L'importation des premières machines de fabrication du papier en continu à Odet - GrandTerrier

L'importation des premières machines de fabrication du papier en continu à Odet

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-Au début il y a cette phrase prononcée par l'abbé André-Fouet dans son discours lors du centenaire des usines Bolloté en 1922 : « <i>La force motrice obtenue, c'étaient ... les procédés de fabrication à perfectionner (par exemple, en 1834, l'achat à Annonay de machines permettait de supprimer le travail à la cuve et de ne plus étendre le papier sur des perches pour le sécher). Le Marié suffisait à tout ... À un moment, il était regardé comme l'un des plus fins papetiers de France, presque l'égal de ses amis, les Montgolfier</i>. »+Au début il y a cette phrase prononcée par l'abbé André-Fouet dans son discours lors du centenaire des usines Bolloré en 1922 : « <i>La force motrice obtenue, c'étaient ... les procédés de fabrication à perfectionner (par exemple, en 1834, l'achat à Annonay de machines permettait de supprimer le travail à la cuve et de ne plus étendre le papier sur des perches pour le sécher). Le Marié suffisait à tout ... À un moment, il était regardé comme l'un des plus fins papetiers de France, presque l'égal de ses amis, les Montgolfier</i>. »
-Comment Nicolas Le Marié était lié aux Montgolfier nous ne le savons pas précisément, et non plus quelle machine fut transplantée à la papeterie d'Odet. Jean-Baptiste de Montgolfier et Barthélemy de Canson tenaient à cette époque des fabriques différentes à Vidalon et Saint-Marcel près d'Annonay, et ils ont eu quelques difficultés à s'équiper en machines car le brevet de fabrication enregistré en 1799 avait fait l'objet d'un gros conflit d'intérêts entre un ingénieur français (Louis-Nicolas Robert) et son patron de la papeterie de Corbeil-Essonnes. +Comment Nicolas Le Marié était lié aux Montgolfier nous ne le savons pas précisément, et non plus quelle machine fut transplantée à la papeterie d'Odet. Jean-Baptiste de Montgolfier et Barthélemy de Canson (gendre du cadet Etienne de Montgolfier) tenaient à cette époque des fabriques différentes près d'Annonay, à Saint-Marcel et à Vidalon, et ils ont eu quelques difficultés à s'équiper en machines car le brevet de fabrication enregistré en 1799 avait fait l'objet d'un gros conflit d'intérêts entre un ingénieur français (Louis-Nicolas Robert) et son directeur à la papeterie de Corbeil-Essonnes (Léger-Didot). Ce dernier rachète sa part du brevet, s'exile en Angleterre d'où il organise sa filière d'importation pour les entrepreneurs français.
- +Canson est le premier à négocier avec Léger-Didot, et réussit même à signe un contrat d'importation en exclusivité à Annonay. Il équipe sa papeterie en 1822 d'une première « <i>machine à table plate</i> », et par la suite son fils inventera les « <i>caisses d'aspiration</i> » placées en dessous de la toile métallique. Son cousin par alliance, Jean-Baptiste de Montgolfier, négociera avec Cameron, autre fabricant anglais, et introduira dans sa papeterie une <i>machine à forme ronde et cylindre aspirant</i> ».
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 +[[Image:MachineMuséeVidalon.jpg|350px|center|thumb|machine du musée de Vidalon-les-Annonay]]
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 +A qui Nicolas Le Marié fit appel pour l'achat de ses machines en 1834 ? A l'héritier de Vidalon-les-Annonay, Barthélemy Barou de Canson ? Ou à Jean-Baptiste de Montgolfier ? Nous pensons plutôt à ce dernier et sa filière d'importation de machines anglaises. Mais ceci mérite confirmation, par l'étude des livres des comptes des papeteries respectives. par contre à la fin du 19e siècle les machines d'Odet étaient achetées à une entreprise du Creuzot, conformément au témoignage de Jean-Marie Déguignet daté de 1895 : « <i>Une machine arrivée l'autre jour du Creusot et qui fait à elle seule l'ouvrage de dix ouvriers</i> ».
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 +Les panneaux du Musée des Papeteries Canson & Montgolfier de Vidalon-Annonay apportent de précieux renseignements sur l'introduction en France des machines de fabrication du papier en continu par les Montgolfier et Canson, et permettent de lever des hypothèses sur les contacts entre Nicolas Le Marié et entre les Montgolfier, vraisemblablement Jean-Baptiste de la papeterie de St-Marcel. Ce dernier proposa-t-il au papetier breton en 1834 l'une de ses machines en seconde main, organisa-t-il l'importation d'Angleterre de machines neuves ? Ou alors Le Marié préféra-t-il traiter avec les Canson de Vidalon ?
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<big>1. « Des Montgolfier ... au XXIe siècle »</big> <big>1. « Des Montgolfier ... au XXIe siècle »</big>
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Pour permettre l'obtention de feuilles de plus grandes dimension, en 1798, Louis-Nicolas Robert met au point la première machine à papier en continu : un brevet lui est délivré le 29 nivose VII (18 janvier 1799). Robert est alors employé à la papeterie d'Essonnes dirigée par Didot Saint-Léger. Pour permettre l'obtention de feuilles de plus grandes dimension, en 1798, Louis-Nicolas Robert met au point la première machine à papier en continu : un brevet lui est délivré le 29 nivose VII (18 janvier 1799). Robert est alors employé à la papeterie d'Essonnes dirigée par Didot Saint-Léger.
