Un grand mariage breton à Squividan, Le Petit Journal et Finistère 1892
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- | <i>Où il est question d'un grand mariage unissant deux familles de tradition républicaine, la mariée étant fille d'un agriculteur républicain du village de Squividan, avec 600 invités au repas de noce, le tout relaté dans le grand quotidien français « Le Petit Journal » <ref name=PetitJournal>{{PetitJournal}}</ref>, le journal local républicain « Le Finistère » <ref name="LeFinistère">{{LeFinistère}}</ref> et <b> dans le journal catholique « Le Courrier de Cornouaille »</b>.</i> | + | <i>Où il est question d'un grand mariage unissant deux familles de tradition républicaine, la mariée étant fille d'un agriculteur républicain du village de Squividan, avec 600 invités au repas de noce, le tout relaté dans le grand quotidien français « Le Petit Journal » <ref name=PetitJournal>{{PetitJournal}}</ref>, le journal local républicain « Le Finistère » <ref name="LeFinistère">{{LeFinistère}}</ref> et <b> dans le journal catholique « Le Courrier de la Cornouaille »</b>.</i> |
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- | Autres lectures : {{Tpg|Louis Guyader (1842-1920) de Squividan, agriculteur républicain}}{{Tpg|Ur trakt evit votadegoù e 1883-84}}{{Tpg|1900 - Demande préfectorale de déclassement du recteur par trois républicains}}{{Tpg|1896 - Felix Faure remet la médaille d'honneur agricole à Alain Le Berre de Kerellou}}{{Tpg|1883-1885 Construction de l'école des garçons au Bourg}}{{Tpg|François Bothorel, instituteur de 1890 à 1895}} | + | Autres lectures : {{Tpg|Louis Guyader (1842-1920) de Squividan, agriculteur républicain}}{{Tpg|Ur trakt evit votadegoù e 1883-84}}{{Tpg|1900 - Demande préfectorale de déclassement du recteur par trois républicains}}{{Tpg|1896 - Felix Faure remet la médaille d'honneur agricole à Alain Le Berre de Kerellou}}{{Tpg|1883-1885 Construction de l'école des garçons au Bourg}}{{Tpg|François et Louise Bothorel, instituteurs de 1890 à 1895}} |
==Présentation== | ==Présentation== | ||
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Le mariage a lieu à Squividan et au bourg d'Ergué-Gabéric : 600 personnes invitées : « <i>À l'heure du repas, la plupart ont trouvé place dans les salles de l'école communale, où de longues tables avaient été dressées pour la circonstance</i> ». Et la fête est très appréciée : « <i>Pendant toute l'après-midi, les gavottes et les jabadaos se sont succédé dans la cour de l'école, si admirablement placée au sommet d'une colline qui domine les environs de Quimper. Impossible de souhaiter un cadre plus pittoresque à cette fête comme on en voit peu. </i> », et se prolonge tard dans la nuit. | Le mariage a lieu à Squividan et au bourg d'Ergué-Gabéric : 600 personnes invitées : « <i>À l'heure du repas, la plupart ont trouvé place dans les salles de l'école communale, où de longues tables avaient été dressées pour la circonstance</i> ». Et la fête est très appréciée : « <i>Pendant toute l'après-midi, les gavottes et les jabadaos se sont succédé dans la cour de l'école, si admirablement placée au sommet d'une colline qui domine les environs de Quimper. Impossible de souhaiter un cadre plus pittoresque à cette fête comme on en voit peu. </i> », et se prolonge tard dans la nuit. | ||
- | <b>Autant les journaux parisiens (Le Petit Journal) et républicains (Le Finistère) font l'éloge des familles des mariés, autant un journal très catholique comme « <i>Le Courrier de Cornouaille</i> » ne manque de critiquer le déroulement de ce mariage et la personnalité du père de la mariée <ref name=Chuto>{{Chuto}}</ref>. | + | <b>Autant les journaux parisiens (Le Petit Journal) et républicains (Le Finistère) font l'éloge des familles des mariés, autant un journal très catholique comme « <i>Le Courrier de la Cornouaille</i> » ne manque de critiquer le déroulement de ce mariage et la personnalité du père de la mariée <ref name=Chuto>{{Chuto}}</ref>. |
