Les vitraux contemporains de la chapelle de Kerdévot, Ouest-France 1992-1995 - GrandTerrier

Les vitraux contemporains de la chapelle de Kerdévot, Ouest-France 1992-1995

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Catégorie : Journaux
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§ E.D.F.

En 1992 et 1995 les journalistes Daniel Morvan et Jean-Yves Boudéhen ont relaté dans les colonnes d'Ouest-France le choix et la réalisation des neuf nouveaux vitraux de Kerdévot, conçus par le peintre Hung Rannou et posés par les ateliers Le Bihan.

En 1992 le titre de l'article était évocateur quant aux ambitions et difficultés du projet culturel : « En verre et contre tous ! ».

Autres lectures : « Les neuf vitraux contemporains de la chapelle de Kerdévot » ¤ « DENIC Pierre - Le Vitrail contemporain en Bretagne » ¤ « KERDÉVOT 89, Association - Kerdévot, livre d'or du 5e centenaire » ¤ « ARKAE - Kerdevot Cathédrale de campagne » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Dans son article du 17 avril 1992, le journaliste Daniel Morvan du journal Ouest-France explique les difficultés du projet porté par Raymond Lozac'h, président d'Arkae jusqu'en 1995, de faire réaliser les nouveaux vitraux de Kerdévot par un jeune artiste contemporain, Hung Rannou [1], né en 1955 au Vietnam et diplômé de l'école des Beaux-Arts de Quimper.

D'ailleurs, la veille, le journaliste citait la réalisation des couvertures des évangéliaires de la cathédrale de Quimper par ce même artiste quimpérois, lequel avait réussi à illustrer des thèmes chrétiens par les couleurs de sa palette : « le blanc pour la perfection, le jaune pour la ferveur et la joie, le rouge pour la souffrance du Christ, le bleu pour le ciel terrestre ... le jaune (« le jaune est ma feuille d'or »), mais aussi un peu de bleu. Le bleu de Giotto, celui de l'humanisme. ».

Pour ce qui concerne les vitraux colorés de Kerdévot, le thème central est un motif végétal, en complète harmonie avec la campagne avoisinante de la chapelle, comme le confirme l'artiste : « J'ai voulu célébrer l'espace de la Création, la lente germination souterraine qui finit par produire la vie. »

Avant de composer les motifs naturels sur chacun des neuf vitraux, tous différents, Hung Rannou et le maitre-verrier Jean-Pierre Le Bihan ont réalisé un panneau d'essai et obtenir l'aval des instances parisiennes. Mais « les bleus dominaient très fortement, les blancs sans grisaille perçaient désagréablement la composition », et il a fallu faire d'autres propositions qui seront acceptées.

Le résultat est la livraison en juillet 1995 de huit très beaux vitraux à deux ou trois lancettes et tympans (le 9e vitrail sera prêt en 1997), avec la participation active des ateliers Le Bihan, essentiellement le jeune Antoine Le Bihan, fils de Jean-Pierre et ami de Hung Rannou à l'école des Beaux-Arts de Quimper. Le journaliste Jean-Yves Boudéhen salut l’événement : « La plus belle chapelle de Cornouaille enrichit son patrimoine : huit nouveaux vitraux à Kerdévot. »

 

Les 9 vitraux de Kerdévot

L'article de Daniel Morvan en 1992 est titré « En verre et contre tous », contre les détracteurs, les administrations trop lentes, et les architectes des Monuments Historiques. Mais heureusement une cheville ouvrière était là, Raymond Lozac'h, président de l'association Arkae, qui a su gérer les réticences avec intelligence et ténacité : « Depuis sa construction au XVe, chaque siècle a apporté sa contribution à l'édifice. En cette fin de millénaire, nous avons voulu y ajouter la marque de l'art contemporain. »

Et aussi Gusti Hervé [2], le responsable de la Commission diocésaine d'art sacré, qui déclarait en 1992  : « Il faut faire avancer l'art du vitrail et donner sa chance à un jeune artiste. Evidemment, si on pouvait certifier que Rannou soit le Bazaine [3] ou le Manessier [4] de demain, tout le monde signerait tout de suite des deux mains ! ». À ce jour, Hung Rannou n'a pas persévéré dans la discipline du vitrail, mais son indéniable talent de peintre s'est confirmé dans les collages et grandes toiles d'art contemporain.

