Un de nos correspondants nous envoie d'intéressants détails sur un procès qui vient de se débattre devant le tribunal de Tours, puis devant la Cour d'appel d'Orléans, et auquel sont mêlés des noms très connus à Quimper.
Il y a deux ans mourait à Tours [1] M. Le Guay (Prosper), fils d'un ancien conseiller de préfecture du Finistère qui lui-même était mort à sa propriété du Cluyou, en Ergué-Gabéric, peu de temps auparavant.
M. Prosper Le Guay laissa un testament olographe [3] , aux termes duquel il instituait pour son légataire universel un restaurateur de Tours, M. Carrière, chez qui il avait pris pension pendant quatre mois. Divers legs, d'une valeur de 30.000 francs, étaient faits, en outre, au profit de quelques particuliers et des communes d'Ergué-Gabéric et d'Ergué-Armel.
Le frère (NDRL: son fils plutôt), M. Le Guay (Albert [4] ), attaqua cet acte, en soutenant que M. Prosper Le Guay n'avait pu le faire que sous l'influence de l'ivresse ou de l'insanité.
L'enjeu du procès était considérable, la fortune léguée atteignant un chiffre très important.
Devant le tribunal de Tours, Me Hamard, l'habile avocat de Rennes, plaida pour M. Albert Le Guay. Me Johanet, bâtonnier des avocats de la Cour d'Orléans, soutint, au nom du légataire universel, la validité du testament.
C'est au demandeur que le tribunal donna raison. Il déclara nul le testament, sans vouloir procéder à une enquête, en s'appuyant sur les termes mêmes de l'acte, rapprochés de certaines lettres fort curieuses écrites vers la même époque par M. Prosper Le Guay et qui semblaient en contradiction avec l'expression de ses dernières volontés.
M. Carrière fit appel devant la Cour d'Orléans, où les mêmes avocats se retrouvèrent en présence.
Me Johanet insista, dans une vigoureuse plaidoirie, pour obtenir une enquête destinées à établir qu'au moment où il écrivait son testament, M. Prosper Le Guay était dans un état de complète lucidité d'esprit. De brillants et vifs débats s'engagèrent sur ce point essentiel et ne durèrent pas moins de deux jours.
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