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Lithographies de costumes et coiffes à capuche du Grand-Ergué

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Catégorie : Patrimoine
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§ E.D.F.
Les deux lithographies polychromes en couleurs ci-dessous ont été réalisées par l'illustrateur morlaisien Prosper Saint-Germain.

La première, titrée « Jeune fille du Grand-Ergué », a été publiée comme une simple illustration d'un article intitulé « Le Breton » par Alfred de Courcy [1] en 1842, dans le tome II d'un ouvrage collectif intitulé « Les Français peints par eux-mêmes. Types et portraits humoristiques à la plume et au crayon. Mœurs contemporaines ».

La deuxième lithographie, « Fouesnant et le Grand-Ergué (finistère) », est en page 600b du livre « La Bretagne » de Jules Janin, le prince des critiques, publié en 1844 par l'éditeur Ernest Bourdin.

Saura-t-on un jour qui étaient ces jeunes filles gabéricoise au sourire à la Mona Lisa ?

Articles connexes : « COURCY Alfred (de) - Le Breton » ¤ « JANIN Jules - La Bretagne » ¤ « BOUËT Alexandre - Galerie bretonne ou Vie des bretons de l'Armorique » ¤ « CAMBRY Jacques - Voyage dans le Finistère en 1794-95 » ¤ « DELOUCHE Denise - Eugène Boudin au pardon de Kerdevot » ¤ « Photo contrecollée d'une jeune gabéricoise dans les années 1875-80 » ¤ « 1900-1940 - Les plus beaux couples gabéricois en costumes bretons » ¤ « Photo contrecollée d'une jeune gabéricoise dans les années 1875-80 » ¤ « Noces et danses bretonnes à Lenhesk, carte postale Villard, 1909 » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Prosper Saint-Germain (1804-1875), de son vrai nom Jean-Baptiste Prosper Marie, dit Saint-Germain, tenait à Morlaix un cours de dessins pour jeunes gens, d'avant d'être nommé, en 1851, professeur de dessin de l'École de la Marine à Brest. Il était grand ami d'Emile Souvestre dont il a illustré de nombreux ouvrages et revues.

Il a réalisé de nombreux croquis et peintures de bretons en habits traditionnels, croquis édités dans les nombreuses monographies sur la Bretagne, en noir et blanc ou sous forme de lithographies polychromes.

 

Pour ce qui concerne le Grand-Ergué, nous avons retrouvé ses croquis de gabéricois à la veste « chupenn [2] bleue et de gabéricoises avec leur tablier aux traits bleus et rouge, le bandeau et la bandelette rouges, et leur bustier noir aux manches noires ou bleues.

Quant aux coiffes des jeunes filles, on est bien loin de la coiffe quimpéroise actuelle, la Borledenn à bord plat avec ses trois pièces en filet brodé et de satin. On a affaire ici à une coiffe dite à capuche dont les grandes ailes tombent latéralement encadrant les côtés du visage.


[modifier] 2 Le Breton de COURCY - Jeune fille du Grand-Ergué

Alfred de Courcy, en publiant en 1842 une étude sur le Breton, rassembla un certain nombre de dessins mettant en scène des bretons et bretonnes en costume. Et notamment le croquis du peintre et professeur de dessins Prosper Saint-Germain titré « Paysanne des environs de Quimper ».

Du dessin publié en noir et blanc, Victor Goindre [3] en a tiré une belle lithographie colorisée ci-contre et édité par la maison Thierry Frères [4]. Le titre du dessin s'est précisé : « Jeune fille du Grand-Ergué » avec traduction en anglais et allemand : « Country woman of the Grand-Ergué / Junges Mädchen von der Grand-Ergué ».

La coiffe était constituée de drap de lin, et non de lingerie brodée comme cela s'est généralisé par la suite, et un bandeau rouge sur le front amène une touche d'originalité. Dans le vêtement on voit également les trois corsages superposés qui composaient traditionnellement l'habit des jeunes filles. Le tablier est assortis de jolis couleurs gaies qui tranchent avec le noir et les bandelettes rouges du bustier.

On notera aussi page 173 de l'article d'Alfred de Courcy, un autre dessin de Saint-Germain illustrant le début de diversité des coiffes bretonnes en ce milieu du 19e siècle, ainsi qu'une autre gravure d'Alfred Geniole page 76 représentant également une jeune fille des environs de Quimper portant le même type de coiffe que celle d'Ergué-Gabéric.


[modifier] 3 La Bretagne de JANIN - Fouesnant et le Grand-Ergué

Jules Janin, le prince des critiques, a publié en 1844 un ouvrage historique et sociologiques « La Bretagne » dans lequel l'éditeur Ernest Blondin a inséré de nombreuses illustrations et lithographies.

Parmi celles-ci, une page intitulée « Fouesnant et le Grand-Ergué » dessinée par Prosper Saint-Germain et gravée par le lithographe Eugène Guillaumont [5]. Cette illustration représente un fouesnantais et deux gabéricoises. Ces deux dernières ne sont pas sans rappeler la « jeune fille du Grand-Ergué » publiée deux ans plus tôt dans la monographie « Le Breton » d'Alfred de Courcy.

Comme sur la lithographie de 1842, le tablier de la jeune fille à droite est orné de fines bandes rouges et bleues, mais par contre les manches du bustier sont bleues, et quant à sa coiffe, seule l'aile occipitale retombe à l'arrière, les bords latéraux sont ornés et relevés, son corselet est à lacets, tout laisse à penser qu'elle est fouesnantaise.

