Souscription de l'instituteur pour un musée industriel scolaire, Le Finistère 1890 - GrandTerrier

Souscription de l'instituteur pour un musée industriel scolaire, Le Finistère 1890

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Catégorie : Journaux
Site : GrandTerrier

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§ E.D.F.

Un article de journal sur les moyens pédagogiques mis en œuvre par un jeune instituteur et financés par quelques militants républicains de la commune et par les parents des élèves de l'école communale.

Une méthode de « donation crowdfunding » avant l'heure, et sans le support du site participatif https://fr.ulule.com/.

Autres lectures : « Espace "Les Instits" » ¤ « Auguste Noyelle, instituteur de 1885 à 1891 » ¤ « Louis Guyader (1842-1920) de Squividan, agriculteur républicain » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Cet article [1], publié le 23 juillet 1890 dans le journal républicain « Le Finistère » [2], souligne l'initiative du jeune instituteur Auguste Noyelle qui, pour sa 4e année scolaire à l'école communale du Bourg (après deux années à Lestonan) fait l'acquisition d'un outil pédagogique pour animer ses leçons de choses.

Il s'agit d'un « un beau musée industriel, composé de douze tableaux, douze cents échantillons et d'une valeur de 68 francs ». Cet outil n'était pas donné ; à titre de comparaison les 2 poêles de l'école de Lestonan, installés à la première rentrée de Noyelle, avaient coûté en 1885 41 francs.

Nous avons retrouvé ces tableaux au Musée du Scribe de Saint-Christol-lez-Alès (Gard) : éditée par les libraries Delagrave, conçue par C. Dorangeon, chacune des 12 planches présente une catégorie de matières, des légumes et épices jusqu'au chauffage et éclairage, en passant par le cuir, le lin, les pierres et le bois. Sur chaque panneau sont accrochés des conteneurs d'échantillons ressemblant à des tubes à essai, que les élèves peuvent décrocher, et, assis à leur pupitre, ils peuvent tranquillement toucher et observer ces exemplaires.

 

Contrairement à ce qui s'est passé pour les poêles installés pour chauffer les salles de classe en hiver, le conseil municipal d'Ergué-Gabéric n'a pas daigné « ajouter cette petite somme au chapitre additionnel de son budget » pour le musée industriel. Il faut dire que le maire et ses conseillers étaient conservateurs, et ils ont du voir d'un mauvais œil la nouvelle pédagogie d'Auguste Noyelle. Celui-ci doit donc faire appel à la générosité privée en organisant « une souscription ouverte dans son école ».

Devant l'inertie municipale l'opposition républicaine, derrière Louis Guyader de Squividan, répond à l'appel de l'instituteur en donnant son obole pour financer l'outil pédagogique : « ces mêmes personnes n'ont jamais hésité à payer de leur peine et de leur bourse. Voici la liste des premiers souscripteurs : MM. Guyader, Louis, 12 francs ; Signour, Corentin, 5 francs ; Le Roux, Jean, 5 francs ; Le Roux, Jean-Louis, 5 francs.  »

Les contributions complémentaires ont été faites par « quelques » parents d'élèves, et non pas tous, ce qui laisse penser qu'il y avait aussi, parmi les parents, un certain scepticisme. Néanmoins, on peut penser que ces planches pédagogiques, écrites bien sûr en français, ont su éveiller une saine curiosité auprès des élèves, avec une meilleure efficacité que les « Taolennoù » [3] du camp religieux.

[modifier] 2 Les 12 tableaux Dorangeon

Musée Industriel Scolaire de C. Dorangeon, édité par Delagrave. Planches regroupant 75 industries et 1200 échantillons allant des matières premières aux produits ouvrés.

 

Photos de Jean-Louis Bonnefille au Musée du Scribe à Saint-Christol-lez-Alès (Gard). Site Internet http://alaric83.free.fr/, « Sur les murs de la classe ».

[modifier] 3 Coupure de presse

Transcription :

Ergué-Gabéric. On nous écrit de cette commune :

M. Noyelle, instituteur au bourg, vient de mener à bonne fin une souscription ouverte dans son école à l'effet d'obtenir un beau musée industriel, composé de douze tableaux, douze cents échantillons et d'une valeur de 68 francs. Le conseil municipal aurait peut-être pu ajouter cette petite somme au chapitre additionnel de son budget ; mais comprenant combien les ressources de la commune sont restreintes, l'instituteur a pensé qu'il était préférable de s'adresser ailleurs. On ne peut donc que féliciter les parents des élèves qui ont répondu à son appel ; et en particulier les quelques personnes qui, bien que n'ayant pas d'enfants à l'école, ont tenu cependant à figurer en tête de la liste des généreux souscripteurs. Ajoutons que chaque fois qu'il s'est agi de faire quelque chose, tant pour l'école que pour l'instruction, ces mêmes personnes n'ont jamais hésité à payer de leur peine et de leur bourse. Voici la liste des premiers souscripteurs :

MM. Guyader, Louis, 12 francs ; Signour, Corentin, 5 francs ; Le Roux, Jean, 5 francs ; Le Roux, Jean-Louis, 5 francs.

Le reste de la somme, soit 41 francs, a été fourni par quelques parents des élèves.

 
Le Finistère, 23.07.1880
Le Finistère, 23.07.1880


[modifier] 4 Annotations

  1. Information et document communiqués par Pierrick Chuto, passionné d'histoire régionale, auteur de nombreux articles (Le Lien du CGF, La Gazette d'Histoire-Genealogie.com ... ) et de livres sur les pays de Quimper et du Pays bigouden : § [ses publications] . La dernière parution est « Bien-aimée Marie-Anne avec de belles lettres d'amour de son arrière-grand-père à sa promise. [Ref.↑]
  2. Le Finistère : journal politique républicain fondé en 1872 par Louis Hémon, bi-hebdomadaire, puis hebdomadaire avec quelques articles en breton. Louis Hémon est un homme politique français né le 21 février 1844 à Quimper (Finistère) et décédé le 4 mars 1914 à Paris. Fils d'un professeur du collège de Quimper, il devient avocat et se lance dans la politique. Battu aux élections de 1871, il est élu député républicain du Finistère, dans l'arrondissement de Quimper, en 1876. Il est constamment réélu, sauf en 1885, où le scrutin de liste lui est fatal, la liste républicaine n'ayant eu aucun élu dans le Finistère. En 1912, il est élu sénateur et meurt en fonctions en 1914. [Ref.↑]
  3. Tableaux, taolennoù, s.m.pl. : tableaux de mission, traduits du breton « Taolennoù ar mission », illustrations destinées à l’enseignement de la religion et à l’évangélisation. Créés au 17e siècle par le jésuite d'Hennebont Vincent Huby, et par le prédicateur plougonvelinois Michel Le Nobletz, et popularisés par le père Julien Maunoir. Ces tableaux représentant généralement les péchés capitaux et les mauvaises conduites à éviter ont été utilisés jusqu'au milieu du 20e siècle. [Terme BR] [Lexique BR] [Ref.↑]


Thème de l'article : Coupures de presse relatant l'histoire et la mémoire d'Ergué-Gabéric

Date de création : Avril 2015    Dernière modification : 18.02.2016    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]