-<spoiler text="Un conflit va les opposer ...">Un conflit va les opposer, le patron voulant s'approprier l'invention de son subordonné, des procès s'en suivent ...</spoiler>+<spoiler text="Un conflit va les opposer ...">Un conflit va les opposer, le patron voulant s'approprier l'invention de son subordonné, des procès s'en suivent. Didot est le plus fort, il part pour l'Angleterre où il s'associe avec son beau-frère John Gamble pour exploiter la part du brevet Robert qu'il avait acquise. Les premières machines anglaises sont construites par Fourdinier assisté de Bryan Donkin. Ils apportent quelques améliorations au procédé de Robert. Alors que de la machine de ce dernier sortait un ruban de pâte humide et essorée d'un maximum de 15 mètres pour permettre les manipulations, les constructeurs anglais parviennent à produire une bande infiniment plus longue enroulée sur des tambours extensibles. Peu après ,ils adaptent des cylindres sècheurs.</spoiler>
-<spoiler text="Dès 1815, Barthélemy Barou de Canson envisage ...">Dès 1815, Barthélemy Barou de Canson envisage l'installation d'une machine puisqu'il achète la propriété de Pupil à cet effet. Mais les tractations sont longues. A Sorel, dans l'Eure, une machine fonctionne dès 1816. ...</spoiler>+<spoiler text="Dès 1815, Barthélemy Barou de Canson envisage ...">Dès 1815, Barthélemy Barou de Canson envisage l'installation d'une machine puisqu'il achète la propriété de Pupil à cet effet. Mais les tractations sont longues. A Sorel, dans l'Eure, une machine fonctionne dès 1816.
-<spoiler text="A Saint-Marcel, Jean-Baptiste souhaite également ...">A Saint-Marcel, Jean-Baptiste souhaite également installer une machine à papier mais il ne peut traiter avec Didot, Barthélemy de Canson bénéficiant de l'exclusivité. ...</spoiler>+ 
 +Par l'intermédiaire de son gendre, Gabriel de Soras, Barthélemy de Canson traite avec Didot. Ce dernier a pris un brevet d'importation à son nom pour une « <i>machine propre à fabriquer le papier et le carton</i> ». Le 10 mai 1822, alors que ses ateliers sont prêts, Barthélemy de Canson signe une Convention avec Didot qui, contre 20 000 F, lui concède l'exclusivité, à trente lieux à la ronde, de la machine importée. Barthélemy Barou de Canson avait fait le voyage en Angleterre pour en voir fonctionner une, prenant prétexte l'achat de quelques pièces. Dès août 1822, une machine à papier plate est en cours d'installation à Vidalon, non sans problèmes d'ailleurs. Les ouvriers n'acceptent pas le changement de méthode, un conflit s'engage, il faut recruter de la main-d'oeuvre à l'extérieur.</spoiler>
 +<spoiler text="A Saint-Marcel, Jean-Baptiste souhaite également ...">A Saint-Marcel, Jean-Baptiste souhaite également installer une machine à papier mais il ne peut traiter avec Didot, Barthélemy de Canson bénéficiant de l'exclusivité. Alors, il jette son dévolu sur une machine anglaise « <i>une nouvelle machine à fabriquer le papier par mouvement continu, d'une grandeur déterminée sans qu'on soit obligé pour cela d'employer des toiles métalliques ou des mouvements à articulation comme dans les machines déjà connues</i> ».
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 +Dans sa demande de brevet d'importation, Jean-Baptiste précise qu'elle peut faire de travail de cinq cuves avec un seul homme pour la diriger et l'aide temporaire d'un enfant. L'utilisation de moules séparés permet l'économie de deux coupeurs. Le 1é février 1924, il obtient un brevet de 15 ans et achète sa machine à forme ronde à Cameron.</spoiler>
 +<spoiler text="Les caisses d'aspiration d'Etienne de Canson ...">Par rapport à une machine à forme ronde, la machine à table plate installée par Barthélemy de Canson donne un papier moins feutré. Sur une ronde, l'aspiration opérée dans le cylindre évite l'écrasement de la feuille lors de la première pression.
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 +Pour pallier ce défaut, en 1826, Etienne de Canson met au point les fameuses caisses d'aspiration qui sucent l'eau sous la toile métallique. La feuille, plus compacte, s'écrase moins lors de la première pression.
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 +Conscient que son système est de grande valeur, il ne le dévoile pas et ne demande pas l'obtention d'un brevet ; au contraire, les caisses sont occultées. Mais, pour tirer profit de cette invention, le 18 décembre 1827, Etienne de Canson signe un contrat avec Stacey Wise et Carey Knyvett, pour l'exploitation de ce procédé dans les trois Royaumes-Unis d'Angleterre. Afin d'éviter toute indiscrétion, ils n'inscrivent pas la nature de l'invention, mais précisent qu'il s'agit de celle dont ils se sont entretenus verbalement.
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 +Cette discrétion est à l'origine d'erreurs sur la date d'apparition des caisses d'aspiration que l'on situe, en général, six à sept ans plus tard.</spoiler>
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Version du 26 juin ~ mezheven 2015 à 13:02

