Le cantique populaire "Itroun Varia Kerdevot" de Jean Salaun en 1881
Un article de GrandTerrier.
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Le cantique de Kerdévot, tel qu'il est toujours chanté avec ferveur à Ergué-Gabéric, n'a pas l'ancienneté de son prédécesseur, celui composé en 1712 ; mais, comme support de la tradition de nos anciens, le cantique actuel mérite assurément de figurer au registre du patrimoine communal. Quelles sont donc l'origine, les paroles et les notes de ce cantique de Kerdévot ? On trouvera ici quelques explications, une partition, et des enregistrements sonores. On trouvera aussi ci-après quelques anecdotes et témoignages sur des moments d'interprétation du cantique, soit notamment l'article d'un journal local en 1906, un entrefilet de Pierre Roumégou dans Le Télégramme et enfin l'hommage en breton de Bernez Rouz relatant l'enterrement de l'écrivain Guillaume Kergourlay |
Autres lectures : « 1712 - L'ancien cantique de Kerdévot » ¤ « Résistance contre l'inventaire des biens religieux à Ergué-Gabéric, journaux divers 1906 » ¤ « Souvenirs du pardon de Kerdévot par Pierre Roumégou » ¤ « Kantik da Sant Ginal » ¤ « L'orgue Dallam du 17e siècle de l'église St-Guinal » ¤ « KERGOURLAY Guillaume - Le pays des vivants et des morts » ¤
1 Présentation
L'air du cantique de Kerdévot est une reprise d'un grand classique des chants dédiés à la Vierge Marie, composé par l'abbé Hippolyte Boutin (1849-1946) en fin du 19e siècle. Le refrain de ce cantique de l'église française était en langue latine : « Laudate, laudate, laudate Mariam. (bis) ». Et le premier couplet : « O Vierge Marie, Entends près de Dieu. Ton peuple qui prie : Exauce ses vœux ». Au début du cantique était connu dans la France entière par tous les catholiques qui l'utilisaient systématiquement pour le culte marial. À la même époque, Jean-Marie Salaün (1831-1885) |
Le texte breton de la version « Intron Varia Kerdevot » est différent, car très localisé :
Une tentative de traduction en français du refrain et des 6 complets est proposée ci-dessous. Ainsi que trois enregistrements sonores à écouter : si vous en disposez d'autres, n'hésitez pas à nous les envoyer, et toute anecdote sur les circonstances d’interprétation sera la bienvenue. |
2 Partition et enregistrements
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Trois versions enregistrées, la première en l'église paroissiale St-Guinal avec l'accompagnement de l'orgue Dallam, et les deux suivantes à la flute traversière. A. Enregistrement église St-Guinal Françoise Le Roux B. Flute traversière Enregistrement amateur, par Gwenn Cognard, avec fusion des canaux multi-instrumentaux avec le logiciel Audacity. |
3 Paroles et traductions
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4 Témoignages, anecdotes
Début mars 1906, lors de l'opération d'inventaire à la chapelle de Kerdévot, les résistants d'Elliant et d'Ergué-Gabéric entonnèrent le cantique pour marquer leur contestation : « quand nous y arrivons, les gens d'Elliant nous y avaient précédées et chantaient le cantique de Notre-Dame de Kerdévot », et « M. le Recteur nous a remerciés de notre bonne conduite et tout le monde est sorti en chantant le cantique de Notre-Dame de Kerdévot. » Per Roumegou, dans un article publié en 1979 dans le journal « Le Télégramme » rendant compte du pardon de Kerdévot, termine ainsi : « Le salut du Saint-Sacrement mit fin aux cérémonies qui se terminèrent par le cantique de N.D. de Kerdévot chanté par tous les assistants ». Bernez Rouz a écrit un bel hommage à l'écrivain et dramaturge breton Guillaume Kergourlay |
« Eun eston eo bet da barrezioniz Bessy-sur-Cure, eur vourhadenn a vro Bourgogn, kleved poziou brezoneg kantik Itron Varia Kerzevot d’an 12 a viz du diweza. Leun-choug e oa an iliz da zaludi evid ar wech ziweza Gwillou Kergourlez. Hag eo war don Laudate eo bet kanet a-bouez-penn gand Claude Nadeau hag ar Vretoned. Deuet e oant da ambroug eun ano braz eus bed al lennegez hag ar c’hoariva, eur Breizahd penn-kil-atroad : "Mamm Doue, o Gwerhez / Gwelit or harantez / Mamm Doue o Gwerhez / On diwallit bemdeiz". » Trad. : La surprise a été grande pour les paroissiens de Bessy-sur-Cure en Bourgogne en entendant les paroles en breton du cantique de Kerdévot le 12 novembre dernier. Dans l'église pleine à craquer, pour saluer une dernière fois Guillaume, l'air du Laudate a été chanté à tue-tête par Claude Nadeau et les bretons présents. Ils étaient venus à accompagner ce grand nom de la littérature et du théâtre, breton de la tête au pied : "Mère de Dieu, ô Vierge / Écoute notre amour / Mère de Dieu, ô Vierge / Protège nous chaque jour". |
5 Annotations
- Guillaume Kergourlay, l'un des grands auteurs dramatiques de Bretagne est né à Elliant en 1926. Dans son livre "Le pays des vivants et des morts - Bro-Eliant une mémoire", condensé de l'histoire rurale de Cornouaille dans la première moitié du 20e siècle, il a raconté l'histoire des siens jusqu'à son départ pour Paris en 1950. Il a découvert le théâtre en s’engageant dans le mouvement des JAC (Jeunesse agricole chrétienne) à l’issue de la seconde guerre mondiale, et il est l'auteur d’une douzaine de pièces de théâtre et a fondé le théâtre de Bourgogne. Il est décédé le 10 novembre 2014 à Bessy-sur-Cure. [Ref.↑ 1,0 1,1]
- Salaun (Jean-Marie), né à Lambézellec, le 12 janvier 1831, décédé à Quimper, le 30 décembre 1885. Il entra tout jeune à la maison Lefournier comme apprenti relieur. J. Salaun obtint son brevet de libraire à Quimper, à la date du 2 février 1859. Après son arrivée à Quimper, il devint, sous différents pseudonymes (Bragou-Berr, p. ex.), un collaborateur assez actif du journal L'Océan. Articles de polémique surtout. Au nombre de ces articles, on peut citer ceux dans lesquels il prit fait et cause pour La Villemarqué contre Luzel qui venait de publier sa brochure "De l'authenticité des chants du Barzaz-Breiz" (Saint-Brieuc, Guyon Francisque, 1872 ; in-8°, vi-47 p.). — J. Salaun est l'auteur d'un assez grand nombre de cantiques, français et bretons, qui sont devenus vite populaires, et le sont demeurés : Reine de l'Arvor, nous te saluons; D'hor mam Santez Anna, etc ... Après la mort de J. Salaun, cette association persista encore quelques années avec son fils, J. Salaun, qui prit sa suite. La librairie fut transférée, en 1912, au 7, rue Saint-François, où elle existe toujours, tenue par M. Le Goaziou qui l'acquit en 1919. [Ref.↑ 2,0 2,1]
- Françoise Le Roux est l'organiste paroissiale et a participé activement à la promotion et la restauration de l'orgue historique du facteur anglais Dallam en l'église d'Ergué-Gabéric [Ref.↑]
- Action Libérale du 07.03.1906, article "Ergué-Gabéric. La persécution. - Récit d'une Ligueuse". [Ref.↑]
Thème de l'article : Patrimoine culturel et artistique Date de création : Août 2015 Dernière modification : 24.08.2015 Avancement : [Fignolé] |
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