Le surnom du père républicain fait l'objet de moquerie : « <i>Dour-Kloar</i> » ou "eau tiède". Cet épithète relevait sans doute le flegme de l'homme politique qui recherche les compromis, et aussi, pour ses ennemis, son sens des affaires troubles. | Le surnom du père républicain fait l'objet de moquerie : « <i>Dour-Kloar</i> » ou "eau tiède". Cet épithète relevait sans doute le flegme de l'homme politique qui recherche les compromis, et aussi, pour ses ennemis, son sens des affaires troubles. | ||
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<br>Quimper, 7 novembre. | <br>Quimper, 7 novembre. | ||
- | Aujourd’hui même on célèbre à Ergué-Gabéric, commune située à une lieue et demie de Quimper, un grand mariage suivant notre bonne vieille mode bretonne, entre deux fiches familles de cultivateurs. | + | Aujourd’hui même on célèbre à Ergué-Gabéric, commune située à une lieue et demie de Quimper, un grand mariage suivant notre bonne vieille mode bretonne, entre deux riches familles de cultivateurs. |
M. Jean Le Crâne, fils du maire de Beuzec-Conq, épouse Mlle Perrine Guyader, dont le père est un des représentants distingués de l'agriculture finistérienne, lauréat dans maints concours. | M. Jean Le Crâne, fils du maire de Beuzec-Conq, épouse Mlle Perrine Guyader, dont le père est un des représentants distingués de l'agriculture finistérienne, lauréat dans maints concours. | ||
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À un autre bout du département, il vient de se passer un fait encore plus grave. | À un autre bout du département, il vient de se passer un fait encore plus grave. | ||
- | M. Guyader, <i>Dour-Klouar></i> <ref name=DourKlouar><i>Dour Klouar</i> : eau tiède en breton.</ref> pour ses amis, cultivateur à Ergué-Gabéric, mariait sa fille lundi dernier, avec le fils du maire de Beuzec-Conq. C'est très heureux pour un père de marier sa fille et nous offrons aux jeunes époux toutes nos félicitations : qu'ils soient heureux et qu'ils aient beaucoup d'enfants. | + | M. Guyader, <i>Dour-Klouar</i> <ref name=DourKlouar><i>Dour Klouar</i> : eau tiède en breton.</ref> pour ses amis, cultivateur à Ergué-Gabéric, mariait sa fille lundi dernier, avec le fils du maire de Beuzec-Conq. C'est très heureux pour un père de marier sa fille et nous offrons aux jeunes époux toutes nos félicitations : qu'ils soient heureux et qu'ils aient beaucoup d'enfants. |
- | Mais <i>Dour-Klouar></i> <ref name=DourKlouar>-</ref> n'est pas un homme comme tout le monde : c'est un gros et riche opportuniste, ami de M. Hémon et du Préfet, « lauréat dans maints concours » comme disait mardi un journal parisien qui a bien voulu s'occuper de cette grandissime noce. | + | Mais <i>Dour-Klouar</i> <ref name=DourKlouar>-</ref> n'est pas un homme comme tout le monde : c'est un gros et riche opportuniste, ami de M. Hémon et du Préfet, « lauréat dans maints concours » comme disait mardi un journal parisien qui a bien voulu s'occuper de cette grandissime noce. |
- | Or <i>Dour-Klouar></i> <ref name=DourKlouar>-</ref> ne pouvait pas faire la noce de sa fille comme tout le monde. | + | Or <i>Dour-Klouar</i> <ref name=DourKlouar>-</ref> ne pouvait pas faire la noce de sa fille comme tout le monde. |
Et il est allé tout simplement demander à l'instituteur <ref name=Bothorel>L'instituteur, directeur de l'école des garçons du bourg, était François Bothorel, né le 9 novembre 1863 à La Feuillée. Il est Instituteur de la classe unique des garçons de l'école communale de Lestonan de mars 1889 à février 1890, puis directeur de l'école des garçons du bourg jusqu'au moins 1895. Il sera ensuite nommé à Commana, Scrignac, Plomodiern, La Forêt-Fouesnant. Il décède en janvier 1936 à Foret-Fouesnant « <i>des suites d'une longue maladie</i> ».</ref> de lui prêter, pour une semaine, les locaux des écoles communales de garçons et filles d'Ergué-Gabéric. | Et il est allé tout simplement demander à l'instituteur <ref name=Bothorel>L'instituteur, directeur de l'école des garçons du bourg, était François Bothorel, né le 9 novembre 1863 à La Feuillée. Il est Instituteur de la classe unique des garçons de l'école communale de Lestonan de mars 1889 à février 1890, puis directeur de l'école des garçons du bourg jusqu'au moins 1895. Il sera ensuite nommé à Commana, Scrignac, Plomodiern, La Forêt-Fouesnant. Il décède en janvier 1936 à Foret-Fouesnant « <i>des suites d'une longue maladie</i> ».</ref> de lui prêter, pour une semaine, les locaux des écoles communales de garçons et filles d'Ergué-Gabéric. | ||
