Les deux verrières authentiques de St-Guinal de 1515-17 et l'atelier Le Sodec
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- | BAIE 0 - VIE DU CHRIST, pp 14-22 | + | |
+ | II. UN GROUPE D'EGLISES PAROISSIALES | ||
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+ | 3) Ergué-Gabéric | ||
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+ | Il est certain que le chevet d'Ergué-Gabéric fut réalisé par un atelier individualisé par un sens de la décoration différent de celui qu'avait l'atelier qui édifia Plogonnec, Penmarc'h et Guengat ; de plus, il semble se garder plus facilement de la séduction du plein cintre et affirmer la pureté du tiers point, alors que l'autre atelier a tendance à surbaisser ses arcs ». | ||
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+ | Dès la fin du XVe siècle, avec une élévation de 13 m, Kerdévot est un édifice hors du commun, comme le chœur de Saint-Michel de Quimperlé du même atelier de Saint-Michel de Quimperlé du même atelier et c'est bien cette illusion de hauteur qu'a éprouvée Léon Pallustre devant Penmarch et que cherchent à donner les chevets d'Ergué-Gabéric et de Plogonnec vers 1510. A l'intérieur, la lumière abondante de la maîtresse vitre et des grandes fenêtres du chevet fait vibrer ces volumes et accuse leur discontinuité, adoucie cependant par l'éclairage indirect provenant la plupart du temps du bas-côté méridional | ||
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+ | ANNEXE -ERGUE-GABERIC - EGLISE SAINT-GUINAL | ||
+ | <br>BAIE 0 - VIE DU CHRIST, pp 14-22 | ||
Le chœur de l'austère chevet plat, construit vers 1515, reçoit principalement la lumière par la très haute baie axiale à quatre lancettes surmontée d'un tympan développé, à deux fleurs de lys, presque aussi haut (3 m 20). C'est un cadre formel idéal pour exposer la Vie du Christ découpée en scènes identiques, se déroulant de gauche à droite sur trois registres superposés ; on compte cinq barlotières par lancette. | Le chœur de l'austère chevet plat, construit vers 1515, reçoit principalement la lumière par la très haute baie axiale à quatre lancettes surmontée d'un tympan développé, à deux fleurs de lys, presque aussi haut (3 m 20). C'est un cadre formel idéal pour exposer la Vie du Christ découpée en scènes identiques, se déroulant de gauche à droite sur trois registres superposés ; on compte cinq barlotières par lancette. | ||
On ne connait que la dernière restauration en date pour cette verrière qui dut être bien entretenue au XVIIIe siècle, comme d'ailleurs tout le mobilier d'après les comptes des fabriciens, et qui dut être restaurée lors de son classement en 1898. | On ne connait que la dernière restauration en date pour cette verrière qui dut être bien entretenue au XVIIIe siècle, comme d'ailleurs tout le mobilier d'après les comptes des fabriciens, et qui dut être restaurée lors de son classement en 1898. | ||
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+ | ELEMENTS D'ARCHITECTURE, p. 18 | ||
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+ | Dans l'encadrement des scènes, on retrouve de nombreux motifs Renaissance rencontrés à Plogonnec, constituant des structures identiques ou très voisines, dans le même esprit ornemental. Aux soubrassements des lancettes a et d, les consoles cantonnées de pattes ailées délimitent deux niches creusées dans un stylobates mouluré, des angelots munis d'une cornemuse se dressent dans ces niches à tenture et à pavage régulier. | ||
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+ | En d, le bas de la console est interrompu par une inscription en minuscules gothiques, aujourd'hui masquée par la prédelle du retable baroque et assez mutilée ; nous la restituons ainsi : "Ceste . Victre . fut . fecte . / (en) . lan . mil . Vcc . XVI . et . / (esto) et . pour . lors . fabriq / ue . - - jeh - - al - - - - " ; le millésime 1516 est indubitable. | ||
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+ | L'épaisseur excessive du joint en ciment moderne obstrue en partie l'inscription dont la dernière ligne avec le nom du fabricien, discernable encore sur les photographies de 1948, n'a jamais été lue. La lecture la plus honnête est celle d'Abgrall (1916, p. 200) alors que, par la suite, Couffon croit lire 1571 (1952, p. 14), erreur que l'on s'étonne de voir reprise dans un ouvrage récent (1968 Charpy, Waquet). | ||
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+ | UNE FAMILLE DE PEINTRES VITRIERS CORNOUAILLAIS du XVIe siècle | ||
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+ | En 1978, Roger Barrié, dans sa thèse sur le Vitrail en Cornouaille,1 signale l’existence au XVIe siècle d’une famille ou " dynastie de peintres verriers Quimpérois " | ||
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+ | Dans le vitrail sur l’Arbre de Jessé (vers 1520-25) de l’église de la Sainte-Trinité de Kerfeunteun, en Quimper, il découvre dans les inscriptions, enrichissant les vêtements, les prénoms et le nom de trois Le Sodec :Olivier, Laurent et Robin. De même, à l’église Saint-Théleau de Plogonnec, il lit ces deux derniers prénoms dans le vitrail de la Transfiguration et celui d’Olivier dans la Passion de la baie du chevet. | ||