[modifier] 2 Transcriptions

Ouest-France 16.04.1992, Daniel Morvan

§ Entrefilet du 16 sur l'évangéliaire de Quimper peint par Hung Rannou


Ouest-France 17.04.1992, Daniel Morvan

Des vitraux pour la chapelle de Kerdévot

En verre et contre tous

En proposant le jeune peintre Hung Rannou pour la réalisation des vitraux de la chapelle de Kerdévot, l'association des amis de l'édifice n'ont peut-être pas choisi la voie la plus simple, ni la plus rapide pour recevoir l'accord de l'administration centrale. Le dossier est aujourd'hui sur le bureau des inspecteurs généraux des Monuments historiques.

Par la beauté de son architecture et du site où elle s'élève, la chapelle de Kerdévot soutient la comparaison avec les édifices cultuels du Trégor. À l'issue des célébrations du cinquième centenaire de cette chapelle dédiée à la Vierge, en 1989, les Amis de Kerdévot décidaient d'en perpétuer le souvenir en contribuant à son embellissement.

Parmi les choix possibles entre bannières, mobiliers et vitraux, la majorité des Amis optait pour ces derniers. Kerdévot n'a en effet conservé que les vitraux du chevet, du XVe siècle, flanquées de deux mauvaises vitres du XIXe siècle.

Sur proposition de Gusti Hervé, membre de l'association et directeur de "Chrétiens médias", la réalisation d'une maquette pour l'une des verrières est alors confiée au jeune Hung Rannou.

Une critique constructive

Le choix de cet artiste né le 13 mai 1955 au Vietnam est accueilli avec moult réserves par la Direction des affaires culturelles de Bretagne, à l'hôtel de Blossac, et le conservateur régional de l'époque Geneviève Le Louarn. Trois inconvénients majeurs : le projet émane d'Ergué-Gabéric, la commune est maître d'oeuvre, et l'artiste est un peintre contemporain.

Maurice Dilasser, de la commission diocésaine d'art sacré, défend l'artiste : « Il est heureux qu'on ait songé à une création contemporaine dans un monument historique et qu'on ait confié cette oeuvre à un jeune peintre qui ressent bien les exigences d'un art sacré. » Avis conforté par celui de Gusti Hervé : « On ne va pas copier les vitraux du XVe siècle. Il faut faire avancer l'art du vitrail et donner sa chance à un jeune artiste. Evidemment, si on pouvait certifier que Rannou soit le Bazaine [3] ou le Manessier [4] de demain, tout le monde signerait tout de suite des deux mains ! »

On peut être considérer comme un peintre d'avenir sélectionné par les fondations Mercédès et Paribas, et n'être qu'un « jeune artiste-peintre local » aux yeux d'un Architecte en chef des Monuments historiques, fut-il instruit de peinture contemporaine. Ce dernier, Daniel Lefèvre, va conseiller Hung Rannou dans l'amélioration de sa maquette d'origine, par une critique constructive.

§ Moins de bleu ...

 

Ouest-France 01.08.1995, Jean-Yves Boudéhen

La plus belle chapelle de Cornouaille enrichit son patrimoine

Huit nouveaux vitraux à Kerdévot.

Avec ses huit nouveaux vitraux créés par Hung Rannou et réalisés par Jean-Pierre et Antoine Le Bihan, maîtres verriers, la chapelle Notre-Dame de Kerdévot vient d'enrichir considérablement son patrimoine. « Depuis sa construction au XVe, chaque siècle a apporté sa contribution à l'édifice. En cette fin de millénaire, nous avons voulu y ajouter la marque de l'art contemporain », affirme Raymond Lozac'h, président de l'association Arkae.

L'histoire de ces vitraux commence en 1986. Cette année-là BernezRouz fonde l'association « Kerdévot 89 ». Son objectif : préparer avec solennité les fêtes du cinquième centenaire de « la plus belle des chapelles de Cornouaille », selon le slogan d'un barde anonyme de 1712.

En 1990, l'association Arkae (nom de la commune d'Ergué-Gabéric en l'an 1000 ! ) prend le relais. Elle décide d'utiliser les bénéfices du cinquième centenaire pour créer un vitrail.

