Trésor d'orfèvrerie religieuse de l'époque Louis XIV à l'église St-Guinal
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Où il est question de belles pièces d'orfèvrerie religieuse des 17e et 18e siècles, conservées et exposées dans l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric. Pendant longtemps placées dans la sacristie, elles sont depuis ce printemps 2019 protégées par une vitrine sécurisée et visible dans l'église St-Guinal. Classés au titre de la loi sur les Monuments historiques en 1994, ces éléments gabéricois ont été confectionnés des maîtres-orfèvres quimpérois, identifiés par leurs poinçons, et peut-être parisiens.
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[modifier] 1 Présentation
Pierre-Marie Auzas La liste complète des pièces, toutes classées au titre des Monuments historiques le 10 mars 1994, est celle de l'édition réactualisée du répertoire Couffon :
Pour ce qui concerne l'encensoir (cf photo Le Doaré ci-contre), de l'époque Louis XIX et du maître orfèvre Joseph Bernard de Quimper, Auzas écrit : « Bien peu ont été conservés et bien peu sont en bon état, car ils sont malmenés par les enfants de chœur ... L'encensoir se compose de deux parties : la coupe avec pied, qui parfois, comme à Ergué-Gabéric (F.), est décorée de têtes d'angelots ailés rapportés et de gros fruits, et le couvercle ajouré. Un système de chaînes réunit le tout et permet le balancement et l'encensement. » Pour les chandeliers d'autel il précise : « Le seul bel ensemble que nous connaissions est celui de l'église Saint-Guénaël, à Ergué-Gabéric (F.), qui comprend, avec la croix d'autel, six chandeliers (2 grands, 2 moyens, 2 petits). L'ensemble est d'époque Louis XIV, et probablement parisien. ». Les hauteurs et largeurs de pieds de la croix et des chandeliers en cm sont les suivantes : la croix, h=80, la=20 ; les 2 grands, h=58,5 ; la=20 ; les 2 moyens, h=57, la=19 ; les 2 petits, h = 53, la = 17 ; les deux grands chandeliers ont perdu leurs têtes d'angelots ailés de nœud. Louis Le Guennec complète dans le bulletin de la Société d'Archéologie du Finistère : « L'église d'Ergué-Gabéric possède six beaux chandeliers d'argent du XVIIIe siècle, trois grands, trois moyens et trois petits. Ces derniers ont une ornementation soignée, décelant le faire d'un habile orfèvre. J'y ai relevé deux types de poinçons, un T surmonté d'une couronne, qui pourrait être la marque du bureau de Quimper à l'époque, et deux fleurons ou fleurs de lys superposées, surmontées d'une couronne, avec la lettre A accolée à la fleur inférieure. Sur le pied de deux ou trois de ces chandeliers sont les trois lettres séparées B. A.R. Il y a aussi une jolie croix d'argent ayant pour unique poinçon le T couronnée. » |
Alors que P.-M. Auzas suggère une réalisation parisienne du 17e siècle, Louis Le Guennec note l'existence de poinçons lettrés T ou A qui contrairement aux 2 ou 3 syllabes des maîtres orfèvres dénotent une production probable du 18e siècle signée par une communauté de jurande [4] d'une part et la lampe de sanctuaire autrefois dans la chapelle de Kerdévot d'autre part, proviennent du maître orfèvre Joseph Bernard (1647-1719). L'orfèvre quimpérois, formé à Paris et d'autres villes, a livré notamment de nombreuses pièces pour la cathédrale de Quimper et l'église de Pont-Croix, et 16 rues en Bretagne portent son nom [6] .
