o 1828 | Journalier-Papetier | o Ergué-Armel |
1848 | QUEINNEC Yves Hervé | TARIDEC Marie Anne | o 1820 | Papetier | o Elliant |
1859-1862 | QUINIOU Jean | o 1837 | Menuisier Charron | ||
1850-1859 | TARIDEC Jean Marie | BENOIT Marie Anne | o 1823 | Serviteur Papetier | o Ergué-Gabéric |
1857-1863 | COUSTANS René Marie | le BERRE Marie Françoise | o 1832 | Journalier Papetier | o Ergué-Gabéric |
1843-1846 | DAOUDAL Hervé | o 1807 | Journalier | ||
1863 | ESPERN Louis | o 1827 | Journalier | ||
1841-1850 | le GALL Grégoire | QUERE Marie | o 1811 | Journalier-Jardinier | o Ergué-Gabéric |
1834-1837 | le GALL Laurent | DAOUEDAL Marie Françoise | o 1808 | Journalier | o Ergué-Gabéric |
?-1860 | le PONTOIS Jean Marie | o 1800 | Manufacturier | o Lorient;56 | |
1862 | le GOFF Jean Louis | le GALL Anne Perrine | o 1832 | Papetier | o le Perguet |
1845-1856 | le GRILL Hervé | LOZACH Marie Anne | o 1817 | Journalier Papetier | o Ergué-Gabéric |
1828 | le GRILL Pierre | PENNANECH Marie Corentine | o 1796 | ? | |
1830-1831 | THABORE Guillaume | ROHOU Isabelle | o 1806 | Papetier | o Ergué-Gabéric |
1841-1859 | le JAN Théodore Désiré | MAHE Marguerite | o 1810 | Journalier Commissionaire | Trouvé à Quimper-hospice |
1832-1842 | ALLAIN Pierre | le FLOCHLAY Marie Jeanne | o 1800 | Journalier | o Edern |
1857-1863 | COUSTANS René | le BERRE Marie Françoise | o 1832 | Journalier-Papetier | o Ergué-Gabéric |
1863 | BOLLORE Jean René Marie | BOLLORE Elisabeth Marie | o 1818 | Directeur,Docteur | o Douarnenez |
1864-1877 | CHAUVIN François | QUEMERE Marie Catherine | o 1836 | Journalier | o Ergué-Gabéric |
1858-1866 | COUSTANS Alain Marie | le BERRE Marie Anne | o 1833 | Journalier Papetier | o Ergué-Gabéric |
1860-1865 | MICHELET Guillaume | HUITRIC Marie Jeanne | o 1824 | Papetier | o Trégourez |
1863-1865 | le NAOUR Pierre | le PERRU Augustine | o 1830 | Commissionaire (s) | |
1862-1875 | LEONUS Yves Gabrielle | HEYDON Josephe | o 1837 | Journalier,Papetiére | o Quimper |
1843-1864 | PENNANGUER Jean Louis | le GRILL Jeanne | o 1813 | Journalier Papetiére | |
1855 | PHILIPPE Alain Marie | HEMERY Anne | o 1829 | Journalier Tisserand | o Ergué-Gabéric |
1861-1864 | PORIEL Alain Jean | DEGUIGNET Marie Louise | o 1831 | Menuisier-Charron | o Ergué-Gabéric |
1854-1872 | QUERE Jacques Jean | QUINIOU Marie Jeanne | o 1828 | Employé | o Ergué-Gabéric |
1860 | SIMON Alexandre | le BRIX Bertranne | o 1829 | Surveillant | |
1860-1870 | HEMIDY Eugéne Corentin | BERTHOLOM Jeanne Perrine | o1835 | Journalier-Papetier | o Penhars |
1864 | VAILLANT Jean | GUEGUEN Marie anne | o 1817 | Journalier | o Coray |
1858 | GORGU Vincent | o 1809 | Papetier | ||
1847-1849 | RANNOU Jean Louis | le BALCH Marie Marguerite | o 1813 | Papetier | o Ergué-Gabéric |
1855 | le BRIS Jean Marie | le BESCOND Marie Anne | o1826 | o Penhars | |
1867 | le NAOUR Pierre Marie | le PERRU Augustine | o1830 | Charretier | |
1867 | AUFFRET Pierre | le FLOCH Aline Marie | o1838 | Journalier | |
1863-1871 | le PITON Jean Marie | le BRAS Marie Louise | o1820 | Journalier | |
1867 | ESPERN Louis | KERAEN Marie | o1839 | Journalier | |
1867 | le MEUR Laurent Thomas | BRIVOAL Marie Catherine | o1828 | Journalier | |
1858 | PHILIPPE Michel | le GUILLOU Marie Yvonne | o1827 | Papetier | o Ergué-Gabéric |
1868-1876 | AUFFRET Joseph Marie | POUPON Marie Anne Renée | o1838 | Journalier-Charretier | o Ergué-Gabéric |
