La vente de la chapelle et du calvaire de Coat-Quéau, Ouest-Eclair Illustration 1925
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De la vieille église, qui fut très belle, il ne reste qu'une partie bien attaquée par les siècles et en ruines par endroits. Ce coin curieux, à une lieue de Scrignac, semble ignoré des guides et des dictionnaires. Les connaisseurs seuls en découvrent le chemin. | De la vieille église, qui fut très belle, il ne reste qu'une partie bien attaquée par les siècles et en ruines par endroits. Ce coin curieux, à une lieue de Scrignac, semble ignoré des guides et des dictionnaires. Les connaisseurs seuls en découvrent le chemin. | ||
- | <spoiler id="991" text="Notre-Dame de Coatquéau a déjà, d'ailleurs, traversé de cruelles épreuves ...">Notre-Dame de Coatquéau a déjà, d'ailleurs, traversé de cruelles épreuves. Sous l'Empire, ... | + | <spoiler id="991" text="Notre-Dame de Coatquéau a déjà, d'ailleurs, traversé de cruelles épreuves ...">Notre-Dame de Coatquéau a déjà, d'ailleurs, traversé de cruelles épreuves. Sous l'Empire, c'est un notaire qui en fait abattre la partie la plus remarquable et qui se sert des matériaux pour les employer à des constructions de maisons qui sont devenues deux fois la proie des flammes. |
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+ | M. Queynec, vicaire à Scrignac, fit enclore une croix imposante en granit de Kersanton que revendiquait le propriétaire du domaine de Coatquéau , ce fut autant de sauvé de l'acharnement des démolisseurs. | ||
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+ | Et voici que le marteau menace peut-être encore ce calvaire vénéré ainsi que la chapelle voisine. Cette fois l'argent se dresse contre la piété des fidèles, puissance nouvelle et redoutable. M. Grall, curé de Scrignac, s'est en vain élevé du haut de la chaire contre la mise à l'encan d'un monument respectable aux yeux de tous, datant du XVIe siècle, et a multiplié auprès du maire pour obtenir de lui la promesse qu'au moins ce calvaire ne sera pas vendu de son vivant. | ||
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+ | <big>La vente</big> | ||
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+ | Malgré tout, le dimanche de la Quinquagésime, le conseil votait la mise aux enchères du malheureux calvaire. Déjà on avait bâti un pont avec les pierres de l'antique chapelle. On s'est passé d'affichage comme de publication. C'était pour ainsi dire une manière pour la commune de se débarrasser d'une maçonnerie encombrante et inutile. N'avait-elle pas déjà liquidé de vieux saints ? Il fallait aussi faire argent du calvaire. La mise à prix fut de 6.000 francs et fut annoncée au son du tambour, le mardi de Pâques, à la sortie de la messe. Les amateurs mettaient peu d'entrain à faire monter ce chiffre. Cependant on atteignit 10.000 fr., qu'offrait un boulanger du bourg. Le dernier enchérisseur fut M. Le Rumeur, qui acquit pour 10.200 fr. le calvaire, la chapelle en ruines, le terrain et un second calvaire de moindre valeur. Jusqu'au dernier moment on espéra que l'achat ne serait pas opéré. Il fallut bien se rendre compte du fait accompli. La population s'intéressa assez peu à cet événement, ou n'en saisit pas toute la gravité. | ||
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+ | Le désir du curé aurait été, avant la vente du calvaire, de le faire transporter devant l'église de Scrignac. Il s'engageait, par contre, à faire les réparations nécessaires à la toiture de son église qui menace ruine. Ainsi la question d'argent n'aurait pas été en jeu. | ||
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+ | Un industriel de Quimper, peut-être le véritable acquéreur, prétendait de son côté s'approprier le monument afin de bâtir une chapelle neuve. Est-ce vrai ? L'ancienne chapelle toute proche du calvaire conserve dans ses ruines des vestiges qui attirent les amateurs des fenêtres ogivales du XVIIe siècle aux détails très fins et encore intacts. La chapelle elle-même ainsi que le terrain environnant, qui contient une croix de pierre en face de l'église, a faillu être mise en vente il y a trois ans sur une mise à prix de 1.500 fr. Aucun acquéreur ne se présenta. | ||
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+ | <big>Une enquête des Beaux-Arts</big> | ||