Joseph Bernard signe ses œuvres par un poinçon I. B. à l'hermine héraldique couronnée (cf. relevé ci-contre par Raymond Girard dans l'étude de Pierre-Marie Auzas). Les deux autres maîtres orfèvres identifiés sont Augustin-Jean Mahieu, qui a été insculpé en 1779 et Guy-Baptiste Gérard qui démarre sa carrière en 1721. Pour ce qui concerne l'orfèvrerie gabéricoise, le premier signe la patène (petite assiette) et la boîte aux saintes huiles en argent ; le deuxième est identifié pour le calice en argent doré. Augustin-Jean Mahieu signe ses pièces d'un poinçon aux lettres A I M (cf. relevé ci-contre de Raymond Girard). Une autre pièce d'orfèvrerie d'origine gabéricoise, à savoir un ostensoir Louis XIII (donc de la première moitié du 17e siècle), a été identifiée en 1904 dans la chapelle de l'hôpital Gourmelen de Quimper. Le chanoine Jean-Marie Abgrall la décrit ainsi dans le bulletin de la Commission Diocésaine d'Architecture et d'Archéologie : « Chapelle de l'hôpital de Quimper : ostensoir Louis XIII, provenant d'Ergué-Gabéric, et de même style que les chandeliers de cette paroisse. Il est de même dimension et de même dessin que l'ostensoir de Plougasnou, sauf qu'il n'a pas les deux anges des côtés. » En mars 2019, toutes les pièces d'orfèvrerie gabéricoises des 17e et 18e siècles (hormis l'ostensoir de la chapelle de l'hôpital), accompagnées d'objets religieux plus récents, ont été installées dans une armoire métallique avec vitre blindée contre le bras nord du transept :
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[modifier] 2 Iconographies
Base Mémoire - Jos 1954 | |||||
Base Mémoire - 2016 | |||||
Dans la sacristie en 2015 | |||||
Photos Le Doaré | |||||
Sources documentaires | |||||
[modifier] 3 Annotations
- Pierre-Marie Auzas (1914-1992), d'origine ardéchoise, est un inspecteur général honoraire des monuments historiques. Il a notamment publié : Notes de voyages de Prosper Mérimée (1972) ; Eugène Viollet Le Duc (1979) ; Notre-Dame de Paris : Le trésor (1985) ; L'Orfèvrerie religieuse bretonne (1955) ; Notre-Dame de Thines : Église Romane Vivaroise (1963). [Ref.↑]
- René Couffon (1888-1973) est un écrivain et historien de l'art français, spécialiste du patrimoine bas-breton. Il a été membre de la société d'émulation des Côtes-du-Nord2, et contributeur à la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne. Il est connu pour avoir publié une étude exhaustive des églises et chapelles des diocèses de Quimper et Léon et de Tréguier et Saint-Brieuc. [Ref.↑]
- Patenne, patène, s.f. : petite assiette, généralement en métal doré, sur laquelle repose le pain (l'hostie principale) qui va être consacré par le prêtre au moment de la consécration, lors d'une cérémonie eucharistique (Wikipedia). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 3,0 3,1]
- Ciboire, s.m. : vase sacré, utilisé dans plusieurs liturgies chrétiennes. En général fermé d'un couvercle surmonté d'une croix, il est destiné à contenir les hosties consacrées par le prêtre durant la cérémonie eucharistique, soit pour les distribuer aux fidèles au moment de la communion, soit pour les conserver dans le tabernacle ou l'armoire liturgique (Wikipedia). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 4,0 4,1]
- Jurande, s.f. : corps de métier sous l'Ancien Régime constitué par le serment mutuel que se prêtaient, chaque année dans la plupart des cas, les maîtres : serment d'observer les règlements, mais aussi serment de solidarité et de morale professionnelle. Jusqu'à la Révolution, les jurandes des orfèvres sont les garantes du titre de l'ouvrage réalisé par l'orfèvre ; un poinçon « de jurande » atteste de cette garantie (Wikipedia). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Emmanuel Salmon-Legagneur (notice), Les Noms qui ont fait l'histoire de Bretagne, Coop Breizh et Institut culturel de Bretagne, 1997. [Ref.↑]
Thème de l'article : Patrimoine communal d'Ergué-Gabéric Date de création : mai 2019 Dernière modification : 23.06.2019 Avancement : [Développé] |