1868-1871 | le DREAU Etienne Marie | PETILLON Marie Anne | o1845 | Journalier-Charretier | o Briec |
1870-1873 | COUSTANS Jean Marie | HOSTIOU Marie Louise | o1846 | Journalier | o Ergué-Gabéric |
1870 | MORVAN Yves | GLEVER Marie Jeanne | o1829 | Journalier | |
1870 | HERVEAT René | le DU Marie Anne | Journalier | ||
1870-1872 | COUSTANS Alain Marie | DONARD Marie | o1836 | Journalier | o Ergué-Gabéric |
1870-1877 | PERN Pierre (PERREUN) | le FLOCH Marie louise | o1844 | Journalier | |
1871 | HUITRIC Henri | ESPERN Marie Renée | o1839 | Journalier | |
1871-1872 | HEYDON Alain François | le GALL Catherine | o1830 | Journalier (Tisserand) | o Ergué-Gabéric |
1871-1876 | RIVOAL Jean | LAGLEM Marie Josephe | o1844 | Journalier | o Briec |
1872-1877 | MAO Jean | FEUNTEUN Marie Jeanne | o1843 | Journalier | o Briec |
1872-1876 | le DARCILLON Hervé | GAONAC'H Marie jeanne | o1838 | journalier | |
1872 | le RESTE Jean Pierre | CARADEC Marie Louise | o1850 | Commissionaire,Journalier | o Ergué-Gabéric |
1872 | NIHOUARN Vincent marie | le BERRE Marie Corentine | o1840 | Journalier | |
1873-1875 | BOLLORE René Guillaume Marie | LALLOUR Louise Marie | o1847 | Industriel Papetier,Papetiére | o Indret;44 |
BOLLORE Léon | Frére,Associé | ||||
1873 | le LOUS Jean Marie | o1831 | Papetier | ||
1873-1876 | RANNOU Pierre | RIOU Marie Anne | o1841 | Journalier | o Ergué-Gabéric |
1873 | FEUNTEUN Jean Marie | le FLOCH Aline | |||
1873-1877 | le CORRE Jean Louis marie | GAONACH Marie Catherine | o 1846 | Commissionaire | o Elliant |
1874-1876 | COLLOREC Hervé | RANNOU Anne | o 1847 | Journaliers | |
1875 | FULERAN Jean Ovide | BONJOUR Marie Françoise | o 1849 | Journalier | |
1876 | HEYDON Alain | LOUET Marie Jeanne | o 1831 | Journalier | |
1876 | FEUNTEUN Yves | le FLOCH Aline Marie | o 1845 | Journalier | |
1876 | le BESCOND Jean-Louis | PORIEL Marie Anne | o 1855 | Journalier | |
1904-1922 | René BOLLORE | o 1885 | Fils,Industriel directeur | o Ergué-Gabéric | |
1904 | M CHALLUD de GUERANDE | Ingénieur de la papeterie | |||
1928-1983 | MARC André | o 1914 | Chef des femmes | o Ergué-Armel | |
1925-1973 | HUITRIC Laurent | o 19/03/1908 | Sécheur | o Lestonan | |
1937-1976 | HUITRIC Pierre (frére) | o 1913 | Conducteur | o Lestonan | |
?-1977 | EOUZAN Pierre | o 1913 | Chef de fabrication | o Lestonan | |
1943-1983 | le DE Thérése | o 1928 | Façonneuse | ||
?-? | le GALL Jean | o 1922 | Responsable ? | o Lestonan-Ker Anna | |
1947-1983 | HASCOET Jean | o ? | ? | ||
1948-1983 | GUEGUEN Jean | o ? | Chimiste-Responsable Labo, |
3.3 Médaillés du travail
Fête du centenaire de 1922 => Diaporama
4 Méthodes de fabrication
5 Annotations
- 16/flor/An05 (5 mai 1797). Quimper. Lieu-dit : Place Maubert (Pays : Quimper ) : LE MARIE Nicolas, garçon, Enfant de François, âgé de 42 ans, et de GOSSELIN Perrine, âgée de 34 ans. Témoins : Jean François LE MARIE, 06 ans / Catherine Anne LE MARIE, 08 ans, Soeur du précédent / Jean Baptiste GILLIS, (signe) / Joseph SCOUARNEC. Notes - Enfant présenté par Le Père (signe), originaire de Tellières, Orne, La mère est originaire de Malestroit. Facsimilé de l'acte : Image:N-LeMarié-16floréal5.jpg [Ref.↑]
Thème de l'article : Monographie d'un lieu-dit de la commune d'Ergué-Gabéric Date de création : mai 2006 Dernière modification : 21.06.2012 Avancement : [Développé] Source : travaux d'Henri Chauveur |