Lettre du 18 avril 1645 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, XXIV) - GrandTerrier

Lettre du 18 avril 1645 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, XXIV)

Un article de GrandTerrier.

Jump to: navigation, search
Catégorie : Personnages/Autret
 Site : GrandTerrier

Statut de l'article :
  Image:Bullorange.gif [Développé]
§ E.D.F.
Retiré dans son manoir campagnard de Lezergué ou en voyage à Rennes ou Paris, Guy Autret a été un épistolier infatigable et ses missives sont riches d'enseignements sur les familles nobles bretonnes et sur certains évènements nationaux historiques en plein 17e siècle.

Autres lectures : « 1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc » ¤ « Espace Guy Autret (17e) » ¤ « Guy Autret, seigneur de Missirien et de Lezergué (1599-1660) » ¤ « ROSMORDUC Le Gentil Georges (comte de) - Guy Autret, correspondant de Pierre d'Hozier » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Lettre XXIV (24) dans le mémoire du comte de Rosmorduc, pages 83 à 90, où Guy Autret évoque les missives de Molac et de Mme de Sévigné.

[modifier] 2 Transcription

A Lésergué, ce 18 septembre 1645.


Monsieur et cher Confrère,

J'ay receu la vostre du 5e de ce mois & la genealogie de Maillé dont je vous remercie & regrette la paine que vous prenés à copier de vostre main tant d'escritures, les vers qu'il vous a pleu aussi m'envoier sont fort excellantz, quoy que l'imitation de ses vieilles rimes de Marot ne soint pas à mon goust comme les vers de St Amant ou de Theofile ; Mr nostre marquis aux pals [a] [1], que j'ay enfin veu, me retient ceste bone raillerie pour la faire copier. Je le suis alé visiter & apres quelques paroles de pleintes respectives il m'a faillu lui bailler encore terme pour un an de la forme de 3200 livres de principal, d'autant qu'il m'a baillé quelques rentes escontées pour 2300 livres qu'il deuoet pour interest & pour partie de principal, moyenant quoy nous passames hier toute la journée ensemble & somes racomodés & devenus consins aveq promesse qu'il m'a faite que dans un an il payera sans se lesser plus contumacer ; je ne panse pas qu'il face voiage à Paris de deux ou trois mois, il est occupé icy à doner l'ordre à ses affaires & puis voecy la saeson de la recolte & de la recepte. Il me montroet hier des missives d'amour et des vers qu'il avoet faits pour les plus belles dames de la province & particulierement pour madame de Sevigné, aveq les reponces de la mesme dame & plus de 300 vers de sa façon & de son esprit, qui themoignent qu'elle a bon esprit et qu'elle est de tres belle humeur ; au reste je vous prois doresenavant quand vous m'escrivés quelque chose du dit marquis, que ce soet aux termes qu'il n'i aye pas d'inconveniant pour lui montrer vos lestres. Il a fort souhetté voir ma derniere, mais par ce que vous saesiés reflection sur la promenade qu'il a fait à madame de la Trousse & sur ce qu'il eut deub se retrancher des depances inutiles, j'ay dit l'avoer oublié à Lesergué, mais s'il arrive qu'il y aye occasion d'escrire quelque chose qui doeve demeurer en nostre secret comun, il vous plaera escrire dans un brevet à part & j'en useray de mesme lors qu'il sera à Paris. Je n'ay encore eu le temps de travailler pour Mr de Refuge, ni de vous faire des memoeres pour Beaumanoer & Chateaubriand Beaufort, je u adjouteré Marec & Thierry que je panse avoir assés bien & ay rien de caché pour vous, si je pouvois vous livrer tout mon cabinet, j'en seroes fort satisfait, il ne pouroet jamais tomber en milleure main. Je ne panse pas que vous rencontriés si tost Mr le Comte de Carné, à Paris, si vous le voiés jamais vous m'obligerés bien de lui parler en la forme que vous me l'escrivés, l'on me dit tous les jours qu'il s'anime de plus en plus contre moy pour je ne scay quele vieux proces que j'ay poursuivi contre son père, qui devoet grosses somes à la maison de ma fame. Je n'ay pas les armes de nos Bertrands de Bretaigne, j'ay veu le sceau d'un Guillaume Bertrand, escuier, de l'an 1381, qui est empreint d'un lion soustenant de sa patte droette un oeseau. Vous me rejouissés par l'esperance que Monseigneur de Rieux doeve rentrer en son eveché, l'on me fit hier une piece bien faite & limée, qui est la remontrance faite à messieurs du Clergé par le dit seigneur de Rieux ;

 

Je doute que le cardinal Mazarin & les creatures du deffun Cardinal [b], qui composent le Conseil de la Royne, se departent si facilement de leur premier sentiment & qu'ils veillent advouer que le deffunt aye mal fait. Je vous prie de m'escrire le progres de ceste affaire, qui est nostre, puis qu'elle regarde particulierement nostre province ; si mes souhaits estoint exaucés dans le Ciel, messire René de Rieux porteroet la pourpre & le chapeau rouge & seroet au lieu où sa naesance & son merite le doevent porter.