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+ | Mais tout d’abord, revenons à cette ancêtre que fut ce Le Sodec de Nantes, si l’on penche dans le sens de Roger Barrié. Dans son fichier, Bourde de la Rogerie donne un « <i>Le Soudet ou Soudec Bertrand, verrier, 1479, 1483, Nantes, 44 église Saint-Nicolas, réparations vitraux. En 1486, prend le titre de vitrier du duc en vertu de lettres patentes de François II.</i> » Il semble bien qu’il s’agisse chez ces deux historiens de la même personne. Ce Bertrand est aussi signalé comme terminant en 1486 un vitrail pour l’église Saint-Similien toujours à Nantes. | ||
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+ | Quant à ce Laurent Le Sodec, de l’ossuaire de la Cathédrale, il est peut-être celui qui dans le premier quart du XVIe siècle, 1514-1525 ; signe l’Arbre de Jessé de Kerfeunteun. Est-ce encore lui, ou alors un fils du même prénom, dont le prénom apparaît avant 1539 dans la Transfiguration de Plogonnec. ? Quant aux initiales L.S8 de la Roche-Maurice, 1539, elles sont peut-être les siennes ou alors celles d’un membre de cette famille de peintres vitriers. | ||
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+ | <br>{{Citation}} | ||
+ | Les inscriptions, témoins de la paternité des le Sodec. | ||
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+ | Au XVIe siècle, les peintres vitriers bretons ornent d’inscriptions les galons des vêtements des personnages et les phylactères de leurs vitraux. | ||
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+ | Il s’agit, dans certaines verrières, d’une abondance de suites de consonnes et de voyelles, qui est venue probablement des Flandres avec la Renaissance et même antérieurement. Ces inscriptions sont dans la grande majorité des cas, d’une impossible compréhension et dont les auteurs gardent le secret. | ||
+ | Cependant, il est possible, ici et là, de relever des brides de psaumes, parfois très concis, amputés de lettres et même orthographiés phonétiquement. Très rapidement, par manque de place, ces inscriptions sont abrégées. Ainsi le N et le M se voient dédoublés et enlevés. Un tilde placé au-dessus, avertit cette suppression, qui peu à peu, dans le temps, disparaît. | ||
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+ | La lecture peut être encore plus malaisée car elle est souvent un mélange de latin, de français et même de breton. | ||
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+ | Parmi les inscriptions que nous ont laissés ces le Sodec, on peut être intrigué par certains assemblages de lettres qui reviennent comme un leitmotiv. Il y a entre autre un assemblage de trois lettres, deux consonnes et une voyelle, souvent incluses dans d’autres lettres qui, à Plogonnec, se répètent trois fois dans la Transfiguration et deux fois dans la Passion. Il s’agit de l’ensemble SVO. | ||
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+ | [...] | ||
+ | Avec d’autres sigles, tels que VOE, peut-on leur attribuer les Passions des églises d’Ergué-Gabéric et de la Martyre, ce groupe de trois lettres se trouvant aussi à Plogonnec ? Ergué-Gabéric offre de plus une double combinaison dans SVOE : SVO ET VOE. | ||
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Version du 15 décembre ~ kerzu 2019 à 14:22
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Où il est question de vitraux bien conservés depuis leur élévation dans l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric dans les années 1516. Les éléments de l'article sont basés sur les études et documents suivants : l'inventaire « Corpus Vitrearum, les vitraux de Bretagne » de Françoise Gatouillat et Michel Hérold, la thèse de Roger Barrié « Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle, Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper » (1978), l'étude de Jean-Yves Cordier |
Autres articles : « GATOUILLAT et HÉROLD - Corpus Vitrearum, les vitraux de Bretagne » ¤ « BARRIÉ Roger - Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle » ¤ « La maîtresse-vitre de la Passion de l'église St-Guinal » ¤ « 1516 - Inscription millésime en minuscules gothiques sur le vitrail de St-Guinal » ¤ « La pierre tombale à enfeu des Liziart conservée au Cleuyou » ¤
Présentation
L'authenticité des deux anciennes verrières de l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric est due à leur datation du 16e siècle et de la préservation de la majeure partie des ajours d'origine. |
Les sources
Corpus Vitraerum de Gatouillat et Hérold
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Article de Jean-Pierre Le Bihan
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Iconographie
photos des deux verrières | |||||
Annotations
- Jean-Yves Cordier est un passionné du patrimoine finistèrien qui partage ses découvertes sur le site http://www.lavieb-aile.com/. Ayant commencé par de très beaux billets et photos sur la nature, les oiseaux en tous genres, il poursuit sa quête actuellement par des visites de chapelles, où il découvre des éléments méconnus de notre patrimoine, avec une documentation photographique exceptionnelle. [Ref.↑]
Thème de l'article : Patrimoine communal d'Ergué-Gabéric Date de création : décembre 2019 Dernière modification : 15.12.2019 Avancement : [Développé] |