Catégorie : Odet
 Site : GrandTerrier

Statut de l'article :
  Image:Bullorange.gif [Développé]

Cet article est une investigation sur l'arrivée des premières machines de papier en continu, après l'introduction des piles hollandaises de préparation de la pâte.

Cette enquête nous a mené du côté d'Annonay, la ville papetière des Montgolfier, amis de Nicolas Le Marié, le fondateur du moulin à papier d'Odet,

En parallèle, nous avons fait une escapade en Angleterre où étaient vraisemblablement ces machines, et d'où provenait aussi le tout premier mécanicien d'Odet, Thomas Pharaol Doidge.

Autres lectures : « Index chronologique de l'histoire des papeteries d'Odet-Cascadec » ¤ « La plaque inaugurale de la manufacture de papiers d'Odet en 1822 » ¤ « Le site de la papeterie d'Odet et son alimentation en eau » ¤ « Nicolas Le Marié (1797-1870), maire et entrepreneur » ¤ « ANDRÉ-FOUET Edouard (abbé) - Discours des Fêtes du Centenaire » ¤ « CGF et AFQP - Moulins à papier et familles papetières de Bretagne » ¤ 

1 Présentation

Au début il y a cette phrase prononcée par l'abbé André-Fouet dans son discours lors du centenaire des usines Bolloré en 1922 : « La force motrice obtenue, c'étaient ... les procédés de fabrication à perfectionner (par exemple, en 1834, l'achat à Annonay de machines permettait de supprimer le travail à la cuve et de ne plus étendre le papier sur des perches pour le sécher). Le Marié suffisait à tout ... À un moment, il était regardé comme l'un des plus fins papetiers de France, presque l'égal de ses amis, les Montgolfier. »

