La petite statue de l'évêque Alain, alias sant Alar, à Kerdévot - GrandTerrier

La petite statue de l'évêque Alain, alias sant Alar, à Kerdévot

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Catégorie : Patrimoine
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§ E.D.F.

Un mystérieux évêque "Alain/Alanus" amalgamant les cultes des saints Eloi, Alain, Alar, et Alor, vénéré à la chapelle de Kerdévot et autres lieux gabéricois Ergué-Gabéric (St-Guénolé, Creac'h Ergué, Pont-Sant-Alar, Stangala).

Sant Alan est fêté le 8 septembre, Saint Alar le 26 octobre et la fête des chevaux de Kerdévot avait lieu le 24 juin (une des deux fêtes de saint Eloi, l'autre étant le 1er décembre).

Autres lectures : « PEYRON et ABGRALL - Notices sur les paroisses de l'évêché de Quimper et de Léon » ¤ « Sant Alar (5e siècle) » ¤ « La fontaine de saint Alar à Creac'h-Ergué » ¤ « Sant Alar (5e siècle) » ¤ « Le pardon de Notre-Dame de Kerdévot » ¤ « Les légendes du Stangala par Louis Le Guennec, Dépèche & Quimper-Cornouaille 1929-34 » ¤ « Les statues de la chapelle de Saint-Guénolé » ¤ 

[modifier] Présentation

La seule mention de la statue apparaît dans la notice paroissiale d'Ergué-Gabéric rédigée en 1909 par les chanoines Peyron et Abgrall de manière elliptique : « Les vieilles statues vénérées de la chapelle de Kerdévot sont : 3) Saint Alain, évêque de Quimper ».

Manifestement elle a été reléguée pendant de longues années, ce qui explique que tous les autres ouvrages en font abstraction. Mais elle est ressortie assez récemment de l'oubli en occupant dorénavant une place de choix, en surplomb sur une console du mur intérieur sud du chevet de Kerdévot, entre le retable flamand et l'autel de la Piéta.

De bois polychrome et 90 cm de hauteur environ, l'évêque à la barbe blanche fournie fait le geste symbolique de bénédiction de sa main droite, retient un livre sacré et sa crosse épiscopale de l'autre main. Sa mitre est rouge avec des bandes dorées et sa chasuble est rouge également avec une étole dorée ornée de croix pattée brunes [1]. La dalmatique portée sous la chasuble est de couleur gris-violet.

À ses pieds est posée une petite enclume de forgeron, cet attribut donnant une symbolique complémentaire. En effet on retrouve là le culte d'un saint populaire dans le diocèse de Quimper, formant une figure composite des saints Eloi [2], Alar, Alor, Alour et Allan, tous patrons protecteurs des orfèvres, des maréchaux-ferrants, des vétérinaires et de la race chevaline.

Saint Alar, connu aussi pour être un ermite et patron des des alevineurs (éleveurs de jeune poissons), a donné deux sites légendaires à Ergué-Gabéric : Stangala (vallée d'Alar) et Pont-Sant-Alar. La vallée éponyme doit son nom au saut de l'ermite pourchassé par un terrible griffon. À proximité, à la chapelle St-Guénolé, une statue le représente avec un étrange chapeau.

Le pont sur l'Odet dénommé Pont-Sant-Alar devait être situé près du moulin de Kergonan, en contrebas des terres de Creac'h-Ergué et du lieu-dit au même nom (appelé aussi Pont-Saint-Eloi) : une fontaine miraculeuse y est attribuée au saint et sur le cadastre de 1834 trois parcelles portent le nom évocateur de « Sant-Alour ».

Tout comme les légendes de l'ermite, l'existence de l'évêque Alain de Quimper n'est nullement attestée historiquement, même s'il est considéré comme le 4e évêque de Cornouaille après Corentin, Menulphe et Guenoc. Mais il n'est cité ni dans le cartulaire de Quimper qui date du XIVe siècle ni dans celui de Quimperlé qui donnent la liste des premiers évêques de Quimper. C'est l'historien Dom Lobineau qui l'a intronisé dans son livre « Vies des saints de Bretagne », sans doute sur une lecture erronée du cartulaire de Saint Melaine et avec une adaptation des vies de saint Alain de Lanvaur et de saint Amand.