Je vous diray qu'il y a trois ou quatre mois que le sieur du Kergoet, senechal au presidial de Kemper, mon beaufrere, m'ayant assuré qu'il avoet habitude particuliere aveq le sieur du Tertre Mengui, natif de ceste province & habitué à Paris par le suport de Mr de Loumenie, du quel il a esté cognu come serviteur de la maison de Liscoet. J'ay prié mon dit beaufrere d'escrire au dit Mengui, qui s'occupe à soliciter des affaires au Privé Conseil, de me faire passer au sceau certaines lestres pour rafrechir les previleges du Papegaut [c] du bourg & paroesse de Penmarc & Treoultré, lequel releve à presant de moy pour la plus part à cause de ma terre de Kergoz. Il me sembloet que n'i ayant rien à obtenir de nouveau, mais seulement à refrechir un ancien previlege concedé depuis 200 ans & que tous les Roys de suitte ont aprouvés, il n'i auroet pas grande depance, & neanmoins il escrit qu'il faut cent escus pour ce subjet, & d'autant que les habitans de ce bourg n'ont point de deniers comuns, ni d'octroy, ils ne savent où les prandre & il m'en faudra faire l'avance, ce qui me fait pester contre le dit Mengui, que l'on m'assure souhetter à faire fortune par prandre largement par tout où il peut ; si les antiens actes n'estoint pas engagés entre ses mains je les vous enverrois & vous prirois de la bailler à quelque comis de secretere du Conseil, pour les faire expedier, mais ne pouvant les retirer, je vous prie d'en scavoir au vray ce que doevent couster pareilles expeditions et de combien le dit Mengui me serre la malle, & si par hasard il estoet de vostre cogneoessance, le prier d'adoucir sa rigeur & de n'exiger pas plus qu'il ne faut sur des pauvres gens qui n'ont pas les moyens de payer.

Je vous prie aussi de m'escrire ce que pouront couster à un de mes amys des lestres de creation de foeres en un bourg de son domaine propre pour cela.

Je ne vous parle plus des lestres de chevalerie de mon nepveu Guy Autret, que vous m'aviés autrefois promises au lieu de celles de deffunt Alain, son frere aisné, vous en un userés come il vous plaera. Je m'en vais en un petit voiage de huit jours chés mes amys, ce qui poura m'enpecher de vous escire plus tost que quinsene. Je suis tout à vous, sans reserve ni dissimulation, & je cesseray de vivre quand je cesserau d'estre,

Mon cher confrere,

Vostre tres humble, tres obéissant & infaillible serviteur.

MISSIRIEN

Notes (Rosmorduc) :

  1. Sébastien de Rosmadec, marquis de Molac. [Ref.↑] 
  2. Le cardinal de Richelieu. [Ref.↑] 
  3. Le papegault consistait en une société qui avait le droit de se réunir à certains jours et en un lieu fixe, pour s'exercer au tir à l'arc, de l'arbalète et de l'arquebuse. Le but offet aux tireurs consistait en un oiseau de bois, ressemblant sans doute à un perroquet et nommé, pour cette raison, papegai ou pagegault. Le Dictionnaire de Bretagne de Ogée, édition de 1843, tome II, page 493, donne des renseignements intéressants sur le papegault de Rennes. [Ref.↑] 

[modifier] 3 Sources


[modifier] 4 Annotations

  1. Sébastien, marquis de Rosmadec, comte des Chapelles et de Crozon, baron de Molac, de Tyvarlen, de Pontecroix, ...., chevalier de l'Ordre du Roi, fut gouverneur de Quimper en 1634 et de Dinan en 1643. Le blason des Rosmadec était : « palé d'argent et d'azur de six pièces ». Fils de Sébastien I de Rosmadec et de Françoise de Montmorency-Hallot, il est né en et épousa Renée de Kerhoent en 1616. Sébastien II de Rosmadec fut un protecteur des lettres et, ami de Pierre d'Hozier et d'Autret de Missirien, il s'intéressa aux recherches généalogiques. Son fils Sébastien III sera gouverneur de la ville de Nantes. [Ref.↑]


Thème de l'article : Histoire du patrimoine culturel gabéricois

Date de création : Novembre 2016    Dernière modification : 15.11.2016    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]