Comment Nicolas Le Marié était lié aux Montgolfier nous ne le savons pas précisément, et non plus quelle machine fut transplantée à la papeterie d'Odet. Jean-Baptiste de Montgolfier et Barthélemy de Canson (gendre du cadet Etienne de Montgolfier) tenaient à cette époque des fabriques différentes près d'Annonay, à Saint-Marcel et à Vidalon, et ils ont eu quelques difficultés à s'équiper en machines car le brevet de fabrication enregistré en 1799 avait fait l'objet d'un gros conflit d'intérêts entre un ingénieur français (Louis-Nicolas Robert) et son directeur à la papeterie de Corbeil-Essonnes (Léger-Didot). Ce dernier rachète sa part du brevet, s'exile en Angleterre d'où il organise sa filière d'importation pour les entrepreneurs français.

Canson est le premier à négocier avec Léger-Didot, et réussit même à signe un contrat d'importation en exclusivité à Annonay. Il équipe sa papeterie en 1822 d'une première « machine à table plate », et par la suite son fils inventera les « caisses d'aspiration » placées en dessous de la toile métallique. Son cousin par alliance, Jean-Baptiste de Montgolfier, négociera avec Cameron, autre fabricant anglais, et introduira dans sa papeterie une machine à forme ronde et cylindre aspirant ».

 
machine du musée de Vidalon-les-Annonay
machine du musée de Vidalon-les-Annonay

A qui Nicolas Le Marié fit appel pour l'achat de ses machines en 1834 ? A l'héritier de Vidalon-les-Annonay, Barthélemy Barou de Canson ? Ou à Jean-Baptiste de Montgolfier ? Nous pensons plutôt à ce dernier et sa filière d'importation de machines anglaises. Mais ceci mérite confirmation, par l'étude des livres des comptes des papeteries respectives. par contre à la fin du 19e siècle les machines d'Odet étaient achetées à une entreprise du Creuzot, conformément au témoignage de Jean-Marie Déguignet daté de 1895 : « Une machine arrivée l'autre jour du Creusot et qui fait à elle seule l'ouvrage de dix ouvriers ».

2 Musée d'Annonay

Les panneaux du Musée des Papeteries Canson & Montgolfier de Vidalon-Annonay apportent de précieux renseignements sur l'introduction en France des machines de fabrication du papier en continu par les Montgolfier et Canson, et permettent de lever des hypothèses sur les contacts entre Nicolas Le Marié et entre les Montgolfier, vraisemblablement Jean-Baptiste de la papeterie de St-Marcel. Ce dernier proposa-t-il au papetier breton en 1834 l'une de ses machines en seconde main, organisa-t-il l'importation d'Angleterre de machines neuves ? Ou alors Le Marié préféra-t-il traiter avec les Canson de Vidalon ?

1. « Des Montgolfier ... au XXIe siècle »

12 mars 1689 : Vente de la fabrique de Vidalon à Antoine Chelles, qui en est le fermier, par dame Olympe Galbert des Fonds.

1702 : Raymond Montgolfier prend la direction de la papeterie.

§ 1743 : Pierre Montgolfier hérite de Vidalon-le-Haut ...

2. « Les premières machines à papier en continu »

Pendant dix-sept siècles, le papier étant fabriqué feuille par feuille, la quantité produite demeure faible.

Pour permettre l'obtention de feuilles de plus grandes dimension, en 1798, Louis-Nicolas Robert met au point la première machine à papier en continu : un brevet lui est délivré le 29 nivose VII (18 janvier 1799). Robert est alors employé à la papeterie d'Essonnes dirigée par Didot Saint-Léger.

§ Un conflit va les opposer ...

§ Dès 1815, Barthélemy Barou de Canson envisage ...

§ A Saint-Marcel, Jean-Baptiste souhaite également ...

§ Les caisses d'aspiration d'Etienne de Canson ...

 

3 Mécanique anglaise

 

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    Thème de l'article : Mémoires des papetiers d'Odet

    Date de création : juin 2015    Dernière modification : 26.06.2015    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]