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Et M. Dreux qui danse sans doute le rigodon aussi bien qu'il chante la <i>Marseillaise</i> a retourné la lettre à l'instituteur avec ces simples mots, sans cachet ni autre signe administratif : « <i>Approuvé. - Dreux.</i> » | Et M. Dreux qui danse sans doute le rigodon aussi bien qu'il chante la <i>Marseillaise</i> a retourné la lettre à l'instituteur avec ces simples mots, sans cachet ni autre signe administratif : « <i>Approuvé. - Dreux.</i> » | ||
- | La noce <i>Dour-Klouar></i> <ref name=DourKlouar>-</ref> s'est donc faite à l'école communale lundi dernier ; depuis le mercredi 2 novembre, l'école avait été déménagée et les élèves étaient employés à tresser des guirlandes de fleurs pour décorer les salles ! | + | La noce <i>Dour-Klouar</i> <ref name=DourKlouar>-</ref> s'est donc faite à l'école communale lundi dernier ; depuis le mercredi 2 novembre, l'école avait été déménagée et les élèves étaient employés à tresser des guirlandes de fleurs pour décorer les salles ! |
<spoiler text="La cour a été en partie dépavée !">La cour a été en partie dépavée ! | <spoiler text="La cour a été en partie dépavée !">La cour a été en partie dépavée ! | ||
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Version actuelle
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Où il est question d'un grand mariage unissant deux familles de tradition républicaine, la mariée étant fille d'un agriculteur républicain du village de Squividan, avec 600 invités au repas de noce, le tout relaté dans le grand quotidien français « Le Petit Journal » |
Autres lectures : « Louis Guyader (1842-1920) de Squividan, agriculteur républicain » ¤ « Ur trakt evit votadegoù e 1883-84 » ¤ « 1900 - Demande préfectorale de déclassement du recteur par trois républicains » ¤ « 1896 - Felix Faure remet la médaille d'honneur agricole à Alain Le Berre de Kerellou » ¤ « 1883-1885 Construction de l'école des garçons au Bourg » ¤ « François et Louise Bothorel, instituteurs de 1890 à 1895 » ¤
[modifier] 1 Présentation
La relation de l'évènement est publiée sous forme de dépêche en page 3 du numéro du 8 novembre 1892 du « Petit Journal » Le marié est Jean Le Crane, fils de Michel. Son père est maire de Beuzec-Conq, et il le sera également, poursuivant le combat pour l’ouverture d'une école laïque dans sa commune. La mariée est Perrine Guyader, fille de Louis Le mariage a lieu à Squividan et au bourg d'Ergué-Gabéric : 600 personnes invitées : « À l'heure du repas, la plupart ont trouvé place dans les salles de l'école communale, où de longues tables avaient été dressées pour la circonstance ». Et la fête est très appréciée : « Pendant toute l'après-midi, les gavottes et les jabadaos se sont succédé dans la cour de l'école, si admirablement placée au sommet d'une colline qui domine les environs de Quimper. Impossible de souhaiter un cadre plus pittoresque à cette fête comme on en voit peu. », et se prolonge tard dans la nuit. Autant les journaux parisiens (Le Petit Journal) et républicains (Le Finistère) font l'éloge des familles des mariés, autant un journal très catholique comme « Le Courrier de la Cornouaille » ne manque de critiquer le déroulement de ce mariage et la personnalité du père de la mariée Le surnom du père républicain fait l'objet de moquerie : « Dour-Kloar » ou "eau tiède". Cet épithète relevait sans doute le flegme de l'homme politique qui recherche les compromis, et aussi, pour ses ennemis, son sens des affaires troubles. En tous cas, ses torts sont les suivants : « il est allé tout simplement demander à l'instituteur de lui prêter, pour une semaine, les locaux des écoles communales de garçons et filles d'Ergué-Gabéric. » ; « à la noce il y avait peu de paysans et trop de citadins. » | Et le journaliste de finir son billet par une évocation d'une fable connue : « Il n'y a plus qu'à enlever les plaques qui ornent les portes d'entrée de nos écoles communales et les remplacer par cet écriteau un peu naturaliste mais beaucoup plus vrai : ICI L'ON DANSE ! ».
