KERGOURLAY Guillaume - Le pays des vivants et des morts - GrandTerrier

KERGOURLAY Guillaume - Le pays des vivants et des morts

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KERGOURLAY (Guillaume), Le pays des vivants et des morts - Bro Eliant, une mémoire, An Here, Plougastel-Daoulas, 2001, ISBN 2-86843-239-5
Titre : Le pays des vivants et des morts - Bro Eliant, une mémoire
Auteur : KERGOURLAY Guillaume Type : Livre/Brochure
Edition : An Here Note : Préface de Bernez Rouz
Impression : Plougastel-Daoulas Année : 2001
Pages : 462 Référence : ISBN 2-86843-239-5

[modifier] Notice bibliographique

Couverture

Guillaume Kergourlay, l'un des grands auteurs dramatiques de Bretagne est né à Elliant en 1926. Il raconte l'histoire des siens jusqu'à son départ pour Paris en 1950. C'est un condensé de l'histoire rurale de Cornouaille dans la première moitié du XXème siècle. Il évoque bien entendu le Pardon de Kerdévot cher aux Elliantais.

Il en parle deux fois P. 74-78 et, P. 253 où il évoque le triste pardon de 1941 ou 1942, sous l'occupation, sous le patronage du recteur Gustave Guéguen :

À Kerdévot, c'est le pardon. Comme chaque année, en septembre, nous y sommes encore allés. Et les femmes sont nombreuses à compter les hommes absents : ceux dont on espère des nouvelles, ceux qui jamais ne reviendront, ceux qui sont prisonniers de guerre, ceux qui, sur des bateaux, ont fui. Triste pardon et tristes jours.

Le recteur d'Ergué-Gabéric, connu sous le nom de Gustave, essaie de nous réconforter. "En ces sombres jours de tristesse, où nous sommes tous affligés, prions notre Vierge Marie, Itron Varia Kerzevot, mamm da Zoue ! Ayons confiance en son coeur de mère, elle ne peut nous abandonner !". Dans le désarroi qu'est le nôtre, ne sachant à qui nous vouer, nous sentons bien qu'il a raison : la sainte mère de Dieu est bien notre dernier recours.

Quand, pour terminer son sermon, il recommande pour la quête à chacun d'être généreux, nous trouvons cela naturel : nous savons bien que le pardon est son affaire de l'année. Mais, cette fois, comme dit ma tante de Keringard : « Je trouve qu'il exagère, à moins qu'il se foute de nous ! ».

« Surtout n'hésitez pas à donner, termine-t-il, la Vierge vous en saura gré. Si quelqu'un parmi vous, par exemple, ne veut pas que son voisin sache qu'il donne un billet de cent francs, qu'il le plie discrètement dedans un billet de cinq francs et personne n'en saura rien !. » Je ne trouve pas que Gustave exagère. Je pense qu'il a de l'humour !

[modifier] Autres extraits

Dans un registre plus politique, il nous rappelle page 376 l'existence des trostkistes de Lestonan :

Au mois d'octobre 1945 nous avons eu référendum et élections législatives, après quoi, en janvier suivant, trouvant que c'était la pagaille, De Gaulle s'est mis à l'écart ; en mai, nouveau référendum avec la victoire des "non" au projet de Constitution ; en juin, nouvelles élections d'une Assemblée constituante et en octobre un ultime référendum adopte enfin la Constitution de la Quatrième République. Entre temps, des élections municipales ont eu lieu. Des femmes ont été elues. Et les bagarres n'ont pas cessé entre partisans des oui-oui, des non-non, des oui-non et des non-oui, en réponse aux référendums. Y voir clair n'est pas très facile et ce sont sans doute les partis qui vont guider les électeurs. L'éventail de ceux-ci est très large. Il y a à gauche les socialistes, et plus à gauche les communistes qui sont actifs et virulents, et plus à gauche que l'extrême-gauche on trouve même des trotskistes dont le noyau dur et actif vient nous voir depuis Lestonan et les Papeteries Bolloré. Au centre on trouve le MRP, formé de chrétiens résistants qui se disent aussi de gauche et qui ont des idées novatrices ; il y a aussi les radicaux, anciens caciques de l'avant-guerre, usés par de vieux souvenirs qui voudraient bien se rénover. Comme dit mon père, "ils n'ont pas dû beaucoup changer les radicaux, toujours semblables à des radis, ils sont rouges à l'extérieur, tout à fait blancs à l'intérieur et proches de l'assiette au beurre". À droite, il y a le PRL, libéral et conservateur. Arrivé au dernier moment, se présente le RPF, parti du général de Gaulle, fondé depuis sa démission. Jean Maurin qui le représente, et qui nous fit tant espérer lorsqu'il parlait à Radio-Londres, malgré sa popularité, ne sera pas élu. Sur les six députés du Finistère, cinq seront des MRP, trois seront des socialistes et deux du Parti communiste. Grosso modo, le département garde entre blancs et rouges son équilibre du passé. Le vote des femmes n'a rien changé.