Le costume de la jeune fille centrale est par contre du Grand-Ergué, son tablier et son corset sont plus sobres, et sa coiffe est identique à celle de 1842, avec des ailes latérales qui pendent jusqu'au cou. Sur les coiffes des deux jeunes filles, on distingue un joli bandeau fin de couleur rouge.

Le jeune homme a également un costume que sans doute les hommes d'Ergué-Gabéric portaient à l'époque : large chapeau, veste « chupenn » [2] bleue et noire avec bandelette ornementale, pantalon « bragou-braz » [6] jusqu'aux genoux, hauts de chausses.


 


[modifier] 4 Autres dessins de coiffes locales aux 18e-19e siècles

Le dessinateur Valentin dans ses illustrations du Voyage dans le Finistère de Cambry en 1794 démontre également qu'à la fin du 18e siècle les coiffes bretonnes n'étaient pas celles que l'on connaît aujourd'hui.

La troisième planche de Valentin représente un homme et une femme du petit Hergué (Ergué-Armel), dont les pointes ouvertes de la coiffe de battent à plein vent.

Olivier Perrin a également abondamment illustré les paysannes de la région de Quimper dans les années 1800-1840, et dans ses dessins publiés dans la Galerie Bretonne d'Alexandre Bouët de 1836-44 on peut voir des coiffes dites à huppe.

Une des caractéristiques principales des coiffes d'Olivier Perrin est que les pointes sont courtes et très empesées, ce qui les différencient de la gabéricoise. On y distingue aussi nettement le fond froncé de la coiffe, vraisemblablement autour d'une pièce de bois, qui explique la désignation de coiffe à huppe. D'autres illustrateurs ont dessiné les coiffes à huppe quimpéroise, notamment François-Hippolyte Lalaisse [7] dans son étude de 1848 « Galerie Armoricaine. Costumes et vues pittoresques de la Bretagne ».

 

Simone Morand [8] présente la coiffe de Lalaisse comme l'ancêtre des coiffes Pichou ou Pitchourell portées à Plomelin et nouées au cou et dont la huppe en bois sera remplacée par une pointe supérieure.

Par contre il est vraisemblable que la coiffe à capuche gabéricoise allait plutôt évoluer vers une coiffe Borledenn dont les pointes latérales vont se raccourcir et former un bord plat.

Pour les années 1855-57, on peut aussi visualiser la série des esquisses du peintre Eugène Boudin [9] en visite au pardon de Kerdévot. Certes les costumes des bretonnes sont à peine suggérés, mais on peut néanmoins deviner la présence de quelques coiffes quimpéroises.

Eugène Boudin - Kerdévot

[modifier] 5 Annotations

  1. Alfred de Courcy, administrateur de la Compagnie d'assurances générales, né à Landerneau en 1816, fut comme ses 2 frères, Henry et Pol, très attaché à la culture bretonne. Les 3 frères de Courcy étaient très liés à Théodore Hersart de La Villemarqué (1815-1895), Aurélien de Courson (1808-1889), Emile Souvestre (1806-1854) et Auguste Brizeux (1803-1858). [Ref.↑]
  2. Chupenn, chupen, sf, pluriel chupennoù : veste courte pour homme, veston, pourpoint (Wiktionary). Emprunté du breton, le terme est devenu du genre masculin en parler quimpérois (C.A. Picquenard). Au sens figuré le terme peut avoir la même connotation que l'expression française de « tailler une veste ». [Terme BR] [Lexique BR] [Ref.↑ 2,0 2,1]
  3. Victor Goindre Victor Coindre fut dessinateur lithographe et édita de nombreuses planches entre 1838 et 1870, et notamment une belle série "Avant et après l'incendie" de Paris sous la Commune. [Ref.↑]
  4. Les frères Thierry tenaient une maison de lithographie à Paris dans les années 1845, en succession d'Engelmann. [Ref.↑]
  5. Eugène Guillaumot (1813-1869) est un graveur sur bois et lithographe. Il a réalisé une grande partie des bois du « Dictionnaire raisonné de l'Architecture » et du « Dictionnaire raisonné dit Mobilier » de Viollet-le-Duc. Son frère, Auguste, était également un graveur très connu. [Ref.↑]
  6. Bragoubras, pl. : grande culotte bouffante encore portée par les hommes au XIXe siècle, mais commençant à être remplacée par le pantalon à la fin des années 1840. [Terme BR] [Lexique BR] [Ref.↑]
  7. François Hippolyte Lalaisse (1810 Nancy- 1884 Paris) est un peintre et illustrateur français du XIXe siècle. Élève de Charlet il devint plus tard son professeur-adjoint à Polytechnique où il enseigne de 1839 à 1877. Lalaisse a publié une quantité considérable de lithographies sur les costumes régionaux ou les uniformes. [Ref.↑]
  8. Simone Morand, Histoire du costume Glazik et Bigouden, Editions Yves Salmon, 1983 [Ref.↑]
  9. Eugène-Louis Boudin est un peintre normand, né à Honfleur en 1824, mort à Deauville en 1898. Grand peintre de marines et de scènes bretonnes, il est considéré comme l'un des précurseurs de l'impressionnisme. [Ref.↑]


Thème de l'article : Histoire du patrimoine culturel gabéricois

Date de création : Juillet 2010    Dernière modification : 19.06.2017    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]