« Au départ, c'était un pari un peu fou, poursuit Raymond Lozac'h. À l'arrivée, c'est encore plus fabuleux puisque nous avons huit vitraux. Les trois quarts du financement (4000 000 F) proviennent de subventions versées par le département, la région, la Direction régionale des affaires culturelles et l'association elle-même. »

« C'est toute la population d'Ergué-Gabéric qui se retrouve dans cette réalisation », devait dire Gusti Hervé, l'une des chevilles ouvrières de l'association. « Le pillage de 1973 du retable flamand lui a fait prendre conscience de la valeur de cette chapelle. »

Ce vol "salutaire" est sous doute à l'origine de ces nouveaux vitraux. Des vitraux miraculeux comme les pains. L'unique vitrail d'origine a été multiplié par huit !

Jean-Yves BOUDÉHEN

Légende photo : Raymond Lozac'h, Gusti Hervé (association Arkae), Hung Rannou, Maryvonne Blondin, adjointe aux Affaires culturelles, Jean-Pierre Le Bihan. "Ces vitraux sont le fruit d'une belle aventure de cinq ans".


Dans la lumière d'Hung Rannou

« Un vitrail est associé à un lieu, à une architecture, à une histoire. J'ai dû m'imprégner de l'esprit de cette magnifique chapelle avant de me mettre à l'ouvrage en 1990 », indique Hung Rannou, le jeune peintre quimpérois qui s'est vu confier la création des huit vitraux.

Dans son travail iconographique, il a su, avec merveille et sobriété, traduire cet esprit.

Toutes les formes symboliques fondamentales liées à la tradition chrétienne se retrouvent dans son graphisme.

« J'ai voulu célébrer l'espace de la Création, la lente germination souterraine qui finit par produire la vie. »

La beauté de cette symbolique contemporaine, loin de choquer, s'harmonise à merveille avec le maître vitrail du chœur créé au XVe.

J.Y. B.

Hung Rannou, le créateur des vitraux, a reçu un prix national de peinture en 1987.


[modifier] 3 Coupures de presse


[modifier] 4 Annotations

  1. Hung Rannou, né en 1955 au Vietnam, est un artiste contemporain français installé en Bretagne. Il fait partie de ces artistes allergiques aux diktats des idéologues de l'art contemporain et menant leur œuvre avec détermination dans le secret de leur atelier. Le collage qui tient une place considérable met en relief son travail méditatif sur la matière et la couleur. [Ref.↑]
  2. Né en 1939, Gusti Hervé est prêtre du diocèse de Quimper et Léon depuis 1964. Formé au Grand séminaire de Quimper, à l’université de Strasbourg et à l’Institut Supérieur de Pastorale Catéchétique de Paris, il a été successivement aumônier de lycée et de la Jeunesse étudiante catholique, responsable du service de la communication du diocèse et de la pastorale du tourisme et du temps libre en même temps que curé de paroisses. Ancien président de la SPREV (Sauvegarde du patrimoine religieux en vie) de 1995 à 2009, il est membre de la Commission diocésaine d’art sacré. [Ref.↑]
  3. Jean Bazaine (1904-2001), est un peintre français, figure majeure de la nouvelle École de Paris et de la peinture d'avant-garde française du 20e siècle. En tant que vitrailliste il a réalisé entre autres en 1941-42 les trois vitraux de l'église d'Assy (Haute-Savoie) et en 1969 les vitraux de l'église Saint-Séverin à Paris. [Ref.↑ 3,0 3,1]
  4. Alfred Manessier (1911-1993), est un peintre non figuratif français, considéré comme un des maîtres de la nouvelle École de Paris. À partir de 1947, le vitrail occupe une grande partie de son œuvre et il en réalise un grand nombre dans de nombreuses régions (Paris, Nord, Somme, Jura, Pyrénées, Bretagne ...). En 1964, il crée avec un groupe d'amis l'Association pour la défense des vitraux de France. [Ref.↑ 4,0 4,1]


Thème de l'article : Richesses du patrimoine communal.

Date de création : juin 2007    Dernière modification : 26.10.2018    Avancement : Image:Bullgreen.gif [Fignolé]