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A Lesergué, ce 23 fevrier [1643].
MONSIEVR MON CHER CONFRERE,
Je ne vous peux escrire lundi dernier, mes beaux freres & toutes leurs familles, le presidant de Kemper [a] & tous ses enfans, mon frere aisné, sa fame & ses enfans estoint assamblés chés moy pour passer la feste solemnele du Carnaval, que nous estimons en Bretaigne comme l'une des principales du Clandrier ; un home qui a tant d'hostes n'a pas beaucoup de loesir. Je reponderaye donc premierement à celle que J'ay receu de vous du 6e de ce mois & vous diray que je regrette beaucoup la perte de vostre pention, la quelle sans doute vous retablirés par moien de vos amis, mais que ceste premiere rigeur & severité soet un peu passée.
Le pere Caussin vous est extremement serviteur, s'il escrivoet à qui que se soet, il vous menderoet de ses nouvelles, il vous prie de lui conserver la bone volonté que voys avés pour lui & si jamais il revoet Paris, il contactera plus particulierement une amittié parfaite avecque vous. C'est un bon home & à mon advis selon le cœur de Dieu, qui ayme tous les bons et hait tous les mechantz. Incontinant que nostre messager arrive, il a grande impatiance de me voir pour sçavoir quelles nouvelles vous m'escrivés.
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J'espere vers Pasques faire voiage à Renes & lors estant plus pres de vous J'aprandré vos nouvelles plus tost et plus souvant, cepandant honorés toutjours de vostre amittié celui qui sera esternelement,
Mon cher confrere,
Vostre tres humble & tres obeissant serviteur,
MISSIRIEN
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