 

Page 356 il évoque le passage de la 6e division armée sur la route de Coray (p. 346), un évènement qui a marqué aussi plusieurs jeunes gabéricois : « Souvenirs d'enfance de fin de guerre 1939-45, par Michel Le Goff » ¤ 

Trois jours plus tard [1], nous fûmes attirés par le bruit sourd et continu d'une colonne de camions, roulant vers Coray et Gourin et passant par Kroaz-Menez-Brizh. Une partie de l'armée Patton [2], conduite par le général Patch [2], qui après plusieurs semaines de combat venait de libérer Brest, partait rejoindre le front en Champagne. De dix heures du matin jusqu'à cinq de l'après-midi de l'après-midi, les véhicules, par centaines, à trente mètres l'un de l'autre, n'ont pas cessé de défiler : des GMC, des jeeps, avec leurs équipages casqués en tenue kaki, mâchant leur chewing-gum. Les GI étaient blancs et blacks mélangés et leur allure décontractée contrastaient bien étrangement avec la raideur germanique de leurs prédécesseurs teutons. Eux, faisant partie d'un interminable serpent, imbriqués dans une machine, roulaient sans pouvoir s'arrêter. Ils répondaient à nos saluts avec des sourires et des gestes, levant parfois un bras ou nous lançant des friandises, bonbons, cigarettes ou chewing-gum. Hello ! Liberty ! Bravo ! Thank you ! C'est tout ce que nous savions crier.

Auprès de la pompe à essence vide du maréchal-ferrant, à l'angle du carrefour, la première voiture du convoi avait déposé, le matin, un GI chargé d'indiquer la route aux suivants. C'était un beau gars de vingt ans, brun et hâlé, de type plutôt hispanique : il ne parlait pas le français. Comme il n'entendait pas davantage le breton, il réussit à nous faire tout de même comprendre, avant la fin de la journée, qu'on l'avait déposé là à cause de ses origines : ses parents étaient nés français mais ils ne parlaient que le basque. Cela nous rapprocha beaucoup : chez nous aussi nous avions des cousins devenus citoyens US, qui bien que de parents français parlaient uniquement breton, avec, bien sûr, le new-yorkais.

§ Nous avions cherché un interprète ...

[modifier] Annotations

  1. Guillaume Kergourlay situe le passage des américains sur la route de Coray au 10 septembre, car trois jours plus tôt il y avait le bombardement de Tal-ar-Groaz et le pardon de la Saint-Gilles à Elliant. [Ref.↑]
  2. Ce n'est ni le major-géneral George Patton, ni le général Alexander Patch (à la tête de la 7e armée), qui firent la campagne de Bretagne et la libération de Brest. Patton a bien commandé la 2e division blindée, mais de novembre 1940 à janvier 1942 seulement, ensuite il mena les troupes américaines lors de l'opération Torch au Maroc en 1942, commanda la 7e armée lors de l'invasion de la Sicile et fut réaffecté à la tête de la 3e armée après la bataille de Normandie et mena une offensive éclair jusqu'en Lorraine. La 2e division blindée US, surnommée « the Supersixth », pour les campagnes de Normandie et de Bretagne, était commandée par le général Robert W. Grow. [Ref.↑ 2,0 2,1]


Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric

Date de création : novembre 2006    Dernière modification : 14.06.2014    Avancement : Image:Bullgreen.gif [Fignolé]