Le préfet Victor Proudhon Le lendemain les pauvres sont invités pour un repas à la ferme de Squividan : 150 selon le Finistère, le double pour le Petit Journal :
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[modifier] 2 Le Petit Journal
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[modifier] 3 Le Finistère
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[modifier] 4 Le Courrier de la Cornouaille
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[modifier] 5 Annotations
- Le Petit Journal est un quotidien parisien républicain et conservateur, fondé par Moïse Polydore Millaud, qui a paru de 1863 à 1944. A la veille de la guerre de 1914-18, c'est l'un des quatre plus grands quotidiens français d’avant-guerre, avec Le Petit Parisien, Le Matin, et Le Journal. Il tire à un million d'exemplaires en 1890, en pleine crise boulangiste. [Ref.↑ 1,0 1,1]
- Le Finistère : journal politique républicain fondé en 1872 par Louis Hémon, bi-hebdomadaire, puis hebdomadaire avec quelques articles en breton. Louis Hémon est un homme politique français né le 21 février 1844 à Quimper (Finistère) et décédé le 4 mars 1914 à Paris. Fils d'un professeur du collège de Quimper, il devient avocat et se lance dans la politique. Battu aux élections de 1871, il est élu député républicain du Finistère, dans l'arrondissement de Quimper, en 1876. Il est constamment réélu, sauf en 1885, où le scrutin de liste lui est fatal, la liste républicaine n'ayant eu aucun élu dans le Finistère. En 1912, il est élu sénateur et meurt en fonctions en 1914. [Ref.↑]
- Louis Guyader, alias Louis Squividan, est né le 10.02.1842 à Ergué Armel, marié à Jeanne Laurent en 1871, décédé le 25.04.1920 à Squividan en Ergué-Gabéric. Il est cultivateur à Squividan, et en 1871-72 il est aussi déclaré comme marchand de bois. En 1884 et en 1892 il se présente sans succès aux élections municipales comme tête de liste du parti républicain. [Ref.↑]
- Information et document communiqués par Pierrick Chuto, passionné d'histoire régionale, auteur de nombreux articles (Le Lien du CGF, La Gazette d'Histoire-Genealogie.com ... ) et de livres sur les pays de Quimper et du Pays bigouden : § [ses publications] . La dernière parution est « Bien-aimée Marie-Anne avec de belles lettres d'amour de son arrière-grand-père à sa promise. [Ref.↑]
- Victor Proudhon, préfet du finistère du 23 février 1890 jusqu'à septembre 1897. Il fut sous préfet à Saint-Dié-des-Vosges. Quant à la date de nomination comme préfet d'Indre-et-Loir, les biographes hésitent entre le 13.09.1897 et le 05.10.1884. [Ref.↑ 5,0 5,1 5,2]
- Dour Klouar : eau tiède en breton. [Ref.↑ 6,0 6,1 6,2 6,3 6,4]
- L'instituteur, directeur de l'école des garçons du bourg, était François Bothorel, né le 9 novembre 1863 à La Feuillée. Il est Instituteur de la classe unique des garçons de l'école communale de Lestonan de mars 1889 à février 1890, puis directeur de l'école des garçons du bourg jusqu'au moins 1895. Il sera ensuite nommé à Commana, Scrignac, Plomodiern, La Forêt-Fouesnant. Il décède en janvier 1936 à Foret-Fouesnant « des suites d'une longue maladie ». [Ref.↑ 7,0 7,1]
Thème de l'article : Revue de presse Date de création : Avril 2011 Dernière modification : 5.07.2015 Avancement : [Développé] |