SEZNEC Louis - Les brumes du passé, de Brest à Briec - GrandTerrier

SEZNEC Louis - Les brumes du passé, de Brest à Briec

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Image:LivresB.jpgCatégorie : Media & Biblios  

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SEZNEC (Louis), Les brumes du passé. Une enfance bretonne de Brest à Briec (1910-1920), Keltia Graphic, Spézet, 2007, ISBN 2-35313-017-8
Titre : Les brumes du passé. Une enfance bretonne de Brest à Briec (1910-1920)
Auteur : SEZNEC Louis Type : Livre/Brochure
Edition : Keltia Graphic Note : -
Impression : Spézet Année : 2007
Pages : 143 Référence : ISBN 2-35313-017-8

[modifier] Notice bibliographique

Couverture

Enregistrés sur des cassettes de magnétophone, ces souvenirs sont authentiques et font revivre l'époque de la grande guerre à Brest et en Cornouaille.

Pour ce qui concerne Ergué-Gabéric, un passage page 112 relate la visite des papeteries Bolloré :

« La salle où le papier était fabriqué était tenues secrète mais grâce a père Palaud, qui devait repeindre toutes les salles, je parvins à pénétrer dans le sanctuaire. Il m'avait fait passer pour son apprenti et j'ai pu ainsi contempler ces immenses machines qui recyclaient de vieux chiffons et de vieilles cordes pour en faire ces minces lamelles de papier qui partiraient en fumée. »

Autres lectures : « Déguignet face aux machines de la papeterie Bolloré à la fin du 19e » ¤ « LE LOUET Mathias - Je viens de la part de Fernand » ¤ 

[modifier] Extraits

Au cours de mes périgrénations finistériennes, j'ai pu visiter, pendant la guerre, la papeterie Bolloré. Le père de mon ami Palaud, qui était peintre en bâtiment à Briec, avait été embauché à la papeterie, qui se situait à Ergué-Gabéric, un village des faubourgs de Quimper. Les Bolloré avaient leur propriété à proximité de l'usine et j'avais pu visiter la ferme et le château construit au bord d'un étang. Visiter est un bien grand mot. Nous regardions de loin cet édifice luxueux à côté duquel le château de La Boissière passait pour une humble masure. Un ring de boxe pour enfants avait été aménagé dans une des annexes. Je n'en revenais pas qu'une salle auusi grande qui aurait pu loger trois ou quatre familles d'ouvriers servait uniquement d'espace de jeu pour des enfants. Le père Palaud s'amusait de me voir écarquiller les yeux devant tout cet apparat. Il me fit visiter l'usine qui, à cette époque, produisait énormément de papier à cigarettes dont une grande partie était exportée aux Etats-Unis. La salle où le papier était fabriqué était tenues secrète mais grâce a père Palaud, qui devait repeindre toutes les salles, je parvins à pénétrer dans le sanctuaire. Il m'avait fait passer pour son apprenti et j'ai pu ainsi contempler ces immenses machines qui recyclaient de vieux chiffons et de vieilles cordes pour en faire ces minces lamelles de papier qui partiraient en fumée. En repartant, nous avions du papier plein les poches que nous distribuons aux amis de Briec. A Ergué, tout appartenait aux Bolloré : le restaurant, une sorte de cantine où l'on servait un plat unique, mais aussi le bistrot et l'épicerie du coin. Même la chapelle était la propriété des Bolloré. Beaucoup plus tard, ils ont perdu ce monopole mais à l'époque ils possédaient intégralement cette partie des faubourgs de Quimper. On ne les voyait jamais parce qu'ils étaient très riches. Cette grande bourgeoisie faisait partie d'un autre monde.

 

A l'extrême opposé, vous aviez les ouvriers. Pendant la guerre, de nombreuses femmes avaient remplacé dans les usines les hommes partis sur le front. Quand je prenais le train pour aller en gare de Quéménéven, je croisais ces trains bondés de femmes qui allaient travailler à la poudrerie de Pont-de-Buis. Elles venaient de Quimper ou de Douarnenez, beaucoup étaient d'anciennes sardinières et elles travaillaient là-bas nuit et jour. Elles avaient le teint jaune, sans doute à cause de l'acide nitrique, et ressemblaient à des chinoises. Dans ce train, dont les vitres étaient cassées, il y avait parfois des poilus qui revenaient en permission et qui n'avaient pas vu de femmes depuis des mois. Certaines riaient, d'autres criaient. Ce spectacle me glaçait le sang. C'était le train de la misère que je n'ai jamais oublié.


[modifier] Annotations



    Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric

    Date de création : juillet 2007    Dernière modification : 29.07.2019    Avancement : Image:Bullgreen.gif [Fignolé]