 


Néanmoins, qu'il ait ou non réellement vécu, « sanctus Alanus » est vénéré en Bretagne sous la forme d'un mixte de plusieurs autres saints légendaires Alar, Alor (fontaine consacrée à Ergué-Armel) et Eloi. Sa statue à Kerdévot avec ses attributs d'évêque et de forgeron en atteste, ainsi que le pardon des chevaux qui y était organisé :

« C'était à la fin juin, le dimanche qui suivait le jour de la Saint-Jean, qu'avait lieu de pardon des chevaux de Kerdévot. De grand matin, arrivaient de toute la région des centaines de chevaux, juments et poulains. Et le carousel des chevaux commençait, dessinant autour de la chapelle une parade de toute beauté. » (Jean Guéguen, 1980)


[modifier] Iconographie et sources



 

Etude "Saint Alain En quête d’identité" de Pierre Yves Quémener (2012):

La diffusion du culte en Basse Cornouaille

Le culte de saint Alain prend véritablement son essor en Cornouaille sous l’épiscopat de Claude de Rohan. Nous avons déjà mentionné la représentation du saint à deux reprises dans les vitraux de la cathédrale de Saint-Corentin, réalisés dans les années 1510-1520. Le bréviaire gothique de Quimper, rapportant la vie de saint Alain à la date du 27 novembre, aurait été imprimé vers la fin du 15e siècle d’après Dom Plaine, vers 1510 d’après Bernard Merdrignac.

À la même époque, vers 1520-1510, le vice-amiral de Bretagne Alain de Guengat se fait représenter avec son épouse Marie de Tromelin sur les vitraux de l’église Saint-Thurien de Plogonnec. L’un et l’autre sont agenouillés devant une effigie de saint Sébastien, et tous deux sont présentés par un intercesseur : le mari l’est par saint Alain costumé en évêque (un bandeau porte en arrière plan l’inscription S. Allan) et l’épouse l’est par sainte Marie Madeleine.

Peu à peu, saint Alain trouve sa place dans quelques églises et chapelles du diocèse. C’est d’abord à Saint-Thois où nous avons dès le 16e siècle une statue du saint, vêtu en évêque. D’autres sont installées à la Forêt-Fouesnant, en l’église Notre-Dame d’Izel Vor (évêque, 17e siècle), à la chapelle de la Véronique à Bannalec (évêque, 17e siècle), à la chapelle Saint-Cadou de Gouesnach (évêque en chape, mitre et crosse), à l’église Sainte-Candide de Scaër (18e siècle), et dans la chapelle Notre-Dame de Kerdevot en Ergué-Gabéric [relevés dans le répertoire de René Couffon et Alfred Le Bars et dans les notice de Paul Peyron et Jean-Marie Abgrall.]. Au total, nous avons quand même très peu de représentations et, comme nous l’avons dit, aucune titulature d’église ou de chapelle. En outre, il ne semble pas que saint Alain ait été associé à une spécialité thérapeutique particulière.

Eloi de Noyon, fiche Wikipedia

Éloi de Noyon (Eligius en latin, l'« élu », Noviomensis) (v. 588 - 1er décembre 660), est un évêque de Noyon, orfèvre et monnayeur français, qui eut une fonction de ministre des Finances auprès de Dagobert Ier. Saint Éloi pour les catholiques est fêté le 1er décembre. À Paris, on commémore le 25 juin la translation d'un de ses bras en la cathédrale Notre-Dame de Paris en 1212.

En Basse-Bretagne, la confusion avec saint Alor

Un ancien évêque de Quimper est saint Alor. Sa vie étant très peu connue, il fut localement assimilé pendant le Moyen Âge à saint Éloi, et le culte de ce dernier est du coup très répandu dans le Finistère et dans les Côtes-d'Armor.

Des « Pardons aux chevaux » se déroulaient traditionnellement dans de nombreuses chapelles consacrées à Saint-Éloi, par exemple à Ploudaniel, ou encore à Plouarzel et à Ploudalmézeau.


[modifier] Annotations

  1. Les croix pattées ornant l'habit ecclésial n'est pas ici le symbole de l'ordre des templiers (de couleur rouge), mais tout simplement un type de croix chrétienne assez fréquent dans la statuaire d'église, en basse-Bretagne tout particulièrement. [Ref.↑]
  2. Saint Éloi (v. 588 - 660), est un évêque de Noyon, orfèvre et monnayeur français, qui eut une fonction de ministre des Finances auprès de Dagobert Ier. [Ref.↑]


Thème de l'article : Richesses du patrimoine communal

Date de création : Octobre 2021    Dernière modification : 14.02.2023    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]