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+ | Aujourd'hui l'Administration des Beaux-Arts s'émeut. M. Waquet, archiviste départemental, averti de la prise de possession d'une oeuvre de cet ordre, fait en ce moment son enquête sur ce qui s'est passé à Scrignac. Son intention, pour obvier à un trafic éventuel de ce calvaire, serait de le faire classer au plus tôt comme monument historique. | ||
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+ | Qu'adviendra-t-il du marché passé par la commune qu'administre M. Masson ? Espérons que le paysage ne sera pas séparé de son antique ornement et que la population aura à cœur de conserver un lieu de pèlerinage consacré par les plus chères traditions. | ||
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Version du 25 avril ~ ebrel 2018 à 16:56
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Trois articles de la presse locale et nationale qui reprennent les arguments pour et contre le transfert de ce calvaire depuis son lieu d'origine près d'une chapelle en ruine jusqu'au parc de l'industriel René Bolloré. |
Autres lectures : « CAOUISSIN Youenn - Vie de l'abbé Yann-Vari Perrot » ¤ « La chapelle de Coat-Quéau transportée à Cascadec, Courrier Illustration 1927-28 » ¤ « Le calvaire du manoir d'Odet » ¤ « René Bolloré (1885-1935), entrepreneur » ¤ « Les croix et calvaires d'Ergué-Gabéric » ¤
1 Présentation
Rappel des faits : la chapelle de Notre-Dame de Coat-Quéau étant en ruine, la municipalité de Scrignac organisa une vente aux enchères du « calvaire, la chapelle en ruines, le terrain et un second calvaire ». Le premier article d'Ouest-Eclair daté du 27 avril, au titre accrocheur « Comment on met à l'encan L'action du curé de Scrignac qui avait proposé de remonter le calvaire devant l'église paroissiale fut sans effets : « M. Grall, curé de Scrignac, s'est en vain élevé du haut de la chaire contre la mise à l'encan d'un monument respectable aux yeux de tous, datant du 16e siècle ». Après une première mise à prix de 6.000 francs, le dernier enchérisseur pour 10.900 francs sera M. Le Rumeur, ancien agent-voyeur, qui représentait M. René Bolloré, propriétaires des papeteries d'Ode en Ergué-Gabéric et de Cascadec en Scaër. Le deuxième article d'Ouest-Eclair, publié le 6 juin, plus d'un mois après la vente, est plus nuancé et reprend des arguments apportés par la Société Archéologique du Finistère : « L'acheteur qui est un industriel Finistérien, a fait remonter le calvaire dans une propriété des environs de Quimper, le sauvant ainsi d'une ruine certaine et prochaine ». Mais le journaliste s'interroge : « Qu'est devenu le calvaire, hors du cadre où il a été élevé et qui lui seyait si bien ? Pourquoi prétendre avoir sauvé d'une ruine prochaine ce calvaire de solide granit qui avait résisté aux tempêtes et à la foudre même ? ». Son seul espoir est qu'on « consolidera les ruines de la chapelle ». Les pierres de la chapelle seront transportées l'année suivante en 1926 sur le site voisin de la papeterie de Cascadec en Scaër où l'industriel René Bolloré reconstruira sa chapelle. En 1937 à l´initiative de l´abbé Jean-Marie Perrot |
2 Transcriptions
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Ouest-Eclair du 27 avril
Ouest-Eclair du 6 juin
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L'Illustration du 9 mai
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3 Coupures de presse
L'Ouest-Eclair | |||||
L'Illustration | |||||
4 Annotations
- Encan, s.m. : pour enquant, du latin médiéval in quantum, « pour combien », vente aux enchères publiques. Disperser ses meubles à l'encan. Expressions : Être à l'encan, prêt à être vendu au plus offrant ; Mettre, vendre à l'encan, vendre au plus offrant ; Fig. et péjoratif Mettre sa conscience à l'encan. Source : Dict. de l'Académie. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2]
- L'abbé Jean-Marie Perrot (1877-1943) est un prêtre catholique séculier, fondateur de l'association Bleun-Brug et de la revue Feiz ha Breiz. Ordonné prêtre en 1903, en poste à Saint-Vougay, Saint-Thégonnec, Plouguerneau, Scrignac, il se fait l'apôtre de la langue et des traditions catholiques de son pays breton. Soupçonné de compromission avec l'occupant allemand, il est abattu en 1943 par un membre de l'Organisation spéciale du PCF à Scaër. Il a sa tombe près de la chapelle de Coat-Quéau qu'il a fait reconstruire en 1937. [Ref.↑]
Thème de l'article : Revue de presse Date de création : Mai 2013 Dernière modification : 25.04.2018 Avancement : [Développé] |